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Chapitre 13 : Vengeances

« - Il faut préparer quelque chose en béton, quelque chose qui pète et qui déboîte ! Â», s’exclama Drago en faisant les cents pas.

 

Après leurs cours respectifs et qu’Harry ait averti Ron et Hermione que tout s’était arrangé –Hermione lui avait d’ailleurs sauté au cou en pleurant presque de joie-, ils s’étaient retrouvés dans la Salle-sur-Demande. Après un « salut Â» chaleureux, Drago avait frappé ses mains et entamé une danse frénétique, déballant toutes les idées qu’il avait. Harry avait la tête qui tournait à force de le regarder bouger dans tous les sens comme un hystérique.

 

« - Appeler Fol Å’il et les transformer en fouine ?, proposa Harry sur un ton taquin en interrompant le monologue de son petit-ami.

 

- Hé !, protesta Drago avant de se jeter sur le Gryffondor pour le chatouiller.

 

- J’abdique, ça va !, supplia-t-il, les larmes commençant à perler au coin de ses yeux –il était particulièrement sensible aux chatouilles, ce qui n’avait hélas pas échappé au Serpentard. Pitié !

 

- Tu as d’autres idées brillantes comme celle-là ?, demanda le blond en se relevant d’un air amusé.

 

- Je sais pas, on pourrait mettre des cafards dans leur jus de citrouille, ou des araignées dans leur robe, ou remplacer leurs baguettes par de fausses baguettes... Â»

 

Drago se retourna et éclata de rire.

 

« - Trop enfantin ! Je parle d’une vraie vengeance, moi.

 

- Je sais que tu es énervé, le calma Harry qui commençait sérieusement à s’inquiéter du comportement exalté du blond, mais ne nous lançons pas dans quelque chose qui pourrait nous expulser.

 

- Quel vieux rabat-joie tu fais, râla Drago.

 

-  C’est ça. Qu’est-ce que tu proposes, Mister Vengeance ?

 

- J’y réfléchis, répondit le blond avec concentration. Il faudrait quelque chose qui les plonge dans l’angoisse, pour qu’il se sentent comme on s’est senti, mais bien évidemment sans qu’ils sachent que ça vient de nous.

 

- Plutôt tordu. Tu n’es pas d’avis que ce serait peut-être mieux d’accumuler plein de petites vengeances qui les pourrirait régulièrement plutôt qu’une énorme qui serait difficile à faire ?, insista Harry qui était en train d’imaginer remplir l’écharpe de Smith de poil à gratter redoutable.

 

- Soit, admit-il en levant les mains. Mais des choses plus coriaces qu’un simple jeté de cafards dans leur lit. Je te parle d’une vraie vengeance, celle qui réduirait en cendres de honte les deux collaborateurs.

 

- Je ne sais pas, hésita Harry. Évidemment, ça me ferait extrêmement plaisir, mais...

 

- Mais tu n’as pas l’esprit assez fourbe pour la vengeance, coupa Drago avec un sourire. Laisse-moi préparer le plan. J’en meurs d’envie. Et rassure-toi, je n’irai pas jusqu’à remplacer leur matelas par des planches de fakir. Quoiqu’en y pensant, ce serait plutôt tentant Â», se languit-il avec une expression sadique et les mains qui s’emmêlaient, à la manière d’un psycopathe qui voulait régner sur le monde.

 

Il croisa le regard d’Harry et changea aussitôt d’expression.

 

« - Ça va, ça va, promis, ce ne sera pas ça, même si ce serait quand même sacrément drôle. Juré, on fera quelque chose de juste gentiment méchant. Fais-moi confiance. Â»

 

Harry soupira avant de sourire.

 

« - On va leur en faire baver.

 

- Je n’aurais pu mieux dire Â», répondit Drago d’un sourire carnassier.

 

Ils ne passèrent pas moins de deux heures dans la Pièce va-et-vient, plumes et encres à portées de main, s’échangeant leurs idées et préparant leurs plans. De temps à autres, des éclats de rires venaient perturber cette impression sérieuse, accompagnés pour la plupart de baisers ensorcelants ; et si, par miracle, les deux se trouvaient parfaitement d’accord, ils avaient le droit à une dragée surprise chacun –règle qu’ils ne respectaient pas vraiment dans la mesure où ils en prenaient trois à chaque fois, sans que l’autre ne remarque rien.

 

Lorsqu’il sortit de la pièce, dit au revoir à Drago et retourna vers la Salle Commune, Harry était tout simplement exténué ; heureux, mais si fatigué qu’il n’allait pas tarder à tomber. Il fallait dire qu’entre un choc émotionnel, une visite entre la vie et la mort, une nuit blanche passée à pleurer, une matinée des plus dépressives et le retour miraculeux de Drago, tout ça en trois jours, c’était assez balèze à supporter.

 

Il bailla, la bouche grande ouverte, sans prendre la peine de la couvrir de sa main.

 

« - Ce n’est pas très poli !, s’indigna la Grosse Dame en fronçant des sourcils.

 

- Patus Kemento Â», grogna-t-il sans avoir la force de l’envoyer paître dans l’Indiana.

 

Elle ouvrit la porte en reniflant avec dédain et le laissa passer.

 

« - Te revoilà enfin, vieux, l’accueillit Ron avec un sourire alors qu’ils faisaient leurs devoirs.

 

- Je ne pense pas que je vais manger, les prévint-il d’une voix pâteuse.

 

- Ben merde, rigola Ron, qu’est-ce que vous avez fait, avec Malefoy, pour que tu sois crevé comme ça ? Â»

 

Alors qu’Hermione ouvrait des yeux choqués et jetait un regard noir scandalisé au rouquin, les joues d’Harry s’enflammèrent aussitôt, et tout son faciès semblait avoir été frappé par un coup de soleil particulièrement coriace ; il n’y avait que Ron pour faire des sous-entendus pareils. Il ne semblait pas s’en rendre compte et jouait avec sa plume.

 

« - J’ai pas dormi, cette nuit, toussa Harry en tentant tant bien que mal d’ignorer le feu qui brûlait l’intégralité de son visage. Si je ne dors pas bientôt, je vais encore me casser la figure et finir à l’infirmerie.

 

- Et si tu ne fais pas tes devoirs, tu vas rater tes ASPICS, releva Hermione avec une pointe de sévérité.

 

- Je les ferai demain, promit-il en soupirant. Mais je pense que je vais vraiment aller dormir, maintenant.

 

- A cette heure-ci ?!, s’exclama un Ron ébahi. Il est 19h50 ! Â»

 

Harry hocha la tête avec difficulté, ses paupières commençant à s’alourdir. Ron, quelque peu décontenancé, s’apprêtait à lui souhaiter bonne nuit lorsque Neville déboula, haletant, avant de se prendre les pieds dans le tapis et de s’affaler à terre.

 

« - C’est rien, c’est rien, assura-t-il rapidement tandis qu’ils avaient accouru le relever. Harry, Dumbledore veut te voir. Â»

 

Harry ne put retenir un soupir exaspéré, mais fronça tout de même des sourcils : pourquoi le directeur voulait-il le voir ? Avait-il fait quelque chose ou, comme Hermione l’avait souligné –et il vit dans son regard qu’elle le pensait-, il n’avait pas beaucoup travaillé ces temps-ci ?

 

« - Maintenant ?, demanda-t-il.

 

- Maintenant, affirma Neville en se tenant la taille.

 

- Tu peux me dire pourquoi t’as couru comme un malade ?, fit Ron en haussant un sourcil devant Neville et son point de côté.

