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Chapitre 21: Le Puits du Temps

 

« Je... Je crois que c’est moi qui ai écrit le Conte de l’Aigle Triste. Â»

 

La phrase me résonnait dans la tête en constante répétition... Elle m’achevait davantage à chaque retour...

 

« Je... Je crois que c’est moi qui ai écrit le Conte de l’Aigle Triste. Â»

 

Rester calme... Détendue... Ce n’est qu’un rêve... Oui, je suis en train de rêver... D’ailleurs, mon rêve a commencé le jour où le Choixpeau m’a envoyé à Gryffondor... Je sens que je suis allongée, je vais bientôt me réveiller, ça va aller, tout va très bien se passer...

 

« - ... Automne ! Â»

 

Automne ? Non, ce n’est pas moi. Moi, je m’appelle Georges, Bermuda, Soupière, n’importe quoi mais pas Automne.

 

« - Tu as intérêt de t’expliquer, Hopkins, et tout de suite !, rugissait une voix qui semblait à un point haut placé de la fureur.

- Incroyable ! Votre arrogance légendaire passe vraiment par toutes les générations !, répliqua une autre voix l’air estomaqué. Je te signale qu’Automne s’est évanoui alors plutôt que de me crier dessus, aide-moi !  Â»

 

J’ouvris mes yeux : à mon grand désespoir, ce n’était pas le plafond de ma chambre que je voyais mais celui de la bibliothèque de Poudlard. La tête d’un Gale affolé et, plus en retrait, celle d’un Scorpius perplexe et énervé s’ajoutaient au décor. Apparemment, pour changer, je m’étais encore retrouvée par terre. Mais ce n’était pas le moment de me demander pourquoi je devenais si sensible aux chocs.

 

« - Automne !, s’écria Gale en me voyant ouvrir les yeux. Doucement, là. Â»

 

Avec une délicatesse sans nom, il m’aida à me lever et à m’asseoir sur la chaise. Il s’apprêtait à dire quelque chose mais fut brutalement coupé.

 

« - Content de toi Hopkins ?, siffla Scorpius en s’avançant d’un pas menaçant vers Gale, malgré le fait que celui-ci avait 5 ans et 30 centimètres de plus.

- Boucle-là ou je t’assure que ton ego va prendre un sale coup dans l’aile, je me suis bien fait comprendre ? Â»

 

Gale l’avait tranché de manière si ferme et si intimidante que pour la première fois, Scorpius se tut et baissa le regard.

 

« - Est-ce que ça va ?, demanda Gale, sa voix redevenue normale.

- Soupière, ne réussis-je qu’à grogner.

- Pardon ?

- Gale, soufflai-je en sentant mon cÅ“ur se mettre à battre. Tu... Tu as écris le Conte ? Â»

 

Scorpius releva brutalement la tête, fixant le joueur de Quidditch avec un sentiment que je ne pouvais lire dans ses yeux.

 

« - Cela ne peut être possible, dit le blond les dents serrées. Le conte original est celui de la bibliothèque et d’après ce que j’ai pu lire, il date d’il y a des centaines d’années. Alors à moins de boire la potion d’immortalité de Nicolas Flamel,  c’est complètement infaisable.

- Je n’ai pas vu de date dans le livre, dis-je en fronçant des sourcils.

- C’était très bien dissimulé, répondit Scorpius. Dans les lignes directrices d’illustrations, ou même en transparence, derrière des lettres. Ça peut paraître dingue, mais il s’est avéré que c’était plausible, et la date a été confirmée par mes parents. Donc, je regrette de te dire que ton cher défenseur ment comme un arracheur de dents.

- Gale ne me mentirait pas !, protestai-je.

- Tu préfères croire qui, au juste ? Celui qui te dit avoir écrit un conte qui date d’il y a des siècles ou celui qui t’a tout expliqué ? », demanda-t-il brutalement.

