top of page

Chapitre 12 : Legilimancie

« - Bonjour, Mr Potter, fit Mme Pomfresh, le lendemain, en lui apportant du jus de citrouille et une potion. Vous avez bien dormi ?

 

- Oui, mentit Harry d’une voix blanche.

 

- Vous n’avez pas bonne mine, s’inquiéta l’infirmière en lui tendant un verre rempli d’une substance étrange. Le choc, sûrement. Â»

 

Harry tourna lentement la tête et croisa son reflet dans le miroir de chevet. Ses yeux, en plus d’être rouges et gonflés, étaient accompagnés de profondes cernes violettes ; pour couronner le tout, il était d’une pâleur incroyable. Il but le verre d’une traite –dont le goût était abominable- et le posa sur sa table.

 

« - Quand pourrai-je sortir ? Â», demanda le Gryffondor avec difficulté.

 

Il avait l’impression que quelqu’un d’autre parlait tant il ne reconnaissait pas sa propre voix.

 

« - Tout dépend de votre état, répondit-elle gravement. Comment vous sentez-vous ?

 

- Très bien. Â»

 

Il ignorait qu’il possédait cette capacité à mentir aussi facilement.

 

« - Vous n’avez pas l’air, insista Pomfresh d’un air suspicieux.

 

- C’est le choc, tel que vous l’avez dit, répliqua Harry sans sourire. Je me sens apte à aller en cours.

 

- Quel cours avez-vous ?

 

- Je... Â»

 

Harry s’apprêta à répondre, mais réalisa quel cours il avait. Botanique. Avec les Serpentards. Le cours où Drago Malefoy avait voulu le rendre jaloux. Parce qu’il l’aimait.

 

« - Mr Potter ! Â», s’écria l’infirmière en accourant le redresser.

 

Harry avait vomi à côté de son lit après avoir senti son estomac se soulever.

 

« - Evanesco, lança Pomfresh en désignant le sol de sa baguette. Pas de cours pour vous ce matin, Mr Potter. Â»

 

Il hocha la tête et se prépara à maintenir les larmes qu’il sentait arriver, mais ses yeux demeuraient secs. Sans doute avait-il trop pleuré cette nuit, nuit dans laquelle il avait constamment gardé les yeux ouverts et ne s’était pas endormi une seule seconde, incapable de voir l’heure sur le réveil étant donné sa vue brouillée. Il ne devait plus lui rester d’eau. Tandis qu’il buvait une deuxième potion au goût âcre, il se demanda avec horreur comment allait-il faire pour aller en cours avec les Serpentards.

 

Il n’avait pas pensé au fait qu’il allait croiser le blond tous les jours, dans un silence de mort et une souffrance absolue. Et outre le fait qu’il allait devoir se forcer à résister à la tentation de regarder Drago pendant leurs cours partagés, chacun de ceux-ci allait lui rappeler un souvenir. En botanique, c’était cette affaire de jalousie ; en potions, quand Drago avait pris sa défense et qu’après, ils avaient failli partager leur premier baiser ; en métamorphose, là où ils s’étaient embrassés pour la première fois...

 

Il ne fallait pas y penser. Rester le temps qu’il fallait à l’infirmerie, s’en aller et reprendre une vie normale. Foutaises. Il savait pertinemment qu’il ne reprendrait jamais un cours de vie normal ; pas dans le sens où sa vie n’avait jamais été banale –il fallait l’avouer, mais dans le sens où il s’était passé tellement de choses en 4 mois que c’était impossible d’en revenir inchangé.

 

« - Pourquoi t’es là ? Â»

 

Il eut d’abord l’impression qu’il devenait fou et que sa propre conscience lui demandait ce qu’il avait bien pu demander aux Dieux (auxquels il ne croyait même pas) pour exister, mais se rendit compte que la voix venait du lit du Serdaigle, qui n’avait toujours pas bougé. Il était couvert de pansements partout et semblait s’ennuyer.

 

« - J’ai fait une chute de tension et me suis blessé en tombant dans un couloir Â», répondit Harry –en prenant conscience du ridicule de la chose.

 

Le Serdaigle haussa un sourcil, comme si le brun était d’une fragilité grotesque. Il leva le bras avec une grimace et le déplia avec effort.

 

« - Pour ma part, je me suis pris deux saletés de Cognards ensorcelés par un abruti pendant un entraînement, expliqua le Serdaigle.

 

- Pas génial Â», commenta bêtement Harry.

 

L’autre le regarda un instant, les sourcils froncés, avant d’hausser les épaules.

 

« - Ouais, pas génial. Â»

 

Ils se turent durant tout le reste de la matinée, qui fut par conséquent ennuyeuse et rarement interrompue. L’événement le plus divertissant fut lorsqu’un première année arriva en trombes, essoufflé, en s’excusant du retard. Mme Pomfresh l’accompagna jusqu’à la bonne classe où il avait cours et revint, puis l’animation fut terminée. Le Serdaigle s’en alla au milieu de la matinée, laissant Harry seul –ce qui ne changeait rien. Lorsque la cloche sonna midi, l’infirmière  se dirigea vers lui pour lui administrer une potion de plus –on est jamais trop sûrs.

 

« - Bien. Comment vous sentez-vous ?

 

- Bien, dit-il d’une voix rauque toujours aussi convaincante.

