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Chapitre 8 : Épreuves

 

Les rayons du soleil qui me chauffaient doucement la joue et la faible lumière qui en émanait auraient pu me réveiller avec douceur, mais j’avais un mal de crâne horrible, ce matin. Peut-être parce que c’était un lundi. Peut-être aussi, que mes efforts d’hier pour éclaircir le mystère Malefoy qui n’ont absolument servi à rien m’ont tuée et qu’une nuit de sommeil n’était pas suffisant. Il m’avait été impossible de rendre visite à la jeune Gryffondor, encore trop faible pour pouvoir parler. J’espérais qu’aujourd’hui, ce serait possible.

Je me levai non sans grognements, ma tête douloureuse enfouie dans les mains. Elle semblait sur le point d’exploser. Et même après une bonne douche, elle me faisait horriblement mal. Je revêtis ma robe de sorcier – en ne pouvant m’empêcher de frémir en voyant le lion de Gryffondor brodé sur le vêtement- et descendis silencieusement dans la Salle Commune, laquelle était encore vide. Je me dirigeai alors vers la Grande Salle : peut être qu’un petit-déjeuner me ferait du bien. J’étais à mi-chemin, dans les escaliers, lorsque...

 

« - Automne ? Â»

 

Même derrière le voile blanc et froid qui enrobait cette voix, je sus tout de suite qui était mon interlocuteur.

 

« - Peter ?, dis-je en m’arrêtant mais sans me retourner, essayant d’adopter le même ton que lui malgré ma migraine.

- Je... Non, rien, finalement. C’était pour te saluer... Alors, à plus tard... Â»

 

Je me sentis bouillonner, tentant malgré tout de garder mon calme.

 

« - Non, Peter, tu voulais me dire quelque chose à me dire alors dis-le.

- Non, écoute c’est pas grave. A bien...

- PETER HAYLEEN !, éclatai-je à bout de nerfs en me retournant brutalement. TU VAS CESSER CETTE ATTIUDE STUPIDE ET ME DIRE, BON SANG DE BONSOIR, CE QUE TU VEUX ME DIRE DEPUIS UNE SEMAINE ! Â»

 

Mon hurlement avait eu le brillant résultat de décupler mon mal de crâne, mais avait aussi obtenu l’effet escompté : mon frère semblait stupéfié par cette explosion.

 

« - J’en ai plus que marre de ton comportement idiot et immature, continuai-je un ton en dessous mais  toujours aussi brutalement. Tu m’évites, tu détournes le regard à chaque fois que je le croise, tu ne réponds pas à mes questions quand tu trouves le courage spectaculaire de me parler –c’est-à-dire il y a des jours déjà- et depuis, tu ne me parles même plus !

- Je vais te dire pourquoi, cracha-t-il une fois la mauvaise surprise disparue de son visage. Tu es l’Aigle Triste ! Et tout ça, ça enchaîne le fait que tu te retrouves à Gryffondor !

- Est-ce que c’est de la jalousie que j’entends ?!, répliquai-je en faisant la sourde oreille à la mention du conte.

- Tu ne comprends rien, soupira Peter les joues légèrement roses en secouant sa tête de gauche à droite.

- Arrête de te défiler, soupirai-je à mon tour sous l’effet du mal de crâne. Puisque je ne comprends rien, explique-moi, alors ! Ce n’est pas ton rôle de grand frère ? Â»

 

Il répondit par un long silence. Ses yeux fixaient le sol et se risquaient parfois à se lever vers moi. Je ne pus empêcher mes yeux de se remplir de larmes et je m’enfuis à toutes jambes, ne pouvant en supporter d’avantage. J’avais enfin disparu de son axe de vision.

 

« - Et bien, on est de mauvaise humeur aujourd’hui, Hayleen ?

- Alors tu vas m’écouter très attentivement, sale blondinet !, rétorquai-je en me retournant vers Malefoy qui ricanait avec sa bande. Je ne sais pas ce que tu veux, et ne me le dit pas car je n’en n’ai éperdument rien à faire, mais arrête de me vouloir me provoquer, d’essayer de me parler ou même de me regarder. Est-ce que c’est clair ? Â»

 

Je tournai les talons, excédée. Je n’avais jamais aussi eu mal à la tête. Soudain, j’eus l’impression qu’une corde me ligotait la cheville gauche et me tirait vers le haut. Je tentai d’avancer mon pied mais impossible, il se soulevait progressivement...

