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Chapitre 7 : Révélation des sentiments

Harry et Malefoy prenaient un rendez-vous quasiment chaque jour, parfois le midi –où ils partageaient un repas en débattant sur ce qu’ils appelaient le « thème du jour Â»-, parfois après les cours et Harry se sentait plus heureux de rencontre en rencontre. Il leur était arrivé de changer de lieu : ils étaient allés deux ou trois fois dans les serres et même une fois dans la Forêt Interdite, où ils avaient été obligés de faire un marathon après avoir maladroitement cassé la construction florale d’un centaure. Il voyait aussi Malefoy devenir plus à l’aise et il arrivait à pénétrer dans le jardin secret du Serpentard ; il se trouvait que le blond avait une bonté impérissable dans son cÅ“ur, bien qu’elle soit la plupart du temps dissimulée par ses sarcasmes et son arrogance indéniable. Cependant, ils n’avaient toujours pas réussi par s’appeler par leur prénom respectif et Harry commençait à hésiter sur le fait de savoir s’il devait l’appeler Malefoy ou Drago.

 

Mais il devenait de plus en plus difficile pour eux de passer du temps ensemble sans attirer des soupçons ; les remarques que certains élèves faisaient à propos de leur absence au même moment, au tout début, avait fini par s’amplifier et commençaient sérieusement à s’étendre. Même quelques Gryffondors avaient demandé à Harry ce qu’il faisait quand il n’était pas dans la Grande Salle le midi. Il avait trouvé une excellente excuse : il voulait bosser à fond pour réussir les ASPICS. De son côté, Malefoy n’avait pas besoin d’excuse ; il avait le talent d’être terrifiant lorsqu’il le voulait. Cette situation ne semblait pas le déranger, mais Harry se doutait que ça finirait par poser problème.

 

Noël approchait à grands pas, ainsi que le bal –duquel ils n’avaient toujours pas parlé. Il était devenu le sujet principal des conversations de Poudlard et les couples commençaient à se former. Parvati Patil tournait toujours autour d’Harry, qui s’arrangeait pour filer à chaque fois qu’elle était dans les parages. Ce qui amusait d’ailleurs beaucoup Malefoy –ne l’empêchant pas de se rapprocher lorsque Parvati était un peu trop près. 

 

« - Tu devrais faire un peu plus attention, Harry Â», dit Hermione alors qu’ils déjeunaient.

 

Harry détourna les yeux des flocons de neiges qui recouvraient le parc.

 

« - Attention à quoi ?, demanda-t-il distraitement.

 

- Crabbe et Goyle gonflent de plus en plus les bras quand tu les croises, expliqua-t-elle en fixant son regard inquiet vers la table des Serpentards. Tout le monde commence à se poser des questions.

 

- C’est vrai que c’est pas méga-discret, commenta Ron qui s’empiffrait de poulet –pour changer.

 

- Niveau discrétion, c’est pas vraiment de ton côté que j’irai pour des conseils, ironisa Harry avec un sourire amusé.

 

- C’est dingue comment tu te Malefoyises, remarqua Ron avec une certaine irritation.

 

- Je trouve aussi, renchérit Hermione en hochant la tête. Et je ne suis pas la seule.

 

- Il ne faut pas le prendre mal, s’excusa-t-il. C’est simplement sarcastique.

 

- Et typiquement Malefoy, rajouta le rouquin avec un rictus rieur. Mais tant que tu ne te colores pas les cheveux en blonds, ça va.

 

- Non merci, ça ira, assura Harry.

 

- Ça ne s’est toujours pas amélioré avec Ginny ?, demanda Hermione.

 

- Apparemment pas, fit-il en haussant les épaules. Mais ce n’est pas ma faute. C’est elle qui ne veut plus me parler.

 

- Elle n’a aucun problème avec les homos, clarifia-t-elle rapidement. Je pense qu’elle a dû mal à assumer le fait que tu ne lui aies rien dit, ou qu’elle est simplement gênée de vous avoir surpris.

