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Chapitre 9: Et le mystère s'éclaire enfin

 

Je restai encore quelques jours à l'infirmerie, jusqu'à ce que s'estompent les marques trahissant mon agression, aussi physiques que morales. C'est donc le jeudi midi, avant le déjeuner, que je pus enfin sortir et rejoindre la Grande Salle.

Durant ces jours passés à l'infirmerie, j'avais pu compter sur Ethan et Hugo pour venir me porter les cours et les devoirs à faire, pour que je puisse recopier les leçons et faire les devoirs -non seulement ça m'occupait, mais en plus je ne pouvais pas arriver en cours sans avoir rien fait depuis des jours, tout de même. Ils sont aussi venu me voir chaque soir pour me tenir compagnie, avec souvent des gâteaux ou des Chocogrenouilles -mes friandises préférées-, les Dragées surprises de Bertie Crochue, Patacitrouilles, Bulles Baveuses... On a eu plaisir à les partager en parlant de tout et de rien, mais aussi sur mon mystérieux visiteur. Je n'ai cependant pas mentionné son geste, par pudeur. Ensemble, nous avons cherché qui pourrait avoir des yeux d'un gris qu'on ne pouvait confondre avec aucune autre couleur, et qui avait apparemment des cheveux blonds, si j'en croyais le filet doré qu'avait laissé cette personne derrière elle.

 

« - Tu es vraiment sûre de n'avoir rien vu ?, avait demandé Hugo pour la millième fois la veille, l'air pensif.

- Absolument certaine, avais-je répété pour la millième et une fois. Je n'ai vu rien d'autre que ses yeux gris, et une brume blonde l'espace d'une fraction de fraction de fraction de seconde. »

 

Et nous eûmes beau avoir remué nos méninges pour tenter de percer ce mystère, personne ne nous vint à l'esprit.

 

« - Au fait, est-ce que vous avez essayé de parler à l'élève qu'on a trouvée dans le couloir ?, avais-je soudainement interrogé.

- C'est le mot exact, on a essayé, avait répété Ethan avec une moue ennuyée.

- Comment ça ?

- Et bien, à chaque fois qu'on a essayé de lui parler, elle a fondu en larmes, expliqua Hugo l'air tout aussi désolé. Il paraît que le professeur McGonagall n'a rien pu tirer d'elle non plus. Phil Finnigan l'a croisée lorsqu'elle est sortie du bureau directorial et  il dit qu'on aurait pu la confondre avec une flaque si elle n'avait pas eu une forme humaine.

- Elle est sans doute encore sous le choc et je comprends parfaitement, acquiesçai-je. Mais depuis mon arrivée, lundi, je ne l'ai pas vue à l'infirmerie. Elle est sortie seulement deux jours après son agression ?

- Elle n'a pas été dans l'infirmerie générale, mais dans une salle spéciale mise en place pour elle, me renseigna Hugo. Elle a subi un tel traumatisme que les professeurs ainsi que Mme Pomfresh ont estimé préférable de l'isoler plutôt que d'être à la vue de tous. Elle est juste sortie aujourd'hui car convoquée par McGonagall mais je crois qu'elle est retournée dans sa salle après.

- La pauvre, murmurai-je. Ça va la marquer et la suivre toute sa vie.

- J'ai entendu dire Mme Pomfresh au professeur Pierce que tu étais très impressionnante, dit Ethan. D'après elle, que tu aies été si rapidement rétablie en quelques heures seulement après cette attaque relève du miracle.

- En parlant de Miss Pierce, avait ajouté Hugo, elle nous a demandé de tes nouvelles. Elle a paru vraiment très inquiète lorsqu'elle a appris ce qui t'étais arrivé. »

 

Je revins à la réalité, ayant failli me prendre une porte. Sur mon chemin, je croisai les filles du dortoir qui me saluèrent avec une compassion polie. Toutes sauf Cassandra, qui se contenta de lever un sourcil. Alors que je la regardais toujours, je me cognai brutalement dans une énorme masse dont je vis la main me rattraper à temps.

 

« - Oh, je suis désolé, Automne !, s'excusa Hagrid. Je ne t'avais pas vue. Comment vas-tu ?

- Ce n'est rien ! Je vais bien, merci, souris-je. J'ai enfin pu sortir de l'infirmerie.