 

Il avait renfilé son masque ; j’avais pu voir son visage se refermer comme une huitre. Je me tournai vers Gale : il conservait une expression impassible.

 

« - Écoute-moi, Automne, commença-t-il doucement. Je ne te mens pas. Je le jure.  Je sais que c’est complètement dingue, irréaliste, ajouta Gale en direction de Scorpius. Mais c’est vrai. Du moins, j’en suis quasiment sûr, je me laisse une marge d’erreur.

- Forcément Â», railla Scorpius avec un sourire moqueur.

 

Gale lui jeta un regard noir mais ne répondit pas à la pique du blond. Je vis Mrs Pince rentrer dans la bibliothèque : apparemment, elle était sortie depuis un moment, ce qui expliquait qu’on ne s’était pas encore fait hurler dessus pour tapage.

 

« - Allons quelque part, ailleurs qu’ici, chuchota Gale en ayant aussi vu la bibliothécaire entrer.

 

- La Tour d’Astronomie, dit fermement Scorpius.

- Impossible, répondit l’autre. Elle est occupée par  le professeur Ardena –vous savez, celle d’Astronomie. Â»

 

Je jetai un regard entendu à Scorpius. « Tu plaisantes ?! Â», sembla-t-il me dire à travers l’argent de ses yeux. « Bien sûr que si, tentai-je de lui faire comprendre. C’est l’endroit le plus sûr. Â» En revanche, pas sûr que la télépathie puisse marcher, mais qui sait... Un dernier regard suppliant de ma part finit par le faire céder.

 

« - Très bien, je sais où on va Â», soupira-t-il avec agacement –mais néanmoins, avec un petit sourire invisible.

 

Je me levai, suivie de près par Gale, et après avoir rapidement rangé les livres que nous avions pris,  emboîtai le pas de Scorpius.

Le trajet se fit en silence. On n’osait même plus respirer. Je pensais à Hugo et Ethan : encore une fois, ils rataient quelque chose... J’avais encore l’impression de les exclure. Tant pis, je leur expliquerai après, et ne les quitterai plus une seule seconde par la suite –quitte à me les greffer. J’aimais vraiment être avec mes amis, ça me rendait triste de ne pas partager des moments aussi importants avec eux.

Nous arrivâmes enfin devant la porte de la vieille salle. Scorpius jeta un regard méfiant à Gale, puis à moi, en recherche d’une confirmation. J’inclinai la tête. Il ouvrit la porte et nous laissa passer. J’aidai Scorpius à ranger ses affaires tandis que Gale patientait en arrière, observant la vieille classe avec prudence.

 

« - On ne lui dit rien à propos de ça, me murmura Scorpius en désignant les rouleaux de parchemin et les livres. Entendu ?

- Entendu, répondis-je sur le même ton. Mais s’il apprend quelque chose d’une manière ou d’une autre, sache qu’il ne le répétera pas. Je lui fais confiance.

- Pas moi, cassa Scorpius en regardant Gale d’un air mauvais tout en roulant le papier griffé d’encre.

- Ne t’en fais pas, d’accord ? Fais-moi confiance, ajoutai-je avec douceur en le regardant droit dans les yeux.

- Tu sais déjà que je te fais confiance Â», sourit-il.

 

Je me tournai vers Gale. A ma surprise, ses yeux ne reflétaient ni crainte ni inquiétude, mais une farouche détermination.

 

« - On va donc commencer par le début, dit-il avec fermeté.

- En effet, c’est plus logique Â», ricana Scorpius.

 

Je retins juste à temps un petit rire. Ce n’était VRAIMENT pas le moment de rire de l’attitude grincheuse de Scorpius. L’heure était aux explications. Si Gale disait vrai –et bien que ce soit impossible, je ne doutais pas une seule seconde de sa parole-, comment est-ce que ça pouvait être réel ?