 

- Tu es sûre qu’elle n’a pas de souci avec ça ?, releva Harry en relevant un sourcil sceptique. Ça n’en n’a pas l’air.

 

- Je peux t’en assurer, dit-elle. C’est même la première à te défendre quand quelqu’un évoque une hypothèse à tes absences en même temps que celles de Malefoy. Â»

 

La cloche sonna et ils rejoignirent le cours de Sortilège, partagé avec les Poufsouffles.

 

« - Salut, Potter Â», siffla Zacharias Smith avec un sourire mesquin.

 

Harry fronça les sourcils et ne répondit pas tandis que Smith allait vers sa bande d’amis en ricanant.

 

« - Qu’est-ce qu’il te veut ?, demanda Ron avec perplexité.

 

- Aucune idée, répondit-il enervé. C’est un crétin, de toute façon.

 

- Je crois deviner, dit Hermione d’une voix blanche. Harry, tu nous as dit qu’Ernie vous avait aussi vus ? 

 

- Oui, mais ça fait longtemps, s’empressa-t-il de rappeler en voyant où son amie voulait en venir. Et je ne vois pas pourquoi il l’aurait lâché maintenant alors qu’il a gardé sa bouche fermée depuis.

 

- J’en doute Â», fit-elle avec tracas.

 

Harry haussa les épaules avec désinvolture, bien que cette idée lui serra le ventre.

 

« - Et ça se passe comment, de son côté ?, demanda Ron alors qu’ils s’asseyaient.

 

- Comment ça ?

 

- Je veux dire, c’est le même bordel ou personne ne lui dit rien ?

 

- On est dans le même château donc il a bien sûr connaissance des rumeurs, dit Harry. Mais personne ne vient le lui dire en face.

 

- Tu m’étonnes !, éclata de rire le rouquin. A moins d’être suicidaire et de vouloir brûler dans d’atroces souffrances, je ne vois pas qui se risquerait à dire à Malefoy qu’il est gay. 

 

- Sinon, quoi de neuf avec Hannah Abbot ? Â», demanda-t-il en voulant désespérément changer de sujet.

 

Alors que Ron éclatait de rire à nouveau, Hermione fusilla Harry du regard. Il haussa un sourcil interrogatif mais elle tourna la tête.

 

« - Vous feriez mieux de vous attaquer à ce que demande Flitwick depuis le début du cours Â», siffla-t-elle froidement.

 

Ron ne parut pas s’apercevoir du ton dur d’Hermione et s’attaqua au sortilège de Disparition partielle.

 

Harry, quant à lui, réfléchissait en tournant sa baguette dans tous les sens.

 

« - Je te préviens, dit Hermione en lui aplatissant la main sur la table, si tu remets le feu à ce bureau, ne compte pas sur moi pour empêcher ta robe de brûler ! Â»

 

Il songea qu’il valait peut être mieux se mettre au boulot que d’enflammer Flitwick. Il tourna la tête de côté : Zacharias Smith lui jetait un regard mesquin.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Il tourna la tête de côté : Pansy Parkinson avait les yeux plissés vers lui, comme si elle l’analysait.

 

« - Quoi ?!, soupira Drago, excédé, pour la énième fois.

 

- Rien Â», répondit-elle innocemment avec un sourire charmeur. 

 

Le blond roula des yeux. Ce qu’elle pouvait l’exaspérer !

 

« - On ne ment pas quand on ne sait pas le faire, l’informa-t-il sèchement en claquant ses livres. Surtout pas à moi. 

 

- Je ne te mentais pas, Drago, dit-elle d’un air terrorisé.

 

- Alors je peux savoir ce que vous avez tous à me dévisager ?, s’avança-t-il avec menace. Et ne me balance pas que c’est parce que tu me trouves beau. Je doute que Crabbe et Goyle pensent de même. Â»

 

Il sut aussitôt qu’il avait gagné au vu du regard terrifié de Parkinson, qui se recula prudemment au fond du fauteuil vert. Quelle quiche, pensa-t-il en se retournant. A travers les fenêtres de la Salle Commune, on pouvait voir que le temps s’assombrissait sérieusement.

