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Chapitre 11: Le temps passe vite

 

Les semaines passaient à une vitesse affolante. Les jours défilaient, les cours s’enchaînaient. Je n’avais jamais vu le temps passer aussi vite. Sans doute parce que je savourais chaque minute, chaque seconde, chaque battement de cÅ“ur. Même en cours d’Histoire de la Magie, je ne pouvais m’empêcher de me dire que c’était peut-être la dernière fois que le professeur Binns nous parlait de la révolution des gobelins. Lorsque j’étais avec Peter, à qui j’avais d’ailleurs bien évidemment dit que j’avais lu le Conte –il fut effondré et j’ai lutté pour respirer à partir du moment où il m’a serré dans ses bras et ne m’a plus lâchée-, je me rendais compte à quel point j’avais de la chance de l’avoir. Le premier match de Quidditch de l’année allait arriver très prochainement ; nous nous étions suffisamment entraînés. Ce jour-là était un jour spécial : c’était en effet Halloween.

 

« - Il paraît que c’est génial !, s’enthousiasma Hugo pendant le cours de potion.

- De quoi ?, demandai-je distraitement en ajoutant des limaces à cornes dans la potion contre les furoncles.

- Du banquet d’Halloween à Poudlard, bien sûr !, répondit-il joyeusement en manquant de faire tomber ses épines de porc-épic. C’est mon père qui me l’a dit.

- Nous verrons bien, répondis-je en terminant la potion avec un coup de baguette.

- Excellent, Miss, excellent !, commenta d’un air ravi le professeur Coon qui passait derrière moi. 10 points pour Gryffondor ! Â»

 

Les Serpentard, avec qui le cours de potions était partagé, me lancèrent des regards noirs accompagnés de grognements. Seul Scorpius semblait ignorer la situation. Il continuait minutieusement sa préparation, non sans son arrogance bien visible.  Ce qu’il m’agaçait ! Certes, il m’avait sauvée et je lui en étais étrangement reconnaissante mais il n’en restait pas moins insupportable.

Le cours se finit toujours aussi rapidement. Impatiente d’être au prochain cours, je ne refermai même pas mon sac et sortis de la classe en trombes. Une Serpentarde à l’air vil s’empressa de se mettre en travers de mon chemin et je trébuchai avant de m’étaler par terre, mon sac se vidant sur le sol. Les Serpentard étaient morts de rire. Scorpius passa devant moi, ricana avec un sourire sournois et jeta :

 

« - Alors, Hayleen, on perd son équilibre ? Pas très agile pour un aigle ! Au moins, on est sûrs de gagner la Coupe de Quidditch. Ils devaient être vraiment désespérés pour te choisir ! »

 

Il repartit, suivi par sa horde « d’amis Â» qui marchaient volontairement sur mes livres et parchemins en pouffant. Malefoy n’avait pas changé pour un poil. Je me relevai péniblement et entreprit de ranger mes affaires, rouge de honte.

 

« - Automne ! On va t’aider !, s’écrièrent Hugo et Ethan en se jetant sur mes affaires.

- Merci, grognai-je en sentant toujours mes joues chauffer.

- Ce qu’ils sont méchants, ces Serpentards !, siffla Hugo en rangeant mes livres.

- Je suis d’accord avec Hugo, renchérit Ethan l’air mécontent. C’était totalement bête de faire ça.

- Ah, ce n’était donc pas une rumeur, l’arrogance des Gryffondor !, ris-je en les regardant traiter les Serpentard (de manière générale) de tous les noms. En plus, on va arriver en retard au cours de métamorphose ! Â», m’écriai-je brutalement en fourrant précipitamment toutes mes affaires à la va-vite.

 

Nous nous empressâmes de  courir jusque la salle de métamorphose où le professeur McGonagall nous attendait derrière son bureau. En fait, nous n’étions même pas les derniers.

 

« - Bonjour à tous, dit-elle une fois les retardataires arrivés. Aujourd’hui, vous allez transformer une allumette en aiguille à tricoter. Â»

 

J’aimais énormément ces cours. J’avais tellement hâte d’apprendre d’avantage de choses ! Enfin... Si du moins, j’étais toujours en vie... Cette pensée me fit l’effet d’un poignard planté en plein cÅ“ur.