 

« - J’ai fait un rêve il y a environ une semaine, commença-t-il le regard divaguant comme au plus profond de ses pensées. Je me suis revu quand j’étais plus jeune, à environ 10-11 ans, avant mon entrée à Poudlard, graver quelque chose sur un arbre. Mais ce n’était pas un simple rêve ordinaire : c’était un souvenir. Un souvenir oublié, apparemment jugé peu important. Ou alors au contraire, trop important pour être retenu. Lorsque je me suis réveillé, je m’en suis parfaitement souvenu. C’était très étrange et de me réveiller avec un nouveau souvenir qui datait en réalité d’il y a seulement quelques années. J’étais allé me promener dans la forêt à côté de chez moi, à la recherche de jolies fleurs à rapporter à ma mère pour son anniversaire, dit-il avec un sourire. Et à un moment donné, j’ignore pourquoi, je me suis mis à courir... A courir si vite, comme si j’avais quelqu’un à mes trousses, ou quelque chose d’extrêmement important à faire. Je ne voyais même pas où j’allais, c’est dire. Je me suis alors arrêté à un arbre, un grand chêne, dont j’ai gravé l’écorce d’une indication qui ne t’es pas inconnue : « Domaine de l’Aigle Triste Â». J’avais tellement mal à la tête, et pourtant j’ai écrit sans m’arrêter ce que je ne comprenais pas moi-même. C’est là que je l’ai vue. Que je t’ai vue. Une petite fille rousse, endormie au sol, dont l’épaule brillait d’un éclat doré. J’ai réalisé ce que je venais de faire, j’ai pris peur et je me suis enfui. Je n’ai jamais raconté ça à mes parents, qui m’ont cru lorsque j’ai dit avoir suivi un papillon. Â»

 

Gale marqua une pause. Mes oreilles bourdonnaient. Le silence était pesant ; même Scorpius n’osa pas le briser.

 

« - La nuit suivante, continua-t-il imperturbable, je me suis vu, à l’âge que j’ai aujourd’hui, dans un village du Moyen Âge. Je ne me sentais même pas étranger parmi les anciennes chaumières, les passants habillés de cottes et de grandes tuniques en toile, les marchands de fruits et légumes qui échangeaient un sac d’artichauts ou de carottes contre une bourse de pièces cuivrées. A vrai dire, bien que ça puisse paraître étrange, je me sentais parfaitement dans mon élément. J’étais moi-même vêtu comme les autres et il me semble que je rentrais chez moi, une charmante petite maison au toit de paille. J’avais une femme, du nom de Blanche, ajouta-t-il avec un soudain frisson quasi-invisible. Selon mes souvenirs, je n’étais pas très apprécié car considéré comme différent par ma manière de penser et d’agir â€“ j’étais après tout un sorcier qui se cachait, mais ça ne concerne pas ce point-là. J’aimais écrire ; à l’époque, savoir écrire était quelque chose de très rare, seuls les moines possédaient cette connaissance. Je n’étais qu’un simple paysan, j’ignore où j’aurais pu apprendre la calligraphie. Mais je me souviens que plus tard dans la soirée, j’ai été pris d’un éclair d’inspiration, j’ai saisi une plume, l’ai trempée dans de l’encre et me suis mis à écrire sur un parchemin. Et je me souviens très nettement du titre : L’Aigle Triste. Je me suis vu écrire le conte, Automne, mot pour mot, jusqu’à l’aube.  J’étais fier de moi, tellement. Dans la journée, une sorcière maléfique du nom de Cassandre révéla à tout le village ma nature. Le conte toujours en ma possession, tout ce qui me vint à l’esprit fut de fuir le plus rapidement possible la horde de paysans qui hurlaient au bûcher en brandissant des fourches. Blanche pleurait et ce qu’elle fit me sauva la vie : la tristesse et la peur qui la rongeaient déclenchèrent un véritable tremblement de terre et un grand puits sortit du sol. Elle me cria de sauter dedans ; peut-être était-ce par désespoir mais après avoir accordé un dernier regard à Blanche, je plongeai dans la cavité –ou plutôt dans le tourbillon bleuté du puits- et ce fut l’énorme trou noir. Là s’arrête mon rêve. Je me souviens seulement avoir vu Poudlard une fraction de seconde. Â»

 

Je restai bras ballants pendant un instant, avant de me secouer la tête. C’était juste un rêve. Il n’y avait là aucune conclusion à tirer.

