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Chapitre 11 : Confrontation et réconciliation 

Harry se réveilla d’une nuit mouvementée par des cauchemars diverses, ébloui par la lumière du jour. Il se retourna dans son lit avec un grognement fatigué.

 

« - Grand Merlin ! Â», pesta soudainement Dean.

 

Harry ouvrit un œil fatigué en direction de son camarade de chambrée.

 

« - On raconte que Merlin n’était pas si grand, grommela Seamus qui venait apparemment d’être réveillé par le juron de Dean. Qu’est-ce que tu fiches ?

 

- Venez voir ce qu’il y a sur la chaudière. Â»

 

Seamus se leva, non sans grognements.

 

« - Je te préviens, menaça l’irlandais sur un ton irritable, si c’est une ruse pour me forcer à sortir du lit, je te pète la... Oh. Â»

 

Il y eut un silence.

 

« - Qu’est-ce qui se passe ?, demanda Neville en sortant une tête paniquée de son drap. Il y a une invasion de Strangulots ?!

 

- Pour la troisième fois, Neville, bougonna Ron d’une voix fatiguée, les rêves ne se réalisent pas. Vous faites un bordel monstre, tous autant que vous êtes. J’attends ce samedi depuis des siècles et vous venez gâcher mon sommeil !

 

- Luna dit que ses rêves se réalisent, se défendit Neville, et que...

 

- Taisez-vous, railla Dean. Et venez voir ce qu’il y a sur la chaudière !

 

- Par tous les Enfers, on en a rien à faire de ta foutue chaudière.

 

- De toute manière, Ron, ce n’est pas toi que ça concerne, je pense, dit Seamus dont la voix était coupée. En revanche, Harry, tu devrais venir voir.

 

- Et d’un pas plutôt vaillant, si je peux te conseiller Â», ajouta calmement Neville avec sagesse –il avait rejoint le duo au centre de la pièce.

 

Harry se leva avec une inquiétude croissante, qui s’intensifia davantage au vu des visages tendus de ses camarades –excepté celui de Ron qui s’était de nouveau enfoui sous son oreiller, manifestement indifférent à la situation. Il s’avança vers la chaudière et Dean arracha une feuille qui était collée dessus.

 

Lorsqu’il la retourna, Harry se sentit blêmir. Ce n’était pas une photo, mais un dessin, représentant un lion qui pleurait un serpent sanguinolent et mort, tandis qu’à côté, un blaireau riait joyeusement.

 

 Â« - Qui est doué en dessin parmi les Poufsouffles ?, begaya nerveusement Hermione alors qu’ils étaient dans la Salle Commune.

 

- Zacharias, c’est évident, dit Harry.

 

- Mais comment a-t-il pu entrer en ne connaissant même pas notre mot de passe ?, demanda Ron en se massant la nuque.

 

- Peut-être est-il entré en même temps qu’un Gryffondor...

 

- Sans cape d’invisibilité ?, coupa Harry avec scepticisme.

 

- Il maîtrise peut-être très bien le Sortilège de Desillusion, proposa Hermione.

 

- A moins d’être passé derrière un Gryffondor affreusement myope, et seul, il n’aurait pas pu passer inaperçu, contredit Ron. Seul Dumbledore est capable de se rendre entièrement invisible avec ce sortilège.

 

- Il l’a peut-être pétrifié, dans ce cas.

 

- Impossible, barra Harry de nouveau. On en aurait entendu parler, de même si Smith avait effacé ses souvenirs. Un corps pétrifié dans la Salle Commune, ne se souvenant de rien, ça n’aurait pas été ignoré.

 

- Il avait peut-être un complice à Gryffondor !, s’exclama Ron.

 

- Ou Zacharias aurait pu mettre l’élève sous Impero ?, fit-elle avec horreur.

 

- Ces deux hypothèses sont plausibles, admit Harry. Reste à savoir comment il a su où se trouve mon dortoir !

 

- C’est possible d’y répondre avec ces deux hypothèses, répondit Ron. Soit le complice est quelqu’un de notre dortoir...

 

- Impossible !, s’écrièrent-ils catégoriquement.

 

- Soit, continua le rouquin avec un hochement de tête, ce quelqu’un de notre dortoir à agi sous Impero.

 

- C’est affreux, murmura Hermione avec choc. Avoir pris tous ces risques pour mettreune feuille dans ton dortoir ? Ça ne vous semble pas un peu excessif ?

 

- Ça explique que cet abruti se soit appliqué au dessin, en tout cas, justifia Ron d’une mine dégoûtée.

 

- Ça me fait peur, dit-elle avec une réelle expression de crainte.

