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Chapitre 8 : Complications

« - Ton rendez-vous à l’air de s’être bien passé Â», constata Hermione au vu du sourire béat de son meilleur ami.

 

Harry venait de revenir de la Pièce Va-et-vient, sentant des papillons dans son ventre. Il ne pouvait s’empêcher de sourire encore et encore, se rappelant continuellement du « Je t’aime, Harry Â» que Drago avait prononcé de sa propre bouche. Il l’aimait... A cet instant, il aurait pu réaliser le Patronus le plus puissant que jamais personne n’aurait réussi à produire. Il était tellement heureux qu’il ne pouvait plus parler et se contentait d’hocher hystériquement la tête, en buvant un verre de jus de citrouille. 

 

« - Tu lui as enfin parlé du bal ?, lui demanda-t-elle alors qu’ils se dirigeaient vers la classe de Métamorphose.

 

- Laisse tomber, dit Ron en levant les yeux au ciel, tu vois bien qu’il a paumé sa langue. Elle a dû se perdre avec Malefoy. Â»

 

Harry s’étouffa de peu avec son jus de citrouille tandis qu’Hermione reprochait une fois de plus à Ron sa grossièreté et son manque de tact. La jeune Gryffondor roula des yeux et fit disparaître d’un coup de baguette le verre ainsi que son contenu, qui s’était retrouvé sur la robe d’Harry.

 

« - Pour te répondre, Hermione, toussa celui-ci les joues enflammées, on en a effectivement parlé.

 

- Enfin !, souffla-t-elle. Ce n’est pas trop tôt. Et alors ?

 

- On a... Décrété qu’on décidera plus tard, continua Harry avec un sourire gêné.

 

- Vous ne vous êtes toujours pas mis d’accord ?, s’énerva Hermione. Harry, c’est dans trois semaines, il faudrait peut-être songer à prendre une décision. Elle n’est pas à prendre à la légère, et elle aurait déjà dû être prise !

 

- On verra ça plus tard, répéta-t-il.

 

- Et qu’est-ce qu’il en pense, lui ?, demanda Ron. Parce que je vois mal Malefoy danser sur une musique de slow.

 

- Il a dit que ce serait « drôle Â», pour reprendre ses mots, dit Harry. Et que ce serait l’occasion de faire comprendre à l’école qu’on est... Ensemble.

 

- Je suis plutôt d’accord avec la deuxième idée, dit Hermione en haussant les épaules.

 

- Tu es d’accord avec Malefoy ?, fit Ron en la regardant d’un air abasourdi.

 

- Pas moi, contredit Harry en ignorant la remarque de son meilleur ami. Enfin, un peu, mais... Hermione, pense à la soirée ignoble que ce serait avec tous ces crétins à se moquer de nous ! Pas que la soirée, d’ailleurs, ça s’étendrait jusqu’à la fin de l’année. Et la Gazette...

 

- Tu sais très bien que vous ne pourrez pas cacher votre relation indéfiniment, fit-elle avec justesse. Et personne n’osera s’attaquer à Malefoy et par extension, à toi dès qu’il sera dans les parages. Et on sait tous les deux très bien qu’au fond de toi tu en as envie, pas vrai ? Â»

 

Harry ne put s’empêcher de sourire à cette idée. C’est vrai qu’au fond de lui, il en avait envie. Mais il n’avait pas envie d’infliger toute cette pression médiatique à Drago, qui en avait déjà bavé à cause de son père. Mais il semblait en mesurer les risques. Après tout, Drago Malefoy n’avait jamais rien fait à la légère ; il était loin, très loin d’être idiot.

 

Soudain, sans prévenir, Ron s’arrêta de marcher, se retourna violemment et se planta droit devant un Poufsouffle qui allait lui aussi au cours.

 

« - Tu fous quoi, Smith ? Â», demanda Ron avec un énervement qu’il ne lui ressemblait pas.

 

Zacharias ne prit même pas de jouer la carte de la surprise.

 

« - Ce n’est pas à moi qu’il faudrait demander mais plutôt à ton propre meilleur ami Â», répondit-il en fixant son regard droit sur Harry.

 

- Dégage, Smith, rétorqua celui-ci en tentant de se contrôler.

