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Chapitre 10 : Ne vous brûlez pas en vous enflammant

« - Où étais-tu passé ?! Â», fulmina Hermione en croisant les bras.

 

Harry était rentré dans la Grande Salle et venait de s’assoir à côté de Ron avec un grand sourire ; apparemment, c'était l'heure du repas.

 

« - Et pourquoi est-ce que tu es couvert de neige ?, continua-t-elle énervée en essuyant frénétiquement ses épaules. Tu vas te faire tuer par Rogue.

 

- En tout cas, t'as rien loupé, dit Ron en soufflant. C'était affreux.

 

- Tu parles, railla Hermione en levant les yeux au ciel. C'était du cours !

 

- Ça restait ignoble. Â»

 

Harry retira le bonnet qu'il avait toujours sur la tête et s'ebouriffa les cheveux. Ils devaient être pires que jamais.

 

« - Alors, où tu étais ?, insista-t-elle. On s'est inquiétés!

 

- Théoriquement, il était malade, répondit tranquillement Ron.

 

- Et en réalité ? Â» 

 

Harry hesita quelques instants, avant de décider que leur endroit demeurera secret.

 

« - On s'est baladés, répondit-il en se servant en légumes.

 

- Baladés?, répéta une Hermione ahurie. Vous êtes partis en vadrouille le matin d'un examen important ?

 

- Hermione, fit Ron avec un rire, sache qu'à part Tante Muriel, plus personne ne dit « partir en vadrouille Â». Â»

 

Hermione le fusilla du regard et il perdit toute expression rieuse.

 

« - Il voulait qu'on se promène, en tout cas, toussa Harry. Et c'était plutôt cool.

 

- Jusqu'où êtes vous allés pour que tu ne rentres que maintenant ? Â»

 

Harry soupira avec irritation.

 

« - Tu ressembles à Mme Weasley, là.

 

- Je demande, c'est tout !, retorqua-t-elle.

 

- On a fait une longue balade, point final Â», fit-il sur le ton de la fin de la conversation.

 

Hermione haussa les épaules d'un air fatigué.

 

« - Ça ne m'étonnerait pas que Rogue te mette en retenue pour que tu fasses l'examen, dit-elle. Tu ferais mieux de réviser.

 

-  Il y avait quoi ?, demanda-t-il avec espoir.

 

-Rêve, railla Hermione. Il ne fallait pas partir. Â»

 

Ron lui adressa un petit signe de solidarité, qu'Harry traduisit par « Je te dirai ce que je peux Â». Par chance, Hermione ne remarqua rien et continua de découper son poisson.

 

« - Salut, Potter. Â»

 

Harry tresaillit en reconnaissant la voix de l'intrus.

 

« - Dégage, Smith, rétorqua-t-il sans se retourner.

 

- Ce n'est pas très gentil, se plaignit faussement Zacharias. Tu sais Potter, à mon avis je suis trop gentil avec toi.

 

- Viens en aux faits Â», le coupa Harry en se retenant de ne pas lui hurler de dégager sa sale tronche de son axe de vue.

 

Zacharias ricana comme si Harry était un moins que rien qui tentait vainement de se défendre.

 

« - Tu vois, je me suis dit que tu n'avais pas l'air de prendre ma menace au sérieux.

 

- Si tu veux savoir, je n'en n'ai rien à carrer de tes menaces d'abruti.

 

- Pour l'instant, ricana le Poufsouffle avec perfidie.

 

- Ne t'ai-je pas dit d'en venir aux faits ? Â», répéta Harry avec un profond agacement.

 

Zacharias ricana une fois encore et s'approcha lentement de son oreille. Harry se retint de le gifler -personne à part Drago n'avait le droit à une telle proximité.

 

« - Tu vois Potter, murmura-t-il, j'ai eu une idée brillante. Que dirais-tu, non pas de voir les photos placardées contre les murs de Poudlard, mais -si mon hibou les envoyait malencontreusement au Ministère- directement à la une de la Gazette du Sorcier ? Â»

 

Le cœur d'Harry sembla s'arrêter et son visage devint tellement blanc qu'on aurait pu le confondre avec un fantôme. Ron et Hermione, qui n'avaient pas entendu le murmure de Smith, observaient la scène d'un air inquiet ; Hermione fronçait des sourcils et Ron semblait prêt à bondir sur Zacharias à n'importe quel moment. Celui-ci semblait particulièrement satisfait de lui.

 

« - Ça fait moins le fier, hein Potter? Â», chuchota-t-il.

 

On sentait, dans chacun de ses mots prononcés, qu'il tentait de dissimuler son euphorie.