 

- Pourquoi ça ?, demanda Ron en levant un sourcil. Ce n’est qu’un dessin idiot fait par un triple idiot.

 

- Ce n’est pas juste un dessin, expliqua Hermione, c’est une menace. Et il a pris tous les risques possibles, jusqu’à peut-être utiliser un Sortilège Impardonnable, pour coller cette menace dans votre dortoir. Si ça avait été juste pour faire peur, il l’aurait envoyé par hibou à Harry. Mais je pense qu’il faut prendre cet avertissement au sérieux !

 

- Pourquoi voudrait-il faire du mal à Drago ?, pesta Harry avec rage.

 

- Premièrement, pour te faire mal à toi, dit-elle en le regardant dans les yeux. Deuxièmement, parce que Malefoy l’a ridiculisé devant toute la Grande Salle.  Mais surtout pour te tuer de l’intérieur !

 

- Ça n’a pas de sens, soupira-t-il avec colère. Au départ, c’était juste une histoire de rumeur et maintenant, ça a pris tellement d’ampleur qu’il me menace de tuer Drago ! Â»

 

Il y eut un silence. Ron baissa la tête et Hermione eut un air désolé.

 

« - Je ne le laisserai jamais faire, promit Harry en se levant avec détermination. Cet abruti de blaireau va payer pour avoir pensé ne serait-ce qu’une seule seconde à lui faire du mal. 

 

- Si tu cherches à te venger, le bloqua Hermione en se levant à son tour, ça ne va faire qu’empirer la situation !

 

- Hermione à raison, mon vieux, dit Ron en faisant de même. Comme toujours, ajouta-t-il discrètement avec un léger sourire.

 

- Un conseil, Harry, dit-elle, ignore-le.

 

- L’ignorer ?, répéta-t-il ahuri. Je ne peux pas ignorer cette...

 

- Si, il le faut !, insista Hermione. S’il voit que tu n’y portes aucune intention, ça va l’énerver mais il verra que ça ne peut t’atteindre.

 

- Ou ça va l’énerver et il trouvera le moyen de mettre son avertissement à exécution !

 

- Une minute. Zacharias Smith contre Drago Malefoy ?, étala Ron en haussant encore des sourcils sceptiques. Tu penses sérieusement qu’il aurait la moindre chance ? Il est le meilleur élève de Poudlard après Hermione. Â»

 

Hermione se tourna vers lui, ébahie.

 

« - Ron, fit-elle, je crois que c’est la première fois que tu réussis à faire preuve de tact et de réconfort à la fois. Â»

 

Il sourit, ses oreilles rougissant progressivement.

 

« - Tu as raison, le remercia Harry avec gratitude.

 

- Tu en doutais encore ? Â», répliqua-t-il avec une fausse arrogance.

 

Harry rit, froissa le dessin en boule et le balança dans la cheminée avant d’enflammer le tout en un grand Incendio, puis ils descendirent prendre leur petit déjeuner.

 

Zacharias était absent de la table des Poufsouffles pour le moment. Lâche, pensa Harry avec satisfaction. Il avait eu tort de paniquer pour rien. Certes, honnêtement, si on parlait avec  le plus de sincérité possible, il était quand même profondément inquiet. Il tourna le regard vers les Serpentards mais fut surpris de constater que son blond préféré n’était pas là non plus ; ce qui était assez inhabituel, Drago étant toujours matinal. 

 

« - Hé, Harry, c’est vrai ce qu’on raconte ? Â»

 

Harry tourna la tête vers Parvati. Elle paraissait partagée entre la colère et le dégoût, mais elle avait également les yeux brillants de larmes qui semblaient ne pas tarder à couler. Il bloqua un instant, perplexe, et jeta un regard alarmé vers Hermione et Ron, qui fronçaient des sourcils.

 

« - Ce qu’on raconte ?, demanda-t-il mine de rien.

 

- Que tu es en couple avec Drago Malefoy ! Â», pinailla-t-elle d’une vois aigüe.

 

Harry ne vacilla pas. Au loin, il vit Ginny se redresser et baisser le regard. Visage de glace, pensa-t-il. Comme il le ferait.

 

« - Je ne sais pas où tu as entendu ça, répondit-il en haussant un sourcil et en prenant un air dégoûté, mais c’est le pire mensonge que je n’ai jamais entendu. Comment tu peux croire ça ?

 

- Tout le monde le dit !, s’écria Parvati en laissant tomber une larme.

 

- Moins fort, supplia-t-il. C’est absolument faux, d’accord ? Â»

 

Ginny parut mal à l’aise mais continua de discuter avec Luna et Neville.

 

« - Neville à dit que vous avez trouvé un dessin dans votre dortoir, qui représentait... Â»

 

Tandis qu’elle décrivait le dessin avec des trémolos dans la voix, Harry avait fermé les yeux. Merde, Neville !

