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Chapitre 10: Profiter de vivre

 

Une déflagration intérieure. C’était comme si j’avais ouvert une armoire et que tous les souvenirs qu’elle contenait m’étaient tombés dessus. Je me rappelais de tout... De l’aiglon, de sa mère, de sa larme sur mon épaule, de cette chaleur, de cette lumière, de cette voix, de m’être assoupie, de mon réveil en totale incompréhension... Ma cicatrice était chaude et douce. A présent, elle était argentée et brillait sur mon épaule. Quant à moi, je ne saurais quel mot employer. J’étais à la fois choquée, ébahie, abattue et stupéfaite.

 

« - Miss Hayleen ? Â», appelait une voix.

 

Ma tête bourdonnait trop pour pouvoir identifier la voix. J’étais complètement sonnée.

 

« - Miss ? Â»

 

Je fermai les yeux. Les souvenirs effacés de ma mémoire défilaient en boucle à une vitesse incroyable.

 

« - Miss Hayleen, vous sentez-vous bien ? Â»

 

Dans l’effort absolu de me maîtriser, je rouvris les yeux. Le professeur Mc Gonagall était devant moi, l’air inquiet, sa main posée sur mon épaule gauche.

 

« - Oui, je vais bien Â», réussis-je à marmonner.

 

Je sentais ma cicatrice brûler et le bourdonnement de ma tête s’atténuer peu à peu.

 

- J’ai appelé Mme Pomfresh. Elle va vous amener à l’infirmerie. Â»

 

C’était une brillante idée. J’avais apparemment la faculté de guérir rapidement, mais ce n’était pas en restant là que ça allait s’arranger.

 

« - Professeur !, s’écria la voix de l’infirmière. Que se passe-t-il ? Oh, ne me dites pas que...

- Elle a besoin de soin, l’interrompit sèchement la Directrice. Nous parlerons de cela après.

- Bien sûr Â», répondit Mme Pomfresh le ton plus tendu. 

 

Elle fit apparaître un brancard et m’aida à m’y allonger. Quitter l’infirmerie en bonne santé et y retourner en mauvais état à une heure d’intervalle, ça relevait du record. Ma cicatrice s’était attiédie, à présent que j’entendais à nouveau normalement et que ma tête me faisait moins mal.

L’infirmière m’installa sur un lit et me fit boire une potion au goût de plantes. Peut-être était-ce pour me détendre, mais je n’avais absolument aucune envie de dormir actuellement. Comment diable avais-je fait pour oublier ça... ? Pour ne pas échapper à mon destin, sans doute. Et voilà que je me mettais à parler de tragédie antique ! L’auteur –dont il faudra que je trouve le nom- ne pouvait pas se douter que cette histoire serait vraie... Mais comment a-t-il fait alors, pour décrire ma vie en un conte alors que je n’étais peut-être même pas encore née (il faudra que je demande la date de parution, aussi) ? Peut-être était-il devin ? Peu plausible, tout de même. Je pensais qu’en lisant le conte, ça éclaircirait tout. On ne pouvait pas trouver meilleur antonyme ! Ça n’a fait que de compliquer la chose d’avantage. Je me sentais bien à présent, j’avais juste envie d’aller dans la Grande Salle et de parler avec Ethan et Hugo.

 

« - Miss Hayleen ! Endormez-vous, vous avez besoin de repos !, s’écria Mme Pomfresh scandalisée.

- Merci, mais je me suis déjà assez reposée, répondis-je un peu durement en m’asseyant sur le matelas.

- Mais vous... Ce n’est pas possible..., bégaya-t-elle.

- Votre potion a eu un grand effet, coupai-je. Merci beaucoup.

- Cette potion n’était pas pour vous guérir, c’était pour vous détendre, Miss. Je sais que vous avez envie de parler avec vos amis mais vous êtes de toute évidence mal en point.

- Je ne mens pas, suppliai-je. Je me sens en forme ! 

- C’est impossible, répliqua-t-elle.

- Écoutez, j’ai été sous le choc pendant quelques instants mais c’est passé et je ne me sens nullement malade. Et j’ai besoin de parler avec mes amis et mon frère. Je vous en prie Â», achevai-je.

