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Chapitre 6: Mises au point

 

« - Enfin le week end !, s’effondra Hugo dans le fauteuil de la salle commune. On a beau être en première année et fini la première semaine, je suis déjà fatigué.

- Et bien, tu n’es pas rendu, ris-je en m’asseyant à mon tour devant la cheminée. Personnellement, j’ai trouvé ça super. Et dire qu’on reste 7 ans !

- 7 ans qui ne seront pas de tout repos, je le sens, affirma intelligemment Ethan. Néanmoins, ajouta-t-il en voyant ma mine quelque peu renfrognée, je ne dis pas que ce ne sera pas bien. Je sens aussi que ça va être génial.

- Et bien, si les 7 prochaines années se déroulent comme cette semaine, je ne dis pas que ça le sera, dis-je en m’efforçant de ne pas paraître trop pessimiste.

- Ne viens-tu pas de me dire que cette semaine était « super Â» ?, remarqua Hugo avec perspicacité.

- Je ne regrette pas ce que j’ai dit, mais... J’ai peut-être exagéré un peu. Â»

 

Ethan hocha la tête d’un air compatissant. Cette semaine n’avait pas été de tout repos. J’ai adoré les cours (si on omet l’Histoire de la Magie) qui sont réellement passionnants, mais ce qui s’est passé en dehors ne me ravissait pas beaucoup. Entre les multiples questions venant d’inconnus, les remarques diverses (parfois gentilles, notamment sur le cours de vol mais aussi parfois désagréables et particulièrement irritantes sur le Conte ou mon soi-disant « air supérieur Â») et les regards gênés de Peter, je dois avouer être légèrement oppressée. Toute la semaine, quand j’avais un instant à moi, j’ai cherché une personne qui pourrait me raconter l’histoire de l’Aigle Triste mais dès que je m’éloignais de mes amis, je me retrouvais engloutie sous une foule qui ne m’écoutait même pas et me posait des tonnes de questions.

 

« - Automne ?

- Oui, répondis-je en sortant de mes pensées.

- As-tu essayé de parler à ton frère ?, interrogea Hugo.

- Non, dès que je l’approche ou qu’il vient me voir de lui-même, il s’embrouille, il devient complètement fou. Pourquoi ?, répondis-je d’un air las.

- Et bien... Tu as cherché toute la semaine quelqu’un d’un  tant soit peu d’esprit pour te raconter l’histoire. Mais... Pourquoi ne pas...

- Demander à mon frère, achevai-je brutalement. Mais bien sûr ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ? Il est le seul qui puisse m’aider là-dessus. Mais comment lui parler ?, me demandai-je désespérément. Je vous l’ai déjà dit, il se met à pleurer ou ne sait plus parler quand on entreprend une discussion.

- Peut être devrais-tu attendre en attendant que ça se tasse un peu avant de lui foncer dessus dès lundi, conseilla Ethan avec sagesse. J’imagine que ce doit être un choc pour lui.

- Au fait, demanda soudainement Hugo, as-tu prévenu tes parents de tout ça ?

- J’avais complètement oublié !, réalisai-je. Je leur enverrai un courrier demain pour leur expliquer tout ça... Mais en fait, ce sont eux qui me doivent des explications !, m’écriai-je avec colère. Ils sont très certainement au courant du conte et de ce qui va avec ! Et tout comme Peter, ils m’ont gardé dans l’ignorance ! Je n’y crois pas !

- Automne..., tenta Hugo.

- Je ne veux rien entendre, rien. C’est de leur faute si tout ça m’arrive !, explosai-je au bord des larmes. S’ils m’avaient dit, je serais au courant et...