 

« - Parvati, la coupa-t-il brutalement alors que les regards commençaient à se balader sur eux, ce n’était qu’une blague pourrie en réponse à cette rumeur absurde, pour l’appuyer, tu saisis ? Vous savez tous à quel point je déteste la fouine, bon sang !, ajouta-t-il en élevant la voix –s’adressant à tout le monde qui était maintenant silencieux. Je ne sais pas qui répand des rumeurs aussi bidons, mais je pense que vous êtes bien bêtes pour croire un seul instant que je puisse ne serait-ce qu’avoir une liaison amicale avec Malefoy, ce crétin arrogant de première ! Â»

 

Il marqua une pause. Il venait d’apercevoir Drago, debout et fixe dans l’embrasure de la Grande Porte, dont les cheveux étaient défaits et le teint affreusement pâle ; il se raidit et fit demi-tour sans que personne ne s’en aperçoive. Il devait être là depuis le début de sa tirade.

 

« - Courrier ! Â», s’écria quelqu’un en brisant le silence.

 

Harry se rassit et Parvati s’en alla sans un mot en essuyant ses larmes tandis que les hibous arrivaient de toutes parts et que les élèves recommençaient à discuter.

 

« - Il faut que je m’en aille, tout de suite Â», dit-il la gorge sèche.

 

Hermione et Ron hochèrent silencieusement la tête et Harry se leva et se dirigea vers la porte d’un pas lent. Drago n’avait jamais paru aussi... Misérable. Son ventre se serra lorsqu’il le revit, penaud et faible,  le regarder avec des yeux tristes –que seul lui pouvait voir- et un visage impassible. Qu’avait-il pu se passer pour qu’il soit dans cet état ?

 

Il sortit de la Grande Salle, mais aucune mèche blonde en vue. Inquiet, il monta les escaliers, espérant croiser son petit-ami. Mais aucune ombre de Drago.

 

Il grimpa les étages, passa les couloirs au peigne fin, alla même dans la Salle-sur-demande, mais toujours aucune trace du blond. Il l’évitait, ou quoi ?

 

« - Drago ? Â», appela-t-il, haletant, dans la Tour d’Astronomie.

 

Il eut soudainement une nouvelle idée ; il alla dans le coin secret de la Tour et ouvrit un placard masqué par un drap, recouvert d’instruments servant à étudier l’astronomie : il n’y avait qu’un seul balai, le sien, là où il y aurait dû en avoir deux. Il devina alors où était Drago.

 

Il enfourcha son balai et décolla dans l’air glacé en direction de la Forêt Interdite. Pourquoi est-ce qu’il était là-bas ? Il eut un sourire furtif. Quand est-ce qu’il allait se décider à être prévisible, c’était une grande question. Il n’empêchait que c’était étrange de sa part. Il espérait que ce n’était rien de grave ; mais quelque chose lui disait que l’attitude de Drago avait un rapport avec lui, et pas forcément quelque chose de bon. Ce qui était grave.

 

Il aperçut enfin le lac, le banc et une silhouette aux cheveux d’un blonc presque blanc assis dans la neige. Drago n’était même pas emmitouflé : il n’avait ni bonnet, ni gants ni écharpes et sa capuche reposait sagement sur son dos.

 

« - Drago, par Merlin !, s’exclama Harry après avoir dangereusement atterri. Je t’ai cherché partout. Tu ne pouvais pas me prévenir ? Â»

 

Drago ne répondit pas, et après un instant de silence, se leva et fit face à Harry. C’était pire que ce qu’il avait imaginé : il n’y avait même plus de tristesse dans son regard. Seulement une impassibilité foudroyante et au loin, perdu dans le métal de ses yeux, de la crainte. Harry n’avait jamais vu pareille lueur dans ses yeux ; il avait bien vu le Serpentard avoir peur, mais cette fois n’était pas comme toutes les autres. Il ignorait totalement ce qu’elle signifiait et surtout, pourquoi lui était-elle adressée.

 

« - Drago, murmura-t-il avec inquiétude. Ne me dis pas que tu as cru ce que j’ai dit aux autres tout à l’heure ? Â»

 

Il ne répondit toujours pas, se contentant de le fixer.

 

« - Parvati Patil venait me parler de la rumeur, comme quoi tout le monde la faisait circuler. Je n’ai fait que... Je veux dire, comme d’habitude, j’ai démenti ! Je t’ai insulté comme je l’aurais fait il y a des années, mais tu sais bien que je n’en pense pas un mot ! Â»

 

Le regard de Drago semblait trahir un total désaccord par rapport à ce point.

