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Chapitre 9 : Deux enfants

Harry poussa la porte de son dortoir, soulagé que Smith n’ait pas croisé son chemin. Neville, Seamus et Dean n'étaient pas encore là.

 

« - Arrête de t’en faire pour ça, vieux », tenta de le rassurer Ron alors que son meilleur ami s’était lourdement assis sur son lit, une expression de nervosité assez voyante sur le visage.

 

Le brun retint un soupir excédé et soupira avec fatigue en se passant les mains sur le visage.

 

« - Écoute, arrêtez de vouloir me calmer, dit-il en se forçant à sourire. La situation n’est franchement pas cool.

 

- Tu veux toujours pas demander à un Poufsouffle de te passer l’appareil photo ?, demanda le rouquin avec prudence.

 

- Je te l’ai déjà dit, répondit Harry en se tournant vers lui, les Poufsouffles sont loin d’être stupides. Et ils sont loyaux les uns envers les autres. Jamais un Poufsouffle n’ira voler quelque chose à un autre.

 

- Pas voler, emprunter, rectifia Ron avec un air impérial. Nuance.

 

- Il n’empêche que ça reste prendre un objet sans autorisation, fit-t-il mi-amusé mi-irrité.

 

- Merde Harry, jura Ron en levant les yeux au ciel, tu es le « Garçon qui a Survécu » ! D’une, si j’étais à ta place, je l’aurais envoyé paître, de deux, tu peux tout te permettre.

 

- D’une, ne m’appelle pas comme ça, de deux, c’est trop tard pour l’envoyer bouler, de toute manière, grommela Harry. Et de trois, rien ne me donne le droit d’aller piquer son appareil photo. »

 

Ron sembla accablé par le manque d’autorité de son meilleur ami.

 

« - Où est passé celui qui n’avait pas peur d’enfreindre les règles ?, fit-il avec un air étrangement attristé.

 

- Il a grandi, répondit simplement Harry en préférant se tourner vers la fenêtre.

 

- Il est toujours là, contredit Ron. Il a juste... Changé. »

 

Harry se tourna vers le rouquin, les sourcils froncés.

 

« - Qu’est-ce que tu insinues ?

 

- Ne te méprends pas, dit-il rapidement. C’est juste... Depuis que tu es avec Malefoy, tu es vraiment différent. Tu n’es plus le même. Avec Hermione, au début, on pensait qu’il t’influencerait surtout négativement, mais on s’est vites rendus compte que malgré certaines de tes mimiques typiquement Malefoyennes, tu es plus... Vaporeux.

 

- Vaporeux ?, répéta le Gryffondor avec raillerie. Dis tout de suite que je me suis transformé en une espèce de guimauve sarcastique, ça ira plus vite. 

 

- Ce n’est pas ce que je dis...

 

- En quoi est-ce que c’est négatif, de toute façon ?, coupa Harry.

 

- Il t’a changé, c’est ce qui importe, répondit Ron. Avant que tu ne le... Côtoies, jamais tu n’aurais eu peur de prendre des risques. D’obtenir ce que tu voulais par tous les moyens possibles. »

 

Harry haussa les épaules, relativement agacé par le comportement de son meilleur ami. Seamus passa la porte avec un sourire, suivi par Neville et Dean, qui discutaient joyeusement.

 

« - Je pense que tu es nostalgique, ce soir, fit Harry à voix basse en rangeant la multitudes de vêtements qu’il avait eu la flemme de ranger.

 

- Ça, pour le coup, ça me fait bien penser à Hermione. »

 

Harry ne put s’empêcher de sourire en entendant le ton léger de Ron à l’évocation de ce prénom.

 

« - En parlant de ça, dit le brun désireux de changer de sujet, et le bal ? »

 

Même son écharpe n’aurait pu être plus rouge que les oreilles de Ron à cet instant.

 

« - Pourquoi tu me demandes ça ?, fit-il en s’éclaircissant la gorge.

 

- Pour rien, par curiosité. 

 

- Alors, bonne nuit, dit Ron en se retournant –son visage devant être écarlate.