 

« - Tu parles comme si tu y étais, commenta Scorpius avec une moue moqueuse. Ne t’embrouille pas le crâne inutilement, Hopkins, tu as juste rêvé. Si tous mes rêves étaient vrais, on serait dans la belle mouise.

- Le premier rêve n’en n’était pas un, répondit calmement Gale en s’approchant du blond. C’était un souvenir.

- Soit, ricana Scorpius sans effacer son expression dédaigneuse. Et tu vas me faire croire que tu as vécu au Moyen Âge et que tu t’es jeté dans un puits qui t’aurait fait naître à notre époque ?  

- Ça peut paraître dingue, je le sais, admit l’autre sans se démonter. Mais ça à fait comme le premier. Lorsque je me suis réveillé, j’ai eu l’impression que c’était un souvenir oublié. Arrête de vouloir être rationnel, Malefoy.

- Bien évidemment, soupira celui-ci l’air excédé. Automne ! Tu crois à ces balivernes ?! Â»

 

L’un et l’autre me fixèrent, en attente d’une réponse. Scorpius avec l’air de dire « Admet que c’est du n’importe quoi ! Â» et Gale, l’air de dire « Je ne te mens pas. Crois-moi ! Â»

 

« - Il y a une légende comme quoi un puits capable de remonter, ou avancer le temps aurait été créé par une sorcière au grand pouvoir, il y a des siècles, dis-je très vite en me détachant du regard estomaqué du blond. Gale, es-tu sûr que le premier rêve s’est réellement passé ?

- Absolument, confirma-t-il.

- Mais c’est insensé !, explosa Scorpius. C’est absolument impossible ! Admettons l’hypothèse qu’il y eut réellement un puits du temps et tout le bazar. Pourquoi Hopkins, qui en plus de ça serait l’auteur du conte, se serait-il jeté dedans ?!

- J’ai déjà expliqué l’histoire, grogna Gale.

- Oh, et sans oublier la « sorcière maléfique Â» du nom de Cassandre, ajouta le Serpentard en se moquant ouvertement. Comme par hasard !

- Je ne vois pas de rapprochement, dit le Poursuiveur en levant un sourcil.

- Cassandre, du prénom Cassandra, ou la peste idiote qui a menacé Automne il y a déjà quelques temps, répondit-t-il.

- Scorpius, Gale ne connait même pas Cassandra !, intervins-je.

- Très bien.

- Si on fait quelques recherches on peut prouver ces propos, en commençant par le mythe du puits !, dis-je en réfléchissant.

- Parfait.

- Scorpius, s’il a raison, on peut avoir la clé de tout !

- Génial. Â»

 

Ça n’était pas son habitude de ne répondre que par un mot. Il semblait au bord de la colère noire.

 

« - Laisse ta fierté de côté, tu veux ?, s’énerva Gale. On peut obtenir des réponses au bout de quelques recherches si tu t’y mets aussi !

- S’il te plaît, l’implorai-je à voix basse.

- C’est ça !, cracha-t-il en s’éloignant de moi. Servons-nous de Malefoy, le gentil Malefoy qui a sacrifié des nuits et des nuits à bosser sur quelque chose qui ne le concerne même pas et qui a rapporté de vraies réponses ! Faisons-le encore travailler, sur quelque chose d’impossible dont il n’y a aucune preuve si ce n’est la parole d’un type qui a rêvé !