- Écoutes-moi, me coupa fermement Ethan en me fixant d’un Å“il autoritaire. Tes parents ne sont pas les auteurs de ce Conte, d’accord ? Ce n’est alors aucunement leur faute. Ils ne t’en n’ont pas parlé, soit parce qu’ils ignoraient son existence, SOIT, ajouta-t-il en élevant un peu la voix en voyant mon regard noir, ils ne t’en n’ont pas parlé dans l’unique but de te protéger. Ils n’y sont pour rien, Automne, dit-il le ton plus doux. Je comprends que ça t’affecte, ça bouleverserait n’importe qui. Écris-leur, explique-leur la situation actuelle. Â»

 

Je hochai la tête, une larme ruisselant douloureusement sur ma joue comme si elle était remplie de malheurs et Ethan l’essuya avec douceur. Hugo paraissait penaud, comme s’il était complètement extérieur à ce qu’il venait de se passer.

Je saisis ma plume, sortit un morceau de parchemin de mon sac, le posai sur un livre et me mit à écrire, le ventre sur le tapis, devant la cheminée dont le feu crépitait doucement.

 

« Papa, Maman,

 

Mon voyage jusque Poudlard s’est bien passé et je me suis fait deux amis, Ethan Davean et Hugo Weasley (Et oui, le fils de Ronald et Hermione Weasley ! Incroyable, non ?). Mais à partir de la Répartition, ça ne s’est pas exactement passé comme vous l’imaginiez. Lorsque le professeur McGonagall, la directrice a posé le Choixpeau sur ma tête, j’ai bien évidemment su que j’irai à Serdaigle.

Or... Le Choixpeau à longuement hésité, il m’a dit qu’il n’avait ressenti ça que pour Harry Potter et... Il m’a envoyé à Gryffondor. Je pense que vous retenez une exclamation de surprise, non ? Oui, même moi j’ai eu beaucoup de mal à réaliser. Est-ce mal ? Je ne sais pas pourquoi je suis Gryffondor alors que vous, Peter, grand-mère, grand-père, et tous les autres sont allés à Serdaigle. J’ignore ce que cela signifie.

 

Et ce n’est pas tout. Je ne sais pas trop comment vous dire ça, mais je suis l’objet, depuis mon entrée à Poudlard, d’une rumeur, de remarques incessantes à propos d’un Conte et j’ose espérer qu’à l’évocation de ce terme, vous ne voyez pas ce qu’il signifie. Tout le monde, même les professeurs, m’identifie comme l’héroïne de ce Conte. Il s’appelle, si vous ne le savez pas déjà, L’Aigle Triste.

Je ne comprends rien à toute cette histoire. Je cite Mme Pince, la bibliothécaire –qui a bien failli s’évanouir lorsque je lui en ai parlé le premier jour de cours: « Il était vendu partout mais depuis quelques heures seulement il a été interdit de vente lorsque l’on a découvert que l’héroïne de l’Aigle Triste existe. Â» Il a été placé dans la Réserve le lendemain de mon admission à Gryffondor et je n’ai pas pu le lire.

 

S’il vous plaît, si vous savez de quoi je parle, je vous demande de m’expliquer tout ça. Si vous avez toujours été au courant de ce conte, je vous en prie, racontez-le moi en réponse à cette lettre. Je n’en peux déjà vraiment plus des regards, des remarques incessantes, de la gêne continuelle de Peter -qui à l’air de mourir lorsque l’on parle- et moi, au beau milieu, qui ne comprend rien du tout. Ne me laissez pas dans l’ignorance et l’inquiétude.

 

Si vous ne connaissez pas ce conte, pourriez-vous... Vous renseigner ? J’ai essayé moult fois de trouver quelqu’un qui pourrait me le raconter, mais dès que je sors seule, je suis assaillie par une bande d’élèves allant de la première à la septième année qui me posent –ou « hurlent Â», serait plus juste- des questions et ne m’écoutent même pas lorsque j’essaie d’expliquer que je ne suis au courant de rien.

 

Quant à Peter qui menacerait de faire une crise cardiaque si j’allais lui demander, je ne préfère même pas prendre le risque et je préfère me tourner vers vous, je suis sûre que vous avez la parfaite possibilité de le lire.

 

Sinon, le reste, tout est vraiment génial. Toutes les matières sont plus intéressantes les unes que les autres (excepté l’Histoire de la Magie qui est à mourir d’ennui) et pour l’instant, c’est le cours de Vol que je préfère. La Salle Commune et le dortoir sont confortables et chaleureux, si bien que je me sens déjà chez moi.