 

L’infirmière eut un mouvement d’hésitation, mais après m’avoir observée sous toutes les coutures, elle soupira :

 

« - Très bien. Vous pouvez vous en aller mais revenez à la fin des cours. Et si vous sentez le moindre tournis, le moindre mal de tête venez immédiatement, accompagnée !

- Merci beaucoup ! Â», m’exclamai-je en sautant sur mes deux pieds.

 

Un dernier coup d’œil en direction de Mme Pomfresh qui marmonnait une incantation pour refaire le lit et je sortis de l’infirmerie en courant une fois hors de sa vue. Cette histoire était dingue. Complètement dingue.

 

« - Hé,  regardes où tu vas ! Â», vociféra une voix.

 

J’avais percuté quelqu’un, perdue dans mes pensées. Ce quelqu’un était nul autre que Scorpius. Comme par hasard !

 

« - J’ai failli tomb... Â»

 

Le blond avait relevé la tête. L’espace d’un instant, une drôle de surprise figea son visage puis il reprit son expression hautaine :

 

« - Ça ne t’a pas suffi de passer quatre jours à l’infirmerie, Hayleen ?, répliqua-t-il l’air mécontent. Tu cherches à te casser une jambe et à faire mal à quelqu’un d’autre pour avoir de la compagnie ?

- Je ne l’ai pas fait exprès, dis-je sèchement. Alors tu te calmes tout de suite, sachant que tu te trouves dans une position délicate, n’est-ce pas ?

- Vraiment, répondit-il en levant un sourcil.

- Mon frère, mes parents, Hagrid, Mme Pomfresh et le professeur McGonagall savent que tu es le responsable de mon agression !, criai-je la colère débordant de mon cÅ“ur.

- Ce n’est pas moi qui t’ai lancé des sorts, grogna-t-il en baissant néanmoins les yeux, l’air légèrement blême.

- Mais c’est bien toi qui a demandé à l’autre Serpentard de le faire !, fulminai-je.

- Hayleen, commença-t-il en prenant un air moqueur, tu dérailles compl...

- Non mais franchement !, explosai-je. Ne peux-tu pas assumer tes actes, pour une fois, Malefoy ?, continuai-je en m’avançant d’un pas, l’index pointé sur lui. Avoue-le ! Â»

 

Cette fois, il releva la tête et sans se démonter, s’avança lui aussi d’un pas menaçant.

 

« - Tu veux que j’avoue ? Très bien !, cria-t-il. J’ai effectivement demandé à l’autre imbécile de te jeter un sort, mais je n’ai jamais voulu qu’il en jette autant, et de si puissants ! Je n’ai jamais voulu ton mal, comprends-tu ?! Â», hurla-t-il comme si ses sentiments refoulés débordaient.

 

A cette phrase, il eut un mouvement de recul et son visage perdit toute trace d’arrogance mais plutôt d’une surprise horrifiée. Il me tourna précipitamment le dos.

 

« - Alors pourquoi ne m’as-tu pas défendue, hein ?, dis-je en brisant le silence gênant.

- Ça me faisait bien trop plaisir de te voir ainsi, répondit-il le ton de nouveau hautain.

- Tu te contredis, Malefoy. N’as-tu pas dit il y a quelques instants que tu ne voulais pas mon mal ? Â»

 

Encore une fois, un silence gênant s’installa. Il se retourna, les joues roses mais le visage dur. 

 

« - Je ne veux la mort de personne.

- Tu avais l’air, pourtant, d’aimer me voir souffrir, dis-je froidement.

- Je ne suis pas comme ça !, se révolta-t-il.

- Alors, comment es-tu, Scorpius Malefoy ?, m’exclamai-je. Un saint, c’est ça ? Oui, très sûrement ! Â»

 

Il s’avança vers moi brutalement et se stoppa net, son visage à une vingtaine de centimètres du mien.

 

« - Je ne suis pas un saint, mais je ne suis pas le Diable, Hayleen. Il faut savoir faire la différence ! Ah, vous, les Gryffondor ! Vous êtes pitoyables !

