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Chapitre 22: Il suffisait de demander

 

Je me retournai dans mon lit, incapable de trouver le sommeil. J’avais chaud, mal à la tête et mon cÅ“ur n’avait cessé de battre la chamade. Quelle heure était-il ? Minuit ? Une heure, trois heures du matin ? Strictement aucune idée ; mes idées étaient embrumées.

Je jetai un coup d’œil au lit de Cassandra, inoccupé pendant les vacances. Était-il possible qu’elle soit la sorcière du Moyen Âge qui aurait dénoncé Gale ? Ou n’était-ce qu’une simple coïncidence ? En admettant que ce soit elle, ça voudrait dire qu’elle avait elle aussi sauté dans le Puits du Temps – peut-être avait-elle été intéressée par la puissance magique de la chose-, et qu’elle avait aussi fait un rêve similaire à celui de Gale et de Blanche Pake (anciennement, apparemment, Blanche de Haupequain). Ne s’était-elle jamais demandé, n’avait-elle jamais réalisé que ça aurait pu être un souvenir ? Non, c’était bête. Cassandre, la sorcière du Moyen Âge, a été décrite comme maléfique par Gale. Si ça avait été elle, elle aurait été à Serpentard, pas à Gryffondor.

Je ne pus m’empêcher de grogner dans mon oreiller. Et me voilà repartie dans mes préjugés ! Scorpius avait un cÅ“ur d’or, il n’était pas à Gryffondor, Poufsouffle ou Serdaigle pour autant. Pourquoi est-ce que je n’arrivais pas à dormir, bon sang !

Je me tournai vers la fenêtre, fermai les yeux.

 

On s’était séparés après la révélation de Gale sur la présence de Blanche à Poudlard. J’avais retrouvé Ethan et Hugo dans la Grande Salle, à leurs places habituelles, et m’étais empressée de tout leur raconter.

 

« - Un Puits du Temps ?!, s’était écrié Hugo en manquant de s’étouffer en mangeant du pudding. Est-ce que tu te rends compte à quel point c’est incroyablement fantastique et prodigieux ? La création de Retourneurs de Temps a déjà été l’œuvre d’une puissance magique dépassant l’irréel. Pouvoir reculer de plusieurs heures avec un simple objet était phénoménal... Alors imagine ! Un Puits capable de reculer, mais aussi d’avancer dans le temps, et non pas de plusieurs heures mais de plusieurs centaines d’années !

- C’est vrai que ça paraît complètement fou, avait renchéri Ethan les yeux voilés par la concentration. Un Puits du Temps... Je ne veux pas être pessimiste, Automne, mais c’est impossible d’en recréer un. Même le plus puissant des sorciers ne le pourrait.

- Sauf que vous oubliez un élément, leur avais-je répondu. Blanche Pake est Blanche de Haupequain. C’est elle qui a créé le Puits du Temps et elle est actuellement à Poudlard ! Elle serait capable de le refaire !

- C’est vrai, admit Hugo. Mais ce n’était qu’un effet de ses sentiments cumulés ! Si déjà, elle croit que tout peut être vrai, ce qui va être difficile à expliquer, je doute qu’elle puisse le refaire.

- Je ne sais plus quoi penser, avais-je soufflé en laissant tomber ma tête douloureuse entre mes mains. 

- Attend de voir demain, avait conseillé Ethan avec douceur. Qu’ont dit Scorpius et Gale ?

- Gale nous a informés que Blanche était chez elle. Il ira lui parler à la rentrée, il la connait bien. Quant à Scorpius, il a soupiré d’un air irrité et est parti sans dire un mot. En temps normal, je l’aurais suivi, mais pas ce soir.

- Tu as eu raison Â», a dit Hugo en haussant les épaules.  

 

J’ouvris les yeux. Il faisait à peine jour. J’ignorais si je m’étais endormie ou si j’avais fermé les yeux le temps de quelques minutes, peut importait, il fallait se lever de toute manière.

Ma douche me fit beaucoup de bien et soulagea mon crâne de sa douleur. Mais je n’avais pas envie de descendre dans la Grande Salle.  Je m’assis devant la fenêtre du dortoir, qui laissait voir la Forêt Interdite. Le visage du Chef Arkanael me revint en mémoire.