 

« - Alors, on fait toujours la maline, Hayleen ? Â»

 

La baguette pointée sur moi, un Serpentard qui avait l’air d’avoir l’âge de Peter ricanait, manifestement ravi de l’efficacité de son sortilège de lévitation humaine. J’étais à présent suspendue par la cheville, me débattant inutilement et sentant ma baguette glisser de ma poche avec lenteur. Je connaissais le nom du sort qui annulait le Levicorpus, mais je n’avais encore jamais jeté de sort et il était préférable que je te tente rien, surtout sur moi-même. Je priais seulement que quelqu’un vienne à mon secours...

 

« - Désagréable, comme position, pas vrai ?, railla Malefoy avec un sourire d’immense jubilation scotché sur son visage hautain.

- Et à quoi est-ce que ça te sert, de faire ça, sérieusement ?, dis-je en essayant de garder mon calme. Enfin, ce n’est même pas toi qui le fais, sale lâche ! Tu as demandé à un de tes nombreux serviteurs d’exaucer ton souhait ! Bravo, très loyal, très courageux ! Plus je te connais et plus l’évidence que tu n’aurais jamais été dige d'ête à Gryffondor crève les yeux. Perfide, trouillard et lâche sont les défauts que tu possède et que Gryffondor n'accepte pas. Oh, à bien y réfléchir, ces trois mots ne sont pas que tes défauts, il s'agit de ta définition! Â»

 

Ma tête commençait à tourner sérieusement. La douleur me faisait un mal de chien, je la sentais monter de plus en plus dans mon crâne... Dans un effort colossal, je me tournai vers le blond : au vu de son regard, j’ai su que cette fois, j’étais allée trop loin.

 

« - Liberacorpus ! Â», s’écria le Serpentard d’un air mauvais tandis que Malefoy lui chuchotait quelque chose l’air furieux. 

 

Je retombai douloureusement, le sol dur me fracassant la tête, sur le point de m’évanouir tellement je souffrais.

 

« - Petrificus Totalus ! Â»

 

Je ne pouvais plus bouger aucun de mes membres...

 

« - Levicorpus ! Liberacorpus ! Â»

 

Je ne pouvais pas me laisser faire... Il prononça un autre sort que je ne réussis pas à identifier et tout devint flou... J’avais l’impression que ma tête était en feu...

 

« - Atakunto ! Â»

 

C’était comme si un poing géant m’avait frappé tellement fort que j’étais soudainement catapultée 5 mètres plus loin...

 

« - Electro ! Â»

 

Les rires se faisaient de plus en plus ignobles tandis que j’eus l’impression d’être éléctrifiée... Je me sentais partir, c’était certain... La Mort se rapprochait... Je suffoquais tellement...

 

« - Rictusem... 

- Protego ! Â»

 

Qui venait de parler ? Je n’en savais rien. A vrai dire, je ne savais rien du tout ce que qui se passait. Le son était comme étouffé. Des gens parlaient, mais impossible de les identifier ni de savoir ce qu’elles disaient... Mes yeux étaient presque clos et le peu que j’arrivais à voir était horriblement trouble... Il y avait des formes noires, bougeantes... Et mon crâne... Je sentis des mains m’attraper sous les bras... Le geste était d’une extrême douceur, c’était sans aucun doute une gentille personne... Je me laissai tomber dans les bras de cet inconnu et sombrai dans les ténèbres.

 

 OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Étais-je encore vivante... ? Peut-être que oui, peut être que non. J’ignorais si on pouvait ressentir des choses après la Mort. Je me savais allongée sur quelque chose de moelleux, et qui sentait bon la propreté. Ma migraine s’était beaucoup dissipée mais j’avais mal partout, ce qui n’est guère mieux. Mes paupières refusaient de s’ouvrir, mon corps de bouger. J’avais l’impression que les effets du Petrificus Totalus ne s’étaient pas dissipés. Alors, ça voulait dire que j’étais bien vivante ! Tous les évènements me revinrent soudainement en tête : quelqu’un m’avait sauvé. Mais qui ? Impossible à savoir pour l’instant. J’étais trop fatiguée... Je me laissai emporter dans les bras de Morphée.

 

« - Je l’ignore !

- Où était-elle à ce moment-là ?