 

- Il est bien faible, le Potter, notamment devant des serpents, n’est-ce pas ?, attaqua-t-il avec un sourire fier. A moins que tu sois tellement attendri par ces adorables petites bêtes que tu prends plaisir à les embrasser. Â»

 

Harry retint Ron du bras, s’apprêtant à lui faire mordre la poussière, et Zacharias s’avança droit vers lui –tellement près qu’Harry ne put s’empêcher de se reculer prudemment.

 

« - Si j’étais toi, souffla le Poufsouffle dans son oreille, j’éviterais de m’attaquer à des gens comme moi. A la moindre petite bévue, Potter, au moindre relâchement, à la moindre chose qui me déplaît, tu verras de magnifiques photos placardées sur les murs de Poudlard avec un Maléfice de Glue Perpétuelle. Des photos de toi et ton amour pour les serpents.

Et règle numéro une, Potter, n’ose même pas lui en parler. Â»

 

Sur cette dernière phrase et un ricanement satisfait, il entra dans la classe où McGonagall patientait d’un air sévère. Sans prendre le temps d’expliquer à Ron et Hermione, il le suivit et s’assit à sa place habituelle. Son meilleur ami ne posa pas de question, constatant qu’il valait mieux ne pas lui adresser la parole.    

 

Dans la tête du Survivant, tout ce qui était à peu près sensé s’était lamentablement écroulé et il sentait son ventre à la fois vide et lourd. Il n’avait qu’une seule envie : étrangler Smith. Il était encore pire, cette année, que les années précédentes. Et lui faisait sérieusement du chantage ? Harry se sentait à la fois tiraillé par le souhait ultime d’aller l’envoyer paître en Albanie et, de l’autre côté, par l’envie de s’écraser au plus profond d’un précipice pour ne pas risquer une seule seconde que ces photos soient divulguées.

 

Il fronça soudainement les sourcils. Comment avait-il eut ces photos ? Il n’avait pourtant rien entendu lorsqu’il était allé à la Salle-sur-Demande, et il aurait parié que même Dumbledore ne pouvait pas prendre de photos au travers des murs... Mais oui. L’espèce de frottement ! Ça devait être Zacharias, qui l’aurait suivi afin de découvrir où il allait, muni d’un appareil photo pour appuyer ses preuves. Mais il n’avait entendu qu’un frottement, et non le bruit très caractéristique et franchement audible de l’appareil photo -il pouvait remercier Colin Crivey pour savoir le reconnaître. Il réfléchit quelques instants avant de fourrer son visage dans ses mains avec un soupir défait : Smith avait dû acheter le tout dernier appareil photo sorcier, qui avait la brillante faculté d’être silencieux.

 

Il se souvenait, maintenant, d’avoir vaguement entendu il y a des semaines de ça Zacharias se vanter du tout nouveau Photox 2000. Bien entendu, sur le moment, Harry se contrefichait de cet achat comme de sa première chaussette, mais ça prenait aujourd’hui de l’importance et expliquait comment le Poufsouffle avait fait pour ne pas se faire repérer. Je pourrai toujours le remercier d’avoir été son premier modèle, maugréa intérieurement Harry. Il eut soudain un espoir : et s’il réussissait à supprimer les photos ? Non. Il se doutait que Smith cachait précieusement son bel outil qui avait dû coûter autant de gallions qu’il y n’y en avait dans son propre coffre-fort à Gringotts.

 

L’autre manipulateur le planquait sûrement dans son dortoir, et il était impossible d’y entrer sans se faire repérer. De plus, bien qu’il ait entendu que la Salle Commune de Poufsouffle se trouvait non loin des cuisines, il ignorait le mot de passe. Une rumeur disait même que si on se trompait, une marée de vinaigre venait nous rincer la tête. En bref, de quoi décourager sérieusement.

 

« - Quel petit con, jura Ron une fois qu’Harry eut raconté à lui et Hermione la menace de Zacharias.

 

- Je suis d’accord, affirma une Hermione furieuse. J’ai envie de le gifler !

 

- Si son s’y met à trois, on arrivera peut-être à lui faire changer d’avis, suggéra Ron d’un air diabolique.