 

- Vous allez pouvoir partir, dans ce cas, fit-elle avec un sourire bref. Revenez immédiatement si vous ne vous sentez pas bien, évidemment. Â»

 

Il hocha la tête et se retint de dire que dans ce cas, il faudrait qu’il reste à l’infirmerie tout le reste de l’année. Son ventre se serra à l’idée d’aller dans la Grande Salle. Il remercia Mme Pomfresh, attrapa ses affaires et sortit précautionneusement de la pièce. Il attendit une dizaine de minutes, dissimulé derrière une statue, afin que le flot d’étudiants évacue les couloirs. Une fois qu’il fut assuré qu’il était seul, il se dirigea d’un pas rapide et prudent vers la Salle Commune, qui heureusement était vide. Il se détendit quelque peu et alla dans son dortoir ; il avait absolument besoin d’une douche avant d’y aller.

 

Une fois douché, soigneusement habillé et ses dents brossées, il fut contraint d’admettre qu’il ne pouvait plus chercher d’excuse pour ne pas y aller. Il ne voulait pas y aller et n’avait d’ailleurs pas faim, mais Ron et Hermione devaient s’inquiéter ; et il ne voulait pas heurter une fois de plus les sentiments de sa meilleure amie, qu’il avait cru avoir fait une crise émotionnelle. Ou il avait une meilleure idée.

 

Il sortit de la Salle Commune rouge et or avec la même précaution et grimpa les marches vers la volière. Il arracha un morceau de parchemin et griffonna rapidement un mot.

 

« Ron, Hermione,

J’ai pas vraiment l’estomac apte pour manger mais je suis sorti de l’infirmerie, tout va bien. On se retrouve en Histoire de la Magie, à tout à l’heure. Â»

 

Il appela Hedwige et lui demanda d’apporter la lettre à Ron. Tout simplement. Il ne voulait vraiment pas affronter la Grande Salle, du moins la présence d’un certain Serpentard, pour le moment. Il s’accouda sur une fenêtre de la volière et regarda les montagnes au loin. Il pouvait apercevoir l’immense Forêt Interdite et bien qu’une certaine petite clairière était hors de vue, Harry sentit son cÅ“ur se serrer : il avait l’impression de voir le banc, de se voir faire une bataille de boule de neige avec Drago. A ce souvenir douloureux, il s’éloigna de la fenêtre et descendit sans jeter de regard en arrière.

 

La classe était malheureusement fermée et il dû se résigner à rester assis par terre, au coin du couloir, son manuel pour seule lecture. Il ferma les yeux lorsqu’il se rappela que lorsqu’une scène similaire s’était produite, il avait embrassé Drago Malefoy quelques minutes plus tard. Il secoua la tête ; c’était inutile d’y repenser. Il balaya vaguement les pages des yeux, dans le silence lourd du couloir. Il espérait qu’à tout moment, une voix moqueuse arrive et dise « Je rêve où tu te Grangerises, Potter ? Â» Et il pourrait tout recommencer. L’histoire se répéterait, et il pourrait tout réparer, ne plus faire les mêmes erreurs. Oui, il avait un profond espoir enfoui en lui, mais aucune voix ne venait, aucune chevelure blond platine ne traînait dans le couloir. Il lisait l’Histoire de la Magie sans le lire, les pensées tournées vers le lieu où il serait s’il avait tout dit à Drago. Il serait peut-être dans la Salle-sur-Demande à rire avec lui, ou dans leur endroit secret à s’embrasser en se taquinant mutuellement.

Soudain, des pas se firent entendre Ã  côté de lui ; sans relever la tête, Harry déduisit au rythme des claquements qu’il s’agissait de deux personnes. Ces pas s’arrêtèrent et, poussé par la curiosité, le Gryffondor releva le regard et se pétrifia.

 

« - Viens, Drago Â», siffla Blaise Zabini en en poussant le blond dans le sens inverse.

 

Tandis que son cÅ“ur semblait s’être arrêté, Harry resta figé, le regard fixé sur celui qui fut son petit-ami. Celui-ci, resté stoïque malgré la pression que Zabini exerçait sur son bras pour le faire rebrousser le chemin, ne baissa à aucun moment le regard et resta impassible. Puis, au bout de trois secondes qui parurent durer des siècles, Drago  se décida à bouger et suivit son ami, qui fusillait Harry des yeux. Celui-ci ouvrit des yeux ronds, à la fois choqué et interloqué par un regard si malsain. Il n’était pas seulement noir, il y avait quelque chose de bien plus narquois, une absolue perfidie.

 

Harry grinça des dents et laissa les pas s’éloigner avant de disparaître. Il n’y avait pas assez de mots pour décrire ce qu’il ressentait. Une ignoble douleur qui lui déchirait le cÅ“ur, de toute évidence, mais il était aussi extrêmement en colère quant à Zabini ; d’une part, Drago et lui étaient brouillés depuis des mois et c’était à se demander pourquoi et comment ils étaient de nouveaux amis, et d’autre part, le regard qu’il lui avait lancé était clairement moqueur, comme s’il était au courant de la situation.

 

Harry fronça les sourcils et soudain, eut l’impression d’avoir été foudroyé par un éclair. Ils étaient de nouveau amis ; or, après des semaines de colère, Harry connaissait suffisamment Drago pour qu’il sache que jamais le blond ne serait tombé aussi rapidement entre les pattes de Blaise.  Il aurait fallu un élément, quelque chose qui aurait tout de suite redoré le blason du Serpentard afin que Drago lui fasse aussitôt confiance. Confiance... Et ce regard qu’il lui avait lancé...  Comme s’il était au courant.

 

Harry se leva brutalement, faisant tomber son manuel, qui résonna dans le couloir vide. Il n’avait pas le temps de trouver Hermione et Ron pour leur expliquer et débattre du sujet. Il fallait qu’il retrouve Drago et Blaise le plus vite possible.

 

Il ramassa rapidement le livre et le balança dans son sac, puis courut dans la direction où les deux Serpentards étaient partis.