 

« - Ça serait bête que la meilleure des photos soit exposée en couverture du journal le plus lu, non?, continua-t-il. Et le reste soigneusement affiché sur toutes les pages ? Je pense qu'il serait pas mal d'écrire en majuscules « Harry Potter, gay avec un Mangemort Â». Je devrais leur envoyer toutes mes idées avec les photos. Â»

 

Ne pas l'étrangler. Ne pas se lever et le frapper jusqu'à ce que sont nez soit le même que celui de Voldemort. Ne pas lui faire regretter d'être venu au monde.

 

« - Ça n'a pas l'air de te faire plaisir dis-moi. Quel dommage.

 

- Sale enflure, grogna Harry, les dents serrées tellement fort qu'elles lui faisaient mal.

 

- Tu n'en n'as toujours rien à carrer de mes menaces, Potter?, se delectait Zacharias en savourant sa victoire, toujours à quelques centimètres de son oreille.

 

- Casse-toi.»

 

Mais ce n'était pas Harry qui avait dit ça. Quelqu'un d'autre était arrivé et avait poussé Smith.

 

« - Tu m'as entendu, abruti de blaireau? Â», dit Drago avec une voix froide, dure et terrifiante en saisissant Zacharias par la robe.

 

Ses yeux avaient repris la couleur du métal si caractéristique lorsqu'il était en colère. Zacharias, qui avait perdu toute trace de menace, était profondément paniqué et son regard passait alternativement de ses yeux à sa main serrant son col.

 

La Grande Salle était maintenant plongée dans un silence de mort. Harry se leva et deserra sans mal la poigne de Drago, puis les sépara l'un de l'autre.

 

« - Ça suffit, dit-il fermement en retenant Drago d'avancer vers le Poufsouffle mort de peur. Arrête! Â»

 

Drago detourna son regard meurtrier de Zacharias et sortit à grands pas du réfectoire, sans un mot pour Harry. Abasourdis, tous les élèves focalisèrent leur attention sur Harry et Smith. De leur côtés, les rares professeurs qui étaient assis à la table paraissaient calmes -avec néanmoins les sourcils froncés. Seul Dumbledore s’était levé et posait les mains sur la table.

 

« - Désolé du dérangement, lança Harry dont la voix résonna. Mais c'est réglé. Â»

 

Merde, jura-t-il intérieurement, en s'asseyant tandis que le brouhaha habituel recommençait à se former. Zacharias lui lança un regard assassin et alla se joindre aux Poufsouffles, qui l'acceuillirent par des visages inquiets et une multitude d'exclamations indignées.

 

« - Et ben merde, souffla Ron. Malefoy à un sacré radar. Qu'est-ce que t’a dit l'autre crétin ?

 

- Il a modifié son plan, répondit Harry complètement dépassé. Il ne compte plus seulement diffuser les photos en les placardant dans le château, il compte les envoyer à la Gazette. Â»

 

Hermione parut outrée.

 

« - Quel... quel...

 

- Connard, oui, termina tranquillement Ron.

 

- Harry, il faut en parler à Dumbledore ! Â»

 

Harry se serait étouffé s'il était en train de manger.

 

« - Pardon ?!

 

- Cette histoire va trop loin, fit-elle en posant ses coudes sur la table. Cet infâme cafard n'a pas le droit de dévoiler ta vie privée ! Â»

Harry eut un rire amer.

 

« - Comme si la Gazette s'en était un jour soucié. Je n'ai jamais eu de vie privée, avec eux, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer.

 

- Si tu en parles à Dumbledore, tenta Hermione, il...

 

- Plutôt mourir que d'en parler à Dumbledore, dit Harry. Tu me vois venir et dire « Bonjour professeur, en fait je suis en couple avec Drago Malefoy (il baissa le ton à cette partie de phrase) et un con du nom de Zacharias Smith nous a pris en photo alors que Drago et moi étions en train de nous embrasser devant la Salle sur demande où on a d'ailleurs fait la cuisine et que mon blond préféré à cramé les légumes que j'avais coupé avec amour ! Vous pouvez m'aider à détruire l'appareil photo et à réduire Smith en cendres que nous ferions manger au Calmar Géant du Lac Noir ? Â»

 

Ron retint un éclat de rire par pur respect pour son meilleur ami et Hermione fut bien obligée de reconnaître que ce n'était pas une bonne solution.

 

« - Sérieusement, termina-t-il avec fatigue.

 

- Tu ne vas pas le rejoindre ?, demanda Ron en désignant la porte du regard.

 

- Je pense que les gens se posent déjà trop de questions, alors quitte à ce que Smith finisse par révéler le secret, je préfère que ce ne soit pas maintenant. Â»

 

Hermione fit une moue désolée et hocha la tête.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Drago traversa la porte de la Salle Commune vide à grands pas, sa tête serrée entre ses mains, tentant de se calmer.