 

- Il m’a dit, inspira le Gryffondor, qu’il voulait vraiment le voir et il m’a dit, de me dépêcher. Â»

 

Harry échangeait maintenant un regard inquiet avec ses amis, prenant conscience de l’importance de la chose.

 

« - Très bien, merci, Neville Â», dit-il en tapotant l’épaule de son ami.     

 

Ce n’était pas maintenant qu’il allait se coucher. Harry soupira, mi-inquiet mi-énervé, et sortit de la Salle Commune à contrecoeur, sous les regards désolés de ses meilleurs amis et les regards intrigués du reste des personnes de la pièce.

 

Tout en descendant les escaliers, il se préparait mentalement à ce que Dumbledore pouvait bien lui dire, et espérait que ça ne prendrait pas trop longtemps. De toute manière, c’était l’heure du dîner dans 5 minutes, le directeur ne pouvait pas être absent de la table. Du moins, il le désirait très fortement.

 

Arrivé devant la gargouille du bureau directorial, il se rendit compte qu’il ne connaissait pas le mot de passe. Neville avait sans doute oublié de le lui dire.

 

« - Citron ? Â», tenta-t-il sur un ton toujours aussi peu réactif.  

 

Mais la gargouille ne se tourna pas.

 

« - Mr Potter ? Â»

 

L’intéressé se retourna, pour faire face à McGonagall, qui se tenait bien droit devant lui.

 

« - Vous n’êtes pas dans la Grande Salle ?, demanda-t-elle en regardant la gargouille d’un Å“il.

 

- Le professeur Dumbledore m’a demandé de venir, répondit-il.

 

- Je vois, fit-elle en hochant la tête.

 

- Vous savez pourquoi ?, interrogea-t-il brutalement. Professeur ?

 

- J’ai mon idée sur la question, mais je ne peux rien vous confirmer. Et que faites-vous planté devant ?

 

- Je ne connais pas le mot de passe, soupira-t-il en se frottant les yeux.

 

- Vous avez besoin de sommeil, Mr Potter, constata McGonagall avec une moue désolée. Malice Réglisse. Â»

 

La gargouille hocha la tête et s’écarta, laissant apercevoir l’escalier en colimaçon. Après l’avoir remerciée, Harry grimpa les marches et toqua à la porte. Un « entrez Â» se fit entendre derrière la porte et après un dernier soupir, le Gryffondor l’ouvrit.

 

Dumbledore était, comme toujours, assis derrière son bureau, les mains posées sur le bois et un sourire sage sur le visage.

 

« - Bonsoir, Harry, dit le vieil homme en l’invitant à prendre place sur la chaise en face. Je vois que Mr Londubat t’a informé de ma demande. Â»

 

Harry hocha silencieusement la tête.

 

« - Sais-tu pourquoi je t’ai fait venir ici ?, demanda Dumbledore avec son habituelle voix tranquille.

 

- Non, monsieur Â», répondit-il honnêtement.

 

Le directeur sourit sans ajouter quoi que ce soit.

 

« - Est-ce que ça a un rapport avec les ASPICs ?, hésita le brun en pensant à Hermione.

 

- Ni de près, ni de loin, assura Dumbledore. Ce sont pour des raisons un peu plus personnelles.

 

- Personnelles, monsieur ?, répéta-t-il soudainement alarmé.

 

- Comment vas-tu ? Â»

 

Harry resta penaud devant la question. Il ouvrit la bouche pour répondre un « Je vais bien Â», mais il se rendit compte que ce n’était pas le cas.

 

« - Je suis très fatigué, répliqua-t-il sur un ton assez piqué.

 

- Ça ne durera pas longtemps, je te le promets, sourit Dumbledore. Et sinon, hors des salles de cours ? Â»

 

Il sentit ses joues rougir progressivement. Il avait cette désagréable impression que le sorcier connaissait toute l’histoire.

 

« - Ça va, murmura-t-il de peur que sa voix ne tremble.

 

- Ce  n’est pas ce que Mme Pomfresh à laissé entendre, contredit-il en le regardant de son regard bleu perçant.

 

- Mme Pomfresh s’inquiète beaucoup pour pas grand-chose, dit simplement Harry.

 

- Ah, le courage et l’obstination des Gryffondors, soupira-t-il. Harry, notre chère infirmière m’a tout dit, ainsi qu’au professeur McGonagall, de ton choc émotionnel qui a entraîné une brève traversée entre la vie et la mort. Je dois avouer que j’en suis resté perplexe ; d’après un guérisseur de Sainte-Mangouste, cette réaction n’arrive qu’extrêmement rarement. Étant très soucieux de toi, j’aimerais savoir ce qui s’est passé. Â»

 

Harry ouvrit des yeux ronds, ébahi de voir qu’ils s’étaient tous inquiétés dans son dos. En toute logique, il devait être sincère avec Dumbledore...

 

« - Je ne m’en souviens plus Â», répondit-il le regard tourné vers un des instruments en argent du bureau.

 

... Mais il ne pouvait pas. Il n’allait quand même pas lui raconter qu’il était avec Drago Malefoy et qu’ils avaient rompu ce samedi-là à cause d’un malentendu et de deux crétins, avant de se remettre ensemble. C’était bien trop personnel et surtout, trop horrible à dire. Il n’était pas encore prêt, d’autant plus que c’était quand même Dumbledore. Et il doutait fortement que Dumbledore réagisse normalement à cette nouvelle.

 

« - Tu es comme Mr Malefoy, secret jusqu’au bout Â», fit-il d’un air déçu.

 

Harry releva la tête si vite qu’il sentit sa nuque craquer.

 

« - Oui, continua-t-il calmement, j’ai tenté d’en savoir plus en lui posant des questions, mais il ne m’a rien dévoilé, tout comme toi. Vous vous ressemblez beaucoup, contre toute attente. »

 

Cette fois, le cœur d’Harry battait la chamade et il se sentit tellement gêné qu’il ne put retenir ses joues de devenir écarlates.

 

« - Oh, je te rassure, dit Dumbledore, je n’essaie pas de m’immiscer dans votre vie privée, je m’inquiète seulement.

 

- Comment... Comment vous..., bégaya Harry en fixant le sol.

 

- Sans vouloir me vanter, j’ai un certain don de perspicacité et d’analyse Â», répondit-il comme s’il s’agissait d’une conversation normale et paisible.

 

Bordel de punaise de Merlin. Ce qu’il vivait actuellement rentrait sans concours dans le top 3 des moments les plus gênants de sa vie.

 

« - Je vous ai trouvé tous les deux très étranges, ces derniers temps, se justifia le directeur. Particulièrement mal en point, chacun de vous deux. Des sautes d’humeur, des réactions excessives, et le teint pâle –du moins plus pâle que de coutume en ce qui concerne Mr Malefoy. Et après ton choc émotionnel, j’en ai conclu qu’il se passait quelque chose de très grave. Je tiens beaucoup à toi, Harry ; je me tracasse beaucoup. Â»

 

S’il espérait rassurer Harry, il se trompait complètement ; le Gryffondor était tellement enfoncé dans son siège qu’il s’étonnait de ne pas l’avoir percé pour être sous le sol.

 

« - Tout va bien maintenant, dit Harry d’une voix tellement basse qu’il en était presque à grommeler.

 

- Vous ne vous apprêtez pas à faire quelque chose, n’est-ce pas ? Â»

 

Mais. Comment. Ce. Sorcier. Pouvait-il. Tout. SAVOIR !