 

« - Attendez une minute ! Â», rugit-il avec force en espérant qu’ils s’arrêteraient –même s’il ignorait s’ils étaient encore à cet étage.  

 

Il ne repérait toujours aucune trace des deux protagonistes, même en s’égosillant comme un taré. Pourtant, il ne s’était passé que quelques instants depuis leur départ ; ils avaient dû emprunter un autre chemin.

 

« - Bousasse intercosmique ! Â», grogna-t-il tout seul, énervé.

 

Mais insulter les murs ne l’aidait pas à les retrouver.  

 

« - Vous allez vous arrêter, bon sang de bonsoir de Merlin cramé ?! Â», finit-il par crier.

 

Le première année qui s’était perdu dans la matinée le regarda, apparemment effrayé, et continua son chemin d’un pas rapide.

 

« - Hé ! Â», l’appela deséspérément Harry.

 

Le première année se retourna, l’air angoissé. Au vu de son blason, il était à Serdaigle.

 

« - Comment tu t’appelles ?, demanda le Gryffondor.

 

- Cla... Clark Stevenson, bégaya-il d’une voix aiguë.

 

- Dis-moi Clark, dit-il doucement, aurais-tu vu deux grand garçons de Serpentard, un blond et un brun ? Â»

 

Clark hocha vivement la tête, faisant remuer sa masse boucles blondes.

 

« - Où ça ?

 

- Là-bas, répondit-il en désignant les escaliers du doigt.

 

- Merci ! Â»

 

Il planta Clark Stevenson dans le couloir et se précipita dans les escaliers.

 

« - Pansy à encore pété un câble, tu la connais, elle n’a jamais vraiment renoncé à... Â»

 

Le cÅ“ur d’Harry s’enflamma et joua au tambour : il pouvait entendre la voix de Zabini résonner dans un couloir à droite. Il s’y précipita et vit les deux élèves discuter tranquillement devant une salle de classe. Drago semblait n’écouter que vaguement le moulin à paroles devant lui, et avait le regard perdu dans le vide.

 

« - ZABINI !, hurla le Gryffondor en s’avançant d’un mètre à chaque pas lourd. SALE ENFOIRÉ DE SERPENTARD DE MES DEUX ! Â»

 

Ils se retournèrent, surpris, mais Harry ne se préoccupa pas de Drago.

 

« - Dégage, le binoclard !, cracha Blaise en s’avançant d’un air menaçant.

 

- Si tu crois ça, tu te fourres le doigt dans l’œil ! Â»

 

Blaise sembla comprendre qu’Harry avait deviné qu’il était la raison de la rupture, puisqu’il attaqua lui-même sur le terrain.

 

« - Si tu viens t’excuser auprès de Drago pour avoir fait ce pari idiot, ricana Blaise, c’est pas la peine.

 

- J’en étais sûr !, explosa Harry avec ébahissement. J’ai tout de suite deviné en te voyant que tu ne pouvais qu’être l’auteur de cet horrible mensonge. Sinon, comment aurais-tu fait pour regagner la confiance de Drago, hein ? Bravo, Zabini, bravo ! Ah ça, pour profiter de la notoriété de quelqu’un, y’a du monde, mais pour ce qui est d’être un ami honnête, y’a plus personne ! Â»

 

Il continuait sa tirade sous les yeux de plus en plus plissés de Blaise,  déballant tout ce qu’il pouvait dire pour faire comprendre à Drago ce qu’il se passait. Mais il n’accordait toujours aucune attention au blond ; non seulement ça le ferait perdre ses moyens, mais surtout il s’assurait de faire peur à Zabini en ne le détachant pas des yeux.

 

« - Tu me dégoûtes, cracha finalement Harry en le regardant avec dédain et répugnance. Tu t’es lié avec Zacharias Smith qui avait des photos et qui me faisait du chantage, pour appuyer ton mensonge excécrable. Tu as dû être fier de voir que tu avais réussi à bouleverser Drago, hein ? Que tu avais réussi à nous séparer par le biais d’un prétendu pari ? Non seulement tu es avare de notoriété, mais en plus tu n’hésites pas à profiter de quelqu’un qui est prêt à te faire confiance, quitte à le détruire intérieurement, pour accéder à cette notoriété et cette reconnaissance que tu ne pourras jamais obtenir seul. Â»

 

Il y eut un long silence.  Harry n’osait toujours pas regarder du côté de Blaise, qui ne vacillait pas mais dont les yeux exprimaient une profonde panique. Le Gryffondor laissa un sourire hargneux étirer le coin de sa bouche.

 

« - On fait moins le fier, hein ? Maintenant, qu’est-ce que tu vas trouver à dire pour alimenter tes mensonges ? Â»

 

Blaise s’approcha lentement et, à la plus grande surprise du Survivant, sourit insolemment.

 

« - Je te félicite Potter, croassa-t-il d’une voix effrayante. Tu as dû mettre de longues heures à préparer ce petit discours et à trouver des arguments qui pourraient être crédibles. Mais t’as perdu le pari, mon pauvre gars. Ça ne sert à rien de vouloir retenter pour rattraper le pari, tu l’as perdu ! Rappelles-toi, le challenge s’arrêtait après le bal, non ? Si tu avais réussi à le faire être ton cavalier ? Et bien c’est foutu. Donc tu peux aller échanger l’argent parmi tes abrutis de copains qui ont lancé le pari, et moi je serai aux côtés de mon meilleur ami. T’es une saleté, Potter. Â»

 

Harry n’en revenait pas. Comment Blaise pouvait encore chercher à se défendre alors qu’il avait exposé toutes les preuves ?

