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Chapitre 5: Le cours de vol

 

« - Bonjour jeunes gens ! Â»

 

Une jeune femme à l’air joyeux et aux yeux pétillants venait de nous rejoindre sur le terrain couvert de pelouse. Ses cheveux lisses, mi-longs, d’un rose pastel voletaient autour de son joli visage et ses yeux d’un beau bleu ciel nous jetaient des clins d’œil.

 

« - Bienvenue à votre premier cours de vol ! Mon nom est... Non, laissez tomber. Vous pouvez m’appeler par mon prénom, Pierce, à condition de placer « Miss » devant celui-ci, ajouta-t-elle d’un grand sourire, laissant voir de belles dents blanches parfaitement alignées. 

- Elle a l’air vraiment cool Â», me chuchota Hugo qui avait enfin retrouvé l’usage de la parole.

 

Quand je leur avais montré ma cicatrice, Hugo et Ethan avaient arboré tous les deux un visage stupéfait –même Ethan, c’est dire. Et à part celui-ci qui avait bredouillé que c’était vraiment étonnant et que ce mystère devait être éclairci, Hugo n’avait rien dit du tout. Et depuis, le silence total de la part des deux. Je répondis à Hugo dont les oreilles avaient un peu rougi :

 

« - En tout cas, elle a l’air de te plaire !

- Oui... Enfin non, mais je veux dire qu’elle... Qu’elle a l’air sympa ! Â», murmura-t-il encore plus rouge.

 

Hugo n’était pas le seul garçon à apprécier Miss Pierce, à en croire les bouches ouvertes et les regards pétillants de mes camarades masculins. En tout cas, elle respirait la sympathie.

 

« - Bien ! Placez-vous à gauche de votre balai â€“à gauche, Mr Stevens, pas à droite. A présent, placez la main au-dessus de votre balai et dites clairement et nettement : DEBOUT ! Â»

 

Aussitôt dit, aussitôt fait, mais pas très glorieusement en général. Pour certains, le balai ne bougeait même pas, pour d’autres, il se contentait de remuer, pour d’autres encore il se soulevait de quelques centimètres mais retombait aussitôt. Je m’éclaircis la gorge :

« Debout ! Â» Et mon balai arriva tout de suite dans la main, me déstabilisant quelque peu.

 

« - Excellent, Miss.. ?

- Hayleen.

- Très bien, vous êtes la première à avoir réussi. Ce qui ne m’étonne guère, ajouta-t-elle tout bas avec un clin d’œil discret. Dites-le avec foi, nettement, comme si vous lui donniez un ordre ! Exactement, Mr Malefoy Â», s’écria-t-elle en repartant ailleurs.

 

Elle semblait aussi avoir fait allusion au Conte mais au moins, ne l’avait pas clamé haut et fort. Un élan d’affection me traversa pour le jeune professeur qui, contrairement aux autres, avait fait semblant de rien. Ethan me sourit, l’air impressionné par le fait que j’avais réussi en une fois. Il ne tarda pas non plus à avoir son balai en main, ce à quoi je souris à mon tour. Quant à Hugo, il avait beaucoup de mal.

 

« - Mr Weasley, cessez donc de reculer, il ne va pas vous revenir en pleine figure, rit gentiment Miss Pierce.

- C’est... C’est précisément ce qui est arrivé à mon père, expliqua Hugo –les oreilles à nouveau très rouges.

- Tout ce qu’il faut, c’est bien placer la main au-dessus du balai. Votre père l’avait sûrement mal placée, voilà tout. Ça arrive de se tromper. Lààà, comme ça, dit-elle en bougeant légèrement la main droite de mon ami –ce qui le fit rougir au plus haut point. Maintenant, réessayez, fermement.

- Debout ! Â», s’écria Hugo avec force, comme si l’arrivée de la professeur l’avait rempli de confiance.

 

Et il attrapa tout aussi fermement le balai entre ses mains, l’air ravi. Miss Pierce l’applaudit avec un grand sourire et une fois partie réprimander quelqu’un qui s’était contenté de ramasser son balai, Ethan m’adressa un sourire amusé face à la réaction d’Hugo qui était quasiment rendu à l’état de démence.