Le professeur McGonagall nous fit une petite démonstration. L’allumette se transforma en une parfaite aiguille à coudre.

 

« - A vous, à présent. Si vous n’avez pas bien compris, regardez dans votre livre page 210. Â»

 

Je pris ma baguette. Longue de 31,25 centimètres, en bois d’aulne et composée de ventricule de dragon, elle ne m’avait pour l’instant pas trahie.

A la fin du cours, j’avais réussi à la transformer complètement -non sans moult difficultés. Ethan, lui, avait réussi à la transformer de moitié : seul le bout était pointu et argenté. Hugo, quant à lui, n’avait réussi qu’à colorer légèrement l’allumette dans une teinte grisée. McGonagall me félicita et donna 10 points à Gryffondor.

C’était une journée d’automne un peu maussade. Il faisait frais et les nuages couvraient entièrement le ciel. Le temps parfait pour jouer ou s’entraîner au Quidditch.

 

« - Salut Automne !, s’exclama justement David Carter, le capitaine de l’équipe, à l’autre bout du couloir.

- Bonjour David, lui souris-je.

- Samedi prochain, il y aura le premier match de Quidditch ! Â»

 

Je sentis mes entrailles se serrer.

 

« - On joue contre qui ?, lui demandai-je en essayant de contrôler ma nervosité.

- Serpentard, dit-il d’un air grave. Afin d’être totalement prêts, bien que toi tu sois fin prête depuis un mois déjà, il y aura un entraînement demain. A 15 heures ! Je compte sur toi pour venir et booster tout le monde ! A demain, Automne ! , termina-t-il en s’en allant avec un grand signe de la main et un énorme sourire.

- Et bien, quel enthousiasme !, commenta Hugo avec un sourire amusé. Il est toujours comme ça ?

- Je l’ai trouvé bien calme aujourd’hui, ris-je. Il doit sans doute être stressé. D’habitude, il est complètement dément.

- A croire que les capitaines de l’équipe de Gryffondor sont tous dans des extrêmes !, ajouta-t-il avec un regard entendu.

- Comment ça ?, demanda Ethan en levant un sourcil.

- Mon père m’a raconté qu’Olivier Dubois, le capitaine de l’équipe de l’époque de ses premières années à Poudlard était particulièrement à cheval sur les règles, la stratégie... Il prenait énormément au sérieux le Quidditch –et c’était un excellent gardien paraît-il.

- Ton père faisait partie de l’équipe de Quidditch ?, demanda Ethan.

- Oui, lors de sa 6ème année –année où le capitaine était Harry Potter. Comme gardien, précisa Hugo l’air fier.

- Par Merlin !, s’écria Ethan l’air catastrophé.

- Je sais, ajouta Hugo les oreilles rosies. C’est classe, hein ?

- Ce n’est pas ça ! On a cours d’Histoire de la Magie ! Â»

 

Je regardai Hugo, Hugo me regarda, regarda Ethan qui me regarda à son tour et éclata de rire. Je ne pus retenir une explosion hilare, vite suivie par Hugo qui souffla tant bien que mal qu’il fallait se dépêcher.

Le professeur Binns marmonnait avec son habituelle voix monotone lorsque j’ouvris la porte et fut à peine surpris de nous voir débouler dans la classe. Les élèves, au contraire, semblaient ravis d’assister à une distraction.

 

« - Nous sommes désolés, professeur, haletai-je. Je... Nous avons...

- Hmm, grogna-t-il l’air un peu absent. Disais-je donc, les gobelins ont toujours été contre le système des sorciers qui selon yeux se jugeaient et se jugent encore une fois supérieurs... Â»

 

J’écrivis le plus vite possible ce qu’il venait de dire sur un morceau de parchemin. L’heure d’ennui avait commencé. Une précieuse heure de vie perdue en cours d’Histoire de la Magie ! Quel gâchis ! Je me sentais tourner autour du pot. Je ne pensais plus qu’à la vie, qu’à la mort, qu’à ce fichu conte... Il me pourrissait juste l’existence.