 

« - C’est... C’est...

 

- Oui ?, la coupa le blond en  la fixant de ses yeux d’un métal profondément intimidant.

 

- Tu ne nous as toujours pas dit où il t’arrive d’aller, parfois Â», expliqua-t-elle d’une voix tremblante.

 

Elle se leva et s’accrocha à son bras.

 

« - Tu nous dirais s’il se passait quelque chose, hein Drago ?

 

- Qu’est-ce que tu insinues ?, cracha-t-il en se dépêtrant de l’étreinte de la brune. Tu es sérieusement en train de me traiter comme un gamin ?

 

- Non !, s’exclama-t-elle en cherchant à l’attraper de nouveau, l’expression de son visage de plus en plus épouvantée. J’ai juste... Peur pour toi, et...

 

- Arrête de me MENTIR ! Â», cria-t-il violemment.

 

Il s’avança vers Pansy, qui s’était précipitamment assise, et approcha son visage le plus possible du sien.

 

« - C’est la dernière fois que tu te mêles de mes affaires, je me suis bien fait comprendre ? Â», souffla-t-il, le visage impassiblement glacé.

 

Elle hocha silencieusement la tête et sur ce, satisfait, Drago embarqua son sac et sortit de la Salle Commune, désireux d’aller prendre l’air. Il trouverait bien un endroit où il pourrait enfin faire ses devoirs sans être épié par l’autre bouledogue ou un quelconque crétin qui oserait le dévisager. Enfin, il n’y avait qu’une seule personne qui avait l’autorisation de le dévisager.

 

Ses pensées s’orientèrent vers celui qui prenait toute la place dans sa tête depuis plus d’un an et sourit en visualisant les yeux verts du sorcier. C’était dommage qu’ils n’aient qu’une heure de pause en commun. Drago aurait volontiers partagé toutes ses heures avec Potter s’il avait pu. Seulement voilà, il avait sa fierté et il ne s’abaisserait jamais à demander une telle chose au Gryffondor ; le souci étant que le brun ne prenait quasiment jamais les devants, c’était toujours lui qui devait faire le premier pas. Foutue timidité à la con, jura intérieurement le Serpentard.

 

Le pire, c’était qu’il songeait de plus en plus au bal mais que Potter ne lui en avait toujours pas parlé. Il lui arrivait de se dire « Allez, t’es un Malefoy oui ou merde ?! Â» Mais lorsqu’il s’apprêtait à le faire, le brun relevait comme par hasard des yeux qui paraissaient tristes ; ce qu’il n’arrivait toujours pas à comprendre et l’empêchait tout bonnement de l’enterrer encore plus. Auparavant, Drago n’avait pourtant jamais faibli ; il avait toujours eu un franc-parler à toute épreuve et ne se laissait pas marcher sur les pieds. Mais il fallait qu’il réalise : avec ce crétin de Potter qui lui faisait perdre pieds, c’était différent. Tout était différent depuis qu’il était avec lui.

 

En fait, tout était différent depuis qu’il se sentait véritablement aimé pour ce qu’il était (outre ses parents) et qu’il pouvait parler en toute liberté car il savait qu’il ne serait pas jugé. Potter avait ce don de tout comprendre, de comprendre la douleur des autres en plus d’être écrasé par celle qu’il avait déjà dans le cœur, il avait ce don d’écouter et de remettre la bonne humeur avec une phrase ou deux.

 

Drago secoua la tête et effaça le sourire bête qui s’était étendu sur son visage. Le bal. Que personne ne se méprenne, il n’avait absolument aucune envie d’aller à cette soirée dansante tout bonnement ridicule et destinée aux couples idiots et ne souhaitant rien d’autre que de frimer ; ce n’était qu’une compétition de « Qui-sont-les-plus-beaux Â» et rien que ça lui donnait envie de vomir tant c’était niais. Cependant, imaginer trimballer Potter qui ne savait pas du tout danser (ça s’était grandement vu en 4ème année) alors que lui-même dansait comme un Dieu était une vision vraiment tentante. Ce serait à mourir de rire de le voir tout penaud à côté de lui, haut et fier. Bon, c’était un peu sadique sur les bords, c’est vrai. Mais carrément poilant. Ou mieux ! L’obliger à se déguiser en fille pour que personne ne le reconnaisse et que leur honneur respectif soit sauf. La vue soudaine dans son esprit d’Harry Potter en longue robe bouffante rose à paillette avec une énorme perruque brune et du maquillage le fit exploser de rire en plein couloir.