 

« - Merlin de Merlin de Merlin de Merlin Â», pestait-il à voix basse –comme si ça pouvait changer quelque chose à sa colère.  

 

C’était la deuxième fois en trois jours qu’il perdait son sang-froid ; qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Il était Drago Malefoy, par la barbe de Salazar Serpentard, le Visage de Glace, l’Âme Imperceptible, le Serpentard Inpénétrable. Pourtant, une fois encore, sa haine avait emporté le combat contre son bon sens.

 

C’était la faute de ce crétin de Poufsouffle, de toute façon. Il n’avait pas à être aussi près d’Harry. Heureusement que celui-ci avait réagi et l’avait empêché d’envoyer Smith en Enfer, où ça aurait été définitivement cuit pour le bal. Mais heureusement, McGonagall n’était pas présente –il se serait pris une sale retenue en plus de l’interdiction de la soirée de Noël.

 

En tout cas, Harry lui avait menti : il se passait bien quelque chose avec Zacharias Smith. Mais quoi, difficile à savoir. De toute manière, il avait lui aussi ses problèmes à régler, avec Blaise qui risquait à tout instant de diffuser la rumeur de leur relation. Pas qu’il se fichait de l’affaire Smith, mais il savait très bien que le Gryffondor savait se défendre ; et s’il voulait un coup de main, il le demanderait –Drago sourit à cette pensée. Harry ne s’abaisserait pas à demander son aide, il le savait.

 

En ce moment même, tous les élèves devaient être en train de blablater sur leurs hypothèses et leur soupçons. Quelle bande de stupides quiches.

 

Soudain, Drago eut comme une illumination. Il releva brutalement la tête, eut un sourire et sortit en trombes de la Salle Commune pour courir droit à la volière. Il y trouva sa chouette hulotte, nommée Granbec, et lui caressa la tête avec affection. Il ouvrit son sac, déchira un morceau de parchemin et y griffonna un rapide mot, avant de le mettre dans le bec de la chouette et de lui préciser le destinataire. Content de son idée, il observa un instant le paysage et se décida à quitter la volière –c’est pas qu’il faisait froid, mais ce n’était pas l’extrême chaleur non plus.

Drago descendit les escaliers d’un pas vif, bien décidé à ne pas se laisser abattre par tous ceux qui oseraient lui remémorer ce midi –il n’avait pas intérêt. C’était moralement infaisable qu’il puisse perdre contrôle encore une fois, ou il ne s’appelait plus Malefoy.

 

« - Mr Malefoy ? Â»

 

Il s’arrêta en pleine marche et ferma les yeux avec fatigue au son de cette voix. Pour l’instant, il portait apparemment toujours ce nom.

 

« - Bonjour, professeur, fit-il en se retournant lentement.

 

- Dites-moi, commença Dumbledore en croisant ses mains derrière son dos, avez-vous un quelconque souci ? Â»

 

Drago haussa un sourcil perplexe et ne répondit pas. Allons-bon, maintenant même le vieux croûton se la jouait psy.

 

« - J’ai remarqué –et entendu- maintes informations à propos de vos sautes d’humeur et votre comportement assez... Excessif. Â»

 

Drago songea que c’était vraiment parler et mettre les formes pour ne rien dire.

 

« - Alors, continua Dumbledore, si vous avez un souci, sachez qu’on peut vous aider. Que je peux vous aider.

 

- Merci, professeur, mais je n’ai besoin d’aucune aide Â», fit Drago en luttant pour que son ton ne flanche pas sur le Je-m’en-fous.

 

Etrangement, Dumbledore sourit avec l’air d’un grand-père compatissant.

 

« - Je ne vais pas perdre mon temps à savoir si vous mentez, dit-il calmement, alors je vais faire comme si je vous croyais. Â»

 

Drago ne répondit pas et se contenta de le regarder sans ciller. Finalement, Dumbledore se décida à descendre.

 

« - Ne vous brûlez pas en vous enflammant, Mr Malefoy Â», dit-il avec un sourire.

 

Sur cette dernière phrase incompréhensible, le Directeur tourna dans le couloir et se volatilisa. Drago fronça les sourcils, indécis et relativement troublé parce qu’il avait dit ; en temps normal, il aurait haussé les épaules et décrété que ce n’était qu’une autre lubie du vieux fou, mais après des semaines partagées avec Harry, il commençait à avoir le tic de chercher un sens philosohpique dans chaque phrase un tant soit peu bizarre. De toute façon, au cas où Merlin ne l’aurait pas remarqué, il ne faisait plus rien comme en temps normal.