 

« - Non. Â»

 

Dumbledore le regarda un instant, silencieux, puis sourit.

 

« - Très bien. Tu peux t’en aller. Â»

 

Harry n’attendit pas qu’il le dise une deuxième fois et se leva, toujours sans le regarder, le visage embrasé.

 

« - Une dernière chose, ajouta Dumbledore alors que l’élève avait la main sur la poignée de la porte. A Poudlard, une aide est toujours apportée à ceux qui la demandent. Â»

 

Ou qui la méritent, pensa Harry avant de remercier Dumbledore et de sortir du bureau.

 

Tandis qu’il descendait l’escalier, il se remit peu à peu de sa discussion avec le Directeur. Alors il savait... Étrange. Mais il n’avait pas parlé de Smith ni de Zabini, pourtant il lui avait quand même demandé s’ils préparaient quelque chose.

 

Un bâillement trop longtemps retenu interrompit le cours de ses pensées, le ramenant à la réalité –et tournant son esprit vers son lit douillet. Il était grandement temps de dormir, ou il serait trop fatigué pour profiter du spectacle du lendemain.

 

Il s’affala dans son lit, encore tout habillé, et à peine eût-il fermé les yeux qu’il s’endormit aussitôt.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

C’est dans un étirement heureux et vif qu’il se réveilla le matin-là ; un sourire vint même lui étirer les lèvres lorsqu’il pensa au programme de la journée.

 

Il éjecta son drap rouge et se leva d’un bond avant de se précipiter dans la salle de bain. Lorsqu’il en revint, tous ses colocataires étaient encore couchés. Il devait être encore trop tôt.

 

Harry attrapa son sac et descendit dans la Grande Salle : elle n’était que peu remplie et même Hermione, qui avait l’habitude de se lever tôt, n’était pas là. Le Gryffondor remarqua que Drago était bien assis à la table des Serpentards, le regardant avec un rictus amusé. Apparemment, il s’était lui aussi levé avec hâte.

 

Il s’assit à sa place et entreprit de faire ses devoirs –sous le regard interloqué des trois Gryffondors qui mangeaient. Il était tellement de bonne humeur que ça l’importait peu ; et c’est avec entrain qu’il attaqua à la suite de son parchemin pour la Métamorphose, qu’ils devaient finir pour le prochain cours –soit dans deux heures.

 

« - Salut, Harry. Â»

 

Il releva la tête avec un grand sourire, qui fondit de moitié lorsqu’il vit une jeune rouquine qu’il ne connaissait que trop bien.

 

« - Salut, Ginny. Â»

 

Elle s’assit en face de lui en calant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

 

« - Je suis désolée Â», dit-elle d’une voix cassée mais ferme –Harry devina qu’elle s’était préparée à prononcer cette phrase.

 

Il sourit maladroitement, ne sachant quoi répondre. C’est vrai qu’ils ne s’étaient plus reparlés depuis des semaines et bien qu’il n’y avait pas vraiment pensé, sa petite sœur de cœur lui manquait beaucoup.

 

« - C’est pas grave, répondit-il sans réussir à reporter son attention sur son parchemin.

 

- J’ai vraiment été stupide, insista-t-elle en secouant la tête. Je n’aurais pas dû t’ignorer comme ça.

 

- Ne t’inquiète pas, vraiment, dit-il en posant sa main sur la sienne dans un geste de réconfort. J’ai pas été très cool non plus. Et je comprends la réaction que tu as pu avoir. Ça ne devait pas être facile.

 

- Non Â», rit-elle légèrement.

 

Il y eut un silence. Ginny attrapa un pancake et Harry griffonna sur son parchemin.

 

« - On devrait oublier ce qui s’est passé, proposa le brun sur un ton prévoyant.

 

- Je pense aussi Â», affirma-t-elle en hochant la tête.

 

Nouveau silence. Ils souriaient tous les deux.

 

« - Et ça se passe bien avec lui, au moins ?, demanda-t-elle sur un ton taquin.

 

- Super, répondit-il gêné.

 

- Je comprends pourquoi tu rougis tout le temps, maintenant, se moqua Ginny en observant les joues du Gryffondor devenir aussi cramoisies qu’un homard. Tu prévois d’aller avec lui au bal ?

 

- Aucune idée Â», fit-il en triturant sa plume sans autre dessein que de se donner quelque chose à faire.

 

Elle voulait sans aucun doute le mettre à l’aise, mais ça donnait tout l’effet inverse. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à chercher à le rassurer ?! Ça loupait à chaque fois !

 

« - Et toi, avec qui tu vas ?, interrogea-t-il sans grand intérêt.

 

- Je ne sais pas non plus, fit-elle en mordant dans son pancake d’un air soucieux.

 

- Tu ne sais pas ?, répéta-t-il dérouté. Je ne t’ai pas vu aller quelque part sans qu’un garçon ne te demande d’aller avec lui.

 

- Mais je n’y vais pas avec n’importe qui !, clarifia Ginny d’un ton assez vexé. Mais j’hésite entre Lucien Powell, Justin Finch-Fletchley et Jake Sleever.

 

- Jake Sleever ?

 

- Un Gryffondor de mon année. Mais il n’est pas très drôle et j’ai quand même envie de m’amuser. Donc je pense plutôt à Lucien Powell. Il était avec toi à l’infirmerie, d’ailleurs.

 

- Ah, c’était lui !, se rappela Harry. Je ne me souvenais plus de son nom.

 

- Ouais, il est cool Â», commenta-t-elle d’un ton tranquille.

 

Elle décala légèrement sa tête, découvrant celle de Drago, au loin, relativement attentive à la situation. Harry fit un léger signe pour lui assurer que tout allait bien. Soudainement, Zacharias Smith pénétra dans la Grande Salle et s’assit à sa table. Drago sourit avec malice tandis que le Poufsouffle commençait à se servir tout en discutant avec Hannah Abbott.

 

« - Excuse-moi, je vais rejoindre Neville et Luna Â», dit Ginny en désignant les deux personnes qui venaient d’arriver et discutaient –du moins, la grande rêveuse parlait et son élève écoutait avec une grande attention.

 

Il hocha la tête avec un sourire et elle le quitta pour aller rejoindre ses amis. Drago observait Smith avec minutie et Harry pouvait l’entendre penser « Abruti de blaireau Â». Mais il était encore trop tôt pour attaquer ; il n’y avait pas assez de monde et il était impossible de commencer leur petite fête sans passer inaperçu. Alors qu’il songeait à créer un sortilège de multiplication humaine, une tignasse brune entra dans la Grande Salle et s’assit devant lui, suivie d’une touffe rousse.

 

« - Bien dormi ?, demanda Hermione avec un sourire en lui embrassant la joue.

 

- Carrément, répondit-il avec un nouvel entrain.

 

- Merlin, ça se voit, bailla Ron en ouvrant des yeux exorbités –du moins, on pouvait voir dans le plissement de ses yeux qu’ils étaient ahuris-  devant son parchemin. T’es pas malade de faire ta Métamorphose à une heure pareille ?

 

- Au fait, que te voulait Dumbledore ?, s’exclama la jeune Gryffondor en se servant de tartines.

 

- Il est au courant, murmura Harry en cessant d’écrire son devoir. A propos de moi et de... lui. Â»

 

Il n’avait pas osé prononcer son nom, la Grande Salle commençant à sérieusement se remplir.

 

« - Rien ne lui échappe, à cet homme, souffla Ron avec une certaine admiration.