 

« - Est-ce que ça va ? Â», me chuchota Hugo l’air inquiet.

 

Je lui répondis par un hochement de tête et d’un sourire que je n’espérais pas trop forcé. Non, ça n’allait pas bien, par Merlin. J’étais tellement heureuse de rentrer à Poudlard pour sept années d’études géniales ! Si j’avais su... N’y avait-il aucun moyen de se défaire du sort ? Non. Quoiqu’il se passe, je n’arriverai pas à sauver l’Aigle et à me sauver moi. Mais peut être que si je le trouvais avant... Bah ! Trouver un aigle ! C’est bien simple, tiens ! Je sais que je saurais le reconnaître, mais déjà pour en trouver un, bonjour. Il y avait forcément une solution... A ce que je sache, l’époque de la Tragédie grecque est passée et il n’y a, en tout cas à ma connaissance, aucune malédiction sur la famille. Enfin, ils ne m’ont jamais rien raconté sur le conte. Donc tout compte fait, la Malédiction est envisageable. Je laissai échapper un éclat de rire en ayant l’absurde vision de toute ma famille déguisés en Dieux, ce qui reporta l’attention de toute la classe sur moi. Cassandra renifla dédaigneusement tandis que j’essayai tant bien que mal de me ratatiner le plus possible dans ma chaise. Ethan et Hugo arboraient le même sourire amusé. Et eux ? Vont-ils m’oublier facilement ? Je l’ignore. On ne se connaissait que depuis deux mois, je n’étais pas leur meilleure amie malgré le fait que moi, je tenais beaucoup à eux. Peut-être que ça les chamboulera deux ou trois jours, puis ils s’en remettront ? Et ma famille ? Et Peter ?

 

« - Automne ! Les cours sont terminés !, me dit Ethan en secouant sa main devant mes yeux.

- Oh, excuse-moi, j’étais dans mes pensées, répondis-je en faisant mon sac.

- Encore ?, nota Hugo d’un air perplexe. Ça t’arrive de plus en plus souvent.

- Je me demande... S’il n’y a pas moyen d’éviter... Vous savez-quoi Â», dis-je la gorge légèrement nouée.

 

Hugo baissa les yeux, Ethan passa sa main sur sa nuque.

 

« - Tu aurais des... idées ?, me demanda maladroitement celui-ci alors que nous nous dirigions vers la Salle Commune.

- J’essaie d’en trouver, en tout cas, dis-je en haussant les épaules. Mais à moins de réussir à dénicher l’Aigle, ce qui est déjà balèze, et d’ensuite le garder en tant qu’animal de compagnie pour s’assurer de sa santé, je ne vois pas d’autre solution.

- Mais... Et si tu l’appelais ?, s’exclama-t-il soudainement en s’arrêtant de marcher.

- L’appeler ? Je ne parle pas le langage des aigles, Ethan, soupirai-je néanmoins amusée.

- Je veux dire, si tu chantais ta chanson ! Tu es liée à l’aigle. Si tu chantais ta chanson, il l’entendrait, ce serait comme un signal, non ?

- Tu as oublié qu’Automne l’a chanté en cours de botanique, deux fois, remarqua intelligemment Hugo. Il n’a pas pointé le bout de son bec pour autant.

- Impasse, constatai-je avec déception.

- Et ta cicatrice ?, tenta une nouvelle fois Ethan.

- Elle est devenue brillante et argentée, à présent.

- Non, je veux dire qu’elle est LE lien à l’oiseau ! Si tu la touchais en chantant, en prononçant une incantation... N’importe quoi ?

- Ou en pleurant dessus, proposa Hugo l’air impassible. Je vous laisse sortir les oignons.

- Ce n’est pas drôle Â», dis-je avec néanmoins un sourire et une envie de rire.

 

Un énorme BANG résonna au travers du couloir. Automatiquement, nous prîmes nos baguettes en main...

 

« - Par la barbe de Merlin ! PEEVES ! Â», hurla une voix qu’on aurait dit rouillée.