- Oui, l'infirmière nous a dit que tu étais en forme seulement quelques heures après ton agression. Ça l'a troublée, c'est pour ça qu'elle t'a gardé si longtemps. Elle s'attendait à une rechute. Mais tu es solide à ce que je vois ! »

 

Je souris. Hagrid changea d'expression du tout au tout, et me prit par les épaules :

 

« - Qui t'a fait ça, Automne ?

- Je l'ignore, dis-je. Je ne connais pas son nom. Je sais juste qu'il est à Serpentard.

- Il n'était pas question de Scorpius Malefoy ? », interrogea-t-il en fronçant des sourcils.

 

Et zut. Je me maîtrisai pour ne pas rougir :

 

« - Il était effectivement là, mais ce n'est pas lui qui m'a jeté les sorts, répondis-je maladroitement.

- C'est révoltant !, rugit Hagrid sans remarquer mon hésitation. Attaquer, en plein Poudlard, une élève de première année qui plus-est, qui ne connait aucun sort de défense ! Pour aucune raison valable !

- Je...

- Oh, à ce propos, me coupa Hagrid sans m'avoir entendu, le professeur McGonagall voudrait te voir.

- Maintenant ?

- Si possible, oui. Oh, et tu as reçu quelque chose, ajouta-t-il en sortant une lettre légèrement froissée d'une de ses multiples et immenses poches. De la part de tes parents. La lettre a été apportée directement à Mme la Directrice depuis quelques jours et j'étais d'avis à te la donner dès leur arrivée, c'est-à-dire mardi, mais Mme Pomfresh a dit que tu étais déjà beaucoup occupée avec ta guérison, tes cours et tes devoirs et que la lettre pourrait attendre.

- Je l'attendais !, m'écriai-je en prenant la lettre. Merci beaucoup, Hagrid !

- Oh, zut, je suis en retard !, grogna-t-il en regardant sa montre à gousset. Je dois aller voir Mr Londubat -Ah, sacré Neville-, je ne sais pas ce qu'il se passe avec les choux et les citrouilles du potager mais ils ne sont pas au top de leur forme. Au plaisir de te revoir, Automne !, ajouta-t-il en partant précipitamment. N'hésite pas à venir me voir un jour prochain, Ethan et Hugo seront également les bienvenus ! Nous pourrons discuter en prenant une bonne tasse de thé. »

 

Il m'adressa un dernier signe de la main auquel je répondis par un grand sourire et un grand geste du bras avant d'ouvrir la lettre avec une telle férocité que le coin se déchira un peu. Je m'assieds, dépliai le parchemin et lut.

 

« Ma chérie,

Papa et moi avons été informés de ce qui s'est passé à Poudlard et avant d'avoir pu venir, Mme Pomfresh nous a fait savoir que tu t'étais déjà rétablie. Nous avons été horriblement inquiets. Réponds-nous dès que tu le peux.

Nous avons beaucoup de choses à te dire. Premièrement, félicitations pour ton admission à Gryffondor. Tu n'as pas à t'en vouloir de ne pas être à Serdaigle, nous n'allons pas t'en bannir ! La maison Gryffondor est tout de même réputée pour accueillir les plus courageux et les plus puissants, non ? Nous tous sommes on ne peut plus fiers de toi. Nous reconnaissons cependant que c'est vraiment très étrange mais seul le Choixpeau sait pourquoi !

Deuxièmement, ton professeur de vol nous a annoncé ton obtention du poste d'Attrapeur dans l'équipe de Quidditch, et dans quelles conditions cela s'est passé. Décidément, tu nous surprends encore ! Nous sommes une fois de plus très fiers de toi. Plus que tu ne l'imagines.

Enfin, c'est à propos du conte de l'Aigle Triste. Il faut que tu sache que nous connaissons l'histoire depuis déjà très longtemps et nous étions déjà presque sûrs que tu étais l'héroïne de l'histoire. Mais lorsque nous avons appris la décision du Choixpeau, directement après la Répartition, nous avons su que c'était vrai. Tu es bien l'héroïne de ce conte, ma chérie. Mais après réflexions, nous pensons qu'il est préférable que tu ne prennes pas connaissance de cette histoire. Elle pourrait prêter à confusion et cela engendrerait des conséquences. Ne t'en fais pas, il ne s'agit que d'une histoire et même si elle parle de toi,  cela ne signifie pas qu'il t'arrivera ce qui arrive dans le conte. On ne peut prévoir l'avenir. Nous comprenons que tu aies envie de savoir, mais s'il te plaît, n'essaie pas. Ce ne serait pas bon.