 

- Je ne sais pas si c’est une bonne idée, répondit calmement Harry.

 

- De toute façon, qu’est-ce qu’il peut bien faire ?, se demanda leur amie à voix haute avec concentration. Peut-être qu’il bluffait.

 

- Tu ne vas pas dire qu’il bluffait, il me semble que ce qu’il a vu est assez clair, dit-il fermement.

 

- De ce côté-là, c’est sûr, il a les photos, admit-t-elle. Mais je ne pense pas qu’il te fera réellement du chantage. Il cherchait peut-être à te faire peur.

 

- Tu le penses sérieusement, Hermione ? Â», demanda Harry en la regardant avec un scepticisme.

 

Elle esquissa un espèce de début de sourire étrange, qui se transforma en grimace pour finir sur une moue pas très convaincue.

 

« - Au pire, se rattrapa-t-elle puisqu’Harry ne croyait manifestement pas à cette éventualité, comme je disais tout à l’heure, il ne reste que trois semaines avant le bal. Si tu y vas avec Malefoy, vous ferez vous-même faire éclater la vérité et Zacharias n’aura absolument plus rien pour te faire pression.

 

- Il peut se passer beaucoup de choses en trois semaines, railla-t-il.

 

- Sauf si vous balancez tout avant le bal, proposa Ron.

 

- Hors de question !, s’écria Harry catégorique. Déjà que je ne suis pas entièrement sûr de vouloir aller au bal avec lui...

 

 - On peut prendre du Polynectar pour entrer dans la Salle Commune avec Macmillan qui est dans son dortoir et piquer son appareil photo !, relança-t-il.

 

- La potion prend un mois de préparation, rappela Hermione avec agacement. Et le bal est dans moins d’un mois, donc ça ne servirait à rien. Â»

Entre ses deux meilleurs amis qui se chamaillaient, Harry se sentait perdu et s’énervait tout seul. Pourquoi est-ce qu’il y avait toujours quelque chose qui venait exploser, sans cérémonie, son bonheur ?

 

« - On a quoi, maintenant ?, demanda distraitement Harry, désireux de changer de sujet.

 

- Botanique avec les Serpentards, répondit Hermione d’un air entendu. Avec un peu de chance, si tu te retrouves avec Malefoy, tu pourras lui en parler. Â»

 

Harry, malgré lui, la foudroya du regard.

 

« - Lui en parler ?, répéta-t-il. Tu plaisantes, j’espère ?

 

- Pourquoi ?, fit-elle un peu perdue –ce qui lui arrivait très rarement.

 

- Tu me vois sincèrement me plaindre à Malefoy que Zacharias Smith me menace ? De toute manière, l’autre crétin a déposé sa première règle : ne pas lui en parler. Non, franchement, ajouta-t-il avec fatigue. Cette histoire est ridicule. Au pire, je lui explose le nez contre le mur de sorte à ce qu’il ressemble à celui de Kreattur, on verra bien s’il ose montrer une seule de ces photos à qui que ce soit. Â»

 

Ron éclata de rire tandis qu’Hermione leva les yeux au ciel d’un air excédé, et ils atteignirent les serres en silence.

 

« - Bonjour jeunes gens, clama Chourave avec force. Comme d’habitude, je fais les binômes. Mr Goyle, je vous conseille de ne pas toucher aux Tentacula vénéneuses. Â»

 

Il semblait que la chance soit avec Harry car Drago arriva vers lui, un air à la fois moqueur et exaspéré sur le visage.

 

« - Tu joues très bien la comédie, je te l’avais déjà dit ?, murmura impassiblement Harry en feuilletant son manuel.

 

- Plusieurs fois, oui Â», répondit le blond sur le même ton.

 

Harry s’empêcha de sourire et vit au travers du regard soi-disant méprisant de son petit-ami que c’en était de même pour lui.

 

« - Tu t’occupes de la plante ?, fit le Serpentard en désignant l’Achillée sternutatoire qu’ils devaient trancher en longueur.

 

- Débrouille-toi, railla Harry. J’ai déjà donné dans le découpage inutile ce midi.

 

- Je n’ai pas fait exprès, se défendit-il. C’est ton foutu truc moldu qui a complètement déconné.