 

« - J’ai vu le dessin, tu sais Â», dit-il en sortant une feuille de sa poche.

 

Harry crut que son cœur se fendait en deux. Pas seulement pour le dessin, mais surtout parce qu’il ne connaissait que trop bien ce ton de voix. Et après avoir embrassé Drago pour la première fois, il avait cru ne plus jamais avoir à l’entendre pour lui. Du métal tranchant.

 

« - Un dessin stupide, bredouilla Harry en sentant la chaleur monter sur ses joues.

 

- Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?, coupa le Serpentard.

 

- J’ai voulu l’ignorer, ça aurait fait plus de mal que de bien d’en discuter...

 

- Tu penses que je n’aurais fait qu’aggraver les choses, hein ?, fit-il sans une once de plaisanterie.

 

- Ce n’est pas ce que je voulais dire, commença Harry en se sentant de plus en plus mal, mais...

 

- Mais quoi ?, aboya Drago dans une colère naissante. Tu ne voulais pas me parler du blaireau, c’est ça ? Â»

 

Il désigna l’animal rieur dans le coin de la feuille et Harry se sentit défaillir. Cette fois, ses joues devaient être aussi rouges que le cœur qu’il sentait tambouriner dans ses oreilles.

 

« - Zacharias Smith, c’est le nom du blaireau et, si je ne m’abuse, de l’auteur de cette infâmie ? Â»

 

Il ne put qu’hocher la tête avec douleur.

 

« - Merci de cette preuve de confiance incroyable, le félicita Drago avec un grand sourire –qui meurtrit le cÅ“ur du Gryffondor. Oh, mais aurais-je oublié, on ne peut même pas parler de confiance, hein ? Â»

 

Le brun fronça les sourcils, brusquement désorienté. De quoi est-ce qu’il parlait ?

 

« - Qu’est-ce que tu veux dire ?, demanda-t-il avec surprise.

 

- Tu vois très bien de ce que je veux dire, cracha le blond. Je suis au courant de tout. De Smith, ses photos et son chantage. Et de tes mensonges, Potter. Â»

 

Harry sentit ses vertèbres craquer en relevant la tête. Non, c’était impossible. Tout simplement impossible. Et il recommençait à l’appeler par son nom de famille...

 

« - Je...

- Tu ?, coupa Drago avec des yeux meurtriers.  Tu es désolé ? Tu regrettes ? Tu aurais aimé m’en informer plus tôt ?

 

- Je ne voulais pas t’en parler, dit Harry, parce que pour le coup, ça n’aurait vraiment fait qu’aggraver les choses !

 

- Forcément que tu ne voulais pas m’en parler, ça aurait gâché tout ce nid de mensonges. Ã‡a aurait été dommage, Potter. Â»

 

Cette fois, il avait perdu le fil de la conversation.

 

« - Un nid de mensonge ?, répéta Harry avec stupéfaction. Je ne t’ai jamais menti !

 

- Bien sûr que non, bien sûr que non, dit-il avec sarcasme.

 

- Je veux dire, se corrigea Harry avec horreur, le seul point sur lequel tu peux considérer que je t’ai menti est l’affaire Smith ! Je répugnais à t’en parler, j’en avais honte ! Tu comprends ? Â»

 

Drago parut soudainement ahuri, puis la surprise se transforma en colère ; il le poussa avec tant de violence qu’Harry dût se retenir au banc.

 

« - Tu oses encore me mentir !, fulmina le Serpentard.

 

- Je ne te ments pas !, rétorqua Harry sur le même ton.

 

- Quand je t’ai dit que j’étais au courant de tout, Potter, c’est que je suis au courant de tout !

 

- Mais au courant de quoi, bon sang ?!

 

- Du pari !, explosa-t-il en le poussant davantage. De notre soi-disant relation que tu t’es amusé à construire, de fil en aiguille, en me menant en bateau tout du long ! Â»

 

Harry fit un énorme blocage. Une minute. Il y avait quelque chose qui allait de travers et par tous les Dieux, quelque chose de sacrément mauvais. Un pari ? Cette discussion partait beaucoup trop loin. Mais ça y était ; les rumeurs avaient empoisonné Drago...

 

« - Tu t’es bien amusé, j’espère ?, continua-t-il avec haine sans lui laisser le temps de parler. C’était drôle de jouer avec moi ? J’aurais jamais cru que t’étais à ce point un connard, Potter.

 

- Drago, écoute-moi, dit Harry d’une voix tremblante en le prenant par les épaules.

 

- Ne me touche PAS !, hurla-t-il en se dégageant.

 

- Écoute-moi ! Drago, il y a un malentendu, un énorme quiproquo, c’est totalement faux, je t’aime, ça c’est vrai...