- Pitoyables ? Tu te moques de moi !, dis-je en m’avançant. Tu m’attaques, je finis à l’infirmerie et c’est moi qui suis pitoyable ! Â»

 

Scorpius s’avança d’avantage et siffla sournoisement, le regard noir :

 

« - L’Aigle Triste, ben voyons ! L’Aigle Geignard aurait été plus approprié ! Toujours à te plaindre, Hayleen. N’as-tu pas d’autres disques ? Â»

 

D’une voix totalement hypocrite et mielleuse, je demandai :

 

« - Tu sais à quoi tu me fais penser, Malefoy ? A une pauvre tâche qui n’assume ni ses actes ni ses paroles, et qui n’est même pas fichu de faire quelque chose de bien !, terminai-je en criant.

- Tu ne sais strictement rien de moi, répondit calmement Scorpius d’une voix lente. Tu sais ce que j’ai fait de bien ?

- Il n’y a rien de ce style qui me vient à l’esprit. Oh, peut être as-tu déjà dis « merci Â» une fois dans ta vie ? Oh, non, ce serait trop. Être honnête et gentil ? Oulah, on s’approche du miracle ! Tu vas pouvoir me le dire ? Ou plutôt me mentir ? Qu’as-tu déjà fait de bien, Malefoy ?

- Te sauver, Hayleen. »

 

Il me regarda dans les yeux. Ils étaient d’un gris d’acier, métallique et froid. Ils ne dégageaient ni de la haine ni du dégoût. Ils dégageaient ce qu’ils avaient dégagé la dernière fois, à l’infirmerie. Le temps que je cligne des yeux, Malefoy était parti. J’avais juste eu le temps de voir un courant blond disparaître au coin du couloir.

 

                                                                                    OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Automne !, s’écria Hugo, un grand sourire scotché sur le visage, la bouche pleine de purée. On se demandait quand est-ce que tu allais arriver. On s’apprêtait à aller te voir.

- Ça ne va pas ?, m’interrogea Ethan en perdant son sourire, l’air inquiet.

- J’ai beaucoup, beaucoup de choses à vous dire. Â»

 

Je leur parlai de ce qui s’était passé en essayant de n’omettre aucun détail. Des frissons me traversèrent tout le corps au dernier passage du conte.

 

« - Ça alors... C’est... Wow, souffla Hugo lorsque j’eus terminé mon récit, l’air un peu perdu.

- Je sais, murmurai-je.

- Le Conte... Et ta cicatrice... Et Scorpius... Â», ajouta Ethan la mine tout aussi chamboulée que celle d’Hugo.

 

Je ne leur avais parlé que très brièvement de ce qui s’était passé avec Scorpius. Je leur avait juste dit que l’on s’était percuté, que je l’avais reconnu en voyant ses yeux et qu’il m’avait dit m’avoir sauvée.

 

« - Est-ce que ça signifie que tu ne pourras pas mourir ?, demanda Hugo.

- Je ne pense pas, répondis-je en constatant que c’était une bonne question. Je guéris mais je ne pourrai pas revivre si je suis tuée.

- C’est une chance incroyable, dit Ethan. Aussi blessée que tu seras, tu guériras en quelques minutes !

- Oui, mais as-tu vu le prix à payer ? Je vais mourir.

- Seulement si tu sauves l’aigle, non ?, interrogea Hugo intelligemment.

- Non. Si je ne le sauve pas, il mourra et je mourrai à mon tour. Nous sommes liés, Hugo. De toute manière, je vais mourir. Alors autant mourir avec lui, tu ne crois pas ? Je sais que c’est ce que j’aurai fait si je n’avais pas lu le Conte. Et c’est ce que je ferai de toute manière.

- C’est injuste, renifla Ethan. Tu as sauvé son bébé et tu devras mourir...

- Mais d’ici là, il m’assure la meilleure protection possible. Et ce n’est pas précisé quand est-ce que je mourrai. Peut-être est-dans des années, peut-être même lorsque je serai très âgée, achevai-je avec un léger sourire.

- Ou peut-être est-ce dans trois jours Â», répondit Hugo la voix brisée.

 

Un silence pesant se cala entre nous trois.

 

« - Pas étonnant que tu obtiennes les meilleures notes en botanique, en tout cas, sourit Ethan en brisant la glace.

- Je ne sais pas si tu as remarqué, mais elle a les meilleures notes dans toutes les matières, rit Hugo le visage néanmoins crispé.