Nous t'embrassons avec tout notre amour et te félicitons encore.

Papa et maman. »

 

Ma tête se reposa en arrière sur le mur et je fermai les yeux. L'attente insoutenable d'avoir enfin une réponse à ma question était loin d'être terminée. Mes parents n'avaient même pas fait la seule chose que je leur demandais : me répondre. En fait, après avoir lu la lettre, j'étais encore plus furieuse qu'avant. Pourquoi personne ne voulait rien me dire ? C'était MOI l'héroïne de l'histoire et j'étais la seule à ne pas la connaître. C'était à s'en tirer les cheveux. Je soupirai avec agacement en me relevant. Il fallait aller voir la Directrice, maintenant.

J'arrivai devant l'entrée du bureau, une statue de gargouille majestueuse. Mais comment faire pour y entrer ?

 

« - Mot de passe ? », demanda La gargouille.

 

Un mot de passe ? Hagrid de me l'avait pas donné !

 

« - Je... On ne m'en a pas donné, mais la Directrice m'a demandée de venir !, implorai-je.

- Pas de mot de passe, pas de passage, trancha la statue.

- Directeur ? Gargouille ? Gryffondor ? », tentai-je désespérément.

 

La gargouille secoua la tête. Mince alors, qu'est-ce que ça pouvait être ?

 

« - Poudlard ? Quid...

- Dumbledore ! », s'écria une grosse voix haletante derrière moi.

 

C'était Hagrid. La statue tourna, monta, un escalier apparaissant au fur et à mesure.

 

« - Excuse-moi, Automne, j'avais oublié !, s'excusa Hagrid.

- Ça ne fait rien, souris-je. Merci ! »

 

Je montai les marches de l'escalier et toquai à la porte. Le professeur McGonagall me demanda d'entrer. J'ouvris la porte : c'était une grande pièce circulaire avec plusieurs fenêtres. Des tableaux ornaient les murs, représentants les différents directeurs et directrices de Poudlard. Sur une étagère était aussi posé le Choixpeau, qui me dévisageait avec un sourire amusé.

 

« - Miss Hayleen ! Je vois que Hagrid vous a fait parvenir mon message », sourit la Directrice à l'air strict.

 

Je souris, un peu anxieuse, ne sachant quoi faire de mes bras. Elle me fit signe de m'asseoir.

 

« - Bien. Tout d'abord, comment allez-vous ?, me demanda-t-elle.

- Très bien, merci, répondis-je.

- Je ne pouvais espérer mieux. Mme Pomfresh m'a dit que vous vous êtes remise sur pieds très vite ?

- C'est vrai, je crois, admis-je. Mais j'ai dû rester à l'infirmerie.

- Je suis très satisfaite du fait que vous ayez pris l'initiative de continuer à prendre vos cours et vos devoirs.

- Je ne pouvais pas rester toute une semaine à ne rien faire, dis-je en hochant la tête. J'aurais eu beaucoup de travail à rattraper et puis, je me serais ennuyée.

- Parfait. Avez-vous des choses à me demander ? »

 

C'était l'occasion parfaite. Elle allait ENFIN dénouer le sac de nœuds !

 

« - Oui, m'exclamai-je le cœur battant à la chamade. Depuis mon arrivée, on me parle du conte de l'Aigle Triste, on me dit que j'en suis l'héroïne mais voilà, je ne connais absolument pas ce conte et j'ignorais que j'y étais liée. J'ai demandé à Mme Pince et à mes parents de me raconter le récit mais ils n'ont pas voulu... S'il vous plaît, professeur, puis-je le lire ? »

 

Un long silence s'ensuivit. Je la regardai avec espoir tandis qu'elle restait froide.

 

« - Je me doutais que vous me demanderiez cela, répondit-elle avec un petit sourire de pitié. J'ai été très étonnée de voir votre expression de surprise et d'incompréhension dès l'instant ou le professeur Coon vous a parlé avec cet air dément. Je pensais que vous connaissiez ce conte, que votre famille vous en avait parlé depuis longtemps. Apparemment, je me suis trompée et veuillez m'excuser de ne pas vous avoir éclairé plus tôt. J'hésitais, tout comme Mme Pince et vos parents, à vous raconter l'histoire. Car elle pourrait avoir un très fort impact sur vous et vous changer, vous angoisser inutilement. Mais c'est à vous de décider si vous voulez le lire, vous avez le droit de connaître ce Conte qui parle de vous.