 

- Bonne nuit. » 

 

Après que ses camarades de dortoir se soient couchés et un « Bonne nuit » collectif, la lumière s’éteint et Harry put penser en toute tranquillité. Il réfléchissait à ce que Ron lui avait dit. Avait-il tant changé que ça ? Certes, il avait pris l’habitude de, quelques fois, parler à la Malefoy, mais il ne s’était jamais senti aussi bien ; du moins, si on ne prenait pas en compte Smith. Il était heureux, il se sentait aimé par quelqu’un qui pouvait comprendre sa douleur car il souffrait lui-même, et mieux encore, il se sentait enfin libre. Auparavant, il avait la constante impression d’être traqué par la Gazette, d’être espionné en permanence ; seulement, depuis qu’il était avec Drago, c’était comme si le journal n’existait plus. Bien qu’il ait eu peur que ce fichu torchon puisse connaître sa relation avec le Serpentard, il n’y avait plus cette pression omniprésente que dégageait la Gazette autour de lui. Il n’allait pas jusqu’à penser qu’il s’en fichait, car il faisait attention à préserver le secret, mais... Ça lui importait peu. Il ne prenait même plus la peine de demander à Hermione d’arrêter de lire le journal.

 

Le lendemain matin, Harry se réveilla dans le pâté. Il avait passé la nuit à réfléchir, et le peu qu’il avait dormi avait été troublé par des rêves dans lesquels il voyait Smith lancer des photos compromettantes en des milliers d’exemplaires dans la Grande Salle.

Baillant et se levant avec peine, Harry tenta de se réveiller ; il avait cours de Potions et se devait donc d’être potable –pas pour Rogue, hein, faut pas exagérer.

 

« - Ron, bouge, on va être à la bourre », dit-il après avoir pris sa douche et soigneusement habillé, à son meilleur ami qui était encore enfoui dans sa couette.

 

Le rouquin grommela quelque chose d’incompréhensible, qui ressemblait plus au grognement d’un ours en pleine hivernation qu’à autre chose, avant de se retourner. Harry soupira et leva les yeux au ciel.

 

« - Tu nous rejoins dans la Grande Salle », dit-il en passant la porte du dortoir.

 

Il put discerner un « C’est ça » perdu quelque part dans l’amas de couverture qui laissait entrevoir des mèches rousses et, un sourire amusé sur les lèvres, descendit à la Grande Salle.

 

« - Salut Harry », fit Hermione après lui avoir embrassé la joue.

 

Elle avait les traits tirés et lisait d’un air peu concentré son manuel de potions.

 

« - Tu as l’air exténuée, s’inquiéta le Gryffondor en fronçant des yeux.

 

- Ça va, répondit-elle en haussant les épaules.

 

- Qu’est-ce que tu fais avec ça ?, demanda-t-il en désignant le livre.

 

- Je révises, Harry, dit Hermione avec le ton de l’évidence.

 

- On a un examen, bientôt ?

 

- Dans une demi-heure, en fait. »

 

Harry manqua de renverser le chocolat chaud qu’il était en train de se servir.

 

« - Merlin ! J’avais complètement oublié !, s’écria-t-il avec horreur.

 

- Oui, j’ai remarqué », fit-elle en levant les yeux au ciel.

 

Il s’en rappelait, maintenant : deux semaines plus tôt, Rogue les avait prévenu d’un examen « préparatoire aux ASPICS », qui, en deux heures, comprenait une partie théorique et pratique. Bien trop occupé à jeter des regards à Drago, il n’avait prêté que peu d’attention à ce que disait l’homme aux cheveux gras et avait totalement oublié de noter la date de l’examen. Et, par conséquent, il n’avait rien révisé. Et, par conséquent, il était dans une belle mouise.

 

« - Pitié, Hermione, aide-moi, supplia-t-il désespérément.

 

- On se calme ! Bien sûr que je vais t’aider, mais la prochaine fois, ne compte que sur toi-même ! », fit-elle sévèrement.

 

Une demi-heure plus tard, Harry continuait consciencieusement à lire son manuel, prenant le mur comme appui de son dos, en attendant que Rogue arrive. Ron, qui avait finalement réussi à émerger, lisait par-dessus son épaule.

 

« - Quelle plaie, bailla-t-il en obtenant un regard exaspéré d’Hermione.

 

- Il fallait réviser, Ron, a-t-elle souligné en reportant son attention sur ses cours.

 

- J’ai révisé !, protesta le rouquin.

 

- Alors pourquoi j’ai l’impression que non ?, piqua-t-elle d’un air sceptique.

 

- Je fais des révisions de dernière minute, c’est tout, s’expliqua Ron. Tout comme toi, d’ailleurs.

 

- Vous voulez bien arrêter de vous chamailler ?, demanda Harry avec une pointe d’agacement. J’essaie d’apprendre presque 4 mois de cours et ce n’est pas vraiment une tâche facile avec vos bagarres verbales à côté de mes tympans fragiles, directement reliés à mon cerveau en panique. »

 

Ron leva un sourcil perplexe, accompagné d’Hermione qui prit un air passablement énervé.