 

- Tu ressembles tellement à ton père !, remarqua Hermione en éclatant de rire. Typiquement un de ses commentaires.

 

- Ouais, en tout cas, il le sait et c’est pas génial.

 

- Mais il t’a fait venir juste pour te dire qu’il savait ?, demanda le rouquin en haussant un sourcil.

 

- Il voulait savoir si j’allais bien, fit Harry en remuant son verre de jus de citrouille. Parce qu’il s’inquiétait. Je ne vois pas pourquoi ça en a fait tout un boucan, d’ailleurs. Ils ont même contacté Ste-Mangouste ! Je veux dire, je suis juste tombé et je me suis évanoui –très bizarrement, certes, ajouta-t-il au vu du regard d’Hermione, mais y’a rien de grave là-dedans. Je vois pas pourquoi ils s’inquiètent tellement.

 

- Va savoir, ce doit être parce que c’est lié à lui, proposa Ron en baissant la voix.

 

- Et alors ?!, attaqua Harry en fronçant les sourcils.

 

- Et alors, dit Hermione, tu sais autant que nous que sa famille est en lien direct avec Voldemort !

 

- Pas lui !, contredit-il avec force.

 

- Peut-être, admit son meilleur ami, mais il y a toujours un risque potentiel –dans la tête de tout le monde. Ils ont sûrement eu peur qu’il t’ai fait quelque chose, que sa famille essaie de t’attraper dans ses filets pour te nuire et t’amener à Voldemort, un truc du style.

 

- Dumbledore n’avait pas du tout l’air dans cet esprit-là, dit Harry tandis que ses méninges tournaient. Il avait un genre... Paternel, je sais pas trop quoi.

 

- Il l’a toujours eu envers toi, ça, dit-elle.

 

- Mais on aurait dit qu’il se sentait concerné, comme s’il avait vécu quelque chose de semblable. On aurait dit qu’il avait peur que je ne souffre, intérieurement, comme s’il avait souffert et qu’il voulait me protéger de cette douleur... Â»

 

Il continua sa réflexion intérieurement.

 

« - Ben merde, jura Ron avec un rire. Faut pas que tu dormes aussi longtemps, ça te donne de ces pensées philosophiques... M’embrouille pas le cerveau au petit-déj, ce serait cool.

 

- Pourquoi est-ce que tu as ce petit sourire louche sur le visage, Harry ? Â», fit Hermione en plissant des yeux soupçonneux.

 

Harry échangeait un regard électrique avec un certain blondinet, et il souriait bêtement –car il savait que lui et Drago partageaient les mêmes pensées.

 

« - Pour rien, fit-il innocemment en croquant dans un pancake avant de tâcher son devoir de confiture. Merdasse !

 

- Evanesco, soupira Hermione en pointant sa baguette sur le parchemin. Par tous les dieux, sois moins maladroit !

 

- Il y a vraiment beaucoup de monde, là, non ?, dit-il en ignorant sa remarque.

 

- Oui, tout le monde est là, répondit-elle un tantinet agacée. Qu’est-ce que tu veux...

 

- Parfait, la coupa Harry. Ça te te gêne pas qu’on échange de place ? Â»

 

Elle se plaça à côté de Ron ; ils formaient un duo qu’on aurait dit complètement perdu. Harry était à présent dos aux Serpentards et face à la table des Poufsouffles. Après avoir vérifié que personne ne regardait, il saisit sa baguette.

 

« - Harry, murmura une Hermione qui commençait sérieusement à s’inquiéter, qu’est-ce que tu fais ? Â»

 

Il l’ignora et pointa sa baguette, cachée par la table, vers le sac de Zacharias.

 

« - Wingardium leviosa Â», chuchota-t-il dans un mouvement de baguette discret.

 

Le sac de Smith, qui était ouvert, ne boucha pas d’un fil. Pourtant, Harry sut qu’il avait atteint sa cible : un petit flacon, rempli d’une essence bleue, s’élevait lentement dans les airs.

 

« - Harry ! Â», répéta Hermione, alarmée.

 

Le fiole se posa doucement contre le sol, sans attirer aucune attention. Il  réitéra une deuxième fois l’incantation et le bouchon se décolla du pot –sous le regard défait de sa meilleure amie, qui finit par abandonner et pincer l’arrête de son nez entre deux doigts crispés. Harry sourit avec malice et, sans prêter attention au comportement de la Gryffondor, fit léviter le flacon à présent ouvert et l’éleva au-dessus du sac du Poufsouffle, dans lequel était visible un devoir de Métamorphose.

 

« - C’est totalement stupide !, finit par s’énerver une Hermione outrée.

 

- Plus stupide que de chercher à ruiner ma vie et celle de lui ?, dit-il avec ironie tout en maintenant son regard vers le pot en verre.

 

- En théorie, oui Â», s’emporta-t-elle sévèrement.

 

Il ne l’écouta pas et fit basculer l’encre contre le parchemin. Puéril et stupide ? Totalement. Mais Zacharias méritait bien une ou deux petites vacheries qui tenaient Harry à cÅ“ur, car la suite allait faire mal. Du made in Drago qui allait détapisser le parquet.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Drago ne put s’empêcher de sourire lorsqu’il vit, au loin, l’encre se déverser dans le sac de Smith ; et même le visage hilare de la belette et celui exaspéré de Granger l’amusaient.

 

En attendant, lui était entouré de Crabbe et Goyle –il ne restait plus qu’eux, bien que ce choix ne lui convienne pas- et il s’ennuyait à mourir. Il n’avait pas recroisé Blaise une seule fois ; il le soupçonnait fortement de l’éviter, par crainte –et il avait bien raison d’avoir peur, ce manipulateur de première. Bien qu’ils étaient dans le même dortoir, il ne l’avait vu ni en allant se coucher ni en se levant.

 

Drago s’empara d’un verre de jus de citrouille, pensif et concentré sur le Poufsoufle, qui ne remarquait strictement rien et se contentait de discuter avec ses abrutis d’amis.

 

A cet instant, Blaise passa la Grande Porte, attirant le regard du blond sur lui. Zabini paraissait mal à l’aise mais semblait surtout vouloir paraître indifférent –n’est pas acteur qui veut. Il s’assit à l’autre bout de la table, le plus loin possible du Serpentard.

 

« - Tu viens ? Ça sonne Â», dit Crabbe avec son habituel ton stupide.

 

Ils avaient Potions en première heure, avec les Gryffondors. Le cours parfait.

 

« - De suite Â», répondit Drago en se levant vivement.

 

Il tourna le regard vers Harry : il le regardait et souriait. Terriblement amoureusement, d’ailleurs. Il lui retourna un sourire similaire et saisit son sac avant de partir vers les cachots.

 

« - Aujourd’hui, bande d’incapables que vous êtes, grommela Rogue alors qu’ils venaient d’entrer en classe, vous allez préparer la potion qui se trouve page 120 de votre manuel. Je ne vous en dit pas le nom car de toute manière, il sera écrit et j’ose espérer, malgré votre déficit intellectuel, que vous savez lire. Â»

 

On aurait dit qu’il avait simplement donné une page complètement au hasard ; mais peu importe, car ce n’était pas la potion qui comptait. Blaise se trouvait à trois tables à côté de la sienne ; ce qui n’était pas des plus pratiques, dans la mesure où il avait besoin d’un minimum de proximité.