 

Il s’arrêta brutalement dans sa marche, le cÅ“ur battant la chamade, n’ayant plus du tout envie de rire. De rire... Ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas ri de la sorte, comme ça, juste en imaginant quelque chose d’absurde. Il mit sa main sur son cÅ“ur : c’est vrai que ça avait été rare qu’il batte aussi vite. Tout était clair, maintenant : il était véritablement amoureux de Potter. Le seul qui arrivait à le faire revivre, le seul qui arrivait à le faire rire même lorsqu’il n’était pas là, le seul véritable ami qu’il avait.

 

C’est drôle, pensa-t-il avec ironie, que mon seul véritable ami soit celui que j’ai tellement haï et qui m’aurait tué s’il avait pu.

 

A cette pensée, il s’effondra dans un coin du couloir et, pour la première fois depuis des années, laissa les larmes couler sur ses joues.

Il s’était rarement senti aussi bien qu’à cet instant.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

La cloche sonna et Harry, impatient d’aller dans la Salle-sur-Demande où il avait une fois de plus pris rendez-vous avec son blond préféré, sortit en trombes de la classe après un rapide signe de la main à Ron et Hermione.

 

Il arriva en un clin d’œil au sixième étage, où Malefoy n’était –pour une fois- pas là. Il appuya son dos contre le mur froid, ne s’inquiétant pas de son absence. Après tout, il était sorti vraiment vite et de toute façon, jamais Drago Malefoy n’irait courir après lui.

 

Alors qu’il souriait rêveusement, un espèce de frottement sonore qui venait de la gauche attira son attention. Il détourna la tête, les sourcils froncés, vers l’origine du son parasite ; mais il n’y avait rien et le silence envahissait à nouveau le couloir. Soudain, il vit enfin arriver Malefoy, les mains dans ses poches, un léger sourire sur le visage. 

 

« - Tu es en retard de très exactement trois minutes vingt-cinq secondes, protesta Harry avec un demi-sourire prononcé en regardant sa montre.

 

- Vingt-six, corrigea Malefoy avec dédain. Faut apprendre à lire l’heure, un jour.

 

- C’est ça. Â»

 

Harry l’embrassa en guise de bonjour, ce à quoi le Serpentard répondit joyeusement par la même politesse, puis ils entrèrent dans la Salle-sur-Demande.

 

« - Les plats ne sont pas préparés ?, demanda Harry en constatant qu’il n’y avait que des paniers et des boites remplies de fruits, de légumes et divers ingrédients.

 

- J’ai pensé que ce serait sympa de cuisiner, répondit simplement Malefoy.

 

- Je rêve où tu te mets aux activités moldues ?!, fit le Gryffondor stupéfait.

 

- Même pas en rêve, dit-il en ouvrant un placard et en sortant deux tabliers. Tiens, j’ai choisi celui-là pour toi. Â»

 

Malefoy lui balança un tablier rose pétant, avec écrit « Je suis la princesse de la cuisine Â» en paillettes. Forcément.

 

« - Trop aimable, le remercia-t-il en haussant un sourcil. Mais je préfère ne pas le mettre.

 

- Si tu te dégonfles, c’est toi qui feras la vaisselle, le prévint le blond avec un air sournois.

 

- Ça va, ça va, grogna-t-il en nouant le tablier autour de sa taille.

 

- Tu es sublime, ma jolie princesse, commenta mielleusement Malefoy avec une furieuse envie d’éclater de rire.