- Mais le professeur Londubat l’adore !, assura Ethan l’air amusé. Je l’ai entendu dire au professeur Coon qu’Automne est la meilleure élève qu’il n’ait jamais connu, « une véritable perle en botanique Â» !

- J’ai beaucoup appris dans le livre cet été, répondis-je les joues un peu rosies.

- Tu sais très bien que lorsque tu étais plus jeune tu savais guérir n’importe quel animal, et sans livre !, remarqua Hugo. C’est absolument incroyable, d’ailleurs. Mais comment as-tu appris à faire ça ?

- Je l’ignore, répondis-je. Ça m’est toujours venu comme ça, sans raison. Je savais ce que je faisais.

- Et tu savais aussi reconnaître les plantes ?

- Oui, je faisais mon propre herbier, je me rappelle que j’y tenais beaucoup, me souvins-je en riant. C’est bien plus tard que je me suis décidée à connaître leur nom.

- Tu es vraiment unique en ton genre ! Â», dit Ethan en éclatant de rire.

 

Hugo rit à son tour et j’échangeai un regard avec Ethan, qui me fit un petit sourire malgré des yeux légèrement embués. Je compris qu’il avait réussi à détourner la conversation sur un sujet bien plus joyeux et l’en remerciai d’un hochement de tête.

 

« - Mais au fait Automne, tu dois avoir faim, non ?, me demanda Hugo.

- Oh, oui ! Â», m’exclamai-je en y pensant.

 

Et pendant que nous mangions, je jetai un coup d’œil à la table des Serpentard. Scorpius était là et était en train de me regarder. Il détourna précipitamment le regard et entreprit de parler, reprenant un air arrogant, au groupe de filles qui buvaient ses paroles et épiaient tous ses faits et gestes.

Nous avions justement cours de botanique, avec les Serdaigle. J’aimais beaucoup Augustina Lovegood. Elle était assez étrange, mais vraiment adorable et attachante.

 

« - Bonjour à tous !, sourit le professeur Londubat au groupe. Aujourd’hui est un cours un peu particulier. Vous avez chacun devant vous un petit animal blessé –ils n’ont pas mal, je vous rassure, il s’agit de magie-, un mortier et un pilon. En suivant les indications de votre livre page 187, vous allez le soigner en fonction du style de blessure qu’il a. Tous les ingrédients nécéssaires se trouvent sur cette étagère, bien étiquetés. Au travail ! Â», conclut-il  en claquant des mains.

 

Ethan et Hugo m’adressèrent un regard entendu. L’animal que je devais soigner était un rat. Sa patte droite était coupée en diagonale et je sus tout de suite ce que je devais faire.

Sans prendre mon livre, je courus à l’étagère et pris les plantes sans faire attention à l’étiquette, les reconnaissant aussitôt. Je les coupai, les mis dans le mortier pour les écraser et afin qu’ils collent à la coupure, vidai un peu du liquide d’une racine dans le mélange. J’appliquai la mixture sur la blessure du rat et murmurai :

 

« -  Guéris, fruit de la nature, richesse du monde, soigne tes blessures en une douce seconde. Â»

 

Je l’avais toujours chanté en guérissant les animaux de la forêt. Ça m’avait toujours donné l’impression que l’animal guérissait plus vite ainsi. Une faible lumière argentée brilla sur la patte du rat puis disparu quelques instants plus tard. J’enlevai le pansement : la blessure n’était plus.

 

« - Impressionnant, Miss Hayleen ! 15 points pour Gryffondor ! », dit le professeur Londubat derrière moi.

 

Je souris puis lui répondit :

 

« - Vous savez, c’est le livre qui est impressionnant, pas moi.

- Je sais pertinemment que vous n’avez pas ouvert une seule fois le livre depuis le début de l’année ni regardé les étiquettes, Miss. Et je vois que vous avez rajouté votre note personnelle, ce qui change énormément de choses puisque sans celle-ci, la blessure aurait mis plus de temps à guérir, ajouta-t-il en voyant que j’allais parler. Et je sais comment vous faites cela. Â»

 

Il partit en me faisant un grand sourire. Mais bien sûr... Cette petite chanson changeait tout ! J’ai soigné l’aiglon en la chantant. Par conséquent, lorsque sa mère m’a transmis le pouvoir de guérir rapidement, elle m’a aussi transmis le pouvoir de guérir les autres rapidement, par le biais de cette chanson ! J’avais alors le pouvoir de soigner rien qu’en chantant !