Et si c’était ça, le Puits du Temps, la solution ? Et si renvoyer Gale au Moyen Âge pour qu’il modifie le Conte était la seule issue, l’unique chance que mon Destin soit changé ? Je ne l’avais pas réalisé avant, mais c’était bien plus compliqué.

Il faudrait renvoyer Gale au moment du début de son rêve, quand la sorcière Cassandre ne l’aurait pas encore dénoncé, soit faire preuve d’une infime  précision dans le Temps. Ensuite, s’il réussit à modifier le Conte, ça se passera comme c’était prévu : Cassandre révèle au village qu’il est un sorcier, il s’enfuit en courant, Blanche de Haupaquain créé à nouveau le Puits, Gale laisse tomber le nouveau Conte et replonge dans le Puits et renaît à notre époque...

 

Merlin. Il y a quelque chose que je n’avais pas réalisé. Non seulement ce serait un grand sacrifice de la part de Gale, de tout recommencer depuis sa naissance, mais ce serait aussi un changement total de nos vies à tous, si du moins il réussit, ce que l’on ignorera... Scorpius aura une enfance normale, peut être que son cousin ne mourra pas, et il vivra tout à fait normalement. Gale poursuivra sa vie, mais je pense qu’il sera le seul à avoir des souvenirs de ce qui s’est passé, à travers ses rêves. Ne se posera-t-il pas de questions ? Et moi ? Tout dépend de ce qu’écrit Gale. Il pourrait très bien aussi changer le nom dans le Conte. Au lieu de nommer l’héroïne Automne Hayleen, il pourrait très bien l’appeler d’un nom incongru afin que personne ne soit concerné, comme Hiverété Printemps. Peu crédible, mais ça ne me concernerait pas. Mais d’un côté, je n’avais pas envie que ça se termine ainsi. Bien sûr, ça serait la solution à mon problème, mais c’était surtout pour Gale. Prendre le risque de revenir dans le passé, d’autant plus qu’on ne pouvait être sûrs de l’envoyer au bon moment, et s’il réussit, de revenir et naître, puis tout recommencer. 

Et si j’acceptais ma mort ? Si je n’avais pas envie de changer mon destin ni de mettre Gale en danger ? C’était une bonne idée, après tout. Plutôt que de passer mon temps à me plaindre et profiter du temps qu’il me reste...

 

« - Ça va pas la tête ?!, s’écria Scorpius après que je l’aie retrouvé dans la vieille salle de classe et dis ce que je pensais. Tu fuis en faisant ça !

- C’est complètement l’inverse !, répliquai-je en m’avançant vers lui. Fuir, c’est envoyer Gale dans le passé à ses risques et périls pour qu’il change les choses et ainsi ne plus avoir de problèmes !

- Non !, s’exclama-t-il à son tour. C’est la seule chance pour que tu vives et que personne n’ait de problème ! Si tu décides de ne pas le faire, alors tu abandonnes, ce qui revient à fuir.

- Scorpius, je ne peux pas laisser Gale risquer sa vie rien que pour moi !

- Hopkins, ou plutôt devrai-je dire monsieur Gale de Haupequain le savant, siffla-t-il, ne semblait pas contre ! 

- Ce n’est pas parce qu’il ne semble pas contre qu’il est pour ! Tu tiens vraiment à tout recommencer ?

- Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

- Je veux dire par là, Scorpius, que s’il réussit, alors on disparaîtra pour renaître sans aucun souvenir de notre vie précédente et il faudra revivre 11 ans pour revenir à aujourd’hui !

- Embêtant, j’ai bossé et bien réussi mon examen de sortilège pour rien, ironisa le blond. Justement, Automne. On ne se rendra pas compte qu’on recommence une vie, étant donné que nous ne garderons aucun souvenir de l’autre. Â»

 

Il avait marqué un point. Je m’assis, écroulée d’avoir usé mes nerfs à une heure pareille de la matinée, et sentis une larme furtive glisser sur ma joue. Il s’assit en face de moi et me pris fermement la main. La sienne était glacée.