- Je suis décidée, murmurai-je. Je veux lire le Conte de l'Aigle Triste. »

 

Le moment était venu. Après toutes ces nuits à cogiter, toutes ces questions sans réponses, j'allais enfin savoir. La Directrice hocha la tête, ouvrit un tiroir du bureau et en sortit le gros livre poussiéreux que Mme Pince m'avait elle-même montrée des jours plus tôt puis le posa devant moi. La jeune fille rousse aux yeux verts regardait droit devant elle d'un air déterminé. Sa cicatrice -ma ? cicatrice- brillait sur son épaule. L'instant de vérité était enfin arrivé.

 

{ LANCEZ LA MUSIQUE }

 

« Il était une fois une petite fille qui s'amusait dans une forêt. Elle avait des cheveux roux et bouclés, de beaux yeux verts pétillants et était si fine et si petite qu'elle pouvait disparaître à volonté.

Encore ce jour-là, une belle matinée d'été, elle s'était réfugiée sur son arbre préféré, le plus vieux chêne du bois, l'origine de la forêt. Elle lisait Les Contes de Beedle le Barde, confortablement installée, le dos appuyé contre le puissant tronc. Au dos de son livre préféré, on pouvait voir une étiquette sur laquelle était écrit : « Automne Hayleen ».

Oui, Automne était particulièrement intelligente pour son âge. Elle avait su lire et écrire très tôt, se débrouiller seule, compter elle-même, soigner les animaux blessés qu'elle trouvait sur son chemin lors de ses multiples escapades et leur préparer des remèdes. Elle éprouvait également une profonde sympathie pour les Sombrals, animaux qu'elle voyait depuis ses 5 ans et qui faisaient partie de son entourage. Âgée de seulement 6 ans, elle avait le cœur pur et empli de bonté et de sagesse. Ses parents ignoraient ses allées et venues dans la forêt, ignoraient qu'elle la connaissait comme sa poche et qu'elle savait soigner les animaux comme personne. Seul son frère Peter, âgé de 5 ans de plus que sa sœur, avait connaissance de ses faits et gestes. Il l'admirait profondément, et cette admiration était réciproque.

 

Automne venait justement d'entendre un petit cri, cri qu'elle reconnut aussitôt. Elle referma son livre, le mis dans son sac et zigzagua entre les branches puis sauta à terre. Elle se pencha et pris le petit oiseau dans ses mains, dont l'aile semblait  blessée. Automne fronça les sourcils : il s'agissait d'un aiglon. Elle le posa sur un nid de feuille puis escalada rapidement l'arbre pour y chercher ses réserves de plantes, son bout de bois qui faisait office de pilon et le bol qu'elle avait conçu. Elle prépara une mixture. Elle n'avait jamais su comment ni où elle avait appris à produire des remèdes pour chaque blessure, ça lui était toujours venu ainsi. Elle mélangea différentes plantes, y rajouta un liquide doré et pilonna le tout. Elle y trempa deux de ses doigts et étala le mélange sur la blessure rougeâtre de l'oiseau, en prononçant juste ces quelques paroles : « Guéris, fruit de la nature, richesse du monde, soigne tes blessures en une douce seconde. » Une lumière jaillit de la coupure de l'aile. L'aiglon se remit sur ses pattes, regarda Automne et poussa un grand cri, de nouveau en bonne santé. Aussitôt, une masse apparut dans le ciel et se posa délicatement aux côtés de son bébé. La petite fille rousse contempla avec admiration et respect le magnifique aigle aux plumes brunes et blanches. La bête s'agenouilla devant elle puis s'approcha. Automne tendit sa main vers l'Aigle, qui s'y caressa avant de se frotter contre son épaule droite. Une minuscule larme glissa de son œil perçant, coula le long de ses plumes et tomba sur l'épaule découverte de la fillette. Aussitôt, une sensation de chaleur couvrit Automne, l'engloba et la souleva délicatement du sol. Son épaule droite émit une lumière argentée, semblable à aucune autre lumière. La larme s'était transformée en une minuscule cicatrice, fine et lisse, ayant pris sa forme. L'aigle s'agenouilla de nouveau. Une voix résonna soudainement dans la tête d'Automne : « Reçoit cette protection éternelle, signe de sagesse et de bonté. Elle te protégera tout le long de ta vie et lorsque tu seras blessée, tu guériras plus vite qu'aucun être vivant ne pourrait guérir. » L'aigle poussa un cri puis s'envola dans les airs, tandis qu'Automne se reposa à terre avant de s'endormir profondément, bercée par la chaleur et le bruissement des arbres.