 

Alors qu’ils préparaient tous soigneusement la potion –qui se révélait être un Philtre de Mort Vivante- , l’homme commença à passer dans les rangs pour observer et critiquer le travail des élèves. Comme d’habitude, il rabaissa Londubat et félicita un ou deux Serpentards avant de s’attaquer à Harry, qui sut garder son sang-froid durant les pénibles minutes qui s’ensuivirent. Il arrivait dangereusement à la table de Blaise.

 

« - Confundo Â», murmura Drago en pointant sa baguette vers Zabini.

 

Blaise continua sa potion, mais à ce que le blond pouvait voir, il se trompait complètement et commençait à sembler perdu. Drago ricana lorsque Rogue arriva à la table de la victime, en haussant un sourcil perplexe.

 

« - Mr Zabini, dit-il dérouté, qu’est-ce que vous me faites ?

 

- Une potion, répondit-il complètement dépassé.

 

- Ça ne ressemble pas vraiment à ce que je vous ai demandé.

 

- C’est que, balbutia Blaise en faisant tomber ses herbes, j’ai perdu le livre, enfin je sais pas où je l’ai mis...

 

- Vous faites n’importe quoi !, s’emporta Rogue en ramassant le livre que l’élève avait fait tomber par terre. Vous allez finir par faire exploser la classe. Allons, vous vous en sortez bien d’habitude.

 

- Mais d’habitude, je connais la potion !

 

- Vous n’avez pas bien écouté vos cours de l’année précédente ?, s’énerva le maître des Potions. Le Philtre de Mort Vivante a été l’objet de nombreux cours en 6ème année.

 

- Si, bien sûr, s’excusa-t-il de plus en plus confus. Attention ! Â»

 

En jetant une limace (qui n’avait aucune utilité dans la potion) dans le chaudron, il venait de faire tomber le tout qui s’était déversé sur les pieds de Rogue, éclaboussant sa robe au passage. Drago se retenait d’exploser de rire avec tant de force que des larmes commençaient à perler au coin de ses yeux, sa gorge serrée à son maximum. Tout le monde regardait le duo, effaré –excepté Harry qui souriait avec malice.

 

« - Par Merlin !, cria Rogue en se reculant, la potion commençant à lui brûler les chaussures. Des limaces, des sangsues et du sysimbre, mélangés à d’autres choses dont je ne veux pas connaître l’origine ! Vous vous fichez de moi, Mr Zabini !

 

- Rictusempra, murmura Drago. Allegro. Â»

 

Blaise partit alors dans un fou-rire incontrôlable, agrémenté d’une bonne humeur qui crédibilisait son hilarité ; et étant donné qu’il était encore sous Confusion, le mixte des trois sortilège donnait un résultat particulièrement détonnant.

 

« - Hoho !, riait Blaise en désignant Rogue du doigt. Vous en avez partout !

 

- Excusez-moi ?, dit Rogue dont la voix commençait à être véritablement terrifiante tant la rage s’était emportée de lui.

 

- Je suis désolé, vraiment ! Oups, pardon !, s’excusa Blaise alors que son paquet de sisymbres venait de tomber au sol en un « pouf Â» ridicule. Riez un peu, c’est pas si méchant... Â»

 

Drago se félicita lui-même de la puissance de ses sorts. Il rangea soigneusement sa baguette, devinant que si quelqu’un le voyait avec, il était mort. De toute façon, tous les élèves étaient concentrés sur le spectacle inhabituel qui s’offrait à eux. Encore quelque chose et la patience de Rogue allait atteindre sa limite extrême.

 

« - Mr Zabini, je vous préviens...

 

- Encore une dose d’armoise... Attention, monsieur, enfin ! Haha ! Â»

 

Il préparait la potion à même le bureau et Rogue venait de lui écraser la main, le visage tellement rouge qu’on aurait pu le confondre avec du feu.

 

« - CHEZ LE DIRECTEUR ! IMMÉDIATEMENT !, hurla-t-il à bout de nerfs.

 

- Enfin, je me suis juste un peu trompé, vous énervez pas, riait toujours Blaise.

 

- Trois mois de retenue, Zabini ! Â», poursuit Rogue.

 

La plupart des élèves étaient choqués, d’autres étaient décontenancés de l’attitude de Blaise. Harry souriait ardemment, Weasley se marrait en le tapant dans le dos et Granger le fusillait du regard, avant de se tourner vers Drago en secouant la tête. Elle semblait excédée.

 

« - Vous autres, fichez le camp immédiatement ! Â», cria l’homme aux cheveux gras en désignant la porte d’un doigt hargneux.

 

Il ne le dit pas deux fois ; les élèves vidèrent leur chaudron respectif, remballèrent leurs affaires et sortirent du cachot en un clin d’œil.

 

« - Absolument brillant, le félicita Harry une fois que tout le monde était parti et que le couloir était désert –à deux exceptions près.

 

- Merci beaucoup, le remercia-t-il avec fierté.

 

- Non mais tu te rends compte de ce que tu as fait, Harry ?!, s’énerva Granger, les poings sur la taille.

 

- Sans vouloir t’offenser, Granger, dit Drago en se retenant de l’insulter, tout le mérite me revient.

 

- C’était excellent, dit Ron sans se préoccuper du blond.

 

- Vous êtes tous les deux de parfaits crétins !, dit-elle avec colère. C’est injuste ! Oui, Blaise est un idiot, mais il va se faire expulser pour ce que vous avez fait !

 

- Il ne va pas se faire virer, contredit Harry en secouant la tête. Il va simplement se faire salement punir par Rogue, mais Dumbledore devinera que ça ne vient pas lui.

 

- Comment ça ?, demanda Drago en fronçant les sourcils.

 

- Il m’a demandé dans son bureau hier soir, et il est au courant, si tu vois ce que je veux dire. Et à la fin, il m’a demandé...

 

- Il est au courant ?, répéta le blond, ahuri.

 

- Tu nous rejoins dans la Salle Commune, Harry Â», dit Ron en prenant doucement Hermione par l’épaule.

 

Excellente idée, pensa le Serpentard en voyant les deux Gryffondors partir. Il pouvait supporter leur présence et ne pas les insulter pour Harry, mais fallait pas déconner, non plus.

 

« - Comment peut-il être au courant ?, reprit-il une fois que les deux amis furent hors de vue. Je ne lui ai rien dit quand il m’a posé des questions, ce vieillard indiscret !

 

- Aucune idée, dit-il en haussant les épaules. En tout cas, à la fin, comme je te disais, il m’a demandé si nous préparions quelque chose. Donc je crois aussi qu’il soupçonne notre vengeance.

 

- Mais s’il est au courant de la vengeance, ça veut dire qu’il est au courant de toute l’histoire !, s’exclama Drago soucieux. Et ça, c’est pas bon du tout, car quand il va voir Blaise dans cet état, il va se douter que c’est nous et on va être dans une sacrée mouise.

 

- Je n’en suis pas si sûr, le rassura Harry en prenant sa main avec un sourire. Si justement, il est au courant de toute l’histoire, il doit savoir ce qu’ils nous ont fait.

 

- Et alors ?, fit le blond dubitativement. Ça ne reste un conflit entre élèves.

 

- Je crois qu’il se sent concerné, dit-il en commençant à marcher.

 

- Tu penses que... Non, arrête !, coupa Drago en éclatant de rire. Dumbledore, homosexuel ?

 

- Et pourquoi pas ?, le défia Harry en souriant malicieusement. Si nous oui, pourquoi pas lui ? Et ça expliquerait qu’il s’intéresse tant à notre cas. Peut-être a-t-il vécu quelque chose de similaire.