 

- D’une, ce n’était pas le mien et de deux, c’était quand même sacrément stupide de garder ta baguette en main alors que je t’avais demandé de secouer la poêle Â», répliqua le Gryffondor en levant les yeux au ciel.

 

Chourave cria si brutalement sur Lavande qui venait de faire tomber une mandragore qu’elle en perdit son chapeau sale et élimé.

 

« - Alors il vaut mieux que tu le fasses, répondit mielleusement Drago. Ce serait dommage de réduire ce si beau bob informe et verdâtre en cendres. Â»

 

Les joues d’Harry faillirent exploser tant il retint un éclat de rire avec une force surnaturelle.

 

« - Mr Potter, Mr Malefoy !, s’exclama justement Chourave en se rapprochant, après avoir replacé son chapeau. Il serait grand temps de trancher l’Achillée. Tous vos camarades sont actuellement à l’étape trois.

 

- Nous réfléchissons quel moyen serait le meilleur, professeur, répondit Harry.

 

- Cet abruti n’a toujours pas compris que le meilleur moyen de couper quelque chose reste un cutter, lança spontanément Drago avec tranquillité.

 

- Mr Malefoy ! Â», s’écria le professeur de Botanique avec indignation.

 

Elle parut plus troublée que scandalisée lorsqu’Harry éclata de rire avec Drago –heureusement, tout le monde semblait trop concentré sur son travail pour remarquer quoi que ce soit.

 

« - C’est toi, l’abruti, piqua le Gryffondor avec amusement une fois que Chourave fut partie sans un commentaire.

 

- C’était franchement pas terrible comme réponse. Tu as encore beaucoup, beaucoup de choses à apprendre en matière de tac-au-tac, dit-il avec fierté. Je sais que tu m’admires et que tu veux absolument égaler mon talent, mais je ne te conseille pas de réessayer –c’était foireux.

 

- J’aurais essayé, au moins, Monsieur le Maître du Style Â», protesta Harry.

 

Après cinq bonnes minutes de répliques plus tenaces les unes que les autres, Harry avait fini par abandonner.

 

« - Quelle puissance, se félicita présomptueusement Drago en regardant avec joie son petit-ami couper l’Achillée.

 

- La prochaine fois, c’est toi qui te charges des corvées Â», promit Harry en manquant de se trancher l’index.

 

Le blond attrapa discrètement et avec douceur les doigts d’Harry, dont le cœur s’emballa à ce contact.

 

« - Au fait, murmura-t-il, il te veut quoi Smith ? Â»

 

Harry releva le regard, surpris.

 

« - Tu sais de quoi je parle, ajouta Drago en détournant les yeux –Parvati Patil regardait dans leur direction. Il n’arrête pas de te fixer et je n’aime pas particulièrement son regard malfaisant. Â»

 

La voix de Zacharias résonna soudainement dans sa tête : « Et règle numéro une, Potter, n’ose même pas lui en parler Â».

 

« - Il ne se passe rien, mentit-il. C’est un crétin arrogant et égoïste qui prend un malin plaisir à me faire suer, c’est tout. Â»

 

Ce n’était au final qu’un semi-mensonge car il y avait quand même une bonne part de vérité là-dedans.

 

« - Il ne le faisait pas avant, insista son petit-ami avec l’aide de son regard glacé et sceptique.

 

- Je ne sais pas, je ne le regarde pas, répondit Harry avec un semi-sourire discret en serrant un peu plus son auriculaire. Sérieusement, il est sûrement pris d’une nouvelle lubie stupide et si c’est le cas, je n’en n’ai aucune idée. Â»

 

Il savait que Drago était un Légilimens extrêmement doué, et il savait que lui-même était un Occlumens qu’on qualifierait de lamentablement nul. Harry se concentrait de toute sa force possible pour à la fois convaincre son propre esprit qu’il n’y avait jamais eu aucune menace ou aucun chantage et à la fois de le bloquer.

 

Le blond eut un étrange demi-sourire, comme s’il savait qu’Harry luttait intérieurement pour fermer son esprit.

 

« - Si tu le dis, Harry Â», fit-il finalement.