 

« - Tu vas m’écouter, dit-il durement. Il faut qu’on réussisse. Moi non plus, je ne suis pas très ravi de devoir recommencer ma vie. Moi non plus, je ne veux pas oublier tout ce que j’ai vécu. Mais ce que je veux, Automne, par-dessus tout, par-dessus ma hantise d’effacer toute ma mémoire et de ne plus te connaître après ça, c’est de te voir vivre et non pas mourir parce qu’un crétin de Hopkins a voulu terminer son conte en une soi-disant beauté. Â»

 

Même en rogne, Scorpius réussissait toujours à me faire rire.

 

« - Mais Gale, murmurai-je la voix tremblante. C’est tellement dangereux pour lui... On ne peut pas contrôler le Puits du Temps, c’est aléatoire ! Et si on arrivait à l’envoyer au Moyen Âge, il faudrait le faire au moment précis où il a décidé d’écrire le Conte. Car s’il arrive trop tôt et qu’il n’est pas encore avec Blanche, il sera alors impossible de lui faire recréer le Puits, à moins d’attendre très longtemps –et je ne suis pas sûre que Gale soit ravi de vivre des années au Moyen Âge. Et s’il arrive trop tard, c’est le cataclysme ! En théorie, il serait déjà parti. Je n’ose même pas imaginer les conséquences que ça aurait.

- A moins de découvrir comment ça marche, et ce grâce à Pake, répondit le Serpentard en ne lâchant pas ma main.

- ATTENDS !, hurlai-je soudainement, comme si un éclair venait de me frapper la tête.

- Non d’un cynospectre en jupon !, pesta Scorpius en se rattrapant de justesse à la table avant de tomber quand même de sa chaise. Tu peux me dire ce qui se passe ?!

- Pourquoi serait-on obligés de renaître ?, m’écriai-je en sentant un tourbillon dans mes pensées qui faisait bourdonner mes oreilles. S’il modifiait juste la fin et qu’on réussissait à le faire réapparaitre le jour même, personne ne renaîtrait, on serait toujours pareils, tout serait toujours pareil, ce ne serait que la fin du Conte qui serait différente ! On n’oublierait rien ! Pour tout le monde, sauf toi, moi, Gale, Hugo et Ethan, le conte n’aurait toujours été qu’une histoire qui se terminerait bien et dont je suis l’héroïne, mais ça s’arrête là ! Â»

 

Une violente euphorie me fit sauter de joie, courir, je me sentais presque voler à travers la salle, tandis que Scorpius, toujours par terre, m’observait avec une expression déconcertée collée au visage.

 

« - Oui, commenta-t-il en se relevant avec une rapide grimace de douleur, mais c’est encore plus dur que ça ne l’est déjà, Automne ! Il faudrait le faire revenir un jour précis !

- C’est juste une question de conscience !, dis-je. Et si Blanche Pake l’accompagne ! Elle est celle qui l’a créé, elle sait comment il fonctionne, la preuve, elle lui a dit de sauter dedans lorsqu’elle l’a fait apparaître ! Elle saurait conduire Gale au bon moment. Â»

 

Scorpius ferma les yeux. Je sentis une bouffée de bonheur s’ajouter à la joie lorsque je vis ses traits s’adoucir, sa bouche se décrisper et s’étirer en un immense sourire avant de rouvrir ses yeux d’argent.

 

« - Tu es vraiment incroyablement intelligente, murmura-t-il, un sourire malicieux en coin.

- Disons que grâce à un certain Serpentard blond au caractère de Botruc, dis-je avec le même sourire, c’est bien plus simple de trouver la solution. Â»

 

                                                                                 OooooooOooooooOooooooOooooo

 

NARRATEUR : GALE HOPKINS

 

C’était drôle comme impression. Je me sentais un peu comme un super-héros à qui on aurait confié la tâche extrêmement périlleuse de sauver le monde. Même si ce n’était pas exactement le monde, pour le coup, mais une fille de 11 ans. Ça ne faisait aucune différence pour moi, cependant ; Automne valait tout autant à mes yeux que le monde entier. Ce qui aurait pu paraître égoïste, certes. Il me semble que c’était un des effets secondaires du sentiment de fraternité que je portais pour elle.

Enfin, je vis Blanche apparaître au coin du couloir, l’air joliment rêveur, tandis qu’elle serrait des livres dans ses bras. Qu’est-ce qu’elle était belle... Elle avait des cheveux châtains et ondulés qui flottaient sur ses épaules. Ses yeux étaient d’un bleu d’une rare pureté, si clair qu’on aurait pu le confondre avec le ciel. Mais le plus fabuleux, c’était lorsqu’elle souriait ;  j’avais l’impression que le monde était plus beau.

