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Chapitre 6 : La Salle-sur-demande

La nuit qui vint, Harry fit le plus beau rêve qu’il n’avait jamais fait en revoyant en boucle la scène de leur extraordinaire baiser. Et il fut heureux de constater, en se réveillant, que ses yeux n’étaient pas humides mais que son cœur battait la chamade et qu’il souriait.

 

« - Harry, par pitié, dit Ron alors qu’ils étaient seuls dans le dortoir et que son ami venait d’émerger, dis-moi que tu rêvais de Quidditch ou de bouffe sinon je me barre en courant.

 

- Désolé, vieux, c’était lui, éclata-t-il de rire de façon totalement hystérique.

 

- Tu deviens vraiment taré Â», commenta Ron en haussant un sourcil de dépit devant son meilleur ami en plein fou-rire.

 

Harry était plus joyeux que jamais. Ce qui était carrément cliché et assez ridicule, mais pour le coup il n’en n’avait rien à faire. Quand on lui avait demandé la veille ce qui le mettait de si bonne humeur, il répondait simplement que c’était une belle journée.

 

En première heure, ils avaient Défense Contre les Forces du Mal avec les Serdaigles. Le cours était dirigé par Fol Œil (le vrai, cette fois), pour la plus grande terreur de certains de ses élèves.

 

« - Bonjour, grogna-t-il une fois que tous les élèves furent assis. Aujourd’hui, je ne vais hélas pas commencer par quelque chose d’intéressant mais par une nouvelle qui vient d’arriver et qui vous concerne –les Septième année. Â»

 

Harry fronça des sourcils. Qu’allait-il encore se passer cette année ?

 

« - Je ne doute pas que cet... événement ravira beaucoup d’entre vous, continua Maugrey en roulant des yeux –enfin, surtout d’un seul. Comme vous le savez, il s’agit de votre dernière année ici et le professeur Dumbledore ainsi que les autres professeurs ont décidé d’instaurer une nouveauté visant à célébrer vos fins d’études. Étant donné qu’il avait énormément plu à tous les élèves –dont vous sans l’ombre d’un doute- lors de votre quatrième année. Â»

 

Les murmures commencèrent à envahir la classe tandis que l’estomac Harry fit un énorme bond. Non, ce n’était quand même pas...

 

« - Le Bal de Noël », termina Fol Å’il sans grand enthousiasme.

 

Il y eut aussitôt une énorme effervescence dans la salle de classe, dirigée en majeure partie par les filles. Toute la joie qu’Harry avait ressentie depuis la veille s’écroula piteusement et il sentit son estomac se barrer jusqu’à Durmstrang. Pitié, faites qu’il ait mal entendu. Faites qu’il n’y ait pas réellement de bal.

 

« - Comme vous vous en doutez, dit Maugrey –tout le monde se tut automatiquement-, vous pourrez inviter un cavalier ou une cavalière et le plus beau « couple Â» sera élu Roi et Reine de cette soirée. Â»

 

Mourir. Mourir. MOURIR.

 

« - Maintenant, si vous n’avez pas de question, nous pouvons enfin commencer le cours. Nous allons continuer sur les sortilèges de défense et de protection... Â»

 

Harry n’entendit pas la suite de sa phrase pour cause du bourdonnement qui lui résonnait dans les oreilles. Lorsqu’il se demanda ce qui pouvait être pire, Parvati lui répondit par un regard et un sourire plein d’espoir. Un bal ? C’était affreux. Si son cerveau et son esprit fonctionnaient bien, la logique obligeait d’y aller avec Malefoy, ce qui était pire que tout. D’une, ils commençaient à peine leur relation au bout de 7 ans de haine, de deux, toute l’école serait au courant, de trois, ils passeraient la pire soirée de leur vie, et de quatre, si Dumbledore s’amusait à les nommer « meilleur couple Â», ce serait la mort assurée. Il aurait préféré avoir un Détraqueur comme petit ami dans cette situation. A moins d’être malade et de choper une pneumonie. Ou même la Peste, à bien y réfléchir. Ou peut-être que Malefoy n’aimait pas les bals et qu’il ne voudrait pas y aller, ce qui serait une excellente échappatoire. Ou qu’il ne voudrait pas y aller avec Harry et dans ce cas, ce serait plus simple. Mais en même temps, il ne se voyait absolument pas y aller avec Parvati. Quelle prise de tête !