 

- Homo ou pas, soupira Drago, c’est le directeur. Il ne peut pas blâmer un élève s’il sait que les responsables sont deux autres, sous prétexte qu’il t’aime bien et qu’il se sent impliqué de tout son cœur.

 

- On pourrait être surpris, murmura le Gryffondor en plaquant brusquement Drago contre le mur.

 

- Monsieur se sent pousser des ailes ?, demanda le blond avec un sourire taquin alors que son petit-ami l’embrassait dans le cou.

 

- Monsieur se sent terriblement amoureux d’une fouine qui pose trop de questions Â», répondit-il avant de l’embrasser avec passion.

 

Drago retourna le baiser avec un sourire ; il adorait quand le brun se montrait imprévisible de cette façon. Harry passa sa main sous sa chemise.

 

« - Putain, t’as les mains froides Â», grogna Drago d’une voix étrangement aiguë.

 

Le Gryffondor ignora sa remarque et continua de parcourir son dos de ses doigts habiles. Il l’embrassait à présent avec une tendresse qui faisait fondre le cœur de Drago –lui seul arrivait à lui faire ressentir ça.

 

La cloche sonna, interrompant leur duel de baisers.

 

« - Je crois que je t’aime bien, chuchota Drago en passant sa main sur sa joue. Mais j’en suis pas encore méga sûr. Â»

 

Harry répondit par un petit rire et, conscient que la prochaine classe n’allait pas tarder à arriver, l’embrassa une dernière fois et se décolla doucement de lui.

 

« - Il est temps d’aller en Métamorphose, pour ma part, dit Harry en regardant le blond remettre convenablement sa chemise défaite. Avec les Poufsouffles.

 

- Histoire de la Magie, soupira Drago avec fatigue. Avec les Serdaigles et l’autre soporifique. Tu me raconteras, hein ?

 

- Bien évidemment, affirma Harry. Alors à tout à l’heure ! Â»

 

Il l’embrassa sur la joue et se sépara de Drago, dont les yeux pétillaient pour lui. Il avait bien hâte de voir comment ce cours allait se passer...

 

« - Désolé de ne pas être venu, s’excusa-t-il en arrivant auprès de Ron et Hermione.

 

- Ce n’est pas grave Â», dit Ron avec un grand sourire.  

 

Hermione ne dit rien et lui tourna le dos en rentrant dans la classe, les bras croisés et fermement tenus sur  ses livres contre sa poitrine.

 

« - Elle fait son sale caractère, soupira le rouquin en levant les yeux au ciel.

 

- Je ne fais pas mon sale caractère !, s’offusqua la brune en le fusillant du regard.

 

- Je ne comprends pas, tu étais bien contente pour Harry et lui, non ?, fit-il en levant les mains.

 

- Tout à fait, répondit-elle, mais je ne suis pas d’accord pour cette histoire de vengeance !

 

- Ils ont bien le droit de se marrer Â», le défendit Ron sur un ton joyeux.

 

Hermione ne répondit pas et s’assit à sa table habituelle pendant que Ron marmonnait quelque chose comme « Jamais contente Â».

 

« - Bonjour, dit McGonagall en posant ses affaires sur le bureau. Je vais vous demander de me rendre vos devoirs, s’il vous plaît. Et oui, Mr Finnigan, je vous ai demandé un travail.

 

- Il a sûrement brûlé Â», chuchota Ron à Harry avec amusement.

 

Harry eut un rire distrait, trop occupé à regarder Zacharias. Le Poufsouffle venait d’arriver et ouvrait son sac avec hâte. Soudain, il se figea.

 

« - Mr Smith, votre devoir, s’il vous plaît, appela sévèrement McGonagall.

 

- Mais... Mais je ne comprends pas, bredouilla Smith partagé entre la colère et l’incompréhension. Ma bouteille d’encre s’est ouverte dans mon sac ! Â»

 

Le professeur de potions leva sa baguette et le parchemin arriva à elle, majoritairement bleu.

 

« - En effet, soupira-t-elle. Et pouvez vous me dire comment avez-vous fait pour ne le remarquer que maintenant, à moins que vous n’ayez pas ouvert votre sac pour votre première heure de cours ?

 

- Je... Il était au fond de mon sac, et mes affaires de Sortilège étaient de l’autre côté, balbutia-t-il, le teint qui n’allait pas tarder à gagner en couleurs.

 

- Vous êtes sûr, Mr Smith ?, insista-t-elle avec scepticisme. Vous n’auriez pas fait cela car vous aviez oublié de le faire, par hasard ? Â»

 

Le Poufsouffle secoua la tête, apparemment incapable de répondre convenablement contre l’injustice qui s’était levée contre lui.

 

« - Vous me le referez pour le cours prochain, dans ce cas.

 

- Le cours prochain ?!, répéta Zacharias, ahuri. Mais c’est demain ! J’ai mis trois jours à le faire, trois jours !

 

- Ne me parlez pas sur ce ton, Mr Smith, le coupa McGonagall avec raideur. Demain, sans retard. Â»

 

Il se renfrogna et le nota hargneusement dans son agenda. Harry sourit avec sadisme. C’était injuste, mais c’était mérité.

 

« - A présent, vous allez vous entraîner pour les ASPICs, continua-t-elle en ignorant le regard noir de Smith. Veuillez ouvrir votre livre à la page 181. Â»

 

C’était assez drôle de voir Zacharias s’énerver tout seul, à côté d’un Ernie MacMillan et d’une Hannah Abbott gênés. Il faisait n’importe quoi avec sa baguette, et faisait plus de vagues étincelles qu’autre chose.

 

« - Au fait, dit Ron en tentant le sortilège qu’ils devaient exercer, et les photos ?

 

- Les photos ?, répéta-t-il absent.

 

- Ben oui, fit-il sur le ton de l’évidence. Tu ne crois pas que Smith va publier les photos avec tout ce qu’il s’est passé ?

 

- On y réfléchit encore, répondit Harry. Mais Drago s’est assuré que Blaise ne dira pas à Smith que leur plan à foiré.

 

- Zacharias n’est pas au courant que Blaise à complètement raté ?!, s’exclama-t-il ahuri. Vous en êtes sûr ?

 

- Absolument, dit-il en hochant la tête d’un air confiant.

 

- Et vous comptez faire quoi des photos ?

 

- Comme je t’ai dit, on y réfléchit encore, chuchota Harry en regardant le Poufsouffle d’un Å“il. Mais on aurait quelques idées. Â»

 

Lorsque la cloche sonna pour les quinze minutes de pause, Harry rangea ses affaires en vitesse et prévint Ron et Hermione –même si elle faisait semblant de ne rien écouter- qu’il les rejoindrait en Botanique.

 

« - Alors ?, demanda Drago lorsqu’il le croisa dans le couloir.

 

- Niquel, répondit Harry. Il va devoir le refaire pour demain. Et Blaise ?

 

- Il n’est pas revenu, ricana le blond en se passant une main dans les cheveux. Il reviendra sûrement pour la botanique. Â»

 

Leurs pas les menèrent près des cuisines. Des bruits de pas et des ricanements leur indiquèrent qu’ils avaient bien préparé leur coup. Ils se tapirent dans un angle de mur : Zacharias était là, devant une pile de grands tonneaux entassés. Et Peeves s’amusait à lancer des fruits provenant des cuisines.

 

« - Pars de là, Peeves !, fulminait Smith en rangeant ses affaires.