 

Harry retint un sourire lorsqu’il l’entendit prononcer son prénom et retint un soupir de délivrance, partagé entre le soulagement et la surprise : il n’avait jamais réussi à cacher ses pensées auparavant et la première fois qu’il le faisait était contre un excellent Légilimens. A moins que Drago n’ait pas tenté de pénétrer sa tête. Ou à moins qu’il l’avait fait et savait qu’Harry mentait. Ce qui aurait été étonnant car dans ce cas, il ne se serait pas gêné pour le dire.

 

Il leva le regard vers la classe : Blaise Zabini et Pansy Parkison discutaient discrètement et avaient les yeux rivés sur eux, notamment sur leurs poignets qui étaient un peu trop proches (forcément puisque leurs petits doigts étaient croisés). Drago sembla le remarquer lui aussi et se décala, adoptant un air moqueur sur le visage.

 

« - Tu fous quoi, Potter ?, siffla-t-il fortement. Je te savais trouillard, mais au point d’avoir peur d’une fleur...

 

- Ferme-là, Malefoy Â», rétorqua-t-il en s’armant du cutter et en commençant à découper.

 

A présent, il paraissait étrange de l’appeler par son nom de famille. Il releva la tête vers les deux Serpentards, mais ils n’étaient apparemment pas dupes et continuaient de les regarder furtivement en parlant. A la fin du cours, Harry n’eut pas le temps de dire quelque chose à son petit-ami : à cet instant, Zabini et Parkison arrivèrent presque en trombes et lui dirent quelques mots avant de partir ensemble des serres.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Qu’est-ce que tu fais, avec Potter, Drago ?, demanda Pansy d’un air suspicieux.

 

- Ne t’avais-je pas dit de ne pas t’occuper de mes affaires ?, répliqua-t-il avec menace en la foudroyant de ses yeux d’un métallique à faire froid dans le dos.

 

- C’est différent, dit Blaise en prenant le relais, un air déterminé sur ses traits durs. Tu sais qu’il y a des rumeurs, Drago.

 

- Comme si c’était surprenant qu’il y ait des rumeurs dans une école, répondit le blond avec sarcasme. La plus grande majorité est fausse, j’espère ne rien vous apprendre ?

 

- Sauf que là, commença Pansy, c’est...

 

- Vas y !, dit Drago qui commençait sérieusement à s’énerver. Vous n’arrêtez pas de la mentionner sans jamais en parler exactement. Crachez le morceau, c’est quoi votre foutue rumeur, hein ? Â»

 

Bien évidemment qu’il le savait. Mais il avait envie de les tester. On allait voir s’ils oseraient dire ça. Il jubilait d’avance de voir la peur saisir leur visage de crétins égoïstes.

 

Comme il l’avait prévu, chacun des deux Serpentards n’avait soudainement plus l’air confiant et leurs regards se croisaient systématiquement, afin de savoir qui allait se permettre une telle chose.

 

« - Tu la connais parfaitement, dévia maladroitement Pansy.

- Dis-le. Â»

 

Elle semblait paniquée. Drago dégageait une aura terrifiante, et il lut dans ses yeux qu’elle donnerait tout pour s’enfuir très loin.

 

« - Arrête, Drago, dit fermement Blaise en fixant son regard dans celui du blond.

 

- Arrêter quoi ?, demanda-t-il d’une voix tranquille. Moi, je ne fais rien. En revanche, vous êtes là à me cracher sur le dos quand je suis tourné, à alimenter chaque jour cette fichue rumeur. J’aimerais bien que vous oseriez parler en face, cette fois. Ne dites-vous pas que nous sommes amis ? Â»

 

Quelle fierté de se sentir aussi puissant. Ah, la psychologie, un domaine fascinant, se dit-il alors qu’ils venaient de pénétrer dans le château.

 

« - PoudlardracontequetuesgayavecPotter, dit Blaise si rapidement et d’une voix si basse que ça ressemblait à du Fourchelang.

 

- Excuse-moi, je n’ai pas très bien compris, tu peux répéter ? Â», demanda Drago avec innocence.

 

Il avait l’impression que Satan s’était emparé de lui tant il se régalait de la torture que Blaise et Pansy subissaient.