 

« - Potter, j’attends ? Â»

 

Harry releva brutalement la tête, complètement perdu.

 

« - Je vous demandais comment est-ce qu’on élimine les Inferi Â», grogna Maugrey.

 

Harry haussa les sourcils et baragouina quelque chose comme « Je ne sais pas Â». Hermione, comme d’habitude, se chargea de répondre à sa place –apportant 5 points pour Gryffondor. Merlin, pourquoi un bal de Noël ! C’était sans doute la plus mauvaise décision que Dumbledore ait jamais prise. Harry se demanda si Malefoy était informé de cette nouvelle et quelle serait sa réaction. Allait-il se poser les mêmes questions ? Impossible à savoir. Du moins, plus pour très longtemps ; son franc-parler ne le trahirait sûrement pas sur ce genre de chose, et Harry sut d’avance que le blond allait lui lancer la bombe dans les mains avec une question du style « Alors Potter, tu as entendu parler du bal ? Â» La fourberie de l’extrême typiquement Malfoyenne. La peur lui saisit le ventre ; il commençait à peine une relation avec Malefoy que comme un Botruc dans la soupe, on lui imposait le bal et d’en discuter avec le Serpentard.

 

« - Pitié, implora Harry à la fin du cours, dites-moi quelque chose sans prononcer le nom Malefoy. Â»

 

Ron et Hermione se regardèrent avec embarras, puis Ron haussa les épaules et dit en faisant ce qui devait à la base être un sourire :

 

« - T’es dans une sacré mouise, vieux.

 

- Merci beaucoup, maugréa Harry en levant les yeux au ciel. C’est vraiment ce que j’attendais. 

 

- J’avoue que c’est potentiellement problématique, concéda Hermione en tentant désespérément de mettre les formes.

 

- Potentiellement problématique ?, répéta Harry. Ça remonte à quand la dernière fois que tu t’es trouvée dans la situation de devoir demander à ta pire ennemie d’aller au bal avec toi ? Alors que vous vous êtes mis ensembles la veille ?

 

- Vous êtes ensembles, alors ?

 

- C’était pour imager, Ron, expliqua-t-il avec exaspération.

 

- Au pire, répondit Hermione, vous n’êtes pas obligés d’en parler maintenant, non ? Vous pouvez attendre de voir où va votre relation et à l’approche du bal, vous verrez bien quelle est votre situation et vous pourrez alors faire un choix. Et je t’en prie, ne l’appelle plus « ton pire ennemi Â». Il ne l’est plus, n’est-ce pas ?

 

- On l’a été pendant 7 ans et ça ne date que d’hier, alors je pense que ça se considère encore comme tel, dit-il en baissant le regard.

 

- Tu aurais envie d’aller au bal avec lui ?, demanda-t-elle d’un bloc.

 

- Ça va pas la tête ?!, fit-il ébahi. Hermione, c’est la première fois que tu manques de bon sens. On ne va quand même pas aller au bal ensemble !

 

- Et pourquoi pas ?, s’acharna-t-elle férocement.

 

- Ça me semble un peu évident, dit-il. Drago Malefoy et Harry Potter dansant ensemble au bal de Noël ? Rien qu’en disant ça, on imaginerait plus probable de voir Dumbledore danser des claquettes en tutu tandis que Rogue cracherait du feu en chantant du russe sur une licorne à deux mâchoires.

 

- Jolie métaphore, commenta Ron avec sérieux.