 

Ce n’était que le concierge, Argus Rusard, un très vieil  homme tenace et détesté de tous les étudiants depuis qu’il travaillait à Poudlard. Il courait à la poursuite de Peeves, l’esprit Frappeur qui semait le chaos, les cheveux longs, blancs et crasseux du concierge voletant dans l’air.

 

« - Je n’arrive toujours pas à comprendre comment il peut encore travailler ici !, dit Hugo avec une moue ébahie. Il travaillait déjà quand mes parents sont arrivés à Poudlard... Il doit être méga vieux ! 

- Il a toujours la pêche, en tout cas, relevai-je en regardant Rusard passer comme une flèche, le pas hargneux.

- C’est Peeves, il le rend dingue, dit Ethan.

- N’importe qui deviendrait dingue avec Peeves !, approuvai-je. Mais il paraît qu’il a apporté sa pierre à l’édifice en faisant devenir chèvre, sur demande de Fred et George Weasley (les oreilles d’Hugo rougirent légèrement), une prof du Ministère tyrannique qui avait pris possession de Poudlard en interdisant les élèves de pratiquer de la magie lors de la 5ème année de tes parents, Hugo.

- Bah, ce doit être la seule chose de bien qu’il ait faite ici !, répondit-il. Et puis, il s’agissait toujours d’embêter quelqu’un. Â»

 

La Salle Commune était joyeusement animée. De rares élèves travaillaient, d’autres bavardaient avec volume, d’autres encore jouaient aux échecs et dans un coin de la pièce, un groupe se bidonnait avec des produits de Farces et Attrapes.

 

« - C’est toujours la fête, chez les Gryffondor, entendis-je ronchonner le Préfet arrivé à côté de nous.

- Il vaut mieux ça qu’une ambiance de mort, non ? Â», lançai-je timidement.

 

Il se retourna, surpris, puis me fit un sourire légèrement crispé.

 

« - Je suis censé faire régner le calme et l’ordre.

- Relax, Max !, s’exclama un élève qui avait l’air d’être en cinquième année en lui donnant une bourrade. Tu préférerais l’ambiance des Serdaigle ?

- Ce serait moins de travail, railla le Préfet. Au moins, eux ne font pas n’importe quoi.

- Hé !, cria soudainement l’élève en ignorant le Préfet et en reportant toute son attention sur moi. Ce ne serait pas toi, Automne Hayleen ?

- Ah... Je... Veux dirais... Non, je veux dire...

- Incroyable !, me coupa-t-il en me serrant la main. Enchanté de te rencontrer. Moi, c’est Emerson. Et ce nul piqué au règlement que tu vois là, ajouta-t-il en désignant le préfet qui lui jeta un regard noir,  on l’appelle Monseigneur, mais son vrai prénom, c’est Matthiew. Ou Matt. Ou Matou. C’est comme tu le sens.

- NE-M’APPELLE-PAS-MATOU !, rugit sèchement Matthiew. Je vais aller faire le tour dans les couloirs voir s’il n’y a rien qui puisse nuire. A bientôt, Automne.

- Au revoir !, lui répondis-je avec un sourire.

- Adieu, Monseigneur !, lança Emerson en faisant une révérence largement exagérée. Je le taquine, mais c’est mon meilleur ami, ne t’en fais pas, ajouta-t-il à mon attention. Alors, Automne Hayleen, hein ? Le conte est réel ?

- J’espère que non, répondis-je en tournant le regard vers Ethan et Hugo qui affichèrent une moue.

- Oh, je vois, dit Emerson en faisant lui aussi une moue. La mort, c’est ça ? Â»

 

Je hochai la tête en guise de réponse.

 

« - Mais, continua-t-il, le reste... C’est vrai ? Â»

 

Je hochai de nouveau la tête. Il sourit.

 

« - Tu sais, peut être que ça ne se passera pas comme ça. Maintenant que tu connais ce qui est censé être ton destin, tu as le pouvoir de le changer. Je te souhaite bonne chance, Automne, termina-t-il avec un sourire réconfortant. A bientôt ! Â»

 

Il s’en alla avec ses amis. En silence, j’allai m’installer avec Ethan et Hugo à une table en lâchai un soupir en ouvrant mon livre d’Histoire de la Magie.