 

« - Maintenant, dégages, Potter, où je ferai de ton nez la source d’inspiration des couleurs de Gryffondor. Â»

 

Harry tourna son regard vers Drago, à la recherche d’aide ; mais le blond avait le regard résolument dirigé vers le sol, vide et absent.

 

« - Tu m’as entendu, Potter ? Â», insista Blaise en l’empoignant par le col.

 

Blaise faisant le double de sa carrure, Harry ne se risqua pas à riposter mais croisa brusquement le regard de Drago et il ne put retenir des larmes de brouiller sa vision : le regard argenté était impassible. Ne pas pleurer devant lui. Surtout, ne pas pleurer devant lui...

 

« - Barre-toi ! Â», rugit Zabini en le lâchant.

 

Harry se dirigea vers les escaliers et se retourna un instant : Blaise était avait le dos retourné mais Drago le regardait, sans aucune émotion apparente. Sans pouvoir la retenir, une larme brûla la joue du Gryffondor et dévala son visage avant de percuter le sol. Il regarda droit devant lui et dévala les escaliers, fou de rage et de douleur, tandis que son visage était déjà baigné de larmes.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - T’occupes pas de ce dégénéré, conseilla Blaise une fois qu’ils furent en classe de Sortilèges. Ce pauvre gars cherche juste à s’amuser pour te faire mal encore une fois. Â»

 

Drago hocha machinalement la tête, comme il le faisait depuis deux jours. Il n’avait pas dit un mot sur le sujet depuis l’explosion de Potter envers Blaise, et il faisait semblant de s’en foutre comme de sa première chemise ; mais il ne pouvait pas s’empêcher, au fond, de reconnaître que le Gryffondor avait eu l’air sincère –d’autant plus qu’il l’avait vu pleurer. Et il ne savait pas si c’était une façon de l’embobiner à nouveau, comme disait Blaise pour lui faire mal encore une fois, une sorte de vengeance de toutes ces années, ou qu’il disait vrai et que Blaise avait menti.

 

Et merde, Potter aussi lui avait menti de toute manière. C’était un sale menteur, voilà tout. Pourquoi est-ce qu’il s’en préoccupait ? C’était fini, c’était fini, point final. Où était donc le Malefoy qui n’avait strictement rien à carrer de personnes insignifiantes, qui plus-est mauvaises ? Il avait déjà la réponse ; parce qu’Harry n’était pas insignifiant et qu’il n’était pas mauvais.

 

Il se secoua la tête. Merlin, il devenait vraiment comme Potter, foutrement sentimental. Et foutrement con.

 

« - Tu l’as vu ?

 

- Ouais, il était à l’infirmerie. Il paraissait plutôt mal en point, d’ailleurs. Â»

 

Drago leva les yeux au ciel et se retint de dire aux deux Serdaigle derrière lui de se la fermer. Il ne savait pas pourquoi, mais tous deux avaient une voix énervante.

 

« - Pourquoi ?, demandait légèrement une fille.

 

- T’aurais vu sa tête, répondit l’autre avec un sifflement de pitié, c’était pas beau à voir. Il paraissait beaucoup plus mal en point que moi. Le visage livide, des énormes cernes et les yeux rouges et gonflés. Et une de ces voix... Je ne l’aurais jamais reconnu s’il ne portait pas ses lunettes. Â»

 

A la mention de lunettes, Drago sentit son ventre se serrer. Ça ne lui rappelait que trop bien quelqu’un d’autre. Mais quelqu’un d’autre qui lui avait fait du mal. Il devait arrêter de penser à cette saleté.

 

« - Mais qu’est-ce qui lui est arrivé pour qu’il soit comme ça ?!, s’exclama la fille d’un air choqué.  

 

- Oh, ça j’imagine que c’est parce qu’il a pleuré toute la nuit et qu’il n’a pas dormi, fit-il gravement.

 

- Il a pleuré ?, répéta-t-elle avec un ahurissement grandissant.

 

- Ça se voyait à des kilomètres, affirma le Serdaigle. Et je l’ai entendu quand je me suis réveillé au milieu de la nuit. Je crois que j’ai jamais vu quelqu’un qui souffrait autant.

 

- Après tout ce qu’il a vécu, ça devait vraiment être ignoble... Tu sais comment est-ce qu’il en est arrivé là ?

 

- Yep, assura-t-il à nouveau. J’ai entendu Mme Pomfresh lui en parler et je lui ai re-demandé rapidement après pour être sûr. Il aurait fait une énorme chute de tension au beau milieu d’un couloir et s’est coupé la lèvre en tombant. Â»

 

Le Serpentard leva encore une fois les yeux au ciel. Tout ça pour un mec qui était tombé dans les pommes et s’était fait bobo en se taulant.

 

« - Juste pour ça ?, demanda la fille d’un air surpris.

 

- Négatif, continua-t-il avec force. C’est bien plus grave, ce qu’il s’est passé. Mme Pomfresh a affirmé avoir cru qu’il était entre la vie et la mort, les yeux ouverts et livides alors qu’il était évanoui, non pas à cause de la chute qui était dérisoire, mais à cause d’un énorme choc émotionnel. Et je peux le confirmer au vu de son visage. On aurait dit qu’il était mort à l’intérieur, je te jure. Â»

 

Cette description rendit Drago perplexe. En y pensant, c’est vrai qu’il n’avait pas revu Potter depuis samedi ; pouvait-il que cette personne soit le Gryffondor ?

 

« - Mais c’est horrible !, s’exclama-t-elle.

 

- Pire que ça, renchérit-il. Il a dit à l’infirmière avoir oublié la raison de ce choc émotionnel, mais c’était un pur mensonge. Il devait ne pas avoir envie de pleurer devant nous.