 

« - Pardon, Monsieur Tympans-Fragiles, railla-t-elle en arrêtant de tourner les pages de son livre. Tu n’avais qu’à écouter en cours au lieu d’user de ta vue sur autre chose que sur ton chaudron.

 

- D’accord, d’accord », l’interrompit Harry –non merci pour les remontrances dans un moment aussi critique.

 

A cet instant, il sentit un parfum bien reconnaissable –du moins, que lui pouvait reconnaître à des kilomètres étant donné qu’il avait souvent l’occasion de le sentir à plein nez. Chose étrange, il ne devait pas le sentir d’aussi près, Drago et lui restant à une bonne distance l’un de l’autres en public. A moins que son odorat s’était affûté pour cette odeur-là. Allez savoir.

 

« - Potter, espèce d’abruti fini ! », cracha une voix brutalement.

 

Harry leva la tête, ébahi : absorbé par son manuel, il ne l’ avait pas vu arriver et ne s’y était pas attendu.

 

« - On répond plus, le balafré ? », se moqua Drago, accompagné de ricanements chez les Serpentards.

 

Le Gryffondor fut tant surpris de cette venue soudaine qu’il en oublia un instant de paraître haineux ou quoique ce soit d’autre, réflexe qu’il avait dû adopter dans les moments où Drago se trouvait proche.

 

« - Bouge-toi de là et tout de suite », continua-t-il avec colère en l’attrapant par le col de la robe avec force.

 

Leur sortie fracassante fut consciencieusement observée par les élèves, aussi bien les Gryffondors que les Serpentards –c’était bien la première fois que quelque chose pouvait les réunir en un seul groupe.

 

Il continua à le tirer de force, en silence, jusque deux couloirs plus loin où il s’arrêta enfin.

 

« - Salut, murmura Drago en l’embrassant doucement.

 

- Tu es malade ?!, pesta le brun avec nervosité en regardant tout autour si personne n’arrivait dans le couloir. J’ai failli faire un arrêt cardiaque. Et si quelqu’un arrive dans le couloir, tu y as pensé ? Et pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Il se passe un truc ? Comment est-ce que... »

 

Harry fut brutalement interrompu : les lèvres d’un certain blond s’étaient liées aux siennes.

 

« - Tu ne t’arrêteras donc jamais d’angoisser ?, râla le blond en question avec un sourire.

 

- Permets-moi de flipper, répondit Harry en continuant d’inspecter le couloir –avec néanmoins un sourire quant au baiser de Drago. J’ai complètement oublié l’examen d’aujourd’hui et au moment où je révises -très certainement en vain-, tu débarques avec l’air de quelqu’un qui veut commettre un meurtre.

 

- Pardon, petit Potty, s’excusa Drago d’une voix insupportable avec un demi-sourire. Merlin, tu es ridicule.

 

- Et donc, grogna-t-il en ignorant la remarque, tu peux m’expliquer ? Parce qu’on est en train de louper l’examen, je te signale. »

 

Drago haussa un sourcil hautain devant le comportement inhabituellement névrotique de son petit-ami.

 

« - Et depuis quand est-ce que ça te dérange de louper un examen, au juste ? »

 

Il ne sut que répondre à cette remarque. Drago sourit avec malice et lui prit soudainement la main.

 

« - Allez, viens. »

 

Harry ne posa aucune question et suivit le blond –il n’avait apparemment pas le choix, de toute manière. Sa main fermement entremêlée avec la sienne, Drago marchait d’un pas vif, un sourire toujours collé sur le visage, tandis qu’il se dirigeait vers une destination pour le moment inconnue. Ils arrivèrent en haut de la Tour d’Astronomie, presque haletants, éblouis par un soleil d’hiver. Harry ouvrit de grands yeux, intrigué, devant ce qui était posé contre les barrières.

 

« - Drago ? », demanda-t-il dans un souffle, après avoir lâché sa main.

 

Celui-ci tourna son regard argenté vers Harry, qui sentit son cœur battre la chamade devant la tendresse qui était présente dans ses yeux.

 

« - On a peur, Potter ?

 

- Tu aimerais bien. »

 

Ils sourirent tous les deux à ce souvenir et, l’un comme l’autre, semblèrent se perdre dans leur passé l’espace de quelques instants. Puis, brisant cette aura nostalgique, Drago avança de nouveau sa main.