Elle m’adressa un petit signe de la main. Merlin, je détestais sentir mon cÅ“ur partir en vrille alors qu’elle ne m’avait même pas encore parlé !

 

« - Salut, Blanche !, dis-je en venant vers elle. Tu as passé de bonnes vacances ?

- Tranquilles, on va dire, un Noël en famille, tout ce qu’il y a de plus banal. J’ai passé le reste du temps à lire, pour penser à autre chose qu’à mon mal de ventre après les kilos de gâteaux que ma grand-mère m’a poussé à manger, rit-elle.

- C’est celle qui passe la moitié du temps à cuisiner ?, demandai-je.

- Et qui passe l’autre moitié du temps à tout me donner, oui c’est bien elle ! Â»

 

Elle m’avait manqué. Elle me parlait des nouveaux livres qu’elle a achetés, ceux qu’elle a lus, ceux que je devrais lire. On marchait tous les deux tranquillement en direction de la Grande Salle. Ce n’est néanmoins pas évident d’écouter quelqu’un ni même de marcher normalement quand votre cœur fait un boucan constant, je peux vous le jurer.

 

« - Et toi, tes vacances ?, interrogea-t-elle en reposant ses yeux sur moi.

- Pas si banales que ça Â», dis-je soudainement soucieux.

 

Elle fronça des sourcils. Comment pouvait-elle rester si belle même avec un air inquiet ?

 

« - Il s’est passé quelque chose de complètement dingue, continuai-je en sentant mon ventre se serrer sous l’effet de la peur.

- Raconte-moi ! Â», dit-elle avec un sourire encourageant.

 

Sauf que voilà. J’avais passé toutes les vacances à me préparer à comment j’allais le dire, mais maintenant, ça me paraissait bidon, idiot et complètement foutu. De quoi est-ce que j’aurais l’air ? Non, je ne pouvais tout simplement pas lui dire maintenant !

 

« - Je... Je ne sais pas si je devrais.

- Tu m’inquiète, Gale, dit-elle en s’arrêtant –je sentis mon cœur faire une pirouette lorsque je l’entendis prononcer mon prénom.

- J’ai peur que tu ne me croies pas, murmurai-je de plus en plus nerveux.

- Je te fais confiance, répliqua-t-elle fermement. Je sais que tu ne me mentirais pas. Â»

 

J’aurais sauté de joie si j’avais pu. Elle avait confiance en moi. Tout devrait bien se passer...

 

« - Tout d’abord, dis-je en la regardant droit dans les yeux, je te promets, je te jure sur la vie la plus importante du monde, je te jure sur tout que tout ce que je m’apprête à te dire est la pure vérité. Tout ce que je vais te raconter s’est passé, tout est vrai.

- A ce point ?, s’étonna-t-elle.

- A ce point, confirmai-je. Moi-même j’ai bien cru un instant que j’avais seulement rêvé. Mais ce n’est pas le cas. Justement, c’est le point de la chose. Un rêve. Tu te rappelles, quelques jours après la rentrée, quand tu m’as raconté celui que tu avais fait ?

- Que j’étais Blanche de Haupequain du Moyen-Âge et que je faisais apparaître un Puits, tout ça ?

- C’est ça. Moi, aussi, je l’ai fait, en tant que Gale de Haupequain. Et j’ai beaucoup, beaucoup de choses à t’apprendre. Â»

 

On s’assit sur un banc, dans un couloir désert. Je pris mon souffle, comme pour m’apporter une bouffée de courage. C’est lorsqu’elle me prit la main pour me rassurer, ses yeux sécurisants plongés dans les miens, que je me mis à tout lui raconter. A propos d’Automne, de Scorpius, de nos discussions, de nos découvertes, du problème, de l’issue... Je ne pouvais m’arrêter de parler ; la main de Blanche, toujours croisée avec la mienne, me poussait à continuer et à lui apporter le maximum de détails. Rien n’était prévu, je lui parlais dans l’ordre de mes souvenirs.