 

- Depuis combien de temps il était là ?

 

- Samedi Â», répondit le Serdaigle.

 

C’était de plus en plus troublant. Drago commençait, malgré lui, à être tiraillé par la curiosité.

 

« - Et j’ai entendu dire Mme Pomfresh, continua-t-il, qu’il a vomi ce matin après qu’elle lui ait demandé quel cours il avait, en première heure. Elle en a dédui que ce choc émotionnel –elle n’avait jamais rien vu de tel, je l’ai entendu-  avait un rapport avec une personne en particulier qu’il ne voulait pas croiser, qui sait qui était en lien direct avec son choc. Â»

 

Drago se sentait paralysé et n’écoutait absolument pas ce que lui disait Blaise. En première heure, ils avaient eu... Botanique. Avec les Gryffondors. Sans Potter. Nom de nom de Merlin. Si les deux Serdaigles ne prononçaient pas le nom de celui dont ils parlaient, il allait les massacrer. Mais il ne voulait pas se résoudre à leur demander lui-même –et puis quoi encore.

 

« - Et bien, fit la fille d’un ton éberlué après quelques instants de silence. S’il en est à ce point là, ça devait vraiment être horrible...

 

- Mme Pomfresh elle-même paraissait vraiment sidérée. Un choc émotionnel tellement fort qu’il le ferait tomber entre la vie et la mort ? Je sais pas ce qui lui est arrivé ce samedi là, mais ça avait l’air d’être la pire chose qu’il n’ait jamais vécue. Â»

 

Putain de bordel de Botruc,  ils allaient se décider à l’appeler par son nom ?!

 

« - Et comme elle... Ça va, Drago ? Â»

 

Blaise semblait s’être rendu compte qu’il ne l’écoutait pas et était complètement ailleurs depuis le départ.

 

« - Evidemment que ça va, rétorqua le blond avec un haussement de sourcil.

 

- Je sais pas, t’es pas avec moi, là, dit Blaise.

 

- Si, t’inquiète Â», assura Drago.

 

Et les deux Serdaigles avaient arrêté de parler du gars à l’infirmerie. Ils s’attaquaient au travail que leur avait demandé Flitwick –enfin, ils avaient réussi du premier coup, évidemment, et maintenant discutaient boulot en répétant le sortilège sans regarder. Drago fit tomber sa plume et en profita pour se retourner : la fille était Cho Chang et le gars, un Poursuiveur de l’équipe de Quidditch, Lucien Powell. Le Serpentard se renfrogna et s’attaqua au sortilège, qu’il réussit en un coup sous le regard admiratif des filles de sa Maison.

 

Lorsque la cloche sonna, il se leva et boucla son sac en quelques secondes.

 

« - On se retrouve en Métamorphose, je reviens Â», dit-il à Blaise qui le regarda avec surprise.

 

Il rattrapa Powell et Chang, qui étaient déjà sortis de la classe.

 

« - Powell ? Â», appela-t-il discrètement.

 

Le Serdaigle se retourna, l’expression passant de l’étonnement au buté ; il ne devait pas être tellement ravi de la présence du blond. Autour, les élèves sortaient de la classe et Blaise lui fit un petit signe de la main.

 

« - Ouais ?, fit-il en s’arrêtant.

 

- Je peux te parler un instant ?, demanda Drago. Seul, ajouta-t-il en jetant un regard rapide à Chang. 

 

- On se retrouve en cours Â», lui dit Powell avec un sourire.

 

Chang hocha la tête et partit dans le couloir. Drago s’était toujours demandé ce que Potter avait bien pu lui trouver ; elle était insupportable et même pas forcément belle.

 

« - Tu veux quoi ?, demanda Powell d’un air méfiant.

 

- De qui vous parliez tout à l’heure, qui était à l’infirmerie ?

 

- Qu’est-ce que ça peut bien te faire ?, attaqua le Serdaigle.

 

 

- Ça me regarde, rétorqua le blond.

 

- Je ne vois pas en quoi ça te concerne, répliqua-t-il sans vaciller. Maintenant, laisse-moi ou je vais être en retard.

 

- Je me contrefous du fait que tu sois en retard et que tu te tapes la première retenue de ta vie, répliqua Drago dédaigneusement. Et tu perds encore plus de temps en ne me répondant pas, Powell.

 

- Très bien, s’énerva le brun. On parlait d’Harry Potter, ça te va comme réponse ?! Â»

 

Le Serdaigle n’attendit pas que Drago réponde et partit d’un pas rapide et échauffé. Le blond sentit sa tête tourner et il dût prendre appui contre le mur.

 

« Un choc émotionnel tellement fort qu’il le ferait tomber entre la vie et la mort ? Je sais pas ce qui lui est arrivé ce samedi là, mais ça avait l’air d’être la pire chose qu’il n’ait jamais vécue. Â» « Il a vomi ce matin après qu’elle lui ait demandé quel cours il avait, en première heure. Â» « Ce choc émotionnel [...] avait un rapport avec une personne en particulier qu’il ne voulait pas croiser, qui sait qui était en lien direct avec son choc. Â»

 

A la voix du Serdaigle s’ajoutait la voix d’Harry, ce matin-là... « Tu t’es lié avec Zacharias Smith qui avait des photos et qui me faisait du chantage, pour appuyer ton mensonge excecrable. Â» « Tu as dû être fier de voir que tu avais réussi à bouleverser Drago, hein ? Que tu avais réussi à nous séparer par le biais d’un prétendu pari ? Â»

 

Tout se mélangeait dans sa tête, il n’arrivait plus à démêler qui parlait. Il voyait ses yeux verts, il y voyait les larmes qui y perlaient, il entendait Powell dire « Il a pleuré toute la nuit et il n’a pas dormi. [...] Je crois que j’ai jamais vu quelqu’un qui souffrait autant. » Mais il revoyait aussi Blaise lui parler du pari, et il revoyait les joues rouges du Gryffondor lorsqu’il en avait parlé samedi. Mais il revoyait aussi toute cette douleur dans son regard, ces larmes horriblement sincères.