 

« - Poudlard, recommença Blaise en détournant les yeux, raconte que t’es devenu gay avec Potter. Â»

 

Drago demeura froid et impassible comme il savait si bien faire.

 

« - Si je vous suis bien, dit-il en s’avançant, vous y croyez ?

 

- Bien sûr que non, commença Pansy, nous...

 

- Ne me mens pas, siffla-t-il.

 

- Ce n’est pas ça, se rebella-t-elle en plissant les yeux. On a juste des soupçons, d’accord, on l’admet ! Â»

 

Elle jeta un regard entendu à Blaise, qui eut la tête de quelqu’un qui n’avait pas du tout semblé être prêt à l’admettre. Drago retint un sourire moqueur.

 

« - C’est vrai que tout le monde se pose des questions, avança Blaise prudemment. Où est-ce que tu vas quand tu pars le midi ou le soir ? Potter se barre à chaque fois en même temps que toi.

 

- Qu’est-ce que j’en ai à carrer que Potter aille se dégourdir les jambes en même temps que moi ?, railla-t-il en haussant un sourcil.

 

- Tu es différent, poursuivit Blaise en ignorant sa remarque. Depuis des semaines, tu ne réagis plus pareil, tu es souvent absent, on a l’impression que tu es ailleurs à chaque fois que tu parles et quand on croise l’autre minable Potter décérébré, tu ne l’insultes même plus. Â»

 

Drago sentit sa mâchoire se contracter et il lutta pour ne pas lui envoyer son poing dans la figure. Ses yeux se voilèrent de ce métal meurtrier qu’il avait si souvent porté et tandis que son visage tournait au blanc, il sentit ses doigts trembler sous la colère. Il n’avait pas le droit de l’insulter. Pas le droit. Il allait payer pour ce qu’il venait de dire. Il allait souffrir.

 

« - Rien que là, tu ne réponds même pas, fit brutalement Zabini en s’avançant avec provocation. Dès lors que je mentionne l’autre crétin geignard qui profite de sa soi-disant notoriété et qui passe son temps à se croire en héros exceptionnel, tu parais énervé. C’est ça ? Tu n’aimes pas quand je dis la vérité ? Que Potter est faible, pleurnichard et ne fait que de se plaindre et se comporter comme une star ? Et bien je le redis car tu as l’air d’oublier : Potter est un moins que rien. »

 

Il n’eut pas le temps de finir sa tirade étant donné que son nez fut instantanément éclaté en un « crac Â» qui laissa présager qu’il était cassé. Drago avait bondi sur Zabini, qui était alors tombé sur le sol froid, et martelait son visage sans pouvoir contrôler son poing, violent, rageur et dans une colère noire.

 

« - FERME-LA !, hurlait-il. FERME-LA ! Â»

 

Pansy pleurait et tentait vainement de dégager Drago, qui n’eut pas de mal à la repousser mais, ayant eu un moment d’inattention, Zabini frappa son visage à son tour et il sentit le sang s’écouler de son nez.

 

« - MR MALEFOY ! MR ZABINI ! Â», s’époumona soudainement McGonagall qui arrivait d’un pas fulminant, sans doute attirée par les pleurs et les cris de Pansy.

 

Elle expulsa d’un coup de baguette Drago, qui se retrouva collé contre le mur, les bras écartés, incapable de faire le moindre mouvement. La respiration haletante, sa veine du cou palpitant avec rage, il essayait inutilement de se débattre. Cette saleté n’avait pas assez payé. Zabini ne paiera jamais assez pour avoir ainsi parlé d’Harry. 

 

« - Veuillez venir dans mon bureau immédiatement !, ordonna cette vieille chouette de McGonagall en tenant Blaise par le col de sa robe. Miss Parkison, veuillez aller en cours, je vous prie. Â»

 

Le poids qui retenait Drago contre le mur s’évapora et il put enfin bouger. Au vu du regard du professeur de Métamorphose, il déduit qu’il ne valait mieux pas chercher à toucher la moindre parcelle de la tête de Blaise. Le nez aussi ensanglanté que devait être celui du blond, il le dévisageait d’un air mauvais.