 

« - A toi l’honneur. »

 

Harry enfila son bonnet et ses gants, enfourcha son Éclair de Feu ; Drago fit de même et s’installa sur son Friselune. Après un appui du pied, ils s’élancèrent dans l’air glacé, se faufilant à travers la neige qui tombait gracieusement, avec légèreté. Harry souriait tellement que ses joues paraissaient sur le point de se déchirer ; qu’est-ce que Drago était dingue. Et qu’est-ce qu’il l’aimait.

 

Le Serpentard amorça la descente alors qu’ils avaient traversé, en hauteur, une bonne partie de la Forêt Interdite, et posa pied à terre. Harry arriva à la suite et la neige s’enfonça sous ses semelles, tandis qu’il ne pouvait croire à ce qu’il avait devant les yeux.

 

Un banc, solitaire, avait l’air perdu parmi les flocons qui ne cessaient de virevolter ; quelques mètres plus loin, un lac gelé étincelait sous les quelques rayons de soleil qui réussissaient à passer au travers des arbres qui entouraient le berceau apaisant. L’endroit semblait coupé du reste du monde, comme réservé pour eux. Une odeur très douce et très agréable, qu’on devinait venir des sapins, flottait dans l’air.

Harry, qui avait retenu son souffle durant sa contemplation, tourna lentement la tête. Drago le regardait avec espoir, un sourire sur les lèvres.

 

« - Ça te plaît ?, demanda-t-il.

 

- Si ça me plaît ?, murmura Harry, ne voulant briser l’ambiance du lieu. C’est sublime. »

 

Drago baissa la tête avec un sourire gêné, comme à la fois fier et embarrassé.

 

« - Je voulais trouver un autre endroit que la Salle-sur-Demande, expliqua-t-il en observant les alentours. Quand j’ai découvert cet endroit, j’ai su que personne n’y venait et j’ai pensé que ce serait mieux...

 

- D’avoir un endroit à nous », termina Harry.

 

Drago hocha la tête. Harry sentait son cœur battre de plus en plus vite, à la fois émerveillé par les alentours –jamais il n’aurait cru voir quelque chose de semblable dans la Forêt Interdite- et touché par les attentions de son petit-ami.

 

« - Quand est-ce que tu as eu le temps de trouver un endroit pareil ?, demanda-t-il en brisant le silence.

 

- Pendant les heures de pause, répondit-il simplement. Et aujourd’hui, j’ai estimé qu’un examen de Potions avait moins de valeur que ça. 

 

- Je suis plutôt d’accord, affirma-t-il.

 

- Tu m’étonnes, répliqua le blond en haussant légèrement les sourcils d’un air narquois.

 

- Ça voulait dire quoi, ça ?, protesta Harry.

 

- Ce que ça voulait dire, fit Drago avec un rire moqueur. En Potions, tu es aussi doué qu’un Scroutt à Pétard dansant le Sirtaki. »

 

Il reçut une boule de neige en plein dans le visage avant même d’avoir pu continuer ses comparaisons. Harry attendit fermement, une autre boule toute prête dans la main.

 

« - Foutu con !, pesta Drago en crachant de la neige.

 

- Moi aussi, ça me fait plaisir de revivre ces moments passés », rit Harry.

 

Drago releva brutalement la tête avec ébahissement.

 

« - Tu t’en souviens ?, demanda-t-il ahuri.

 

- Comment oublier ça ?, répondit Harry. Je revois encore ta tête terrifiée de Serpentard de 13 ans.

 

- Tu étais sous ta cape, se défendit Drago. C’était moyennement loyal de m’attaquer alors que tu étais invisible.

 

- Tu as quand même fini par voir ma tête « voler dans les airs »,  ricana le Gryffondor.

 

- Moque-toi encore de moi et tu vas manger cette neige, Potter.

 

- Je ne te ridiculiserai pas une fois de plus, je respecte ton pauvre ego, Malefoy. »

 

Drago envoya une énorme boule en plein dans ses lunettes, avec force, et Harry répondit rageusement par la pareille.

 

S’ensuivit une bataille de boule de neige endiablée, coupée par des sourires, des éclats de rires et des chutes inévitables. Ils étaient simplement heureux, et ils étaient, l’un comme l’autre, deux hommes à qui on avait volé l’enfance.

 

« - C’est bon, j’abandonne, haleta Drago à bout de souffle au bout d’un quart d’heure.

 

- Je suis peut-être nul en Potions, dit Harry avec fierté, mais tu as oublié que de nous deux, je suis celui qui m’en sort le mieux en Quidditch. Et par conséquent, j’ai plus d’endurance.