 

Il arriva près de la statue de Gregory le Hautain et s’assit, le dos contre le mur, ses pensées tourbillonnant dans sa tête. En temps normal...

Foutaises. Peut-être bien qu’il était heureux, finalement, de ne plus rien faire comme en temps normal. Excepté peut-être ses pertes de sang-froid ; mais il regrettait de plus en plus son nom de famille. Et pour une fois, il pouvait être différent. Ça ne changeait rien vis-à-vis des autres élèves, personne ne l’avait jamais réellement aimé, de toute manière. Ils enviaient tous la richesse et la noblesse de sa famille, les filles de Serpentard gloussaient avec cupidité en le voyant, Crabbe et Goyle étaient deux imbéciles qui tentaient de profiter de l’influence Malefoy et de manière générale, personne ne pouvait le blairer. Si les Serpentards étaient fiers de l’avoir dans leur Maison -encore une fois pour une question d’honneur, les trois autres Maisons ne cachaient pas leur haine. Il y avait bien quelques Serdaigles et quelques Poufsouffles qui pouvaient se montrer sympathiques –quoiqu’il haissait maintenant tous les Poufsouffles depuis l’intervention de Zacharias Smith-, mais tout Poudlard semblait répugner à lui parler.

 

Bon, d’accord, s’il devait être entièrement honnête avec lui-même, il n’était pas non plus très engageant. Il devait admettre avoir la tendance fâcheuse de repousser quiconque lui adressait la parole, par une bonne et simple réplique bien foudroyante dont il était à chaque fois fier. Mais au fond, même s’il ne se l’avouerait jamais, il le faisait par peur. Toujours et uniquement par peur. Par peur de faire confiance, par peur de la donner et qu’on la trahisse, par peur qu’il arrive du mal aux gens qu’il apprécie. C’était la raison pour laquelle il s’efforçait de supporter la présence de Serpentards et de ne pas s’approcher des autres.

 

Son ventre se tordit douloureusement lorsqu’il se rappela sa courte amitié avec un garçon nommé Allen Meltrane, un Né-Moldu du village voisin qu’il avait rencontré lorsqu’il n’avait pas plus de 8 ans. Le seul garçon qui n’avait pas eu peur de lui, qui lui avait souri, le premier ami qu’il n’avait jamais eu. Drago Malefoy, qui avait toujours été fermement maintenant chez lui, encloîtré dans le grand manoir froid, avec pour seule compagnie ses parents et parfois d’autres Sang-Purs infects, avait eu un ami sincère et avait véritablement souri pour la première fois ; Allen était incroyablement gentil, n’avait pas peur de l’impossible et lui avait tendu la main. Un jour où ils étaient ensemble près du Manoir, Drago avait aperçu son père derrière la fenêtre. Il lui avait fait un grand sourire et un signe de la main tandis qu’Allen jouait à faire voler des figurines en bois. Lucius, impassible et le visage glacé, lui avait fait signe de rentrer. Drago avait salué son ami et avait passé la porte du manoir, heureux.

 

Drago ferma les yeux et sentit une larme brûler sa joue. Il se revit, un grand sourire sur le visage, face à son père dont l’expression avait bientôt effacé son sourire tant il semblait dépourvu de toute joie. Puis sa main s’était levée, et Drago avait reçu la gifle la plus violente qu’aucun enfant ne devrait endurer ; il s’était écroulé et sa tête avait percuté le coin d’un meuble en ébène, assomé, sa tempe sanguinolente. Lorsqu’il s’était réveillé, sa mère à ses côtés, son père n’était plus là ; il avait alors ouvert la porte d’entrée et crié Allen. Le soir même, depuis sa fenêtre, il avait désespérément observé les alentours, espérant revoir un petit garçon souriant qui faisait voler des bonhommes ; au lieu de ça, son père avait poussé le grillage et était rentré dans le jardin, en remettant sa baguette en place, suivi par deux hommes en masque. Plus jamais il ne revit Allen.

 

Une profonde haine emplie de rancune et de regrets accompagna les larmes qui dévalaient son visage. Là était le centre de toute sa colère, là était la raison de toute sa rancÅ“ur. Allen avait été tué car c’était un Né-Moldu qui s’était lié d’amitié avec lui. Toute l’intolérance et la méchanceté dont il avait pu faire preuve n’étaient que le fruit de ce qu’avait fait Lucius ; son propre père avait créé son Mal. Il avait ensuite rejeté tout son dégoût, son aigreur et son chagrin sur les mauvaises personnes.