 

- Ferme-là et mets-toi au boulot ! Â», protesta Harry en le menaçant avec une spatule.

 

Le blond éclata de rire et se couvrit la tête avec ses mains –ne jamais sous-estimer la puissance d’un outil de cuisine moldu, même d’allure inoffensive. 

 

Il se trouvait qu’à eux deux, ils arrivaient à très bien faire la cuisine. Bon, d’accord, surtout Harry, qui avait été habitué à cuisiner chez les Dursley. Malefoy, quant à lui, avait glorieusement réussi à cramer les légumes que le brun avait soigneusement tranchés ; ce qui lui valut la corvée de découpage des ingrédients.

 

« - Où est-ce que tu as appris à faire ça, au juste ?, demanda Malefoy en tentant de cacher l’admiration dans sa voix tandis qu’il venait de marcher sur un morceau de courgette perdu.

 

- Dans la merveilleuse famille qui m’héberge depuis 16 ans, répondit Harry en retournant la viande dans la poêle.

 

- Ils te font cuisiner ?, dit-il en fronçant les sourcils.

 

- Très souvent, avant que je n’entre à Poudlard, murmura-t-il brièvement. Ainsi que le ménage et autres corvées –jusqu’à ce que je les menace de jeter un sort au cousin Dudley. Alors ça explique cet incroyable talent Â», ajouta-t-il avec un sourire malicieux.

 

Malefoy esquissa un sourire. Dix minutes plus tard, leur repas était enfin prêt.

 

« - C’est comment ?, demanda Harry avec un air anxieux.

 

- Dégueulasse, répondit Malefoy après une bouchée.

 

- Je me doutais que tu aimerais, dit-il avec fierté.

 

- Bravo, Trelawney. Â»

 

Il y eut un silence et ils s’attaquèrent tous les deux à leur plat. Harry sentait son cœur battre la chamade pour aucune raison.

 

« - Au fait, commença soudainement Malefoy.

 

- Oui ?

 

- Tu sais, le bal ? Â», fit-il avec nonchalance.

 

Harry faillit avaler sa viande de travers. Merlin. Malefoy parlait pour la toute première fois du bal...

 

« - Oui, le bal ?, répéta-t-il bêtement en sentant ses joues s’empourprer.

 

- T’en penses quoi ? Â», demanda tranquillement le blond alors qu’il continuait de couper ses légumes.

 

Et voilà, comme Harry l’avait prédit, Malefoy lui mettait la bombe dans les mains. La peur lui serra le ventre.

 

« - Je ne sais pas trop, répondit Harry à tâtons. Je ne savais pas que tu aimais ça.

 

- Effectivement, je n’aime pas ça, dit-il avec un demi-sourire. Mais à cas exceptionnel, situation exceptionnelle, non ?

 

- Quand tu dis « cas exceptionnel Â», je présume que tu parles de...

 

- Moi, exactement, coupa Malefoy avec de faux grands airs. Sans rire, ça serait drôle, non ? Â»

 

Harry était un peu déconcerté, mais il n’aurait pas pu imaginer quelque chose de mieux. Si le Serpentard prenait ça à la rigolade, c’était beaucoup plus facile.

 

« - Drôle ?, répéta le Gryffondor quelque peu troublé.

 

- Tu ne trouves pas ?, demanda Malefoy avec un regard interrogateur.

 

- Je ne sais pas, s’empêtrait Harry avec hésitation. Je veux dire, tu parles sérieusement... enfin... Qu’on irait ensemble au bal ? Â»

 

Malefoy fit un drôle de rictus quasi-invisible. Harry se pinça la lèvre ; sa remarque l’avait manifestement irrité.

 

« - Ça n’a pas l’air de te plaire, remarqua le blond en posant ses couverts.

 

- Le truc, commença-t-il, c’est que... Enfin, aller ensemble au bal, c’est...

 

- Je vois, coupa Malefoy d’un ton cette fois-ci clairement dur. Tu as honte d’être avec moi.

 

- Ne pars pas dans ce délire-là, d’accord ?, fixa sèchement Harry. Je ne suis juste pas encore prêt à exhiber cette vie privée devant tout Poudlard.