 

- C’est bon, t’as fini de frimer ?, demanda le blond.

 

- Je crois », sourit Harry. 

 

Il y eut un silence.

 

« - Est-ce qu’on vient réellement de faire une bataille de boule de neige ?, fit Drago en fronçant des sourcils. »

 

Harry se rendit effectivement compte de la chose et éclata de rire.

 

« - Merlin, quelle bande gamins on fait, soupira le Serpentard. Tu m’as rendu pathétique, Potter. »

 

Son cœur fit un double-saut : aussi innocente que sa remarque puisse paraître, Drago venait d’avouer qu’Harry aussi l’avait changé.

 

« - Ron et Hermione disent que tu m’as transformé en chamallow à l’humour acerbe.

 

- On a échangé nos places, alors. »

 

Harry ne prit même pas la peine de protester et s’assit sur le banc.

 

« - Prends toute la place, surtout, ronchonna Drago.

 

- C’est pile ce que je fais, répondit-il tranquillement en allongeant davantage ses jambes et en posant son coude sur l’accoudoir.

 

- Fais de la place, je suis crevé. »

 

Harry colla ses jambes au dossier sans les plier, faisant une fois de plus marmonner Drago qui s’assit tout de même et appuya son dos contre le banc en fermant les yeux. Lui-même ne put retenir un bâillement : il sentait à présent la fatigue, qui avait été masqué par le stress de l’examen, l’envahir progressivement. Il ferma ses yeux à son tour et laissa tomber sa tête contre son bras, les flocons de neige effleurant ses joues rougies par le froid.

 

Harry ouvrit presque péniblement les yeux et émergea de son sommeil, retrouvant l’air glacé et le lac scintillant devant lui. Combien de temps avait-il dormi, il l’ignorait. Il sentait un poids contre sa poitrine ; à l’instant ou il baissa les yeux, il réalisa que Drago s’était endormi sur lui, la tête contre son torse et sa main serrant sa taille –comme s’il ne voulait pas tomber. La bouche légèrement entrouverte, il semblait profondément plongé dans ses rêves. Harry sourit et caressa doucement sa joue du doigt. Qu’est-ce qu’il était beau, même endormi.

 

Zacharias Smith ne pourrait jamais rien faire contre eux. Il ne voulait se séparer de Drago pour rien au monde. De toute façon, même s’il voulait, il ne pourrait pas ; c’était humainement impossible.

 

C’était assez dingue de se sentir à ce point dépendant de celui qu’il avait haï pendant tant d’années, alors que pourtant, c’était tombé comme une évidence. Harry ressentait à la fois un mélange de bonheur car il l’aimait, de malaise car il s’étaient insultés pendant 6 ans et enfin de peur car il ne se voyait pas être séparé un seul instant de lui ; et pourtant, s’ils restaient longtemps ensemble, il faudrait un jour faire des présentations officielles à la famille Malefoy...

 

Drago sortit un grognement et serra davantage la taille d’Harry, qui fronça les yeux, à la fois attendri et troublé : apparemment, il faisait un cauchemar. Le Gryffondor passa son bras sur le blond, qui se calma et se réveilla à ce toucher. Il ouvrit les yeux la tête et se releva précipitamment, se rendant compte qu’il était allongé et avait dormi sur Harry. Ses joues se teintèrent d’une couleur rouge.

 

« - C’était une bonne idée de venir ici, fit le brun avec un sourire. Je suis confortable ?

 

- La ferme, Potter, railla Drago en un demi-sourire confusément hautain.

 

- Tu as fait un cauchemar ? », demanda-t-il.

 

Drago secoua la tête.

 

« - Je ne sais même plus. Il est quelle heure ? Il faudrait peut être y retourner. Je ne tiens pas particulièrement à retomber entre les pattes de McGonagall. »

 

Harry lui trouva un air soucieux mais ne posa pas de question, se disant que Drago n’avait peut-être pas envie de raconter son cauchemar. Après avoir enlevé la neige qui s’était posé sur leur balai respectif, ils quittèrent le bel endroit.

 

« - Promis, Harry, on y retourne dès que possible », cria Drago lorsqu’il remarqua le regard que celui-ci avait jeté en arrière.

 

Harry sourit et laissa échapper un petit rire alors qu’ils retournaient vers la Tour d’Astronomie. Ils avaient trouvé leur endroit ; et il devina que tout comme lui, Drago avait retrouvé son enfance perdue.

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