 

- C’est vrai que ça parait un peu... Inhabituel, admit-elle.

 

- Je ne veux pas voir ma vie privée étalée à quelque chose comme ça, expliqua Harry en se voyant avec horreur tenir la main de Malefoy devant tout le monde. En plus, tu sembles oublier que outre le fait que ce soit Malefoy, il s’agit d’un garçon, et pour te le rappeler, je suis un garçon.

 

- Si quelqu’un à un problème avec ça, je le gifle !, s’écria-t-elle d’un air véritablement menaçant.

 

- Dans ce cas, tu devras gifler tous les élèves de cette école, et ce n’est pas chose gagnée.

 

- On se divisera le travail, dit le rouquin. Toujours là pour te soutenir, vieux.

 

- Toujours déterminé à être le cavalier, hein ?, demanda Harry avec un sourire.

 

- Même hors des parties d’échecs Â», répondit Ron avec un sourire identique.

 

Alors qu’ils tournaient en silence vers le cours de Sortilège, Harry eut le temps d’apercevoir qu’Hermione souriait, les yeux embués.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Salut Harry Â», le salua pour la énième fois Parvati avec un sourire éclatant.

 

Harry répondit, mal à l’aise, par un hochement de tête tandis qu’elle rejoignait Lavande avec des gloussements à la table des Gryffondor.

 

« - Je ne sais pas ce qui la pousse à vouloir être ta cavalière de nouveau, rigola Ron. La dernière fois, le niveau d’ennui aurait pu battre à plate couture celui du cours de Binns.

 

- Encore heureux qu’on a plus Histoire de la Magie, d’ailleurs, dit Harry.

 

-En tout cas, ça va être pire qu’en quatrième année, soupira Hermione avec dédain en regardant Parvati et Lavande. Il va y avoir toute une bande de quiches à te demander d’aller au bal avec elles.

 

- Moi, je serai tranquille pour ça, grommela piteusement Ron.

 

- Pas sûr, le contredit-elle brutalement. Hannah Abbott n’arrête pas de te regarder depuis la rentrée.

 

- Hannah Abbott ?, s’exclama-t-il stupéfait. On ne s’est jamais vraiment parlé ! De toute façon, non merci. 

 

- Au fait, Harry, demanda soudainement Hermione, comment ça se fait que vous ne vous parlez plus, Ginny et toi ? Elle a pourtant l’habitude de venir de temps en temps et c’est zéro depuis hier.

 

Harry ouvrit de grands yeux. Merlin ! Il avait complètement oublié Ginny. En effet, ça faisait... Et bien, ils ne s’étaient plus revus depuis qu’elle l’avait surpris en train d’embrasser Malefoy. Soit la veille. Mais il avait l’impression qu’il s’était passé une semaine.

 

« - Et bien, en fait, commença Harry en toussotant, c’est parce qu’elle nous a vu hier, moi et Malefoy, tu sais... Â»

 

Ron partit dans un fou-rire tel qu’en frappant la table du poing et l’innocent panier de fruits, il envoya en catapulte une pomme qui vint heurter violemment l’arrière de la tête d’Hannah, dont le visage vint s’enfoncer dans sa purée.

 

« - Elle vous a vus ! Hahahahahaha ! Elle vous a vus !

 

- Ferme-là immédiatement, ordonna Harry en se retenant de rire face à la mine déconfite et recouverte de purée d’Hannah.

 

- Merlin !, s’écria-t-il en essuyant les larmes sur ses joues. C’est pour ça qu’elle tire une tronche pas possible quand vous vous croisez !

 

- Ce n’est pas drôle, Ron !, gronda Hermione d’une voix étrangement aiguë. Elle ne m’en a pas parlé mais elle a l’air dévastée ! 

 

- Sérieusement ?, demanda Harry qui n’avait plus du tout envie de rire à présent.