 

- Tu as honte d’être homo, se corrigea le blond en regardant la cheminée de la pièce –on avait l’impression de voir des flammes dans ses yeux argentés.

 

- Écoute, tu ne vas pas me dire que tu es fier de l’être, se défendit-il à contrecœur. Que je sache, tu n’es pas non plus en train de le crier à tous vents.

 

- Ce serait l’occasion de dire aux gens qu’on sort ensemble, s’entêta-t-il.

 

- Et subir des remarques toute la soirée ?, demanda Harry en se levant. Plutôt l’enfer que de devoir encaisser ça.

 

 

- Je pensais que tu n’avais peur de rien, attaqua Malefoy avec un certain mépris en se levant à son tour.

 

- Il faut croire que j’ai des faiblesses, d’accord ? Et puis La Gazette du Sorcier finira par l’apprendre, très rapidement, et s’il y a quelque chose que je déteste plus que les scoops humiliants sur moi, ce sont les scoops humiliants qui impliquent ceux que j’aime. Â»

 

Il marqua une pause, pétrifié d’horreur par ce qu’il venait de dire. Malefoy tourna brutalement la tête et fixa enfin son regard d’argent dans celui d’Harry. Un regard profondément surpris. Sa gorge s’assécha douloureusement et il baissa les yeux, sentant toute sa tête brûler.

Soudain, il sentit les mains si douces qu’il aimait tant prendre tendrement son visage, et les lèvres de leur propriétaire embrasser les siennes. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale tandis que Malefoy l’embrassait comme il ne l’avait jamais embrassé auparavant, d’une passion brûlante et exquise, tandis que ses mains semblaient démêler les cheveux du brun. Harry passa sa main sous la chemise du blond, non sans difficultés, pour y dessiner de ses doigts des formes arabesques ; il fut ravi de sentir son dos frissonner à son tour et le blond approfondit son baiser en poussant Harry avec force contre le mur. Le Gryffondor passa ses autres doigts dans ses cheveux blonds alors que l’autre continuait de se promener dans le dos du Serpentard, se baladant progressivement de sa nuque jusqu’à son bas du dos. Harry se décolla du mur et poussa Malefoy jusqu’au fauteuil, se trouvant enfin dans la position du dominant. Ce fut à son tour de l’embrasser éperdument, avec toute l’ivresse d’amour qui envahissait son cÅ“ur ; et Malefoy, quoique surpris par ce changement de situation soudain, n’en sembla pas mécontent et en profita pour se laisser faiblir durant quelques instants, laissant Harry prendre le contrôle. Enfin, après les minutes les plus délicieuses qu’Harry avait jamais eues, leurs lèvres se séparèrent et mirent fin au baiser qui avait pourtant paru sans fin.

 

« - Moi aussi je t’aime, Harry Â», murmura Drago alors que leurs visages étaient toujours à quelques centimètres.

 

Le feu d’artifice qui explosa dans le ventre d’Harry le fit bêtement sourire et il ne sut quoi répondre.

 

« - Que la robe de Salazar Serpentard soit maudite, grommela le blond en se relevant et se regardant dans le miroir en face. Qu’est-ce que t’as foutu avec mes cheveux ? Ils sont pires que les tiens en temps normal. Â»

 

Harry éclata de rire.

 

« - Pitié, arrête de rire, l’implora le blond avec un sourire sarcastique. Tu veux me tuer ou quoi ?

 

- Ce n’était pas mon premier souhait, sourit-t-il en ébouriffant davantage ses cheveux. Et à propos du bal ?

 

- On a le temps de décider de ça plus tard Â», dit-il.

 

Harry s’assit sur le fauteuil et regarda le blond.

 

« - Drago Malefoy, je t’aime.

 

- Je sais. Â»

 

Harry sourit. Sa première pensée fut de s’imaginer avec lui, son petit-ami, au bal de Noël. Et il se trouvait que ce n’était peut-être pas si une mauvaise idée que ça.

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