 

- NE ME DIS PAS ÇA ! Arrête de me MENTIR !

 

- Je ne te MENS PAS !, cria-t-il d’une voix maintenant ferme. Il n’y a jamais eu de pari, je n’ai jamais fait une telle chose, ce doit être encore une foutue rumeur à la con, sûrement par l’autre Zacharias Smith, tiens ! Mais depuis quand est-ce que tu crois aux rumeurs ? Tu sais que je t’aime, je sais que tu le sais, bordel de Merlin Drago, t’es un Legilimens ! Je t’autorise à fouiller dans ma tête et tu verras que ça n’est pas vrai ! Comment peux-tu parler de confiance si tu n’as pas confiance en moi ?, ajouta-t-il avec amertume. Vas-y, fouille dans mon esprit et vide-le jusqu’à ce que tu sois obligé d’admettre que tu te trompes ! Â»

 

Il s’arrêta pour regarder Drago. Un visage de glace. Et pourtant, une profonde et ignoble douleur se mélangeaient dans son regard que d’autres auraient dit vide. Le blond s’éloigna.

 

« - Je ne veux pas.

 

- Fais-le !, l’ordonna Harry en s’approchant et en fixant son regard émeraude dans l’argent.

 

- Je ne veux pas. C’est hors de question. Je ne veux pas te voir avoir fait un pari stupide avec je-ne-sais-qui. Maintenant, va-t-en.

 

- Drago...

 

- Ne m’appelle plus jamais comme ça. Ton petit jeu est terminé. Disparait de ma vue. Disparaît de ma vie, Potter ! Â»

 

Harry recula, mortifié.

 

« - Je ne partirai pas, bégaya-t-il en sentant les larmes lui monter aux yeux. Pas tant que tu ne réaliseras pas que cette histoire de pari est un énorme mensonge. Pas tant que tu ne me feras confiance comme je pensais que tu me faisais confiance...

 

- VA-T-EN !, hurla Drago. VA-T-EN ! Â»

 

Harry enfourcha son balai et tourna la tête vers Drago, dont le visage respirait la colère et le dégoût. Finalement, il s’éleva dans le ciel et fila vers la Tour d’Astronomie. Derrière lui, sans qu’il ne le vit, Drago Malefoy tomba sur le banc et fondit en larmes.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Harry jeta son Éclair de Feu dans le placard, envoyant par la même occasion quelques gouttes d’eau qui débordaient de ses yeux. Il remonta les escaliers, le corps presque aussi inerte que celui d’un cadavre. Du moins, il le ressentait ainsi, ayant l’impression que Drago lui avait arraché le cœur. Il ne pouvait pas y croire. Il ne pouvait pas croire que Drago puisse avoir découvert l’affaire Smith et cru par la suite à une rumeur disant qu’Harry avait fait le pari de le faire tomber amoureux, ou une foutaise du style.

 

Cette douleur qu’il avait eue dans le regard était insoutenable. Elle semblait davantage lui perforer la poitrine maintenant qu’il était parti, qu’il l’avait laissé au lac, que Drago lui avait dit de disparaître de sa vie.

 

Sa seule envie était de tuer Zacharias Smith pour avoir réussi à tout réduire en bouillie ; mais non, ce n’était pas fini, il fallait se relever, foutre une droite au Poufsouffle et tout reconstruire. Il ne pouvait pas s’en aller et faire comme si c’était vrai, laisser une rancune et une amertume atroce. Il allait se battre pour Drago, et bien que ça l’avait profondément blessé que le blond puisse à ce point manquer de confiance, il savait qu’il souffrait bien plus encore.

 

C’était peu crédible de penser ça alors qu’il s’était écroulé contre un pilier de la tour d’astronomie, son cÅ“ur le faisant tellement souffrir qu’il n’avait pour désir que de mourir. Cette haine que Drago avait dans les yeux, cette rage dans sa voix et son ton affreusement catégorique lorsqu’il lui avait dit de partir.  Et Harry ne savait pas s’il se sentait prêt à affronter ce regard de nouveau.

 

La colère arriva sans prendre garde ; pourquoi est-ce que Drago ne lui faisait pas confiance ?! Parce qu’après tout, il croyait à cette rumeur. Et il avait cru ses insultes au petit-déjeuner. Il se renfrogna. C’était un manque de confiance évident ; et si ce n’était qu’un prétexte pour rompre avec lui ? Si cette rumeur n’existait pas mais qu’il l’avait inventée pour avoir un mobile ? C’est vrai qu’en y réfléchissant, il n’avait JAMAIS entendu cette histoire de pari, même pas de Zacharias Smith. Elle devait venir d’une seule autre personne. Alors comment Drago aurait-il pu croire une personne, sinon une personne en qui il avait confiance ?