 

- Ouh ouh, chantonnait l’esprit frappeur, il gaspille son souffle, le petit Poufsouffle.

 

- Mais laisse-moi ! Â»

 

Peeves avait pris son sac et le faisait se balader un peu partout ; quand enfin, il réussit à l’attraper, il retourna devant les tonneaux.

 

« - Vite, ta cape Â», chuchota Drago dans l’oreille d’Harry.

 

Il lui la donna et le Serpentard s’en couvrit, totalement invisible.

 

« - Maintenant, j’aimerais rentrer dans ma Salle Commune ! Â», s’énerva le Poufsouffle en s’apprêtant à taper sur le tonneau qui donnait accès à sa salle, tout en regardant le fantôme. 

 

La règle était simple pour entrer chez les Poufsouffles : il suffisait de toquer sur le bon tonneau, au rythme de « Helga Poufsouffle Â». Sinon...

 

« - Hel-ga Pouf... Ah ! Â»

 

Pendant qu’il regardait l’esprit frappeur qui faisait un barouf monstre, Drago avait toqué sur le tonneau d’à côté et s’était dépêché de retourner auprès d’Harry. Ce qui se passa ensuite fut victorieux.

 

Zacharias cessa de frapper avec horreur lorsqu’il entendit un grincement strident. Puis, sans prévenir, un des tonneaux du dessus s’ouvrit et déversa un flot absolument incroyable de vinaigre sur l’intégralité de sa tête –et par extension, de ses épaules et de son buste entier.

 

« - SAINTE HELGA ! Â»

 

Smith chercha à attraper Peeves, qu’il estimait être le responsable de cette baignade jaunâtre, en balançant au passage de nombreuses gouttes de vinaigre. L’esprit frappeur virevoltait autour du Poufsouffle sans mal, s’amusant grandement de sa réaction. De leur côté, Harry et Drago étaient morts de rire –en silence. Ils levèrent le pouce à Peeves, leur complice qui avait –à la grande surprise des deux élèves- rempli sa mission. Ah, pour ce qui était de faire tourner les élèves en bourrique, il était toujours conciliant.

 

« - Vite, murmura Harry en prenant la cape. Dessous ! Â»

 

Drago s’empressa de se ranger aux côtés de son Gryffondor favori et ils s’approchèrent du Poufsouffle furieux.

 

« - Je te ferai mordre la poussière !, hurla-t-il à Peeves, qui était parti. C’est pas vrai... Hel-ga Pouf-sou-ffle ! Â»

 

Le tonneau s’ouvrit et laissa place à un escalier, puis il poussa la porte de la Salle Commune.

 

C’était une pièce ronde, lumineuse et bien évidemment aux couleurs de la Maison, jaune et noire, à l’aspect très confortable ; elle était remplie d'objets en cuivre, de diverses plantes dansantes, de gros fauteuils et était égayée d’une décoration joyeuse. La plafond était étrangement bas, comme semblable au terrier d’un blaireau. L’ambiance de la pièce était rehaussée par la teinte de miel du bois soigneusement poli des tables et des portes rondes comme des couvercles de barils, qui ouvraient très certainement aux dortoirs.

 

Zacharias ouvrit une des portes et arriva à ce qui devait être le sien.

 

« - Foutu Peeves Â», grogna-t-il en ouvrant sa valise, très sûrement à la recherche d’une nouvelle robe.

 

Drago et Harry se jetèrent un regard nerveux. Maintenant qu’ils y étaient, ils ne devaient pas traîner ; ils devaient être dans le bon timing et sortir en même temps que lui. Coup de bol, le Poufsouffle alluma la radio, ce qui leur laissait la chance de se parler un minimum.

 

« - Dans sa valise ? Â», murmura Harry sur un ton si bas que ça ne ressemblait qu’à un souffle.

 

Ils s’approchèrent à pas de chat ; ce qui n’était pas simple du tout dans la mesure où ils devaient marcher à deux  en parfaite synchronisation, pour éviter que la cape ne tire et de les découvre. Zachiras avait tiré une robe de sa valise et se changeait derrière eux. Ils devaient faire extrêmement attention à ne pas reculer.

 

« - Quelle puanteur !, toussa Smith de dégoût en tenant sa robe sale devant lui. Il faut que j’aille à tout prix me laver les cheveux. Â»

Drago et Harry reculèrent précipitamment lorsque le Poufsouffle arracha une serviette de sa valise, puis il partit vers une autre porte. Quelques instants plus tard, un bruit les indiqua qu’il avait ouvert le pommeau de douche.

 

« - On a deux minutes avant que l’autre ne revienne, dit Drago en enlevant la cape.

 

- Ne l’enlève pas !, répondit Harry en regardant nerveusement derrière lui.

 

- On a deux minutes devant nous, je te dis, insista-t-il. Et on ira beaucoup plus vite sans cette cape. Je fouille dans la valise, va voir dans son tiroir. Â»

 

Harry ôta la cape de ses épaules et la posa précautionneusement à terre, puis se dirigea vers la commode de Smith avant d’ouvrir le tiroir. Il y avait un mouchoir en tissu, un  vieux livre, un ruban et de la poussière, mais pas de photos en vue.

 

« - Rien dans la valise non plus, grogna Drago. A part des vêtements immondes. Ce mec à vraiment des goûts pourris. T’as vu tout ce jaune dégueulasse ?!

 

- Ce n’est pas le moment de parler vestimentaire, le pressa sèchement Harry. Il faut continuer à chercher ! Â»

Il ouvrit le placard et déplaça les piles de vêtements qui recouvraient les étagères. Si le Poufsouffle voulait protéger les photos, il les avait sûrement bien planquées.

 

« - Peut-être sous son oreiller, ricana Drago en s’approchant du lit.

 

- Eurk !, fit Harry choqué. Ce serait immonde.

 

- Rassure-toi, elles n’y sont pas, dit-il après avoir secoué l’oreiller en question.

 

- Encore heureux, souffla Harry soulagé. Je n’aurais pas supporté. Â»

 

Ils se regardèrent soudain, horrifiés : le bruit d’eau avait cessé.

 

« - Grouille ! Â», appela Harry en se couvrant de la cape.

 

La porte de la Salle de Bain s’ouvrit, laissant passer un Smith aux cheveux mouillés –mais d’eau, cette fois, et non de vinaigre. Sa robe semblait légèrement trop courte, laissant apercevoir le bas de son pantalon noir. Il s’approcha de sa valise et dezippa une partie cachée derrière ses sous-vêtements. Il en sortit une enveloppe vierge, la regarda longuement et la fourra dans sa poche. Harry se figea et croisa le regard de Drago, similaire au sien : c’était une lettre qui aurait aisément pu contenir des photos.

 

« - Pourquoi tu n’as pas regardé là !, s’énerva Harry –toujours dans un souffle.

 

- T’es pas malade ?, répondit Drago avec dégoût. J’allais pas fouiner dans ses slips, non plus ! Â»

 

Harry leva les yeux au ciel avec exaspération.

 

« - Il faut qu’on la prenne !

 

- Acc...

 

- Non !, le bloqua Harry en abaissant la baguette du blond. Elle est au fond de sa poche. Il va le sentir direct.

 

- Comment tu veux faire, alors ?, demanda-t-il vexé. Tu crois que ça va moins se sentir si on met la main dans sa poche ?! Â»

 

Zacharias se retourna en fronçant des sourcils, persuadé d’avoir entendu un bruit. Harry et Drago se figèrent, bloquant tous deux leur respiration. Le Gryffondor avait l’impression que son cœur était monté jusque ses oreilles. Après quelques instants insoutenables, Zacharias haussa les sourcils et retourna à ses occupations –ranger son sac. Le cerveau d’Harry tournait en quête d’une idée lumière.