- Au troisième étage. Â»

 

Encore une fois, j’ignorais qui parlait. Le son semblait encore un peu feutré. Je tentai de dire quelque chose, mais je ne réussis qu’à émettre un drôle de grognement. Les voix se turent et j’entendis des petits pas précipités, puis une voix de femme assez âgée :

 

« - Miss Hayleen est réveillée ! Poussez-vous ! Allez, faites de la place s’il vous plaît. Â»

 

Je sentis que l’on m’ouvrit la bouche et m’y versa un étrange liquide au goût tout aussi étrange, un mélange de vanille, de médicament et de lavande. Mais au fur et à mesure que la potion se versait dans ma gorge, mes horribles impressions disparaissaient. Le son devint clair, mes poumons se relâchèrent, la douleur que je ressentais dans tout le corps se soulagea et je pouvais enfin bouger et ouvrir les yeux, ce que je tentais difficilement de faire.

 

« - Pas de mouvements brusques, Miss Hayleen. Vous avez subi un très gros choc. Réveillez-vous avec douceur.

- Où suis-je ?, m’entendis-je grogner.

- A l’infirmerie. Nous sommes le lundi 8 septembre, il est 11 heures.

- Mal...

- Ne vous inquiétez pas, la potion que vous venez de boire va soulager tous vos maux dans quelques secondes.

- Non... Mal... Lui...

- Reposez-vous, Miss. Je ne comprends pas ce que vous voulez me dire. Laissez-la se reposer, revenez la voir après-manger. Elle a besoin de calme.

- A tout à l’heure, Automne Â», murmura Ethan.

 

J’avais la bouche horriblement pâteuse. L’infirmière me donna une autre potion à boire, absolument infecte, mais n’ayant pas assez d’énergie pour protester, je me laissai faire. Je me sentis encore mieux, et je pus enfin lever mes paupières totalement : Mme Pomfresh s’affairait à ranger les potions sur ma table de chevet.

 

« - Madame, dis-je la voix légèrement enrouée, que s’est-il passé ?

- De quoi vous souvenez-vous exactement ?

- Malefoy ! crachai-je en me relevant brutalement.

- Calmez-vous !, ordonna-t-elle en me rallongeant de force.

- Scorpius Malefoy ! C’est à cause de lui que je suis là ! On s’est croisé dans les couloirs, il m’a provoqué, je me suis défendue et il a ordonné à l’un de ses amis plus âgé de me lancer des sorts ! Â»

 

Tout me revint en tête. C’était tellement horrible d’être à terre, impuissante, et de se faire pétrifier, électriser, catapulter, d’être en lévitation la tête en bas et de retomber avec douleur sur le sol... Sans pouvoir rien faire, ne pas pouvoir se défendre. Mme Pomfresh releva un sourcil :

 

« - Scorpius Malefoy ?

- Oui !

- Vous vous trompez sûrement, mademoiselle. L’élève qui vous a retrouvée dans les couloirs à en effet parlé d’une agression, mais pas du nom de Scorpius.

- Qui est-ce ?, demandai-je précipitamment, mon cÅ“ur s’emballant.

- Je ne peux pas vous le dire, il a refusé de me dévoiler son identité. Mais il venu vous voir régulièrement.

- Oh, soupirai-je l’excitation tombée aussi vite qu’elle était venue. Mais, il ne connait peut être pas Scorpius, il est en première année !

- La plupart des gens connaissent la famille Malefoy, Miss Hayleen, et il n’a pas mentionné son nom.

- Il n’a pas parlé d’un blond ? fis-je stupéfaite. Il était à côté de celui qui me jetait de sorts, il l’a forcément vu...

- Vous êtes encore sous le choc.

- Je sais ce que j’ai vu ! J’étais totalement consciente quand il m’a parlée, et provoquée. Je l’ai vu demander à l’autre Serpentard de me lancer des sorts !

- Vous l’avez vu ?

- Je l’ai... Deviné, dis-je en rougissant légèrement. Il m’a même lancé « Alors, on fait moins la maline, Hayleen ? Â» ! Il jubilait sur place ! Et lorsque je me suis défendue –verbalement, j’entends-, il a semblé vraiment furieux et à chuchoté quelque chose à l’un de ses amis, qui par la suite m’a jeté une demi-douzaine de sorts...

- Vous avez clairement entendu Mr Malefoy le demander ?

- Non, avouai-je. Mais c’est une évidence !