 

Mais ça n’avait pas d’importance. Du moins, plus désormais. Drago n’aurait jamais pu croire n’importe qui, même un ami, il le savait. Ça n’était qu’une excuse.

 

« - Drago Â», murmurait-il inlassablement, les larmes ne s’arrêtant de couler.

 

Il comprit maintenant le sens du dessin de Zacharias. Le Poufsouffle savait qu’Harry n’en parlerait pas à Drago, et ainsi mettre une tension de plus quand il apprendrait le chantage et persuadrait donc davantage le Serpentard de rompre. Ce n’était qu’une façon de plus de tout foutre en l’air. Il était tombé dans son piège et maintenant, il l’avait perdu...

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Il l’avait perdu... Drago  n’arrivait pas à le croire. Il y avait tant cru, il avait été assez bête pour aimer Harry Potter et croire toute ses paroles qui avaient tant parues sincères. Il avait réussi à tromper le Legilimens qu’il était, et il se demandait encore comment avait-ce été possible ; l’amour qu’il portait pour le brun l’avait sans doute aveuglé.

 

Et il frappait, il frappait tout ce qu’il pouvait frapper, que ce soit le banc ou les arbres environnants, déversant toute la rancœur qui le pourrissait. On aurait pu confondre son visage avec une chute d’eau tant il était trempé et que ses yeux pleuraient sans pouvoir se stopper. Quel idiot il était. Quel idiot il avait toujours été.

 

« - Je te le ferai payer, Potter Â», cracha-t-il en regardant le banc, se revoyant avec lui, dormir paisiblement et l’embrasser avec tendresse.

 

Potter devait être reparti en riant, fier de sa supercherie, fier d’avoir réduit en morceau le fier Drago Malefoy qu’il haïssait tant. Il devait se marrer avec ce con de Weasley et se faire légèrement réprimander par la Sang-de-Bourbe Granger, tout ça en buvant de la Bierraubeurre.  Il n’osait pas imaginer la honte qui planerait sur lui quand tout Poudlard apprendrait la farce. Non, Harry n’était pas comme ça, il ne ferait pas ça, il le savait. Mais que savait-il ? Si tout n’avait été que mensonges depuis le début, il avait connu un autre Harry. Il ne connaissait pas le vrai. Pourtant il l’aimait depuis l’année précédente, et c’est bien celui-là à qui il avait parlé... Tout s’embrouillait dans sa tête. Il n’arrivait pas à différencier le vrai du faux, il était en Enfer.

 

Mais il devrait faire comme si rien ne s’était passé, il devrait faire comme s’il n’avait jamais aimé Harry. Il allait retourner avec Blaise et Pansy, redevenir un vrai Malefoy, à la seule différence qu’il ne parlerait plus jamais à Harry –même pour l’insulter. Le revoir, revoir ses putain d’yeux verts qu’il adorait plus que tout, réentendre le son de sa voix était au-dessus de ses forces.

 

Il enfourcha son balai et s’envola sans regarder derrière lui.

 

« - Blaise. Â»

 

Le Serpentard se retourna en fronçant des sourcils.

 

« - Tu veux quoi, Drago ?, demanda Zabini en se poussant de justesse face à un Poufsouffle très sûrement pressé de passer dans le couloir.

- M’excuser, dans un premier temps, répondit Drago d’une voix blanche. Et te remercier. Â»

 

Blaise s’arrêta, indécis et déconcerté.

 

« - Tu te fous de moi ?, fit-il en fronçant des sourcils.

 

- Non, promit le blond. On est amis.

 

- J’ai pas eu cette impression, cette année.

 

- Je sais. C’est pourquoi je m’excuse. Je t’ai traîté comme un chien. Tu ne méritais pas ça.

 

- C’est vrai, admit Blaise amèrement. 

 

- Et tu as été franc avec moi. A propos de Potter Â», continua Drago la gorge sèche mais le ton ferme.

 

Blaise renifla avec un certain dédain.

 

« - Il fallait bien que je te le dise un jour, sourit-il légèrement. Comme tu l’as dit, on est amis, et même si tu me détestes depuis des mois, je pouvais pas te laisser dans ce pétrin. Potter est vraiment une saleté.

 

- J’aurais dû t’écouter, dit Drago en relevant le regard.

 

- J’aurais jamais cru t’entendre un jour t’excuser, rit Blaise en lui tapant le dos.

 

- Ferme-là, Blaise.