 

« - J’ai une idée Â», murmura le Serpentard.

 

Il sortit une lettre vierge de sa poche.

 

« - Je devais envoyer une lettre à mes parents pour leur dire que je restais ici à Noël, expliqua-t-il devant le regard interrogateur d’Harry. Mais je pense qu’on peut l’utiliser pour autre chose.

 

- Je vois ce que tu veux dire, mais elle est trop petite comparée à l’autre. Il va s’en rendre compte. Et ça ne règle pas le problème.

 

- On est des sorciers, rappela Drago en désignant sa baguette. Et j’ai un plan pour remplacer les lettres. Â»

 

Il l’ouvrit, sortit le parchemin qui était à l’intérieur et le mis dans sa poche.

 

« - Amplificatum redem Â», murmura Drago.

 

Aussitôt, l’enveloppe fut de l’exacte taille de l’autre.

 

« - Redem ?, fit Harry en ouvrant de grands yeux.

 

- C’est un demi-sort que j’ai inventé, sourit le blond avec fierté. Ça permet de canaliser le pouvoir et de moduler un sort comme on veut. Dans ce contexte, c’est d’agrandir quelque chose au degré que l’on souhaite. Â»

 

Harry resta béat d’admiration.

 

« - Tu as un morceau de parchemin ?, demanda Drago, amusé, en interrompant la contemplation du Gryffondor.

 

- Voilà, dit-il en sortant sa réserve de parchemin –il en avait toujours sur lui au cas où il aurait besoin d’envoyer une lettre express.

 

- Niquel Â», le remercia le Serpentard.

 

Il plia le parchemin en trois et le rangea dans l’enveloppe, qu’il referma ensuite.

 

« - Et maintenant ?

 

- Et maintenant, prends-en de la graine, siffla-t-il avec un sourire malin. Diffindo. Â»

 

Le pied de la chaise sur laquelle était assis Smith se fendit et, en un cri de stupeur, il s’éclata le derrière contre le sol, sonné.

 

La lettre était sortie de moitié de sa poche et Drago ne prit pas la peine de prévenir Harry : il se découvrit, l’arracha vivement et la remplaça aussitôt par la fausse, dans un mouvement aérien. Il était déjà revenu sous la cape, la véritable enveloppe en main, lorsque le Poufsouffle se releva en jurant.

 

« - Tout le monde veut ma mort, aujourd’hui ! Â», pesta-t-il en essuyant sa robe.

 

Il balança la chaise à l’autre bout du dortoir, énervé, et monta le son de la radio qui diffusait du rock sorcier en retournant ranger ses affaires dans des gestes rageurs.

 

« - Tu es complètement malade !, fit Harry le cÅ“ur qui battait la chamade.

 

- Si je n’avais rien fait, on en serait encore là, dit Drago avec un grand sourire. Maintenant, je l’ai ! Â»

 

Il lui montra la lettre d’un air victorieux. La cloche sonna et ils sortirent tous les trois de la Salle Commune. Lorsqu’enfin, le Poufsouffle fut hors de vision, ils enlevèrent la cape et se serrèrent dans leurs bras.

 

« - Merlin, j’ai bien cru mourir d’un arrêt cardiaque !, s’exclama Harry avec terreur. S’il t’avait vu, s’il nous avait repérés, ç’aurait été cuit.

 

- Ah, heureusement que je suis là, répondit-il dédaigneusement avec un éclat de rire.

 

- Vite, ouvre l’enveloppe Â», le pressa le brun en se détachant de son petit-ami.

 

Drago lui jeta un regard nerveux avant de détacher la petite bande qui fermait la lettre. Ils retinrent leur souffle dans un mouvement commun, puis le blond sortit le contenu.

 

Des photos. Des photos d’eux devant le mur de la Salle-sur-Demande, riant et s’embrassant avec passion. Harry sentit ses joues brûler ardemment, mais il n’en n’avait cure ; les voilà, enfin, les photos, la racine de tout ce binz.

 

« - Quelle enflure, grommela Drago en faisant défiler les clichés dans ses mains.

 

- Elles ne sont pas si mal, ces photos Â», murmura Harry, le visage écarlate.

 

Le Serpentard se tourna vers lui, attendri.

 

« - Je trouve aussi, approuva-t-il.

 

- Tiens, le méchant blondinet ne fait pas de remarque sur ma certaine niaiserie ?, ironisa le Gryffondor en haussant un sourcil.

 

- Pas aujourd’hui, dit-il avec un sourire amusé. Il se trouve que j’aime bien ce côté niais. Et tiens, gardes-en une, ajouta-t-il en lui tendant la meilleure photo d’eux en train de s’embrasser. Je sais que ça te tiens à cœur. Moi, je préfère t’avoir en vrai. Il vaut mieux brûler ces photos au plus vite avant qu’un autre con de Poufsouffle ne tombe dessus. Ou un crétin de Serdaigle. Ou même un Gryffondor, tiens.

 

- Ou un stupide Serpentard, termina-t-il. Merci. Â»

 

Harry ne savait pas quoi dire pour mettre les mots sur ce qu’il ressentait de l’attention du blond. Drago croisa son regard et le comprit aussitôt, puis il l’embrassa tendrement.

 

« - Allez, mettons le feu à ça, murmura-t-il. Et fais en sorte de bien cacher ta photo. Â»

 

Il hocha la tête, et ils se dirigèrent vers la sortie pour rejoindre les serres.

 

« - N’empêche, dit Harry au bout d’un moment, je me remets toujours pas de la tête de Blaise et de Rogue, ou celle de Zacharias avec plein de vinaigre sur lui. Â»

 

Ils se regardèrent un instant et partirent dans un fou-rire à leur tuer le ventre. C’est vrai qu’ils étaient tellement stressés et soucieux de bien faire qu’ils n’avaient pas tellement réalisé la chose sur le moment ; mais ça avait été hilarant.

Une fois dans le parc, Drago disposa les photos par terre –excepté bien sûr une seule, qui reposait sagement dans la poche de la robe d’Harry. Il leva sa baguette.

 

« - Attends, le coupa Harry précipitamment. J’ai une meilleure idée. Viens. Â»

 

Il prit les photos ; quelques minutes plus tard, ils étaient arrivés en haut de la Tour d’Astronomie. Drago sourit en comprenant ce qu’il voulait faire et il enfourcha son balai avant de donner le sien à Harry, puis ils s’envolèrent vers leur clairière.

L’endroit était toujours aussi sublime, bien qu’il leur rappelait leur dispute et leur demi-rupture. Mais c’était effacé. Ils y revenaient, ensemble et amoureux.

 

« - Diffindo Â», répéta Harry quatre fois en pointant sa baguette sous le banc.

 

Il y avait maintenant un trou profond dans la terre entremêlée de neige. Il y disposa les photos et reboucha le trou.

 

« - C’est mieux que de les brûler Â», murmura-t-il.

 

Drago sourit et posa sa tête sur l’épaule du Gryffondor.

 

« - On a réussi notre vengeance Â», dit-il amoureusement.

 

Harry rit. Effectivement, cette histoire était à présent réglée. Enfin, il pouvait encore mettre du poil à gratter dans l’écharpe de Smith ; la journée n’était pas finie.

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