- Vous n’avez donc aucune preuve, dit-elle sévèrement. Ce Serpentard  à sûrement voulu défendre son ami et il est le seul responsable. Je vais vous laisser, maintenant. Vous serez bientôt rétablie mais étant donné la gravité des actes de l’élève, il est préférable de vous laisser encore un peu en observation. Une dernière question : vous souvenez-vous des sorts qu’il vous a jeté ?, demanda-t-elle en se saisissant d’un morceau de parchemin et d’une plume.

- Oui. Il m’a d’abord jeté le Levicorpus, très longtemps, ce qui a aggravé en plus le mal de tête que j’avais dès le réveil. Après m’être défendue et que Scorpius lui ait chuchoté quelque chose à l’oreille, il a lancé le Maléfice du Saucisson, avant de me refaire léviter puis retomber. Il m’a catapultée quelques mètres plus loin avec Atakunto, m’a électrocutée avec Electro et s’apprêtait à me lancer Rictumsempra , mais son incantation a été interrompue et je ne me souviens que d’une personne qui a lancé le Charme du Bouclier avant de me prendre dans ses bras et c’est le vide..., conclus-je en frissonnant.

- Une remarquable mémoire, merci, Miss. Je vais envoyer ce rapport au professeur McGonagall. Maintenant, buvez cette potion (elle désigna une bouteille au contenu jaunâtre) et prenez un peu de repos. Â»

 

Sur ce, elle s’en alla. Je bus la potion et m’allongeai sur le dos, mais sans grande conviction. Je n’avais en aucun point envie de me reposer. Ce que je voulais, c’était parler à Ethan et Hugo et tout leur raconter. Et trouver qui m’avait sauvée. Car même si les sorts que le Serpentard m’avait jetés n’étaient pas mortels, encore quelques-uns et il y aurait pu y avoir des séquelles, je le savais. Je me sentais déjà partir peu à peu. Heureusement que cette personne est arrivée. Peut-être était-ce Peter ? Non. Je l’aurais reconnu, c’est mon frère quand même, et on a toujours été tellement proche l’un de l’autre... Ou du moins, on l’était. Un pincement au cÅ“ur me saisit et me fit ressentir une longue, profonde vague de culpabilité. Je ne voulais pas me détacher de Peter. Je l’aimais tellement, et je savais que lui aussi. Il est mon modèle depuis toujours. On finira par se pardonner, j’en suis sûre et certaine.

J’observai l’infirmerie : le soleil  éclairait les murs d’un blanc éblouissant sous les rayons du soleil et j’étais seule. Je me sentais suffisamment reposée maintenant, et j’estimais pouvoir m’en aller. Néanmoins, lorsque je tentai de sortir du lit moelleux, un morceau de parchemin sortit brutalement de nulle part et se colla contre mon nez. Mi-surprise mi-agacée, je le décollai tant bien que mal. En lettres majuscules, l’infirmière avait écrit : « NE BOUGEZ PAS DE CE LIT ! Â» Apparemment, c’était une nouvelle méthode pour obliger ses patients à lui obéir. Plutôt amusant, comme procédé.

Je me retournai vers ma table de chevet et croisai mon reflet dans le miroir posé là : le choc intégral ! Quelle affreuse mine j’avais ! Oh, bien sûr je ne m’attendais pas à ressembler à une diva après avoir été agressée et dormi, mais tout de même pas à ça.

Mes cheveux étaient emmêlés comme ils ne l’avaient jamais été,  mes yeux d’habitude brillants paraissaient ternes, j’avais l’impression d’avoir brusquement maigri et surtout, mon teint avait une pâleur maladive. Je faisais peur à voir. Pas étonnant que je ne devais pas sortir de ce lit. Si j’étais partie, j’aurais terrifié tout le monde, cela ne faisait aucun doute !

 

« - Automne ! Â»

 

Hugo se précipita vers moi, suivi de près par Ethan qui me regardait l’air inquiété.

 

« - Mais qu’est-ce qui s’est passé, par la barbe de Merlin ?!, s’écria Hugo.

- Je vais...

- Mais comment diable t’es-tu retrouvée là, dans cet état ?, s’exclama-t-il un ton plus aigu.

- Hugo, je...

- Il faut que tu nous expliques !, s’égosilla-t-il à présent l’air complètement fou.