 

« - Je vous demande de vous expliquer tout de suite, tous les deux ! Â», fulmina McGonagall sans prendre la peine de s’asseoir à son bureau, en leur tendant tout de même deux mouchoirs en papier.

 

Aucun des deux ne répondit. Drago ne s’abaisserait jamais à dire qu’il avait frappé Zabini car il avait insulté Harry Potter, et de son côté, Zabini devait être mort de trouille pour le dire. A moins que la douleur l’empêchait de parler.

 

« - Très bien, dit-elle devant leur silence. Puisque vous ne voulez apparemment rien dire, vous serez tous deux en retenue tous les soirs pendant un mois avec Mr Rusard. Et tous les soirs impliquent également le bal de Noël. Â»

 

Drago sentit une pointe de déception lui percer le cœur. Au fond, il aurait un peu aimé y aller avec Harry. Un peu. Juste un peu.

 

« - Il m’a frappé sans raison, balança Blaise manifestement outré par cette annonce.

 

 - Mr Malefoy ?, demanda-t-elle en le regardant.

 

- J’ai effectivement effleuré son visage, répondit-il sans avoir la force de sourire avec sarcasme.

 

- Et pourquoi donc ? Â»

 

Il jeta un regard à Blaise, qui restait immobile.

 

« - Il m’a copieusement insulté, fit simplement Drago.

 

- Et vous trouvez que c’est une bonne raison !, s’écria McGonagall avec fureur.

 

- Non, dit-il avec impassibilité.

 

- Mr Malefoy, soupira-t-elle en s’asseyant, ce n’est pas la première fois que vous vous battez à mains nues parce que quelqu’un vous insulte. Â»

 

Il ne put s’empêcher de sourire. Effectivement, la première fois, c’était avec Harry, qui l’avait traité de petit con arrogant.

 

« - Très bien, souffla-t-elle en rehaussant ses lunettes d’un air sévère. Ne vous attendez à aucune clémence de ma part. Cependant, si votre comportement se montre décent et parfaitement correct, vous pourrez aller au bal. Je vous préviens, Mr Malefoy, Mr Zabini, qu’au moindre petit accroc, vous pourrez dire adieu à la soirée. Surtout pour vous, Mr Malefoy. Â»

 

Zabini répondit par un « Oui, professeur Â», tandis que Drago se contenta d’un hochement de tête las.

 

« - Vos retenues commencent dès ce soir, à 18 heures. Vous rejoindrez Mr Rusard dans son bureau. Maintenant, retournez à vos cours et que je ne vous voie pas à moins d’un mètre de distance ! Â»

 

Ils sortirent de la classe et, une fois hors de vue, Drago s’avança brutalement vers Blaise.

 

« - Que je ne t’entende plus jamais m’insulter et dire de moi que je puisse être intéressé par Potter, est-ce que c’est clair ? Â»

 

Blaise se contenta d’un reniflement dédaigneux qui devait signifier un accord, et s’en alla vers les cachots pour le cours de Potions.

 

Merlin, se maudit Drago en s’appuyant contre le mur glacé, les yeux fermés. Quel imbécile. Il n’avait jamais perdu son sang-froid auparavant et cette faille pouvait être fatale. Il savait pertinemment que Blaise connaissait la véritable raison de son énorme explosion nerveuse, et bien qu’il avait –comme tous les autres- peur de la puissance que pourrait avoir la famille Malefoy, il n’était pas aussi craintif que Pansy et était tout à fait capable de faire diffuser l’information en maintenant son identité secrète. A cause de lui, il ne pourrait peut-être pas aller au bal avec Harry. Dans l’histoire, ce serait davantage son petit-ami qui serait déçu –Drago percevait nettement l’envie sous-jacente qu’il avait dans les yeux lorsqu’ils l’évoquaient. Cette pensée le fit sourire : Harry Potter était décidément une guimauve sous son profil de combattant héroïque.

 

Et dire qu’Harry était peut-être en train de rêvasser au bal, sans aucune crainte à avoir, pensant que personne ne connaissait leur secret et qu’il pouvait vivre leur relation tranquillement. Et lui, Drago Malefoy, allait encore une fois tout faire capoter. Oui, cette fois, il n’y avait pas d’autre mot : il avait merdé.

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