 

« - Vous avez tous vos balais en main ? Parfait !, s’exclama joyeusement la jeune femme en jetant un regard bienveillant à tout le monde. Maintenant, enfourchez-les et cramponnez-vous bien au bout. Bien. Quand je donnerai un coup de sifflet, vous donnerez un coup de pied au sol pour vous élancer. Vous vous élèverez un moment puis vous redescendrez tranquillement en baissant votre balai. Tenez-vous bien droit afin d’éviter de percuter les autres, d’accord ? Je me suis retrouvée il y a deux ans avec deux élèves qui se sont rentré dedans et qui se sont cassés tous les deux quelque chose. Vous êtes prêts... ? 3, 2,1... Â»

 

Elle donna le coup de sifflet en question et par sécurité, j’attendis que les autres s’envolent avant d’y aller –et mes amis avaient décidé la même chose. Ils avaient l’air tous inquiets et titubaient sur leur balai. Ethan s’élança, l’air confiant et m’adressa un grand sourire, tout en essayant de bien tenir sur son balai. Hugo attendait que j’y aille. Alors j’inspirai profondément et tapai du pied.

Aussitôt, je m’élançai et une étrange sensation de se retrouver en l’air, sans rien pour poser le pied se répandit dans tout mon corps mais contrairement aux autres, ce n’était pas la crainte qui me guidait. C’était une sensation de bien-être intense et pour rien au monde je ne voulais retourner à terre. Hugo s’était lancé lui aussi et penchait dangereusement du côté droit, tentant malgré tout de paraître sûr de lui.

 

« - Redescendez, à présent, dit Miss Pierce avec un grand sourire. Vous vous débrouillez bien. Â»

 

Je ne sais pas si elle vit ma mine déconfite à l’idée de ne plus voler, mais elle ajouta :

 

« - Sauf Miss Hayleen, Mr Davean, Mr Malefoy et Miss Granger. Â»

 

Elle semblait nous avoir étudiés et déterminé qui s’en sortait le mieux. Devant nos trois regards interloqués –le quatrième, appartenant à Scorpius étant arrogant et tout sauf surpris- elle rit et s’expliqua :

 

« - Vous êtes ceux qui maniez le mieux un balai. Ainsi, pour vous tester, j’ai mis en place un petit chemin d’obstacles qui vous permettra de prendre confiance en vous –et en votre balai- et à vous préparer à l’avenir, lorsque vous aurez besoin de faire quelques acrobaties, comme par exemple si vous faites partie d’une équipe de Quidditch, ou si vous devenez Auror –chasseur de mage noir-, etc. Au fur et à mesure des cours, les élèves qui auront réussi à mieux manier le balai lors de l’envol rejoindront votre groupe. Â»

 

C’était une idée incroyablement ingénieuse. Seul Scorpius semblait avoir été couronné Empereur, comme si la jeune femme l’avait proclamé le meilleur. Il me jeta un sourire narquois et je lui répondis par un regard de défi.

 

« - Bien, dit Miss Pierce d’une voix claironnante. Les deux premiers obstacles sont de simples boudins fins. Pour le premier, il vous faudra passer par-dessus et pour le deuxième, par-dessous. Ne vous inquiétez pas, si vous vous y cognez ça ne vous fera pas mal étant donné que c’est un boudin moelleux. Le 3ème obstacle est composé de plusieurs boudins très fins –mais pas moins moelleux je vous rassure- suspendus verticalement et distancés de sorte à ce que vous puissiez zigzaguer autour d’eux. Le 4ème obstacle est une sorte de grand rectangle qui diffuse de l’air comme il veut –cela servira à tester votre capacité à rester sur un balai par temps de grand vents. Le 5ème et dernier obstacle est de nouveau un boudin et il vous faudra faire un looping autour, ce qui je le reconnais est particulièrement difficile et pour aujourd’hui et les cours à venir il n’est qu’une option. Seuls ceux qui se sentiront prêts pourront décider de le faire. Je vais passer pour vous faire un exemple. Â»

 

Je me sentais excitée. Ethan arborait un sourire calme et posé. L’autre fille aux cheveux lisses et roux, dont j’ignorais le nom, paraissait légèrement effrayée mais confiante malgré tout. Quant à Scorpius, on aurait dit qu’il n’avait même pas prit la peine d’écouter. Il affichait une moue ennuyée mais comme toujours teintée d’arrogance, comme si la perspective de ce chemin d’obstacle n’était rien. Miss Pierce se plaça devant le parcours qu’elle avait fait apparaître un peu plus tôt. Tout le monde l’observait avec curiosité et appréhension. Hugo nous adressa un joyeux signe de la main, apparemment rassuré de ne pas avoir à affronter les boudins et le rectangle de vent. La jeune femme se lança avec un air plus que joyeux et passa sans aucune difficulté au-dessus du premier boudin, en dessous du deuxième et zigzagua habilement autour des autres. Elle avait vraiment l’air de s’amuser. Elle maniait avec perfection son balai et passa avec facilité dans l’immense rectangle et fit un somptueux looping autour du dernier obstacle avant de franchir la ligne d’arrivée, de revenir vers nous et de se poser tranquillement à terre. Elle fut accueillie par de francs applaudissements, dont les miens, sauf du reste de mon groupe qui avait trop peur de lâcher les mains du balai. Malefoy se contentait d’arborer un horrible rictus de dégoût, considérant Miss Pierce comme un déchet qui ne faisait que demander l’attention sur elle. Je lui jetai un regard noir auquel il ricana sournoisement.