 

Harry ne se rendait pas compte à quel point il était exceptionnel ; c’était le seul qui avait su le rendre heureux après Allen et qui avait su accepter sa confiance. Car le brun était profondément bon. Un peu niais parfois, mais bon. Cette pensée le fit sourire au travers de ses larmes. Drago comprit alors le sens de la phrase de Dumbledore et réalisa que c’était terriblement juste. Ne vous brûlez pas en vous enflammant.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Harry, une fois avoir raisonnablement attendu quelques minutes après l’arrivée d’un hibou aux plumes brunes et d’un message, se décida à se lever et prétexta avoir oublié son livre de Sortilèges.

 

« - Dépêche-toi, le pressa Hermione en fronçant les sourcils avec inquiétude. Le cours est dans moins de 45 minutes et si tu arrives une fois de plus en retard, tu vas te faire tuer. Â»

 

Harry hocha nerveusement la tête et se força à prendre un pas tranquille, sentant tous les regards dirigés vers lui. Une fois qu’il passa la porte, il se pressa et grimpa rapidement les escaliers, faillit se casser la figure lorsque celui-ci bougea, l’insulta avec force et réussit enfin à atteindre le premier étage. Drago était assis près de la statue de Gregory le Hautain, comme prévu.

 

« - Salut, dit-il simplement en se relevant, un sourire farceur sur le visage.

 

- Désolé du retard, s’excusa Harry. J’ai estimé préférable de ne pas immédiatement courir après avoir reçu ton hibou. Sinon, ça aurait paru bien trop suspect et je ne sais pas si on a besoin d’une autre dose de suspicion de la part de Poudlard après le scandale de ce midi qui va bientôt être, du moins s’il ne l’est pas déjà, le centre de toutes les conversations.

 

- Tu as eu raison, affirma le blond. Alors, ça te tente ?

 

- Je n’ai même pas compris ce que tu voulais, dit Harry en défroissant le morceau de parchemin. Qu’est-ce que tu entends pas là ? On ne va pas prendre de risques à nouveau !

 

- Oh que si, et il est plus que temps, insista Drago. Comme tu dis, nous sommes au centre de toutes les conversations et je pense que notre secret ne va bientôt plus en être un. Â»

 

Harry se sentit blanchir. Est-ce que Drago avait deviné ce que lui faisait endurer Zacharias ?

 

« - Qu’est-ce que tu veux dire ?, demanda-t-il en s’éclaircissant la voix.

 

- C’est la solution, esquiva le Serpentard. Et puis ça nous rappellera des souvenirs.

 

- Ce ne sont pas forcément des souvenirs agréables.

 

- Comment oses-tu ?, contredit Drago avec un sourire faussement indigné. C’est notre avant-relation, quand même. Â»

 

Harry soupira en se passant une main derrière la nuque.

 

« - Je ne sais pas vraiment si c’est une bonne chose.

 

- Fais-moi confiance Â», murmura Drago en passant sa main sur sa joue.

 

Le cœur d’Harry ne fit qu’un tour.

 

« - Saleté de fourbe, grogna-t-il avec un sourire. C’est pas fair-play de me prendre par les sentiments.

 

- Mais ça marche, sourit-il fièrement. Alors voilà comment on va faire. Â»

 

Harry allait de surprises en suprises : Drago Malefoy était vraiment quelqu’un d’imprévisible ; il n’aurait jamais imaginé que le Serpentard puisse penser à un tel plan. Avec lui, on ne pouvait décidément rien prévoir.

 

« - Tu n’arrêteras donc jamais de penser que tu me connais, Potter ?, fit le blond avec un sourire malicieux devant l’air admiratif de son petit-ami.

 

- A mon plus grand regret, soupira Harry en retour. Mais fais gaffe, je finirai par percer tous tes secrets. Â»

 

J’espère que non, pensa amèrement Drago. Le visage d’Allen apparut en flash devant ses yeux puis s’évapora pour être remplacé par celui d’Harry, qui l’embrassa tendrement avec un sourire attendri.

 

« - J’aime bien voir tes pensées défiler dans tes yeux, murmura Harry, la main sur sa joue. On dirait que toutes les couleurs du monde se mélangent dans tes yeux gris. Â»

 

Drago laissa échapper un petit rire.

 

« - Et bien ce sont les autres qui vont en voir, des couleurs, s’exclama-t-il joyeusement. Donc tu attends le moment et tu y vas, OK ?

- J’ai pigé, Drago, me prend pas pour un attardé.

 

- Aucune chance de te prendre pour un attardé, ça se voit à des kilomètres et ça s’est su quand tu as passé les portes de ce château. Â»

 

Il éclata de rire et ébouriffa les cheveux du Gryffondor, qui râla et se vengea en faisant de même.