 

« - Donc d’après un récent éclair de génie d’Automne, achevai-je, la solution pour que je puisse partir et revenir à un moment précis est que tu m’accompagnes car toi seule saurait utiliser le Puits du Temps. Je ne leur ai pas dit, mais je suis absolument contre. Je n’ai pas à te mettre en danger pour quelque chose qui ne te concerne même pas. Â»

 

Je retrouvai enfin la réalité et, la peur me tordant l’estomac, me risquai à jeter un œil vers Blanche. Contrairement à ce que je pensais, elle ne paraissait ni énervée, ni inquiète, ni anxieuse. Elle avait conservé son léger sourire et elle continuait à me regarder, sa main serrant un peu plus fort la mienne.

 

« - Je te crois, murmura-t-elle simplement.

- J’avais tellement peur du contraire, avouai-je honteux. On croirait un conte pour enfants.

- C’en est un, quelque part, dit-elle avec un petit rire.

- Il fallait que je t’en parle, c’était important, même si je savais que tu ne voudrais pas faire ça de toute manière, moi-même étant déjà contre, souris-je.

- Et si j’étais d’accord ?, dit-elle la voix légèrement tremblante mais le ton déterminé.

- Et si tu étais... Pardon ?!, m’écriai-je. Blanche !

- Tu as bien entendu, répondit-elle les yeux pétillants.

- J’admire ton courage d’accepter de mettre ta vie en danger, en plus pour quelqu’un que tu ne connais pas, mais Merlin... A tes risques et périls ? Non, c’est hors de question !, dis-je catégoriquement. C’est beaucoup trop dangereux. Je ne veux pas qu’il t’arrive quoique ce soit.

- C’est justement pour ça que j’accepte, murmura-t-elle avec douceur. Je sais qu’il ne m’arrivera jamais rien tant que je serai avec toi. Â»

 

Blanche me fit un grand sourire. Sans doute était-ce le battement de cÅ“ur de trop, mais je ne lui laissai pas le temps d’ajouter quelque chose et l’embrassai avec tout l’amour, jusqu’ici profondément enfoui, que je ressentais pour elle.  Mon cÅ“ur explosa lorsqu’elle me rendit le baiser avec un sentiment similaire au mien avant de sourire à nouveau, les pommettes adorablement rosies par la gêne.

 

                                                                                           OooooooOooooooOooooooOooooo

 

NARRATEUR : AUTOMNE HAYLEEN

 

Ça faisait du bien de reprendre le train train habituel des cours. J’avais quitté Scorpius peu avant le petit déjeuner –et j’avais profité de l’occasion que l’on soit seuls pour poser la question que je m’étais promise de lui demander. La réponse m’avait surprise, d’ailleurs. Le Choixpeau avait hésité à l’envoyer dans 3 Maisons différentes : tout d’abord, il s’était fortement tâté sur Gryffondor, avant de se tourner quelques instants vers Serdaigle et de l’envoyer à Serpentard. Scorpius n’avait aucunement donné son avis mais avait été soulagé de la décision finale du Choixpeau. Je pensais à Gale : il avait actuellement une heure de libre, tout comme Blanche Pake. J’espérais juste que ça se passait bien. Et si elle ne le croyait pas ? Je ne la connaissais pas. Gale ne nous avait pas vraiment parlé d’elle.

 

« - Miss Hayleen, ce serait agréable à vous de bien vouloir être attentive au cours Â», releva sèchement le professeur Fervelieu.

 

Je m’excusai piteusement, honteuse. Ce n’était pas mon habitude de rêvasser en cours, encore moins celui de défense contre les forces du mal. Je ne pus retenir un soupir. J’avais hâte à midi, pour retrouver Gale et faire le point. J’avais eu le temps d’emprunter Les mystères du Moyen Âge sorcier et de le relire. Qu’est-ce que j’aurais aimé partir avec Gale (et peut être Blanche ?)... Le Moyen Âge était une période de l’histoire qui m’avait toujours fascinée. Mais je n’avais rien à y faire et ça ne créerait que des problèmes. Il valait mieux que je reste ici avec Scorpius, à m’occuper de la situation et à surveiller Cassandra d’un Å“il.

 

« - Automne ! Â», s’exclama Gale au loin avec un énorme sourire alors que j’attendais à notre point de rendez-vous –devant le Lac Noir.