 

« - Alors, qui veut commencer ?, interrogea-t-elle. Mr Davean ? Â»

 

Ethan hocha la tête et avait toujours cet air paisible et calme –sans aucun doute, il était très fort pour maintenir son sang-froid. Je lui murmurai « Bonne chance Â» puis il se prépara à affronter les obstacles.

 

« - N’oubliez pas, vous allez à la vitesse que vous voulez et vous vous arrêtez quand vous voulez –je ne vous conseille pas cependant de vous arrêter au milieu du Rectangle de Vent. Bonne chance Mr Davean Â», conclut-elle d’un grand sourire.

 

Ethan prit une profonde inspiration puis se lança. Il passa maladroitement et prudemment par-dessus le premier boudin et passa par-dessous le deuxième lentement, titubant légèrement. Il zigzagua -toujours aussi doucement- entre les différents boudins, puis hésita avant de s’engouffrer dans le rectangle ou manifestement, il y avait de grands vents car il allait de haut en bas et de droite à gauche, contrôlant difficilement son balai et à sa sortie, il attendit, hésitant, mais se décida à ne pas faire le looping. Il revint vers nous, haletant, accueilli par nos applaudissements et les exclamations enjouées d’Hugo et de moi-même.

 

« - Bravo, bravo Mr Davean !, applaudit aussi Miss Pierce. Doucement mais sûrement ! Excellent. A vous, Miss Granger. Â»

 

La jeune fille fit de même qu’Ethan mais s’arrêta avant le rectangle.

 

« - Très bien, Miss, il vaut mieux ne pas prendre de risque lorsque l’on n’est pas sûr. Mr Malefoy, à votre tour ! Â»

 

Celui-ci siffla distinctement « De la rigolade ! Â» puis partit vers les obstacles. Il s’élança en trombes et passa dangereusement au-dessus du premier boudin puis en dessous du deuxième, évitant de grande justesse de se le prendre en pleine figure. De toute sa vitesse il tenta de zigzaguer autour des boudins mais s’y cogna inévitablement et s’écrasa à terre, la mine énervée. Avant que Miss Pierce ait eu le temps de venir le chercher, il rugit d’un air féroce : « Non ! Je recommence ! Â» Mais il ne passa même pas le premier boudin qu’il se prit en plein dans le ventre. Cette fois, la jeune femme vola à son secours et luttant contre ses débattements de bouledogue énervé, ramena Scorpius vers nous –peut être avec l’aide d’un sortilège.

 

« - IL-Y-A-EU-UNE-TRICHERIE !, gronda-t-il. Un maléfice !

- Soit vous vous calmez soit vous filez directement dans le bureau de la Directrice et je pense qu’elle ne sera pas enchantée d’apprendre qu’un élève réagit de la sorte, répliqua d’un ton ferme Miss Pierce qui n’avait plus aucune sympathie dans son regard qui jetait à présent des éclairs. Il ne faut jamais être trop sûr de soi, Mr Malefoy, et j’espère que cela vous servira de leçon. Â»

 

Elle ne le retint même pas quand il jeta rageusement son balai au sol et s’en alla du cours en pestant. Une fois Malefoy hors de sa vue, notre professeur reprit sa voix joyeuse et m’adressa :

 

« - A présent, à vous, Miss Hayleen. Â»

 

Je sentis mon ventre se contracter légèrement, ce que j’oubliai lorsque je me dirigeai vers le parcours. La sensation de voler était tout simplement merveilleuse. Je pris une profonde inspiration et songeai à faire comme Ethan, lentement mais prudemment. Mais sans que je puisse me décider à être raisonnable, je m’élançai malgré moi par-dessus le boudin et en dessous l’autre, d’une vitesse que je ne pouvais contrôler. Je zigzaguai entre les boudins et  le plaisir était tel que je lâchai un éclat de rire. C’était fabuleux. Gauche, droite, gauche, droite... Je m’élançai dans le rectangle de vent, me sentant poussée hors de ma trajectoire. Mais je tins fermement mon balai et sortit du rectangle. Au fond de moi, je ressentis une hésitation face au boudin autour duquel il fallait faire un looping mais mon balai en avait décidé autrement et sans avoir marqué de pause, je tournai tout autour du dernier obstacle et franchit la ligne d’arrivée. C’était incroyable. Tout simplement incroyable. Fabuleux. Merveilleux. MAGIQUE !