 

« - Alors à tout à l’heure, et sois prêt pour le grand feu d’artifice Â», souffla Drago avant de s’en aller d’un pas vif.

 

Harry sourit et, après un « Grand Merlin Â» amusé, se dépêcha d’aller se brosser les dents avant le cours de Sortilèges.

 

« - Contente que tu sois arrivé à l’heure, dit Hermione une fois qu’ils furent installés.

 

- Qu’est-ce qu’il te voulait ? Â», demanda Ron en regardant les Poufsouffles avec méfiance.

 

Harry s’apprêta à lui répondre mais, ayant conscience qu’ils n’étaient pas seuls, lanca un Assurdiato autour d’eux.

 

« - Simple mesure de sécurité, expliqua-t-il devant le regard mécontent d’Hermione –elle n’avait jamais aimé ce sortilège. Il a prévu un plan.

 

- Ça sent déjà le flan poireux, grimaça Ron.

 

- Ronald, dit fermement Hermione, pour la millième fois, cette blague est incroyablement lamentable.

 

- Son plan est plutôt pas mal, je dois dire, interrompit Harry en coupant son amie du regard.

 

- Et qui est... ?, demanda Ron l’air intéressé.

 

- Vous verrez, fit Harry avec un demi-sourire satisfait. Ne soyez pas surpris, en tout cas.

 

- Tu sais d’avance qu’on va l’être !

 

- En effet. Â»

 

Ron et Hermione avaient beau poser toutes les questions du monde, même les plus indirectes et les plus insoupçonnables, Harry ne lâchait aucun indice et il se surprit même à avoir une certaine hâte que le projet se mette à exécution.

 

Arriva la pause de l’après-midi, partagées par tous les Septième année. La plupart allaient dans la Grande Salle pour se retrouver et discuter –les professeurs étant tous absents car en cours, ainsi Harry, Ron et Hermione firent de même et allèrent s’installer à la table des Gryffondors où Luna discutait vivement avec Ginny de Ronflak Cornus. Harry se leva, prétextant aller chercher un pichet de jus de citrouille, et rentra de plein fouet dans quelqu’un.

 

« - Dégage de là, Potter !, cracha violemment Drago en le poussant si fort qu’il faillit tomber.

 

- C’est moi que tu pousses, Malefoy ? Â», croassa Harry, estomaqué, en retour.

 

Tous les regards se dirigèrent automatiquement vers eux. Harry et Drago se dévisageaient avec haine.

 

« - En plus d’être bigleux, t’as une mémoire de Botruc, le balafré, se moqua le Serpentard d’une voix forte. Je ne t’ai pas déjà dit de changer tes foutues lunettes et de ne plus croiser mon chemin ?

 

- Excusez-moi, Monseigneur, rétorqua Harry en s’avançant. Je crois que je vous ai confondu avec un Strangulot. Tu devrais revoir ta coupe de cheveux, c’est de plus en plus dégueulasse, tout ce gel. Â»

 

Il y eut des rires satisfaits de la part des Gryffondors. Drago poussa une nouvelle fois Harry.

 

« - Répète, Potter ? Ose répéter ce que tu viens de dire ?

 

- T’es immonde, Malefoy.

 

- Si on m’avait dit qu’Harry Potter le Superbe se rabaisserait à des vannes sur le physique car en manque de tout argument Â», ricana le blond.

Les Serpentards sifflèrent avec force.

 

« - Il fallait bien que quelqu’un te prévienne, Malefoy, se défendit Harry. Maintenant, tu dégages ta sale face de fouine de là, c’est clair ? Â»

 

Drago sortit immédiatement sa baguette de sa poche, imité par Harry. Toute la Grande Salle fut envahie d’exclamations terrifiées.

 

« - Harry, non !, cria Hermione au loin, terrifiée.

 

- Que c’est touchant, fit Malefoy avec un sourire moqueur. Ainsi, le Grand Potter à besoin de conseillers. Quel moins que rien. Â»

 

Harry leva sa baguette et lança un Stupefix, bloqué par Drago d’un simple Protego. Les Serpentards observaient la scène, fiers et impérieux.

 

« - Touchant, Potter, touchant, bailla Drago avec arrogance. Levicorpus ! Â»

 

Harry se sentit partir en hauteur, tiré par la cheville. Il sentit également ses joues rougir d’humiliation. Maintenant, les Serpentards applaudissaient en rythme.

 

« - Stupefix !, tenta de nouveau Harry en tentant tant bien que mal d’atteindre le blond.

 

- Pitoyable, Potter. Je ne comprends vraiment pas pourquoi tout le monde s’évertue à dire que tu es un sorcier exceptionnel. Car je n’ai jamais rien vu d’aussi pathétique.