 

- Sérieusement, dit-elle gravement. Tu devrais aller lui parler. Ses sentiments à ton égard ne sont jamais partis, tu sais. Â»

 

Harry hocha la tête. Il considérait Ginny comme sa petite sœur –ce qui avait fait que leur relation n’avait pas marché- et c’était de son devoir d’aller lui parler, bien que ça allait être extrêmement gênant.

 

« - Où est-elle ?

 

- Aucune idée Â», répondit Hermione en regardant autour d’elle.

 

Harry sentit un pic de culpabilité dans sa poitrine.

 

« - Je vais dans la Salle Commune Â», dit-il en se levant.

 

Sur le chemin, il croisa Ernie Macmillan, qui ne semblait pas de très bonne humeur.

 

« - Salut Ernie, l’appela Harry. Est-ce que Ginny est dans la Salle Commune ?

 

- Je pense, répondit-il d’un air las.

 

- Tu ne sais pas ?

 

- Elle a rompu ce matin, grommela Ernie. Alors on ne se parle plus. Â»

 

Avant qu’Harry ait pu s’excuser, le Poufsouffle repartit d’un pas rageur vers la Grande Salle. C’était plutôt inhabituel de la part d’Ernie de ne pas s’étendre sur des kilomètres de phrases ; sa rupture avec Ginny devait sûrement le perturber. Harry continua sa route mais avant d’être arrivé dans la Salle Commune, il la trouva assise dans le coin d’un couloir à lire un livre.

 

 Â« - Salut, Ginny, toussa-t-il.

 

- Salut. Â»

 

Elle releva un visage impassible sans le regarder directement.

 

« - Tu ne viens pas me demander d’aller au bal avec toi, je présume que tu as déjà un cavalier ?, dit-elle sans pouvoir dissimuler une pointe d’irritation.

 

- Justement, je voulais t’en parler, commença maladroitement Harry.

 

- Je ne suis pas sûre de vouloir parler d’hier, le coupa-t-elle.

 

- Il le faut, fit-il d’un ton plus dur qu’il ne le voulait.

 

- Et de quoi est-ce que tu veux parler, au juste ?, demanda Ginny en le fixant enfin dans les yeux. Je n’ai pas particulièrement envie de parler de tes élans homosexuels avec Malefoy. Â»

 

Harry sentit ses joues s’enflammer. Ginny avait vraiment le don de ne pas y aller par quatre chemins.

 

« - C’était aussi embarrassant pour toi que pour moi, tu sais, dit-il.

 

- Ça fait combien de temps que ça dure ?, demanda-t-elle en claquant son livre. C’est pour ça que tu as rompu l’année dernière ?

 

- Bien sûr que non !, s’écria-t-il rapidement. Ça ne date que d’hier.

 

- Mais tu es amoureux de lui depuis plus longtemps qu’hier, que je sache ?, insista-t-elle.

 

- Je te rassure que je n’étais absolument pas intéressé par lui ou par quelqu’un d’autre quand j’ai rompu, affirma Harry avec fermeté. Je n’étais plus amoureux de toi, point final. Â»

 

Ginny tourna la tête.

 

« - Tout ce que je te demande, c’est que personne ne le sache, dit-il faiblement. Je t’en prie.

 

- Je pensais que tu me connaissais, rétorqua-t-elle en se levant, vexée. Je ne suis pas le genre de dinde qui va colporter les secrets des gens.

 

- Ne le prends pas mal...

 

- Laisse tomber, Harry, le rabroua-t-elle. Tu as raison, c’est mieux qu’on se soit séparés. Et juste pour te prévenir, Ernie aussi vous a vus. Â»

 

Sur ce, elle le planta au beau milieu du couloir, seul et dépité. Non seulement il venait de se brouiller avec sa petite sÅ“ur de cÅ“ur, mais en plus elle n’avait apparemment pas été la seule à les avoir vus s’embrasser. Harry ignorait si les ragots allaient de bon train chez  les Poufsouffles ou si Ernie aurait l’intelligence de se taire. Sinon, peut-être que Ginny ne lui avait dit que ça pour lui faire peur ; quoique la rouquine n’était pas du genre à mentir.