 

Il frappa contre le mur, laissant échapper quelques sanglots. Les larmes coulaient en abondance de ses yeux d’argent et il était tout simplement perdu. Qui devait-il croire ? Peut-être que Potter regrettait juste de s’être comporté comme un connard. Mais il n’aurait pas été comme ça, il n’aurait pas été entre la vie et la mort à cause d’un choc émotionnel, ça n’aurait pas pris cette ampleur...

 

Bordel de Merlin. Il était Drago Malefoy, il était un Legilimens hors-pair et par-dessus tout, il n’était pas capable de trouver le menteur entre deux personnes ! Mais lequel devait-il croire ? Celui avec qui il avait entretenu une relation de haine pendant de 6 ans ou celui qui avait toujours été son ami ? Enfin, ami... C’était un grand mot.

 

Il se détestait de réagir comme ça. Il n’était plus lui-même, ça l’énervait à un point tellement haut qu’il aurait pu être heureux de réduire tout le monde en cendres avec de bonnes vannes et d’être de nouveau le charmeur des Serpentardes. Pouah... Il s’en contre fichait des Serpentardes. Lui, ce qu’il voulait, c’était trouver la vérité.

 

Et par tous les sorciers à barbe longue, si un foutu con se mettait en travers de son chemin, il allait le dégager d’un coup de boule ou d’un Stupefix, peu importe, mais plus personne n’avait intérêt à le prendre pour un idiot et un bourgeois de première.

 

« - Dégage, morveux Â», cracha-t-il à un premier année qui était planté dans le couloir en le poussant d’un coup sec.

 

Il frappa à la porte de la classe et entra après un « Entrez Â» assez sec.

 

« - Excusez-moi du retard, professeur, dit-il en prenant place à côté de Blaise.

 

- Motif du retard ?, demanda McGonagall avec des yeux perçants.

 

- Je posais une question au professeur Flitwick, répondit Drago le plus tranquillement possible.

 

- Bien, fit-elle après quelques instants. Nous continuons le cours. Essayez donc de transformer votre animal en un autre. Â»

 

Le brouhaha revint dans la classe tandis que tout le monde essayait le sortilège.

 

« - T’étais où ?, demanda Blaise alors qu’il tentait de redonner ses pattes normales à son lézard.

 

- Quelque part Â», répondit le blond sur un ton cassant.

 

Zabini le regarda d’un drôle d’air et se reconcentra sur son animal tandis que Drago songeait à une approche discrète, sous-jacente et parfaitement incognito pour aborder le sujet.

 

« - Où as-tu appris pour le pari ? Â»

 

Blaise releva brutalement la tête, interloqué. Bon, c’était pas terrible, comme approche discrète. Mais ça, c’était le truc de Potter, pas le sien. Avec lui, c’était direct.

 

« - Pourquoi tu me parles de ça ?, fit-il déconcerté.

 

- Parce que je te le demande, et je te demande aussi de me répondre, railla Drago.

 

- Je l’ai appris par Zacharias, déclara Blaise sans ciller.

 

- Ce que tu m’as dit la dernière fois, c’est que Smith avait fait un pari avec Potter, c’est ça ? Â»

 

Blaise fronça des sourcils et parut inquiet.

 

« - C’est ça...

 

- Très étrange, tu ne trouves pas ?, demanda Drago d’un air tranquille. Ils ne peuvent pas se blairer. Je me demande bien ce qui s’est passé pour qu’ils se retrouvent à faire un pari ensemble.

 

- Ils ont dû se disputer et le pari est sorti comme ça, dans un accès de colère, je sais pas, je m’en fous ! Â», s’énerva Blaise en reportant son attention sur l’animal.

 

Drago sentait une certaine appréhension dans sa voix. Soudain, Rogue arriva dans la classe.

 

« - Professeur McGonagall, pouvons-nous parler quelques instant ?, demanda-t-il de sa voix grave et doucereuse.

 

- Continuez le sortilège Â», dit McGonagall en accompagnant Rogue à la sortie.

 

Drago reporta son attention sur Zabini une fois que la porte fut fermée. Il commençait sérieusement à l’agacer.

 

« - Pourquoi être revenu vers moi d’un coup pour me l’apprendre ?

 

- T’es mon ami, répliqua-t-il. Je voulais pas te laisser perdre ton honneur, je voulais pas que tu sois déshérité de ta famille pour avoir été embobiné dans une histoire amoureuse avec Potter, je voulais pas que ta famille se retrouve plus bas que terre à cause de ton homosexualité à la con ! Â»

 

Il y eut un silence entre eux. Blaise ferma les yeux, comme s’il se maudissait d’avoir dit ça. Quant à Drago, il sut immédiatement qu’il disait la vérité. Mais pas dans le bon sens. Il serra les poings et Harry sembla lui parler. « Tu es avare de notoriété, mais en plus tu n’hésites pas à profiter de quelqu’un qui est prêt à te faire confiance, quitte à le détruire intérieurement, pour accéder à cette notoriété et cette reconnaissance que tu ne pourras jamais obtenir seul. Â» Putain.