 

- Là je te reconnais. Je suis sincèrement heureux que tu me pardonnes. Â»

 

Si seulement je le pouvais, pensa Drago en ravalant des larmes qui s’apprêtaient à monter tandis qu’ils allaient dans leur Salle Commune.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Harry ! Mon Dieu, Harry ! Â»

 

Il se sentait secoué, il voyait des couleurs vagues, il n’entendait quasiment rien si ce n’était une voix féminine qu’il semblait connaître.

« - Harry, lève-toi, je t’en prie ! Â»

 

S’il avait voulu, il n’aurait pas pu. Ses yeux étaient ouverts mais il ne voyait pas, son corps était en parfait état mais il avait l’impression qu’il était lacéré et mort, ses oreilles fonctionnaient mais il n’entendait rien. Et s’écoulait dans sa bouche le goût amer du sang.

 

« - Ron, aide-moi ! Â»

 

Ron ? Ce nom lui disait quelque chose. Mais il n’arrivait pas à savoir qui c’était. Le seul prénom qui résonnait dans sa tête, le seul visage qu’il voyait constamment était celui de Drago...

 

« - Qu’est-ce que... Oh doux Merlin ! Â»

 

Il se sentit s’envoler, monter très haut, peut-être allait-il mourir. Enfin mourir. Que l’on abrège ses souffrances... A l’instant où il fit ce souhait, tout devint noir.

 

Il ouvrit lentement les yeux, péniblement. La lumière du jour était faible et il en déduisit que c’était l’aube. L’aube de sa nouvelle vie ? Il n’avait jamais cru au Paradis, mais c’était peut-être ça, finalement.

 

« - Mr Potter, vous êtes enfin réveillé ! Â», s’exclama une voix.

 

Il tourna la tête et sursauta en voyant Mme Pomfresh.

 

« - Calmez-vous, calmez-vous !, s’écria-t-elle en le maintenant.

 

- Où suis-je ?, dit-il d’une voix rauque. Quand sommes-nous ? Je...

 

- Par tous les Saints, calmez-vous, l’implora-t-elle. Vous êtes à l’infirmerie, nous sommes dimanche et il est 8h02. Vous êtes arrivé hier. Buvez ceci, vous vous sentirez mieux. Â»

 

Elle lui tendit un verre qu’il amena à sa bouche, et il se sentit immédiatement mieux. Puis tout lui revint en mémoire.

 

« - Madame, commença-t-il en se redressant.

 

- Attention !

 

- Que s’est-il passé hier ?, demanda Harry en se souvenant brièvement d’avoir entendu Hermione crier son nom.

 

- Miss Granger et Mr Weasley vous ont retrouvé au beau milieu d’un couloir du 5ème étage, inconscient et les yeux ouverts, la bouche saignant. Ils étaient venus vous chercher après une longue absence de votre part et vous ont trouvé là. D’après votre état, vous avez dû faire une sorte de chute de tension et en vous évanouissant d’une façon très étrange, vous vous êtes fendu la lèvre contre le sol.

 

- D’une façon très étrange ?

 

- Oui, expliqua-t-elle en rangeant des potions sur la table de nuit. En toute logique, lorsque l’on s’évanouit, et bien... On dort, en quelques sortes. Sauf que vous êtes resté conscient dans l’inconscience, je l’ai vu. Vous sembliez... Entre la vie et la mort. J’en arrive à croire que c’est dû à un très gros choc émotionnel.

 

- Je me suis senti partir à un moment, dit-il en passant une main sur le pansement de sa bouche. Puis c’est devenu noir, j’ai cru... Enfin...

 

- Je vous ai fait léviter pour vous amener le plus vite possible à l’infirmerie, le renseigna-t-elle. Ce mouvement à dû enfin vous faire évanouir correctement. Et vous dormez depuis lors, mais vous êtes enfin réveillé. Vous avez fait très peur à vos amis, Mr Potter. Ils sont restés avec vous la plupart du temps. Que s’est-il passé pour que vous subissiez un tel choc ? Â»

 

Harry retint un gémissement plaintif lorsque l’image de Drago lui revint.

 

« - Je ne sais plus, mentit-il en détournant le regard.

 

- Ça vous reviendra, ne vous inquiétez pas, le rassura l’infirmière. En attendant, je vous garde en observation pour le moment. Vous pouvez vous rendormir si vous le souhaitez. Je reviendrai tout à l’heure pour une autre potion. Â»

 

Elle le laissa et alla s’occuper d’un joueur de Quidditch à l’autre bout de la pièce, à Serdaigle, assez amoché. Il avait dû s’être pris le Souaffle en pleine tête lors d’un entraînement.

 

« - Harry ! Â», s’exclama au loin une Hermione qui venait d’ouvrir la porte, suivie d’un Ron à l’air penaud et inquiet.

 

Mme Pomfresh se retourna aussitôt.