 

Soudain, un hibou complètement furax le percuta en pleine tête et lui laissa tomber dans les mains la lettre accrochée à sa patte.

 

« - Errol ? Â», grommela Harry en se massant le crâne.

 

Mais ce n’était pas le hibou des Weasley : celui-ci avait des plumes aux couleurs blanches, caramel et grises. Il s’envola aussitôt et repartit d’où il était venu. Harry déplia, intrigué, le morceau de parchemin roulé, qui était griffé une écriture penchée et serrée.

 

« Salut Potter,

Retrouve-moi devant la Salle-sur-Demande.

                                                                        M. Â»

 

Harry esquissa un sourire amusé malgré lui. Comme si, après un message d’une telle gentillesse –tout comme le hibou, d’ailleurs-, il y avait eu besoin de signer !

 

Il en oublia totalement Ginny et autre Macmillan  et s’empressa de monter d’un pas vif les escaliers en direction de la pièce Va-et-vient. Pourquoi Malefoy lui donnait-il un rendez-vous ? Pour parler du bal ? Ou pire ! Le ventre d’Harry se serra. Et si le blond regrettait de l’avoir embrassé et voulait tout arrêter et ne plus jamais en parler ni le voir ? Il l’attendait apparemment depuis un an –Harry sourit bêtement à cette idée-, mais si finalement, ça n’était pas comme il l’imaginait ? Il ne put s’empêcher d’imaginer Hermione péter son câble si elle avait entendu cette pensée. Arrête de douter, l’évidence est... évidente, maintenant ! Foutue voix de la Raison. Ou plutôt celle d’Hermione.

 

Harry arriva enfin au Septième Étage et il aperçut bien évidemment Malefoy de dos, qui attendait patiemment en regardant le mur.

 

« - Tu es en retard Â», dit-il sans se retourner.

 

Harry devina qu’il souriait au travers de ses mots.

 

« - Je ne pouvais arriver plus vite à moins de prendre un balais Â», répondit-il amusé.

 

Le Serpentard, un demi-sourire sur les lèvres, se retourna en haussant un sourcil d’un air faussement dédaigneux –ce qui lui donnait un charme fou.

 

« -Je me suis fait frapper injustement par ton hibou, au fait, protesta Harry.

 

- C’est pile ce que je voulais, fit Malefoy avec satisfaction.

 

- Je m’en suis douté. Très aimable à toi, j’insiste. Et pourquoi tu m’as demandé de venir ici ?

 

- Pour discuter, répondit-il simplement. J’ai pensé... Que ce serait pas mal de se voir en dehors du cours de potion. Pour être tranquilles et partager autre chose qu’une salle de classe ou un couloir. Â»

 

Harry se retint de lui pincer les joues tant il était mignon.

 

« - Je trouve que c’est une bonne idée Â», dit-il soulagé que Malefoy ait pris la décision.

 

Malefoy esquissa à nouveau un sourire amusé –et légèrement moqueur.

 

« - Toujours conciliant, hein ? Ah, ces Gryffondors, dit-il avec supériorité, toujours prêts à faire plaisir même s’ils n’en n’ont pas envie. 

 

-  J’étais sincère !, contesta Harry.

 

- Je te laisse le choix de la Salle, dans ce cas Â», affirma Malefoy en levant les mains avec suffisance –comme si ça avait été calculé.

 

Harry réfléchit un instant. Dans quel genre de salle Malefoy voulait-il aller ? Sûrement pas quelque chose de trop cosy ; ça serait mal venu. Ni quelque chose dans les couleurs rouge et or ; ça serait trop Gryffondor. Mais pas quelque chose de trop dur non plus ; ça serait pas terrible.