 

« - Blaise, regarde-moi dans les yeux et ose me dire que tu n’as pas inventé cette histoire de pari rien que pour pouvoir gratter de la notoriété des Malefoy Â», dit Drago entre ses dents.

 

Il sentait la rage monter progressivement en lui et il voyait Blaise se liquéfier peu à peu. Sa baguette tremblait.

 

« - Je n’ai rien inventé, persista Zabini en gardant le regard pointé vers le lézard. Je... Je t’ai mis au courant du pari pour qu’il n’arrive rien de mal à ta famille, justement, je te l’ai dit pour ton bien.

 

- Regarde-moi dans les yeux, siffla Drago en sentant sa respiration accélérer.

 

- Écoute...

 

- Si tu ne me regardes pas dans les yeux dans la seconde, je te préviens, je te les crève. Â»

 

Blaise hésita quelques secondes et releva la tête, une expression hargneuse sur le visage.

 

« - Je t’ai dit la vérité.

 

- Je veux une phrase complète et précise, tu m’as bien compris ? Â»

 

Il se sentait prêt à rentrer à tout instant dans son esprit.

 

« - Tout est vrai, dit Blaise d’une voix ferme en le regardant dans les yeux. Ce con de Potter à fait un pari et je t’ai prévenu pour te sauver. Â»

 

Drago planta son regard argenté dans le sien, pointa sa baguette vers Blaise et pensa « Legilimens Â». Aussitôt, il vit une bribe de souvenirs déferler. Il ferma les yeux et lorsqu’il les rouvrit, il sut.

 

« - Drago... Â»

 

Il se prit dans la figure le coup de poing le plus puissant que le blond n’avait jamais donné et s’étala à terre. Des cris retentirent dans la classe.

 

« - Si tu bouges un seul membre de ton corps de lâche, de menteur et de profiteur, cracha Drago en marchant volontairement sur sa main, je te tue avant que tu aies le temps de crier. Â»

 

Blaise cracha le sang qui avait coulé dans sa bouche et resta à terre, le regard noir.

 

« - J’AI FAIT ÇA POUR TOI !, cria-t-il avec une rage bestiale.

 

- C’est faux, contredit le blond d’une voix étrangement calme. Tu as fait ça pour toi. Mais c’est terminé. Il avait raison. Tu ne pourras jamais obtenir une quelconque reconnaissance par toi-même. Â»

 

Drago  pointa sa baguette vers le Serpentard, qui le regarda, pétrifié.

 

« - Mes amis, mes ennemis, jeunes élèves hypocrites et naïfs, dit-il en levant les bras d’un air théâtral, je vous présente celui qui n’a pas hésité à détruire un de ses propres amis pour son propre bénéfice. Un ami qui a cru en lui. Â»

 

Tous les regards se fixèrent  sur Blaise, dont la main commençait à devenir bleue sous la pression du pied de Drago.

 

« - Adieu, sale enflure Â», conclut Drago.

 

Sur ce, il ne prit même pas la peine de ranger ses affaires ou de prendre son sac. Il arracha presque la porte de la classe et courut le plus vite possible à travers les couloirs. Il croisa McGonagall, qui cria : 

 

« - Mr Malefoy ! Où allez-vous ?!

 

- Réparer mes erreurs ! Â», répondit-il sans s’arrêter de courir.

 

Quel idiot il avait été, bon Dieu de Merlin de sacré Salazar. S’il avait pu, il se serait giflé lui-même. Mais il avait plus important à faire. Il se devait de le retrouver.

 

« - Fais gaffe où tu marches, dugland ! Â», pesta-t-il contre Dean Thomas.

 

Dean Thomas ?

 

« - Minute !, fit Drago en se retournant si brutalement qu’il faillit tomber. T’es pas en cours ?

 

- Je suis malade, bredouilla Dean en le regardant d’un drôle d’air.

 

- Vous avez quoi comme cours actuellement ?, demanda-t-il avec une nervosité de l’extrême.

 

- Défense contre les forces du mal Â», répondit-il de plus en plus déconcerté.

 

A peine eut-il entendu sa réponse que Drago détalla immédiatement dans les escaliers, direction le premier étage. Il avait déjà un point de côté, ce con. S’il avait continué le Quidditch, aussi ! Mais pour le moment, il n’en n’avait rien à faire. Il continuait de courir deséspérément vers la classe de DCFM, se perdant deux fois, lorsqu’enfin il arriva devant la porte qu’il défonça contre le mur en l’ouvrant.

 

« - Mr Malefoy ?, fit Maugrey en fixant son énorme Å“il sur lui. Qu’est-ce que...

 

- McGonagall, balbutia Drago essoufflé, Harry, Potter ! Â»

 

Les Gryffondors et les Serdaigles étaient tous tournés vers lui, comme s’il sortait de l’asile ; en même temps, avec ses cheveux en bataille, sa chemise qui dépassait et sa cravate défaite, il devait avoir une peu fière allure.

 

« - Expliquez-vous plus calmement, mon garçon, s’avança Fol Å’il en haussant un sourcil.

 

- APRES ! C’est urgent ! Â», s’exclama-t-il.

 

Sans réfléchir, il s’avança vers Harry, le tira par le bras et l’entraîna en dehors de la classe. Lorsqu’il eut refermé la porte –bien amochée, d’ailleurs-, il plaqua Harry contre un mur éloigné et l’embrassa à pleine bouche, avant de se rendre compte que le brun pleurait.

 

« - Putain, jura le blond en lui caressant la joue, je suis désolé, j’ai appris la vérité, Blaise m’a menti pour qu’il puisse profiter de la situation de ma famille, tu avais raison, je suis désolé... Â»

 

Mais Harry se détacha de lui, une douleur insupportable dans le regard.