 

Je vous embrasse et vous aime,

Automne. Â»

 

Je reposai ma plume et relis la lettre. Elle me semblait claire et nette. Avec ces précisions, mes parents ne pourront que répondre la vérité.

 

« - Tu as fini ?, demanda Hugo d’un air un peu nerveux.

- Oui, affirmai-je en hochant machinalement la tête. Je vais aller à la Volière pour la leur envoyer, je ne peux attendre demain. Â»

 

Je la scellai, écrit le nom de mes parents sur la lettre et après un geste amical à mes amis, courus jusque la Volière. La pièce était sale et éclairé par le coucher de soleil. Il ne tarderait pas à faire nuit, je ne devais donc pas traîner –et en plus, il faisait un peu froid.

 

« - Hé, Neige, appelai-je doucement ma chouette aux plumes  blanches parsemées de beige. Â»

 

Elle vint se poser joyeusement sur mon avant-bras et me mordilla affectueusement les doigts. Elle s’appelait Neige en raison de mon adoration pour l’Hiver et ses beaux paysages glacés. C’était de loin ma saison préférée et au début, j’ai hésité à l’appeler Flocon mais je me suis dit que Neige serait mieux.

 

« - Tiens, donne ça à mes parents, Mr et Mme Hayleen. Â»

 

Je lui accrochai la lettre à la patte et elle s’envola dans le ciel qui à présent était sombre. Je redescendais vers la Salle Commune lorsque je croisai celui que j’avais le moins envie de voir en ce moment : Scorpius.

 

« - Tiens, on dirait que le sale pigeon a une fois de plus quitté son nid ?, répliqua-t-il d’un air mauvais, sans aucun sourire.

- Ce n’est pas parce que tu t’es ridiculisé en public –et uniquement par ta faute- que tu es obligé de te lâcher sur les autres, Malefoy, répliquai-je.

- Oh, tu crois ça ?, cracha Malefoy qui fulminait de rage. Cette stupide sorcière m’a jeté un maléfice car elle sait pertinemment que je suis bien plus puissant que toi, et elle ne voulait sûrement pas que l’Aigle Triste se fasse humilier. C’est évident. Elle a tout de suite décelé le  vainqueur que je suis.

- Je n’y crois pas, m’exclamai-je choquée devant tant d’arrogance. Est-ce que tu t’entends parler ?! « Je suis bien plus puissant que toi Â», « Le vainqueur que je suis Â». Tu te prends pour qui, sérieusement ? Ta capacité à te surestimer est sans doute bien plus puissante que le reste de tes capacités imaginaires, lui répondis-je avec un regard noir. As-tu seulement une preuve que Miss Pierce t’ai jeté un maléfice ? Aucune. Car évidemment, il n’existe aucune preuve s’il n’existe aucun crime. Maintenant, conclus-je en m’avançant d’un pas, lâche-moi et retourne voir tes petits copains –que tu ne revendique même pas comme tels. Â»

 

Et je plantai là un Scorpius furax, moi-même énervée. Comment osait-il parler ainsi ?! Il avait beau venir d’une famille riche et bien placée, ça ne veut pas dire qu’il devait se sentir supérieur et traiter les autres comme des moins que rien.

 

« - On n’en restera pas là Hayleen ! Tu regretteras amèrement ce que tu viens de dire Â», lança Malefoy d’un ton qu’il voulait menaçant.

 

Je ne pris même pas la peine de répondre. Il était tard et si un professeur me trouvait dans les couloirs à une heure pareille, j’aurais de sacrés ennuis –et j’estimais en avoir déjà assez.

 

« - Tu en as mis du temps !, s’écria Hugo dès que je fus revenue dans la Salle Commune plus bondée qu’elle ne l’était avant que je ne parte.

- Qu’est-ce qui ne va pas ?, remarqua Ethan en fronçant les sourcils.

- J’ai rencontré Malefoy en revenant de la Volière Â», marmonnai-je.