Il ferma les yeux et deux ou trois secondes plus tard, le bruit caractéristique de la création de la porte résonna dans le couloir.

 

Malefoy ouvrit la porte et y entra sans prendre la peine de demander à Harry, qui le suivit sans faire de remarque. Égal à lui-même, le Serpentard.

 

« - J’ignorais que tu t’y connaissais en déco, Potter, l’entendit-il se marrer. C’est pas mal. Â»

 

Harry entra à son tour et sourit : c’était exactement ce qu’il voulait. La pièce ressemblait à la Salle Commune, avec deux fauteuils individuels et une table au milieu, une cheminée ainsi que deux étagères remplies de livres. Les restes de la salle de l’AD, pensa Harry avec nostalgie. Quant aux couleurs, et bien... Il se trouvait que le rouge se mariait très bien avec le vert. Malefoy conservait son demi-sourire amusé, notamment lorsqu’il remarqua un tableau qui représentait un serpent et un lion.

 

« - Tu m’as dit que tu voulais discuter, commença Harry qui n’osait s’asseoir.

 

- Belle mémoire, ironisa le blond en s’affalant sans aucune gêne-et pourtant, avec classe-  sur l’un des fauteuils.

 

- Mais de quoi ?, demanda-t-il en s’asseyant prudemment à son tour.

 

- Ce que tu peux te prendre la tête !, se moqua Malefoy en levant les yeux au ciel. J’ai juste estimé que c’était mieux de se connaître. Â»

 

C’était vraiment étrange de discuter tranquillement avec Malefoy, assis chacun dans un fauteuil de la Salle-sur-Demande. Harry sentit son cœur battre la chamade et ses joues s’empourprer.

 

« - Alors on va jouer à un petit jeu, ok ?, commença le Serpentard manifestement ravi de déstabiliser Harry. On va se poser une question personnelle chacun son tour. Je t’en prie, commence. Â»

 

Harry se retint d’hausser un sourcil surpris. Si c’était étrange de discuter, ça l’était davantage de jouer à un jeu. Il en déduit que Malefoy était peut-être lui aussi mal à l’aise que lui et qu’il préférait qu’ils se connaissent de cette façon dérivée. S’il était effectivement mal à l’aise, il était un excellent acteur.

 

 Â« - Couleur préférée ?, demanda Harry en se sentant stupide de poser une telle question.

 

- Le bleu. Et non, pas la couleur de Serpentard, répondit-il avec un ricanement. Toi, ta couleur préférée n’est pas le rouge, n’est-ce pas ? C’est le vert.

 

- Comment tu le sais ?, interrogea Harry stupéfait.

 

- N’oublie pas que tu es dans mon collimateur depuis plus d’un an, j’ai eu le temps de t’espionner depuis. Animal préféré ?

 

- Le cerf. Plus beau souvenir ?

 

- Hier Â», dit Malefoy.

 

Harry sentit ses joues brûler si ardemment qu’il s’étonna de ne pas s’enflammer.

 

« - Plat préféré ?, continua normalement le blond.

 

- La tarte à la mélasse. Conte préféré de Beedle le Barde ?

 

- La Fontaine de la bonne fortune. Tout comme toi, je sais Â», ajouta Malefoy avec un sourire fier.

 

Et durant plus d’une demi-heure, ils s’interrogèrent mutuellement sur des choses banales ; Harry était ahuri de la connaissance de Malefoy à son propos et était tout aussi surpris des goûts de celui-ci. Chose incroyable, ils avaient réussi à rire ensemble à certaines réponses ; et parfois, Malefoy interrompait le jeu en l’embrassant. Pas une seule fois ils ne parlèrent du bal, ce qui arrangeait grandement Harry. Contrairement à ce qu’il pensait, Malefoy n’était pas si brut de décoffrage que ça et malgré quelques réponses franches et directes, il avait cette sorte de réserve personnelle –ce qu’Harry adorait.

 

Oui, il l’adorait vraiment

 

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