 

« - Par la barbe de Merlin, il est tôt !

 

- Excusez-nous, Mme Pomfresh Â», s’excusa Hermione en se précipitant vers le lit d’Harry.

 

Elle se jeta dans ses bras et le serra de toute ses forces, tandis que Ron s’asseyait avec un sourire rassuré et que l’infirmière soupirait avec fatigue.

 

« - Tu m’as fait tellement peur, Harry, sanglota Hermione en l’embrassant sur le front et en s’asseyant sur son lit.

 

- Je veux bien croire, répondit-il avec un rire faible, si Ron s’est levé aussi tôt un dimanche. Â»

 

Celui-ci sourit et  le serra brièvement dans ses bras à son tour.

 

« - Tu nous a filé une sacré frousse, mon vieux, dit-il en posant sur sa table de nuit une boîte de Chocogrenouille.

 

- Mais qu’est-ce qui s’est passé, par les racines de la Mandragore ?, interrogea Hermione en prenant ses mains.

 

- Je... Je ne crois pas qu’il vaut mieux en parler ici Â», dit-il en jetant un regard vers l’infirmière et le Serdaigle.

 

Hermione se leva et se tourna vers Mme Pomfresh.

 

« - Madame, peut-on fermer les ridaux, s’il vous plaît ? Merci Â»,  ajouta-t-elle sans attendre de réponse.

 

Elle leva sa baguette et ferma les rideaux, puis lança un « Assurdiato Â» franc –sous le regard étonné de ses amis.

 

« - Maintenant, tu peux ? Â», fit-elle doucement en se rasseyant.

 

Il hocha la tête et, en fermant les yeux le temps de quelques instants, laissa une larme couler sur sa joue, trop fatigué pour la retenir. Hermione eut aussitôt les yeux brillants et essuya la joue du brun. Il commença alors à raconter ce qui s’était passé, révélant ainsi leur endroit, et expliqua leur disputes, tous les propos tenus, ce que Drago croyait et de quoi il l’accusait, de ce mélange de haine, de crainte et de douleur dans son regard argenté. 

 

« - ... Disparaît de ma vie, m’a-t-il dit, termina Harry en baissant les yeux. J’ai essayé de le raisonner, mais il ne voulait plus rien entendre. Alors je suis parti, et après avoir rangé mon balai dans le placard, je suis descendu, mais je crois me souvenir que mes jambes m’ont lâché au bout d’un moment. Â»

 

Le visage d’Hermione brillait de ses larmes ; quant à Ron, il semblait sincèrement désolé et affichait une mine triste.

 

« - Je n’ai jamais entendu de rumeur à propos d’un pari, dit-il en brisant le silence. Ça devait venir de quelqu’un d’habituellement honnête auquel Malefoy croit, sinon...

 

- Ce n’était qu’un prétexte, dit difficilement Harry en sentant une boule se former dans sa gorge. Je ne pense pas qu’il ait jamais été heureux avec moi ou qu’il m’ait réellement aimé. Sinon, il m’aurait fait confiance, il n’aurait pas eu à se servir d’un dessin et d’une rumeur pour tout plaquer.

 

- C’est franchement bête de sa part de ne pas s’être servi de son pouvoir de Légilimencie, affirma Ron en se triturant les doigts.

 

- C’est vrai, approuva Hermione en essuyant son visage. Il aurait tout de suite su que tu disais la vérité.

 

- Mais comme je l’ai dit, cette histoire de pari n’était qu’un prétexte pour rompre.

 

- Je ne sais pas s’il est du genre à mentir, contredit-elle d’un air soucieux.

 

- Au pire, je n’ai pas tellement envie d’en parler, d’accord ? Â», coupa brutalement Harry.

 

Il y eut un silence lourd.

 

« - Pardon, s’excusa-t-il en ravalant ses larmes. Je suis désolé...

 

- Ce n’est pas grave, on comprend, le pardonna Ron. On reviendra tout à l’heure, d’accord ? Â»

 

Harry sourit, entre la gratitude et l’amusement : c’était une phrase tellement Hermionienne que c’était étonnant que cette phrase ne vienne pas d’elle. Justement, elle sembla aussi étonnée qu’il puisse faire preuve de tact et de bon sens. Après tout, il était son meilleur ami. Il le connaissait bien.

 

« - Merci beaucoup Â», dit-il alors qu’Hermione supprimait le sortilège et rouvrait les rideaux.

 

Hermione sourit et l’embrassa sur le front. Ron lui tapota le bras avec un sourire et lui dit « A tout à l’heure Â», puis ils quittèrent l’infirmerie.

 

Harry réalisa que maintenant que Drago était parti, il ne s’était jamais senti aussi seul.

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