 

A son réveil, elle ne se souvint plus de ce qui s'était passé auparavant. Elle ignorait ce qu'elle faisait là, allongée par terre, alors qu'elle se trouvait sur son chêne à lire quelques instants plus tôt. Une étrange chaleur lui parvenait de son épaule droite et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit une marque, une cicatrice en forme de larme dessinée dessus ! Elle ne savait pas comment cette marque s'était-elle retrouvée là. Mais elle se releva, constata avec surprise que son matériel de guérison était à terre, dont le bol vide. Elle remit tout cela à sa place et retourna chez elle.

 

A partir de ce jour, Automne passa de plus en plus de temps dans la forêt. Elle sentait avoir un étrange lien avec les oiseaux, même si elle ne savait pas pourquoi. Mais elle continuait de les soigner, peut être avec encore plus de tendresse qu'avant, si du moins cela était possible. Un jour, ses parents finirent par découvrir l'existence de sa cicatrice. Mais ils eurent beau la questionner, Automne ne put jamais répondre.

 

Une étrange inscription était gravée dans l'écorce de son chêne préféré, qu'elle ne remarqua jamais : « Domaine de l'Aigle Triste ». Car oui, depuis ce jour où elle reçut la bénédiction de l'aigle, tel était son nom. Automne Hayleen était nommée l'Aigle Triste et la raison pour laquelle elle retournait si souvent à l'arbre était qu'il était devenu sa maison. Elle s'y sentait mieux que nulle part ailleurs, se sentait affligée d'une horrible tristesse lorsqu'elle était loin du chêne.

Automne grandit. Lorsqu'elle entra en Poudlard, elle intégra la maison des courageux Gryffondor, contrairement au reste de sa famille qui avait toujours été en Serdaigle de génération en génération. Savourant le plaisir du vol, lié à l'attachement entre elle et l'aigle, elle intégra l'équipe de Quidditch où elle obtint le poste d'Attrapeur, seulement quelques jours après son entrée.

Un beau jour, Automne partit explorer une immense forêt. Verdoyante, éclairée et remplie de fleurs, elle respirait le calme et la paix. Au milieu de celle-ci se trouvait une créature affaiblie et manifestement malade. Elle semblait étrangement familière à Automne qui ne sut pourquoi, mais qui sut qu'il fallait la sauver.

 

Automne se précipita pour cueillir les plantes nécessaires à la guérison, mais lorsqu'elle s'approcha de l'animal, celui-ci secoua son immense aile et secoua la tête. La jeune fille ne comprit pas sa réaction. Lorsqu'elle était enfant, aucun animal n'avait jamais refusé son aide. Le bec de l'aigle effleura la cicatrice d'Automne et celle-ci ressenti aussitôt une chaleur qui lui était familière. Une lumière argentée rayonna autour d'eux.

« Guéris, fruit de la nature, richesse du monde, soigne tes blessures en une douce seconde. »

Il s'agissait de sa voix. La voix qu'elle avait lorsqu'elle était enfant. Puis, elle se souvint. Elle comprit pourquoi toutes ses blessures avaient toujours guéri en peu de temps. Elle était protégée par sa cicatrice depuis le jour où elle s'était réveillée dans le bois, après avoir reçu la bénédiction de l'aigle...

 

La bête commençait à s'affaisser. La jeune fille sut alors ce qu'elle devait faire. Elle entoura de ses bras l'oiseau et laissa tomber une larme sur son plumage. Le lien était construit. Automne se sentit partir, partir loin, enrobée de la chaleur que produisait l'aigle. Et pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit en une paix totale.

Alors, les deux corps liés se soulevèrent progressivement du sol, explosèrent en une boule argentée qui se transforma en une larme. Un édifice se construit peu après cela, en l'honneur de l'Aigle Triste, la jeune fille qui avait donné sa vie pour celle de la nature. »

 

Je tournai la dernière page. Une forme de main ornait le blanc vieilli du papier. Je posai la mienne dessus et une lumière argentée jaillit du livre, m'enrobant soudainement, chauffant ma cicatrice puis une avalanche de souvenir m'assaillit de nulle part.

Alors, je me souvins.

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