- C’est loin d’être ça !, explosai-je à mon tour en pointant un doigt accusateur sur sa poitrine. Ce que tu as fait est absolument incroyable, tu as apporté de nombreuses pièces mais le puzzle n’est pas encore reconstitué ! Il nous manque des explications, et s’il faut croire la moindre chose, s’il faut avoir espoir dans un rêve et bien je suis prête à faire parler tous les livres du monde pour obtenir des indices et des preuves, aussi étranges soient-elles ! Â»

 

Les yeux de Scorpius se seraient confondus avec de l’acier. Je ne lâchai pas le regard qu’il m’adressa et à ma grande surprise, ce fut lui qui brisa le lien.

 

« - Et quels éléments devrions-nous chercher, au juste ?, dit-il d’un ton terriblement froid en me tournant le dos. J’ai fouillé tout le conte. Il ne peut nous apporter plus de réponses que ce que je n’ai déjà.

- C’est pour ça que les éléments de Gale nous sont utiles, répondis-je avec plus de douceur. Il faut dépoussiérer le livre qui parlerait de la légende du Puits du Temps, en premier lieu.

- J’ignore pourquoi je devrais faire ça, soupira-t-il en se retournant vers moi. Mais c’est d’accord. Â»

 

Je lui adressai un sourire de remerciement, auquel il répondit par un léger hochement de tête.

 

« - Merci énormément, le remercia à son tour Gale.

- J’imagine qu’il faut retourner à la bibliothèque ?, demanda Scorpius en levant les yeux au ciel.

- Dans le mille. Â»

 

                                                                                OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Je l’ai enfin trouvé !, s’exclama un Gale joyeux en brandissant un vieux livre intitulé Les mystères du Moyen Âge sorcier.

- Pas trop tôt, bailla Scorpius en refermant son huitième livre. Sûr que ça en parle ?

- Sûr, c’était dans le sommaire.

- Ouvre-le !, m’écriai-je en sentant la motivation revenir après une longue heure de recherches.

- Là Â», désigna Scorpius du doigt.

 

« LE PUITS DU TEMPS

Le Puits du Temps serait un puits qui, selon la légende, aurait été soudainement invoqué au Moyen Âge, en plein milieu de la  place d’un village Moldu. Des textes provenant de sorciers qui auraient été témoins de la scène ont été retrouvés. On a pu tirer, des propos communs, qu’il y aurait eu, avant l’apparition de cette source de magie, une chasse au sorcier ; c’est ce qui aurait déclenché la création de ce véritable instrument du temps.

Il se pourrait fortement que son créateur soit le sorcier chassé des moldus, un paysan savant et calligraphe rejeté du peuple ; cependant, plusieurs témoins affirment avoir vu un éclair jaillir non pas du sorcier en question, mais de sa femme, Blanche de Haupequain. Il pourrait donc s’agir d’une action involontaire sous les émotions incontrôlées de cette femme pour son époux.

Mais une grande question se pose : pourquoi un puits capable de contrôler le temps ? Jusqu’ici, aucun sorcier ne fut capable d’y trouver une réponse.

Mais une autre énigme se met en place. En effet, un texte fut retrouvé près du puits qui disparut aussitôt après que le sorcier inconnu eut plongé dedans. Il s’agit d’un conte nommé L’Aigle Triste. Blanche de Haupequain rapporta comme quoi son mari l’aurait écrit, mais faute de preuve, il n’eut jamais d’auteur.

Le sorcier qui disparut dans le Puits du Temps se nommait Gale de Haupequain, un nom particulièrement étrange pour l’époque qui valut d’ailleurs le rejet immédiat des habitants du village. Â»

 

Je restai bouche bée, Gale semblait fasciné, Scorpius choqué.

« - Par la barbe de Merlin, soufflai-je.

- Ne nous emportons pas, rectifia le blond en se secouant la tête et en fermant les yeux, l’air concentré. Hopkins, tu as déjà lu ce texte ?