 

- Tu vas me le payer, Malefoy ! Â», rugit Harry.

 

Le sang commençait à lui monter à la tête. Drago abaissa sa baguette et le laissa lourdement tomber, haletant. Harry se releva et leva immédiatement la sienne.

 

« - Expelliarmus !

 

- Stupefix !

 

- Petrificus totalus !

 

- Protego !

 

- Levicorpus !

 

- Electro !

 

- Rictusempra ! Â»

 

Les sorts s’enchaînaient dans des jets de lumière, formant comme une chorégraphie qui aurait presque pu être harmonieuse. Ils tournaient, virevoltaient, cherchant l’un l’autre à toucher leur adversaire, en vain. Tous les élèves les entouraient, avec des exclamations diverses, comme « Allez Harry ! Â» ou « Achève-le, Drago ! Â» ou encore « Attaque ! Â» On se serait cru dans un ring de boxe tant aimés par Dudley.

 

Finalement, Harry lança un « Expelliarmus ! Â» qui atteint enfin sa cible. La baguette de Drago vola dans les airs et fut rattrapée par Ron.

 

« - On se fatigue vite, Malefoy, rugit Harry avec satisfaction. Elle fait moins la maline, la fouine qui ne peut se servir que de son nom de famille pour se faire une fierté ! Â»

 

Drago se jeta sur lui et le saisit par le col. Il leva le poing mais n’eut le temps de rien faire : Ron l’expulsa avec la baguette du blond et poussa Harry en arrière. Drago, furieux, se releva et hurla :

 

« - On en n’a pas fini, Potter ! Â», cracha-t-il en se plaçant aux côtés d’un Crabbe et d’un Goyle éberlués.

 

Sur cette dernière phrase, il arracha sa baguette des mains de Ron et sortit d’un pas brutal de la Grande Salle, ses gardes du corps à côté de lui.

 

« - Mais qu’est-ce qui t’a pris de répondre à ses provocations ?!, dit Seamus Finnigan en l’épaulant.

 

- Je le hais, je le hais, je le hais !, répéta Harry avec haine. Il faut bien faire quelque chose à un moment donné, non ? Laissez-moi maintenant, j’ai besoin de prendre l’air. Â»

 

Il sortit de la Grande Salle de façon plutôt théâtrale avant d’aller dans le Parc et de se poser contre un arbre plus loin, hors de vue.

 

« - Jeu d’acteur, niquel. T’as déjà pensé à faire du théâtre ? Â»

 

Harry sourit et tourna la tête vers Drago, qui s’assit à son tour.

 

« - Ils y ont vraiment cru, en tout cas, souffla Harry avec satisfaction.

 

- C’était drôle à faire, non ?, rit Drago. Comme au bon vieux temps. Comme en temps normal.

 

- J’avoue que c’était du tonnerre, admit-il en regardant des Sombrals se promener. Mais je ne comprends toujours pas vraiment pourquoi avoir fait ça. Après tout, il n’y a toujours pas de boom de rumeurs, non ? »

 

Drago eut un rire faussement moqueur.

 

« - Justement, fit-il en lui tapotant la tête. C’est pour décrédibiliser la future rumeur. Le faire après l’éclat des racontars aurait été trop évident, et bien moins plausible. Alors que là, on le fait avant, ce qui fait que lorsque quelqu’un qui pourrait découvrir l’existence de notre relation essaiera de le diffuser dans Poudlard, peu de gens y croiront après notre fabuleuse dispute. Tu saisis ? Â»

 

Harry pria Merlin pour ne pas rougir. Surtout, ne pas rougir. Car oui, c’était intelligent, sauf que ce que Drago ignorait, c’est que Zacharias Smith avait des photos. Et peu importe la violence des soi-disants disputes, les photos constituaient des preuves infaillibles.

 

« - Très bien pensé, dit-il en s’éclaircissant la voix.

 

- Bien, fit Drago. Maintenant, je vais rentrer en premier et ça devrait sonner dans 5 minutes. Ne rentre qu’à la sonnerie, surtout ! Â»

 

Il s’apprêta à s’en aller mais s’arrêta un instant, sourit, et se retourna pour embrasser rapidement Harry.

 

« - Il faut compenser toute cette violence Â», s’expliqua-t-il.

 

Harry l’embrassa en retour.

 

« - Voilà. Là, c’est tout compensé. Â»

 

Drago éclata de rire et s’éloigna.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Hé, Drago. Â» 

 

Le Serpentard, au son de cette voix, sentit déjà sa tempe trembler. Il se retourna et fit face à Blaise Zabini.