 

Merlin. Je ne l’avais jamais vu aussi enthousiaste. Il était accompagné d’une jeune fille de son âge, qui devait sûrement être Blanche Pake. Elle était très jolie.

 

« - Automne, je te présente Blanche ! Blanche, voici Automne.

- Enchantée Â», répondis-je avec un sourire.

 

Je n’avais jamais vu un pareil éclat dans les yeux de Gale. Ni dans les yeux de personne, à bien y réfléchir.

 

« - Scorpius n’est pas encore là ?, demanda-t-il en fronçant les sourcils.

- J’imagine qu’il veut se faire désirer, comme d’habitude, répondis-je en levant les yeux au ciel.

- Tu commences à bien me connaître, ricana celui-ci par derrière. Blanche Pake, j’imagine ?

- Scorpius Malefoy, répondit sèchement la jeune fille.

- Les présentations sont faites, alors, dit Gale l’air mal à l’aise.

- Gale m’a parlé de votre projet, et de toute l’affaire du début jusqu’à la fin, sourit Blanche.

- Quelque chose d’assez tordu, je l’admets, dis-je. Et je suis désolée que tu y sois mêlée, et je comprendrais parfaitement si...

- J’ai accepté, me coupa-t-elle d’un ton rassurant. Ne vous en faites pas. Il m’en a parlé, et je suis d’accord, bien que j’ignore comment faire. Â»

 

Une bouffée de gratitude emplit mon cœur.

 

« - Tu es d’accord ?, demandai-je ébahie. Es-tu sûre ?

- Sûre et certaine, rit-elle. J’ai bien conscience des enjeux et du danger, mais si on s’y prend bien, ça devrait pouvoir se faire. 

- Dans ce cas, dit Scorpius en jetant un regard vers le lac, il reste le plus important à faire : connaître le moyen d’invoquer un Puits du Temps.

- Je n’ai strictement aucune idée de comment faire, répéta Blanche l’air soucieux. Ce n’était que le résultat de mes émotions !

- Il suffit de puiser dans ses capacités magiques, intensément ensevelies au plus profond de toi-même, répondit-il sans se retourner. Si tu l’as déjà fait, tu pourras le refaire. Ce n’est qu’une question de conscience. Étant donné ce qui s’est passé ce matin, je pense que tu ne peux ressentir ni tristesse ni peur, alors il va falloir faire comme. Â»

 

Ce qui s’était passé ce matin ? Blanche sembla aussi interloquée que je l’étais. Cependant, après avoir partagé un regard avec Gale, elle ne releva pas. Puis je la vis. Cette lumière dans son regard, identique à celle de Gale. Je retins un sourire. Scorpius était décidément très doué pour deviner des informations à travers les attitudes des gens...

 

« - Évidemment, continua-t-il en ignorant le léger malaise qu’il avait produit, le risque le plus évident une fois que vous serez au Moyen Âge est de ne pas réussir à revenir. Il y a aussi le fait que les Moldus vont chasser Gale, amenant à l’autre problème, la sorcière Cassandre.

- Une minute, l’interrompis-je en réalisant quelque chose. Dans le livre où est écrit la légende du Puits du Temps, il est dit que Blanche de Haupequain a essayé de convaincre les autres que l’auteur du Conte était Gale, ce qui signifie qu’elle n’est pas partie en même temps que lui mais après ! Blanche, peux-tu nous raconter ton rêve ?

- Et bien tout était parfaitement normal, je voyais Gale écrire le Conte et lui avait dit que c’était impressionnant, quelque chose de ce style. Jusqu’à ce que, bien sûr, Cassandre ne révèle la nature de Gale au village entier –très certainement par jalousie de son intelligence. A partir de là, j’ai crié, la terre a tremblé et le Puits est apparu. La première chose qui m’est venu à l’esprit a été de lui dire de sauter dedans, ce qu’il a fait.

- Et ensuite ?, la pressa Scorpius du regard.