Une salve d’applaudissements accompagnés de cris joyeux m’accueillit. Hugo et Ethan tapaient dans leurs mains à leur briser les poignets et les autres sifflaient en faisant de même et en lançant des « Bravo ! Â» « Bravo Automne ! Â» à tout rompre.

 

« - Alors ça, c’était fabuleux, s’écria Miss Pierce qui semblait euphorique. Quel vol ! Quelle habileté ! Quelle rapidité ! Et quelle maîtrise ! 15 points pour Gryffondor ! Â»

 

Je rougis sans pouvoir m’arrêter, ne sachant pas où me cacher. Je remarquai Malefoy qui avait observé la scène de loin et semblait avoir dépassé le stade de fureur.

 

« - C’était dingue, Automne !, s’exclama Hugo. Tu ne nous avais pas dit que tu savais voler !

- Je ne savais pas voler, lui répondis-je toujours écarlate. Ça m’est venu comme ça, je ne sais pas ce qui m’a pris...

- Tu entreras sans mal, si tu le veux, dans une équipe de Quidditch, assura Ethan. Sérieusement, tu as fait aussi bien que Miss Pierce, sinon mieux !

- Ce n’est d’autant plus satisfaisant que Malefoy se soit pris une honte monumentale alors qu’il était sûr d’être à la hauteur d'Hyziard Kane, s’écria Hugo.

- Hyziard quoi ?, demandai-je en tentant d’éloigner la conversation de ma course au parcours d’obstacles.

- Hyziard Kane, répéta Ethan. C’est le meilleur attrapeur du monde ! Il est dans l’équipe des Canons de Chudley.

- Si tu avais vu la tête de Scorpius après ton parcours !, pouffa Hugo. Il semblait sur le point de tuer quelqu’un.

- J’ai cru le voir, oui, affirmai-je en riant.

- Vous pouvez ranger vos affaires, dit la professeur de vol en stoppant les conversations excitées. Le cours est terminé ! Bravo à tous, c’était très bien ! Â»

 

Manifestement, tout le monde était déçu que le cours était terminé. Le fait d’être sur un balai me manquait déjà ! J’allai dans le château accompagnée de mes amis, l’air joyeux. J’avais cours d’Histoire de la Magie et d’après Peter, il était le pire cours de tous, le plus ennuyeux du monde des Sorciers.

 

Effectivement, lorsque nous entrâmes dans la salle de classe et prirent place, la frénésie se dissipa rapidement : le fantôme qui devait être le professeur avait annoncé d’une voix monocorde : « Bonjour. Je suis le professeur Binns. Aujourd’hui, différences entre les espèces : sorciers, elfes, gobelins... Â» et avait continué sans s’arrêter.

 

Le cours parut durer quatre heures au lieu d’une. Au bout de 10 minutes, tout le monde baillait et était à la limite de l’endormissement et je pris tant bien que mal des notes. Certains prenaient le risque de ne rien noter, ayant l’espoir qu’il s’arrête à un moment donné pour leur citer le résumé du cours. Heureusement, la cloche sonna et nous nous dépêchâmes de sortir de la salle.

 

« - Quel cours ennuyeux !, bailla Hugo. Heureusement qu’on n’a pas ça tous les jours, j’ose espérer qu’à part le cours de vol les autres seront intéressants. Je... Â»

 

Mais il fut interrompu par l’arrivée soudaine de Peter qui m’adressa un signe de tête pour me faire comprendre qu’il voulait me dire quelque chose.

 

« - Oui ?

- Je t’ai vu voler tout à l’heure. Je voulais... Te féliciter. C’est incroyable. C’est exactement comme dans..., s’interrompit-il brusquement.

- Comme dans quoi ?

- Comme dans le conte, ajouta-t-il précipitamment. Tu as réellement l’agilité et la vitesse d’un aigle. Je-dois-y-aller-maintenant-sinon-je-vais-être-en-retard-encore-bravo. Â»

 

Puis il disparut aussi vite qu’il était arrivé. A force, ça ne m’étonnait même plus. Je dois dire que ça commençait sérieusement à m’énerver au lieu de me surprendre. Flûte, à la fin ! Il fallait, si je ne pouvais lire le conte, trouver quelqu’un qui saurait me le raconter. Et vite. Avant que ce ne soit trop tard...

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