 

« - Il est l’heure d’aller au banquet !, lança Hugo avec joie au bout d’une heure de travail acharné.

- J’avoue que moi aussi, j’ai faim, dit Ethan en se massant le poignet après avoir posé sa plume.

- Déjà ?!, m’exclamai-je. Je n’ai même pas fini mon devoir de Métamorphose !

- Automne, enfin, tu as écrit le double de ce qu’il fallait faire !, dit Hugo l’air scandalisé.

- Très bien, j’écris juste ma conclusion et je vous rejoins dans la Grande Salle, d’accord ?

- Tu es sûre ?, demanda Ethan l’air inquiet.

- Sûre chaussure, confirmai-je avec un sourire.

- D’accord, alors, à  tout à l’heure ! Â», me salua Hugo.

 

 Je me remis à écrire sur le parchemin. Une grande concentration est essentielle pour transformer un objet initial à un autre, généralement à l’état solide. L’incantation elle-même ne suffit pas : en effet, la métamorphose ne peut correctement réussir sans l’exact mouvement du poignet tenant la baguette. Pour ce qui est...

 

« - Automne ? Â»

 

Je levai la tête. Phil Finnigan se tenait à la porte.

 

« - Quelqu’un veut te voir.

- Ah oui ?, demandai-je.

- C’est ton frère ! Â»

 

Ni une ni deux, je roulai le parchemin et rangeai ma plume. Tant pis, je finirai après le banquet. Je remerciai Phil et sortit de la Salle Commune où un Peter, la mine fatiguée mais joyeuse, m’attendait. Je me jetai dans ses bras :

 

« - Peter !

- Coucou, sœurette, répondit-il en me caressant les cheveux.

- Que fais-tu là ?, demandai-je en posant mon sac à terre.

- Je voulais juste prendre de tes nouvelles. On va ensemble au banquet ?

- D’accord, oui !, souris-je.

- Tes cours se passent bien ?, interrogea-t-il en prenant mon sac sur son épaule.

- Le cours d’Histoire de la Magie est toujours aussi ennuyeux, ris-je. Mais j’adore vraiment le reste.

- Tu n’as aucun souci avec les autres élèves ?

- Oh, non, les Gryffondor sont vraiment gentils ! Bon, les Serpentard restent égaux à eux-mêmes mais le principal c’est que dans ma Maison, tout est niquel.

- Et les profs ?

- Dis-moi, tu joues à l’Inspecteur ?, ris-je.

- C’est juste que... Je te trouve de plus en plus soucieuse, en ce moment Â», confia-t-il.

 

On arrivait au sujet délicat.

 

« - Ce n’est rien. C’est à propos du Conte, c’est tout, répondis-je rapidement.

- De quoi exactement ? Â», demanda-t-il d’un ton léger.

 

Je le sentais extrêmement nerveux. Je le connaissais par cÅ“ur : lorsque son annulaire commençait à se plier et à se tendre frénétiquement et qu’il regardait droit devant lui comme s’il se trouvait une chose captivante, il était déjà dans un état de stress bien avancé.

 

« - Je pense que tu connais la réponse Â», répondis-je lourdement.

 

Il ne répondit pas et continua de fixer droit devant lui.

 

« - Peete, insistai-je. S’il te plaît.

- Que veux-tu que je dise, Automne ?, continua-t-il sans s’arrêter de marcher.

- Je ne sais pas, des paroles réconfortantes, des trucs qu’un grand frère dirait à sa sÅ“ur qui va mourir on ne sait quand ? Â»

 

Il s’arrêta brutalement et lâcha les sacs. Son annulaire se tordait, se pliait, se contorsionnait dans tous les sens.

 

« - Pardon, je ne voulais pas dire ça..., m’excusai-je les lèvres tremblantes.