- Ensuite, après que le puits se soit refermé, les Moldus se sont affolés, ils se sont jetés sur moi. Heureusement, les quelques sorciers qui étaient présents se sont réunis autour de moi en prétendant que j’étais un miracle du Saint Esprit et non une sorcière telle que Cassandre. Ça a fonctionné, ils sont partis. Les sorciers ont demandé d’aller chez moi pour leur raconter ce qui s’était passé. Entre temps, quelqu’un avait ramassé le Conte que Gale avait fait tomber en sautant dans le puits et l’a lu à voix haute à tout le village. En l’entendant, je suis sortie malgré les ordres des sorciers, et ai crié quelque chose comme « Gale de Haupequain est l’auteur de ce conte ! Â» Mais c’était une chose à ne pas dire, étant donné que savoir écrire à l’époque était réservé aux moines et aux rares nobles. J’ai couru le plus vite que j’ai pu, avant de voir le puits se rouvrir et de moi-même, à mon tour, sauter dedans. Je me souviens avoir souhaité très fort de me retrouver avec Gale. Et c’est la fin du rêve. 

- Et tu es ainsi née la même année que Gale !, m’écriai-je. Ça a marché !

- Seulement, tu oublies un petit détail, Automne, dit Gale avec nervosité. On doit respecter l’ordre des choses, par conséquent je dois partir le premier, or je ne suis pas sûr que ça marchera de la même manière.

- C’est vrai, je n’avais pas pensé à ça...

- C’est encore une fois une question de conscience, dit Scorpius avec un léger rictus de fierté. Et puis, j’ose espérer qu’il n’y eut pas que le créateur du Retourneur de Temps à pouvoir s’en servir, n’est-ce pas ? Le Puits du Temps n’est qu’un Retourneur de Temps géant et plus puissant. Tout le monde doit pouvoir s’en servir.

- Astucieux, dit Blanche avec un sourire. Seulement, on a réglé tous ces petits détails, mais il reste quand même un souci majeur : en créer un ! Ce n’est pas en me concentrant de toute la force possible qu’un Puits du Temps va apparaître au beau milieu d’une salle de classe ou du parc. Il faut un élément déclencheur !

- Causer un choc ?, demandai-je déconcertée. De toute manière, ça n’aurait aucun effet puisque ça aurait été prévu.

- Mais, commença Gale, il faut... Â»

 

Débuta un débat interminable sur comment créer un nouveau Puits du Temps. A ma grande surprise, Scorpius se taisait. Il se contentait de lever les yeux au ciel d’un air agacé après chaque argument et de soupirer d’un air moqueur. Finalement, il se leva et ricana avec dédain.

 

« - Vous allez finir par arrêter de tourner en rond, oui ?, trancha-t-il en croisant les bras. Blablater continuellement ne nous aidera pas à trouver la solution.

- Et tu as une idée lumineuse, le génie ?, s’énerva Gale en se levant à son tour. Tu veux peut être trouver le moyen tout seul, sans parler ?

- Ce n’est pas ce que je dis, grogna le blond avec exaspération. On devrait peut-être essayer plutôt que de parler pour ne rien dire.

- Essayer maintenant ?!, m’écriai-je interloquée. On n’a aucun plan ! Et tout le monde peut voir !

- Très bien, alors  planquons-nous dans un chêne !, ironisa Scorpius. Et quel plan ? Hopkins et Pake sautent en même temps dans le Puits, ils pensent très fort et très précisément à revenir au moment où Hopkins écrit le Conte, il le change, Cassandre dit aux Moldus qu’il est un sorcier, il se fait courser, Pake a terriblement peur pour lui et fait venir le Puits au beau milieu de la place, dit à Hopkins se sauter dedans, il le fait et pense très fort et TRÈS précisément à revenir deux minutes après qu’ils soient partis –pour laisser une marge-, et Pake fera de même. Rien de bien compliqué, en soi, non ? Tu devrais pouvoir faire ça, Pake, tu m’as l’air bien futée. 

- D’une, cria Blanche l’air furibond, tu ne m’appelles pas par mon nom de famille et de deux, je t’interdis de te moquer de moi ! Si tu trouves ça simple, tu n’as qu’à le faire toi-même ! Â»

 

Un tremblement de terre nous fit tous trébucher et tomber, forcément excepté Scorpius qui s’était préalablement assis. Je retins une exclamation de surprise : devant nous se dressait un puits, dont l’intérieur était illuminé d’un tourbillon bleuté. Le Puits du Temps.

« - Il suffisait de demander Â», dit nonchalamment Scorpius l’air fier. 

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