- HUGO !, gronda Ethan, ce qui eu pour effet de le faire taire. Je ne crois pas que ce soit le moment de l’étouffer, Automne à déjà l’air assez mal en point comme ça. Â»

 

Je le remerciai d’un regard et, après avoir pris une grande inspiration, me lançai dans mon récit, n’omettant aucun détail, aucune douleur ni sensation que j’avais ressentie depuis mon réveil ce matin jusqu’à mon évanouissement. Hugo paraissait révolté, et les yeux d’Ethan avaient noirci au fur et à mesure du récit. On aurait dit que toute la fureur qu’il ressentait avait été regroupée dans ses iris.

 

« - C’est affreux, murmura Hugo qui semblait tellement choqué et dégoûté qu’il arrivait à peine à parler.

- Abominable, épouvantable, cruel, répugnant, horrifiant, inhumain, atroce, monstrueux, il n’y a pas assez de mots pour décrire ce qu’il a fait, cracha Ethan, la voix voilée par un sentiment que je n’arrivais pas à décrypter.

- Automne, tu as dû tellement souffrir..., ajouta Hugo.

- C’était vraiment terrible, répondis-je en ayant de nouveau un frisson. Mais maintenant, j’ai la preuve que c’est bien lui qui a agressé l’autre fille !

- Comment ça ?

- Quand on l’a trouvée, elle avait l’air de souffrir, et arrivait à peine à parler, exactement comme moi. De plus, elle a parlé d’un certain LUI, donc d’un garçon, et de VERT, donc d’un Serpentard ! Ça me parait évident, non ?

- Seul problème, nous n’avons aucune preuve, dit Ethan dont le ton était moins brutal. Il faudrait que tu en parles au professeur McGonagall.

- Mme Pomsfresh lui en parle à l’heure qu’il est, expliquai-je. Elle m’a fait dire ce qui s’est passé, l’a noté et est partie donner le parchemin à la directrice juste avant votre arrivée. Enfin, elle m’a fait dire les sortilèges mais je lui ai dit comment ça s’est déroulé, donc elle lui en parle sûrement.

- Oui, mais toi toute seule, renchérit Hugo l’air grave.

- Peut-être, concédai-je. En tout cas, je doute sérieusement que quelqu’un puisse m’appeler l’Aigle maintenant.

- Pourquoi ça ?

- As-tu déjà vu un aigle avec cette tête-là ?, ajoutai-je en croisant une nouvelle fois mon reflet.

- Peut-être pas aussi pâle, sourit Hugo.

- Peut-être pas non plus avec de tels cheveux ! Â» rit Ethan.

 

Nos regards se croisèrent et nous éclatâmes de rire. C’était si bon de les avoir à mes côtés, à imaginer ensemble un aigle faible, pâle, et avec des cheveux roux en bataille.  Me souvenant de quelque chose d’important, je relevai brusquement la tête, à m’en briser la nuque une fois de plus.

 

« - Qu’est-ce qu’il y a ?, interrogea Hugo qui essuyait ses larmes.

- Est-ce que vous savez qui m’a sauvée et m’a amenée ici ?, demandai-je avec espoir.

- Non, répondit Ethan avec une moue désolée.

- Vous n’avez absolument aucune idée de qui ce pourrait être ? Â»

 

C’était officiel : je détestais cette sensation de faux espoir.

 

« - Absolument pas, confirma Hugo en secouant la tête. C’était peut-être ton frère, non ?

- J’y ai pensé, mais je l’aurais reconnu, j’en suis sûre.

- Tu étais dans un tel état, dit Ethan, peut-être n’avais-tu pas la faculté de deviner qui c’était.

- Je suis sûre et certaine, affirmai-je avec aplomb. C’était un garçon, sinon il n’aurait pas pu me porter.

- Ou une fille particulièrement musclée, dit Ethan avec un tel sérieux que je crus l’espace d’un instant qu’il le pensait vraiment.

- J’en doute, Â» ris-je.

 

A cet instant, les portes de l’infirmerie s’ouvrèrent à la volée, en un boucan effroyable. Peter, haletant et rouge, avait l’air d’avoir fait un marathon.

 

« - Automne ! Par toutes les barbes des sorciers du siècle dernier ! Â»

 

Il me serrait tellement fort dans ses bras que j’avais l’impression que tous mes os se cassaient peu à peu. Hugo et Ethan me sourirent puis s’en allèrent.