 

« - Dégage, Blaise, le prévint-il en le tuant avec ses yeux.

 

- Tu crois sérieusement m’avoir avec tes salades ? Â»

 

Drago demeura immobile malgré la colère qui lui donnait envie de s’avancer pour que Blaise se fasse dessus.

 

« - Qu’est-ce que tu insinues ?

 

- Tu sais très bien ce que j’insinue. Ça ne sert strictement à rien de faire semblant de détester Potter. Â»

 

Drago l’empoigna par le col avec fureur.

 

« - Je te déconseille de faire ça, Malefoy Â», sourit Blaise.

 

Le blond commença à avoir peur. Comment est-ce que ça se faisait que Blaise n’aie pas peur et ose lui tenir ainsi tête ?

 

« - J’ai un allié maintenant, continua-t-il en se détachant brutalement de la poigne de Drago. Un allié qui a de véritables preuves. Un allié qui pourrait vous faire tomber, toi et ta famille de snobs.

 

- Voldy est ton copain, maintenant ?, se moqua amèrement Drago.

 

- Ce n’est pas mon allié, répondit Zabini. Moi, je te parle de quelqu’un qui a les preuves de ta... Relation avec Potter. Tu me dégoûtes, Malefoy. Â»

 

Le cÅ“ur de Drago battait tellement fort sous l’effet de la colère qu’il avait du mal à entendre ce que Blaise disait. Il n’y avait plus de doutes possibles : il savait.

 

« - Je ne sais pas qui est ton soi-disant allié, dit-il d’une voix parfaitement tranquille et un visage moqueur, mais tu vas droit dans le mur.

 

- Il a des photos, Malefoy, et nous savons tous les deux qu’il ne s’agit pas de montages. Ou plutôt, tous les trois. Car ton Potter chéri le sait depuis le début. Â»

 

Le bourdonnement s’amplifiait de pire en pire dans ses oreilles.

 

« - Il se trouve que mon allié dont je tairai le nom fait du chantage à ton Potty d’amour qui s’efforce alors de te faire croire qu’il t’aime. Parce qu’il préfère te tuer de l’intérieur, étant donné qu’il se fiche de toi comme de sa première chaussette, plutôt que de perdre son honneur, tu comprends ? Â»

 

Drago ne pouvait pas bouger. Son corps s’était paralysé.

 

« - Pas de chance, continua Blaise avec fierté. Au début, il s’agissait d’un pari. De te faire croire qu’il était amoureux de toi. Un simple pari idiot d’étudiants idiots. Mais pas de chance, mon allié à trouvé plus intéressant de prendre des photos de vous deux alors que vous vous embrassiez. Tout était censé s’arrêter ensuite, sauf qu’il a menacé Potter d’exposer ces photos à la Gazette du Sorcier. Alors il a dû continuer. Mais là où ça devient drôle, c’est que toi, tu es réellement tombé amoureux de lui, pas vrai ? Â»

 

Drago ne pouvait pas y croire. Non, c’était impossible. Jamais Harry ne lui ferait ça.

 

« - Bientôt, toute l’école sera au courant et tu tomberas. Ça fait mal de se faire mener en bateau tout du long, hein ? 

 

- Tu mens, fit Drago les dents serrées. C’est un mensonge. Tout n’est que mensonge.

 

- Pose la question à ton amour qui se fout littéralement de toi, et tu verras si tout n’est que mensonge. En tout cas, ça explique tout le dégoût et la haine qu’il avait sur le visage quand vous faisiez semblant de vous battre. Car lui ne faisait pas semblant, pour la première fois de l’année. Â»

 

Il acheva Drago d’un énorme coup de poing dans le ventre, qui s’écroula à terre.

 

« - Ça, c’est pour tous les coups que je me suis pris. Souffre bien avec Potter, minable petit gosse de riche. Â»

 

Il laissa le blond à terre, haletant, se tenant douloureusement le ventre, tandis qu’une larme coulait de son Å“il –de douleur ou de tristesse, il l’ignorait. Harry n’aurait jamais pu lui faire ça. Il l’aimait. Il lui avait dit. Ça se voyait, il le savait. Mais cet allié... Et si c’était Zacharias Smith ? Harry semblait bizarre depuis que Drago soupçonnait le Poufsouffle. Il se souvenait très bien avoir vu les joues du Gryffondor rougir plusieurs fois quand il évoquait le sujet du blaireau. Et les photos ? Il avait entendu il y a quelques temps que l’abruti s’était procuré un appareil photo silencieux. C’était donc plausible. Trop de coïncidences... Non, c’était tout simplement infaisable. Il devait lui en parler. Il devait en parler à Harry...

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