 

« - Laisse-moi !, pesta le Gryffondor en essuyant ses larmes d’un geste rageur.

 

- Harry, je t’en prie, supplia Drago avec difficulté.

 

- Tu n’avais pas confiance en moi !, rugit-il avec colère. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour te faire voir la vérité, je t’ai même autorisé à fouiller dans ma tête tant je passais pour un menteur, j’aurais préféré mourir pour que tu saches la vérité ! Et tu débarques là, en m’arrachant presque le bras, à t’excuser maintenant que tu te rends compte que j’avais dit la vérité alors que tu avais préféré croire Zabini, ce Serpentard auquel tu ne parlais même plus et qui arrive comme une fleur avec un mensonge entre les dents ? Et tu espères que je te sautes dessus ? Oui, j’aimerais ! Mais ce n’est pas comme ça que ça se passe ! Â»

 

Ces mots heurtaient Drago avec tant de violence qu’il se contrôlait pour ne pas faillir.

 

« - J’ai entendu parler de ce qui t’es arrivé samedi, et à l’infirmerie, dit-il d’une voix cassée. Si tu savais comme je suis désolé... Je n’étais pas le même, et d’apprendre tout ça d’un coup, ça m’a rendu sacrément idiot, je sais. J’avais une parfaite confiance en toi, je t’assure...

 

- Comment peux-tu dire avoir une parfaite confiance en moi ?!, releva Harry avec ébahissement.

 

- Ça m’a changé, j’ai perdu la raison, j’étais à la fois tellement mal et tellement en colère. Et quand je t’en ai parlé samedi, et que j’ai vu que tu rougissais, que tu m’avouais l’affaire Smith, j’ai pensé que la suite était également vraie. C’est sans aucun doute la chose la plus stupide que j’ai jamais faite, et je t’autorise à me traiter de tous les noms possibles inimaginables. Â»

 

Il y eut un silence. Drago affichait un air suppliant, Harry ne cillait pas et son regard passait alternativement du blond au mur.

 

« - Je suis tellement désolé Â», répétait le Serpentard.

 

Il releva la tête et Harry baissa le regard lorsqu’il vit une larme couler sur le visage du blond. La toute première larme qu’il voyait de lui.

 

« - Je sais que je ne suis pas digne de ton pardon, pas digne de toi, admit Drago. J’ai fait une énorme bourde et la douleur m’a fait délirer. Ma propre réaction me répugne et ça me répugne encore plus de devoir te demander pardon, car je sais que je ne devrais pas en demander autant. Â»

 

Harry le regarda, quelque peu désemparé par de telles déclarations.

 

« - Je ne suis pas tout blanc non plus, murmura-t-il lentement. Je t’ai caché l’affaire Smith. J’avais peur que tu te moques de moi, ou que ça ne fasse qu’attiser la bêtise de Zacharias. J’ai apparemment aussi douté de ta confiance, en quelques sortes. Â»

 

Drago s’approcha, ahuri et admiratif.

 

« - Je ne sais pas comment tu fais pour mettre la faute sur toi alors que dans cette histoire, c’est moi qui me suis comporté en véritable saloperie, fit-il.

 

- La raison qui me pousse à te sauver, on la connaît tous les deux Â», répondit-il, le regard pointant obstinément vers le sol.

 

 - Je t’aime Â», murmura le blond sans s’approcher.

 

Il y eut un silence. Harry releva la tête et croisa le regard argenté qu’il aimait tant. Puis il ouvrit la bouche, comme pour dire quelque chose, mais une larme coula sur sa joue et il se jeta dans le bras de Drago, le serrant avec force, comme s’il voulait le posséder pour toujours.

 

Drago serra davantage l’étreinte, son nez niché dans son cou.

 

« - Je t’aime aussi, murmura Harry.

 

- Je vais péter la gueule de Zacharias et de Blaise, dit le Serpentard sans se détacher de lui.

 

- Ferme-la, le rabroua-t-il. Tu pètes notre instant réconciliation digne des plus beaux films. Â»

 

Drago rit, avant de demander, perplexe :

 

« - Des films ?

 

- J’avais oublié, soupira Harry la voix quelques peu embrumée car la bouche perdue dans le col de chemise du blond. Laisse tomber.  

 

- Je te jure que je vais leur faire tellement la misère qu’ils auront la tête coincée dans leur...

 

- Arrête de jurer comme un pirate Â», ronchonna Harry.

 

Ils se détachèrent enfin, se regardèrent un instant et éclatèrent de rire avant de s’embrasser passionnément.

 

« - Je suis désolé Â», rabâchait Drago entre deux baisers –à chaque fois interrompu par les lèvres du brun qui venaient s’agripper aux siennes.

 

Finalement, ils posèrent leur front l’un contre l’autre, un sourire étirant le visage. Drago avait une main posée sur la joue de son petit-ami. Il n’arrivait pas à croire qu’Harry l’avait si vite pardonné, à quel point il était exceptionnel et que lui était un idiot fini.

 

« - T’es peut-être un idiot, admit doucement Harry, mais t’es mon idiot à moi. Â»

 

Drago rit à ce surnom et, alors qu’ils discutaient de tout ce qui s’était passé et de tout ce qui se passerait ensuite, il se demanda comment est-ce qu’ils pourraient se venger.

 

Mais pour le moment, ce qui importait, c’était qu’il était revenu. Et qu’il était de nouveau son idiot. Il avait également pris sa décision quant au bal, mais il décida d’en parler plus tard ; il fallait qu’il se trouve un beau costume à mettre pour la soirée qui était dans deux semaines. 

bottom of page