- Où veux-tu en venir ?, demandai-je avant de comprendre parfaitement ce que Scorpius sous-entendait.

- Non, je ne l’ai jamais lu, répondit fermement Gale qui avait lui aussi compris. J’en suis sûr.

- Gale de Haupequain, murmurai-je. Haupe : Hop ; Quains : Kins !

- La prononciation est différente sur la fin, maugréa Scorpius.

- Ne chipote pas sur les détails, répliquai-je avec un sourire rieur. Tout colle parfaitement !

- C’est incroyable, souriait Gale avec un air stupéfait. Alors j’aurais plongé dans le Puits du Temps pour naître à cette époque... J’ai écrit le Conte, je suis revenu pour le compléter en écrivant sur l’arbre !

- On se calme !, s’écria soudainement le blond en levant les mains, ce qui nous fit taire. Je reconnais qu’il y a énormément de coïncidences, mais comment un simple sorcier, un paysan, aurait pu écrire quelque chose qui se réalise ?

- Pour la même raison que c’est le Puits du Temps qui s’est présenté, et rien d’autre.

- Et cette raison est... ?, demanda-t-il en haussant un sourcil.

- La Magie, tout simplement !, dis-je.

- Il y a une raison à tout, et c’est une excuse que tu viens de nous donner, Automne, pas une raison, répondit-il l’air déconcerté.

- Je pense qu’il n’y a pas de raison, tout simplement, dis-je en haussant les épaules.

- De toute manière, qu’est-ce que ça nous apporte de connaître l’auteur ?, interrogea Scorpius.

- Qu’est-ce que ça nous apporte ?, répétai-je sidérée. Mais TOUT, enfin ! Gale ! Tu as écrit le Conte ! Tu connais la solution ! Tu sais comment ça se termine !

- L’héroïne meurt avec l’Aigle dans une clairière remplie de fleurs, récita celui-ci l’air un peu perdu.

- Mais... Je peux bien vivre, non ?

- Pardonne-moi Automne, mais j’ai PEUT ÊTRE, ajouta rapidement Gale devant le regard de Scorpius, écrit ta mort, pas comment l’éviter...

- Je sais !, s’écria soudainement Scorpius. Ça m’embête de dire ça, Hopkins, mais puisque ce SERAIT toi l’auteur, le créateur de l’histoire d’Automne et le chef de son destin, tout ça par ta plume, ne te suffirait-il pas de le réécrire avec une fin différente ? Â»

 

Je devais avoir l’air d’une chouette tellement mes yeux étaient grand ouverts. Ce n’était pas bête... Pas bête du tout !

 

« - Intelligent, très intelligent, dis Gale. Mais il est peu probable que ça marche. C’était dans des conditions particulières que je l’ai soi-disant écrit, et c’est impossible de retourner en arrière.

- A moins de trouver un autre Puits du Temps. Â»

 

Ils se turent et cette fois-ci, ce sont eux qui eurent des yeux de chouette ébahie.

 

« - C’est impossible, dit Scorpius catégoriquement.

- Ça s’est déjà produit, dis-je. Pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas se reproduire ?

- C’était dans des conditions exceptionnelles, répéta Gale en me prenant par les épaules. De plus, c’était du hasard, pas une volonté. Il y a une chance sur l’infini que l’on puisse en créer un autre.

- Et si on défiait les lois du possible ?, murmurai-je avec défi. Gale, c’est toi qui as plongé dedans, et...

- Blanche, souffla-t-il soudainement.

- Blanche de Haupequain ?, demandai-je.

- Non, Blanche Pake, de Serdaigle, qui m’a déjà raconté avoir fait un rêve similaire bien avant que je fasse le mien. Â»

 

Un mal de crâne me saisit. Il semblait que Gale n’ait pas été le seul à revenir du Moyen Âge...

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