 

Je leur racontai alors en détails ce qu’il s’était passé et ce qu’on s’était dit. Hugo était plié en deux de rire.

 

« - Ta capacité à te surestimer est sans doute bien plus puissante que le reste de tes capacités imaginaires !, suffoqua-t-il entre deux éclats d’hilarité. Alors ÇA, c’était puissant, Automne !

- Tu lui a fichu une sacrée gifle !, affirma Ethan qui lui aussi riait. J’imagine que personne encore ne lui avait parlé de cette façon !

- Il l’a bien mérité, grognai-je.

- Franche... Franchement, bien joué, haleta Hugo qui essuyait ses larmes en se tenant le ventre. Dommage que je n’aie pas vu ça.

- Je pense au contraire que ce n’était que mieux, que l’on ne soit que tous les deux, répondis-je.

- Tu plaisantes ?! Malefoy se serait pris une de ces hontes s’il y avait eu du monde !

- Je pense la même chose qu’Automne, approuva Ethan avec gravité.

- Après l’humiliation qu’il s’est pris en cours de vol, je pense qu’il ne faudrait pas en rajouter, dis-je.

- Tu es en train d’avoir pitié de... Scorpius Malefoy ?, s’exclama Hugo ébahi.

- Hugo, je ne cherche pas à le ridiculiser ! Je lui ai dit ce que je pensais, cette affaire est réglée. Il a déjà suffisamment pris de coups, il sait à quoi s’en tenir.

- N’empêche... Avec quelques spectateurs ça aurait été beaucoup plus drôle...

- Il n’y a rien de drôle à humilier quelqu’un en public, répliquai-je d’un ton sec et cassant. Contrairement à Malefoy, je ne prends aucun plaisir à abaisser quelqu’un !

- Automne, ne t’énerve pas..., tenta de dire Hugo l’air déconfit.

- Je monte me coucher, répondis-je en ne changeant pas de ton. Vous feriez bien d’en faire autant. Â»

 

Je pris mon sac et montai les escaliers d’un pas rageant, mais dès que j’eus refermé la porte de mon dortoir, je regrettai aussitôt d’avoir réagi ainsi contre mes amis. Ethan n’avait rien fait et Hugo ne pensait pas mal, il ne m’avait pas comparée à Scorpius, je l’ai juste ressenti comme tel. Et d’ailleurs, il avait de bonnes raisons de vouloir son mal, non ? Les Malefoy ont toujours persécuté les Weasley et Hugo ne faisait pas exception à la règle. Je me sentis soudain honteuse et après avoir enfilé mon pyjama, me réfugiai dans mes draps.

 

« - Tu n’as pas l’air en forme, sourit Cassandra d’un drôle d’air.

- Est-ce la raison de ton sourire ?, raillai-je. Parce que je ne vois pas ce qu’il y a de chouette là-dedans.

- Calme-toi, me répondit-elle sans ôter le sourire narquois de son visage. Je suis juste de bonne humeur aujourd’hui.

- Ravie de l’apprendre.

- Je n’y suis pour rien, l’Aigle Tri...

- ÇA SUFFIT !, m’exclamai-je en sortant brutalement de mon lit. Mon nom, c’est Automne Hayleen, OK ? Alors tu m’appelles Automne ou Hayleen, tu as le choix, mais cesse une fois pour toutes de m’appeler l’Aigle Triste. Je ne suis pas un aigle et que je sache, je ne suis pas triste. Maintenant, si tu voulais bien me laisser dormir en paix, j’en serais réellement ravie. Â»

 

Son sourire s’estompa et elle alla retrouver les autres filles qui s’étaient regroupées dans un coin de la pièce et faisaient semblant de discuter, comme si elles n’avaient pas été spectatrices de la scène qui venait de se dérouler. Je soufflai  et refermai rageusement les rideaux autour de mon lit. Décidément, c’était la journée de mise au point.

Une fois les nerfs tombés, je sentis la fatigue me saisir et me laissai emporter dans les bras de Morphée, là où au moins je n’avais à me préoccuper de rien d’autre que mon oreiller. 

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