 

« - Peter...

- Non, Automne, je suis tellement désolé, tellement désolé... Je suis un sombre idiot...

- Peete...

- Ne dis rien, tout est de ma faute, je m’en veux tellement de ne pas avoir veillé sur toi !

- Tu m’étouffes..., parviens-je à souffler.

- Oh, oui, pardon, s’excusa une fois de plus mon frère en desserrant son étreinte.  Je suis un abruti, un sale cafard qui n’est même pas fichu de protéger sa petite sÅ“ur. Je m’en veux tellement !

- Peete, dis-je avec douceur. Ce n’est pas ta faute. C’est de notre faute à nous deux.

- Non, c’est de la mienne, répondit-il catégoriquement. Je ne sais pas ce qui m’a pris de me comporter ainsi envers toi. C’est horriblement injuste. J’ai honte d’avoir cru un seul instant que tu aies pu demander au Choixpeau d’être à Gryffondor... Je pensais que tu connaissais le conte de l’Aigle Triste et que par conséquent, tu lui aurais demandé d’être admise dans cette maison pour ressembler en tous points à l’héroïne... Et tu te retrouves également Attrapeur de l’équipe de Quidditch... Tout ça a été un grand choc pour moi. Ça m’a complètement brouillé l’esprit. Je suis un pauvre imbécile. Il n’y a pas de mots pour expliquer mon idiotie.

- Tu es pardonné, murmurai-je les larmes aux yeux. Je n’ai pas été gentille avec toi.

- Mais tu as eu raison. Â»

 

Je me blottis dans ses bras tandis qu’il me caressa les cheveux. Ça faisait tant de bien de l’avoir de nouveaux à mes côtés. Il m’avait tant manqué. Je ne m’étais jamais sentie aussi rassurée, aussi bien, aussi protégée qu’à cet instant.

 

« - Ce sont des Serpentard qui t’ont attaquée, c’est ça ?, m’interrogea-t-il alors que j’étais toujours enfouie dans sa robe de sorcier.

- Oui... Â»

 

Je sentis que sa main se crispait. Je relevai la tête et fut momentanément effrayée par les yeux de Peter : ils étaient durs, noirs, regorgeaient d’un profond désir de vengeance et lançaient des éclairs.

 

« - Qui était-ce ?

- Peete... Â»

 

Je me rassis sur mon lit, sentant qu’il n’allait pas tarder à exploser.

 

« - Qui étaient ces personnes, Automne ?

- Je l’ignore, mentis-je.

- Ils vont payer pour ce qu’ils ont fait. Ils paieront très cher.

- Ne te mets pas à leur niveau, d’accord ? Ne cherche pas à leur faire du mal si tu les démasques. Ce serait bête.

- Ils t’ont fait du mal, ils ont fait du mal à ma petite sœur.

- Peter...

- Je me sens tellement mal, Automne. Tu es tellement pâle, tu as l’air tellement faible... Ça me tue de te voir ainsi. Aucun grand frère ne voudrait voir ça.

- Ce sont des affreux cafards, répliquai-je avec férocité. Même si tu avais veillé sur moi, jamais tu n’aurais pu être là, comme par hasard.

- Tu as raison, admit-il, ses épaules s’affaissant. Mais je ne supporte pas que l’on te fasse du mal. De façon si brutale, si ignoble en plus...

- Je sais.

- Je t’aime, petite sœur.

- Je t’aime aussi, grand frère. Â»

 

Je me jetai dans ses bras. J’ignore combien de temps je restai là, enfouie dans son étreinte, dans cette chaleur fraternelle rassurante. Je savais, à présent ce qu’était le sentiment de paix. D’être avec la personne que l’on aimait le plus, de se sentir protégé, comme si rien ne pouvait nous arriver tant qu’on ne bougeait pas. C’est dans ce sentiment que mes nerfs retombèrent et que la fatigue m’emporta de nouveau.

Je sentais un léger effleurement sur mon visage. Quelqu’un me caressait la joue avec douceur. C’était sûrement Peter. Je me sentais bien.

J’ouvris les yeux. Mais ce n’était pas les yeux verts de mon frère qui me regardaient avec tendresse. C’était des yeux d’un gris d’acier, métallique et froid.

Le temps que je ferme les yeux et que je les rouvre, la personne était partie, laissant une trace brûlante sur ma joue et un léger filet doré derrière elle.

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