- Est-ce que tu crois que tu es la seule à souffrir de cette nouvelle, Automne ?, répliqua Peter en me regardant enfin. Est-ce que tu peux comprendre ce que je ressens, moi ? Ce que papa et maman ressentent, eux ? Peux-tu imaginer une seule seconde la peur qui nous prend tous aux tripes depuis qu’on a lu le Conte et qu’on t’a identifiée comme l’Aigle Triste ? Ça me fait mal, ça me meurtrit, ça me tue chaque jour de plus en plus, lentement et douloureusement ! Sais-tu ce que peut ressentir un grand frère qui sait depuis des années qu’il va perdre sa petite sÅ“ur, sa petite sÅ“ur qui est tout et qui a toujours été tout pour lui ?

- Je comprends, mais est-ce que tu sais, toi, ce que l’on peut ressentir quand on découvre que l’on est destiné à mourir depuis que l’on est né, d’une fin calculée et prévue ? Quand on a 11 ans, qu’on entre à Poudlard, qu’on s’imagine avec bonheur pouvoir vivre 7 longues années d’études et qu’à peine quelques jours plus tard, on découvre  qu’on ne passera peut-être pas sa 3ème année ? C’est dur pour vous, mais c’est dur pour moi aussi, Peter. Â»

 

Dans ses yeux brillaient des larmes refusant de sortir. Avec un bien faible sourire, je lui caressai la joue de ma main qu’il serra dans la sienne, tout contre son visage.

 

« - Excuse-moi, sanglota-t-il.

- Oh, Peete, on ne va pas recommencer, ris-je doucement.

- On ne peut pas laisser les choses se dérouler ainsi, il y a forcément un moyen...

- Non, Peter, souris-je avec peine. S’il... Part, je m’en vais aussi. Si je l’aide, c’est la même chose. Â»

 

En silence, il reprit les sacs, passa un bras sur mes épaules et me tint contre lui jusque dans la Grande Salle, où il me rendit mon sac et m’embrassa sur le front. Je le saluai d’un geste de la main et le regardai s’installer avec les Serdaigle tandis que de mon côté, je rejoins la table des Gryffondor.

 

« - Ta conclusion à prit plus longtemps que prévu ?, interrogea Hugo.

- Mon frère m’attendait, on a fait le chemin ensemble et on a pas mal discuté, en fait, expliquai-je en m’asseyant devant lui. Â»

La Directrice, alors assise à la table des professeurs, se leva. Le brouhaha s’estompa peu à peu.

« - Tous les professeurs ainsi que moi-même vous souhaitons une joyeuse fête d’Halloween !, dit-elle simplement, un sourire sur le visage. Bon appétit à tous ! Â»

 

Elle claqua des mains et le buffet apparut sur les tables. Il était énorme et encore plus chargé que de coutume : des pommes d’amour, des grosses sucettes colorées de différentes formes, des Chocogrenouilles, des Patacitrouilles, des Bulles Baveuses, des Chocoballes, des Souris en sucre... Toute la table, en plus des plats typiques, regorgeaient de diverses sucreries. Hugo se tortillait frénétiquement sur le banc.

 

« - Bon appétit, Hugo ! Â», ris-je en le voyant se servir généreusement, ses mains ne sachant plus quoi attraper.

 

C’était si délicieux que j’en oubliai quelques minutes le Conte. Hugo nous racontait avec passion l’histoire du premier banquet d’Halloween de ses parents, combattant un troll des montagnes dans les toilettes des filles. Il régnait dans la Grande Salle une ambiance chaleureuse et amicale néanmoins, une étrange impression m’oppressait, une impression que je ne saurais expliquer. Je chantonnai alors machinalement, dans un murmure:

 

« - Guéris, fruit de la nature, richesse du monde, soigne tes blessures en une douce seconde... Â»

 

Soudainement, un énorme « BANG Â» de tonnerre résonna dans toute la Grande Salle et des éclairs fusèrent dans le ciel magique.

Tous les élèves relevèrent la tête dans l’incompréhension la plus totale. Les professeurs se levèrent brutalement, leur baguette brandie, leur visage d’un inquiétant sérieux. Soudain, après l’éclair, le ciel magique se découvrit et une puissante lumière en émana. Un mélange entre le doré et l’argenté... Et un grand cri retentit, venant de nulle part, figeant tous les visages et stoppant les battements de mon cÅ“ur : c’était le cri de l’Aigle. 

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