 

« - Incroyable, Automne !, me dit Augustina avec son habituel sourire rêveur.

- As-tu guéri ton animal, Augustina ?, lui demandai-je précipitamment.

- Pas encore, non, je ne sais pas vraiment comment m’y prendre avec les souris.

- Est-ce que tu pourrais occuper le professeur Londubat pour qu’il regarde ailleurs pendant que j’essaie quelque chose avec ta souris ?

- Avec plaisir ! Â», sourit-elle.

 

Elle repartit en sautillant joyeusement. Lorsque Mr Londubat détourna le regard, je me précipitai vers la souris d’Augustina. Je devais vérifier si mon hypothèse était bonne.

L’animal était blessé au ventre. Je posai doucement mon index dessus et chantonnai à voix basse. Le petit ventre de l’animal brilla de son éclair argenté quelques instants puis disparut : la blessure elle-même avait disparu, comme si elle n’avait jamais existé. J’en avais le souffle coupé. J’avais le pouvoir de guérir sans même toucher aux plantes...

 

« - Oh, bien joué, Automne !, me félicita Augustina avec un sourire réjoui. Comment as-tu fait ?

- Avec la recette du livre !, dis-je.

- C’est drôlement rapide, constata-t-elle en regardant une tentacula vénéneuse au coin de la pièce l’air absent.

- C’est parce que c’est efficace Â», souris-je.

 

Une fois revenue à ma place, le professeur Londubat me demanda avec son habituel sourire d’aller aider ceux qui n’y arrivaient pas. « Sans touche personnelle Â», ajouta-t-il l’air amusé. Je me dirigeai automatiquement vers Ethan et Hugo. Hugo avait moyennement réussi (la blessure n’était guérie qu’à moitié) et Ethan n’y arrivait pas du tout.

 

« - Apparemment, tu as guéri ton rat très vite ? Â», me demanda Hugo.

 

Je leur expliquai ma récente découverte à toute allure.

 

« - Tu peux... Guérir les gens ?!, s’exclama Hugo d’une voix un peu trop forte.

- Chut !, soufflai-je en regardant autour si personne n’avait entendu.

- Désolé, Automne ! s’excusa-t-il en baissant nettement le ton.

- C’est fabuleux, tu as le pouvoir de guérir les autres sans même préparer de remède, c’est... Mais attends, Automne !, s’écria brusquement Ethan en relevant brutalement la tête.

- Par pitié, chut !, suppliai-je.

- Automne, tu ne te rends pas compte ?, dit-il d’un air démentiel.

- Mais de quoi, par Merlin ?!

- Si tu peux guérir rien qu’en chantant... Tu peux sauver l’aigle ! Tu peux te sauver toi ! Vous pouvez vous sauver mutuellement ! Â»

Il y eut un long moment de déclic.

« - Tu ne vas pas mourir ! Â», ajouta-t-il un énorme sourire plaqué sur le visage.

 

Il me serra dans ses bras. Hugo s’y rajouta et je serrai les miens encore plus fort.

 

« - Mais dans le Conte, il était écrit que j’entendrai ma voix, cette chanson. Elle n’a rien fait, elle n’a fait que de nous lier dans la mort, réalisai-je soudainement, plantant mon estomac sous mes pieds en desserrant mon étreinte. Peut-être que cela doit être ainsi. Que c’est mon prix pour avoir un don. Â»

 

Ethan et Hugo me regardèrent, l’euphorie disparaissant de leur visage émerveillé quelques secondes. Je leur souris. Ethan n’y tenant plus, une larme s’échappa de son œil gauche. Lui qui avait toujours conservé ses sentiments dans ses yeux, il semblait que c’en était trop. Il me reprit dans ses bras. Hugo avait un visage dépité.

 

« - On viendra avec toi, Automne Â», me promit Ethan la voix coupée.

 

Je resserrai mon étreinte, oubliant qu’on était dans une salle de classe, oubliant que tout le monde nous voyait. J’étais bien, avec mes amis, à profiter de ce qui était peut être l’un des derniers bons souvenirs de ma vie. 

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