top of page

Chapitre 20: Amitié ou Destin?

 

Scorpius s’était comporté comme jamais auparavant. Ouvert, compatissant et même parfois rieur. Quelqu’un me l’aurait décrit ainsi en début d’année que je ne l’aurais jamais cru. Peut-être était-il content d’avoir de la compagnie à nouveau, quelqu’un à qui parler, je l’ignore ; je ne lui avais pas posé plus de questions sur sa vie personnelle étant donné qu’il m’en avait déjà beaucoup dévoilé. Mais j’éprouvais beaucoup de sympathie à son égard. Je n’avais à présent plus aucun doute sur sa vraie personnalité et je savais que s’il ne s’était jamais caché derrière ses sarcasmes et ses méchancetés, je l’aurais tout de suite apprécié. Bien sûr, parfois, il ne pouvait s’empêcher d’être légèrement sarcastique mais je ne lui en voulais pas : c’était son caractère et je l’appréciais pour ce qu’il était.

Durant un temps que je n’avais pas pensé à compter, il m’avait montré tous ses rouleaux de parchemin, brouillons ou propres, tous classés dans un ordre précis. Il avait pensé à des solutions que je n’avais moi-même jamais imaginé : guérir l’aigle avec le mélange que j’avais utilisé pour soigner son bébé, l’appeler et prendre une de ses plumes pour étudier ses constituants à l’aide de potions et peut être créer un mélange adéquate à n’importe quelle de ses blessures ou encore revenir dans la forêt de mon enfance à l’endroit précis où j’avais reçu la bénédiction. Chaque proposition avait ses explications, ses points plausibles... Un véritable investissement personnel –les cernes de Scorpius se comprenaient.

Il m’avait avoué avoir envie de laisser tomber par moments, mais ses souvenirs et sa volonté tenace le faisaient toujours revenir à son bureau. Bureau qu’il avait installé à partir du moment où ça n’était plus sûr d’aller à la Tour d’Astronomie (à cause de Cassandra). Il avait alors choisi une pièce abandonnée, enfouie dans les fin fonds du château –il faut dire, c’était tellement grand- afin de pouvoir travailler sans être vu.

J’ignorais le temps que j’avais passé avec lui. Mais j’y étais restée longtemps. Je m’étais décidée à partir pour retrouver Ethan et Hugo, à qui j’avais quand même dit que « je revenais Â», avant qu’ils ne s’inquiètent.

 

« - Merci, avais-je dit à Scorpius qui m’avait raccompagnée jusqu’aux escaliers principaux –je n’aurais jamais pu retrouver le chemin. Merci énormément.

- Je t’en prie Â», m’avait-il simplement répondu avec un sourire fatigué.

 

Je lui avais rendu un sourire reconnaissant, puis on était partis chacun dans notre direction. Maintenant, j’étais sur le chemin de la Salle Commune, les pensées allant et venant, se fracassant dans ma tête. Alors Scorpius était derrière depuis le début... Son but n’était pas de m’aider moi, mais d’aider l’héroïne du conte qui le passionnait tant. C’était déjà plus logique de réfléchir de cette manière. Il faisait preuve d’une détermination incroyable. Je ne m’étais jamais autant trompée en lui disant, il y a déjà longtemps, que même s’il avait demandé il n’aurait pas pu aller à Gryffondor. En réalité, il avait bon nombre des qualités de la Maison ; il était bon, on ne peut plus courageux d’assumer autant de choses et avait une force d’esprit en béton armé. Pourquoi alors était-il allé à Serpentard ? Durant ces moments passés avec lui, je n’avais pas vu passer la moindre ombre verte dans ses yeux. Aurait-il demandé au Choixpeau d’aller à Serpentard, par peur de trahir sa famille ? Ou bien était-il un véritable Serpentard ? Après tout, c’était bête de penser ça. Les Serpentard ne sont pas tous méchants. Ils sont ambitieux, intelligents et déterminés. Ce qui lui ressemble en tous points. Peut-être était-ce la tolérance, grande qualité de Gryffondor, qui a fait la différence. Je l’ignorais. Il faudra que je lui pose la question, la prochaine fois.

Je m’étais aussi complètement trompée en disant à mes amis que si Scorpius faisait partie de mon « présent Â», il ne le faisait que de très loin. En vérité, il était entièrement impliqué dans cette histoire. C’est dingue comme on peut se tromper sur une personne. La juger alors qu’on ne voit que ce qu’elle veut bien montrer. Il avait eu raison en me traitant d’égoïste ; je rejetais les personnes qui étiquetaient et détestaient sans connaître alors que je le faisais moi-même. 

 

« - Merlin ! Automne !, s’écria Ethan alors que je venais d’entrer dans la Salle Commune (« Guirlande Pacotille Â»). Quel temps tu as mis ! On s’inquiétait ! On s’apprêtait à venir te chercher.

- Combien de temps ça fait, au juste ?, demandai-je.

- Pas loin de deux heures, dit Hugo l’air un peu irrité. C’est l’heure du dîner depuis déjà une bonne demi-heure.

- Je suis désolée, murmurai-je en sentant mes joues s’empourprer. Je n’ai pas vu le temps passer.

- Apparemment, souffla Ethan la bouche légèrement pincée, tu t’es bien amusée ?

- Je meurs de faim », rétorqua Hugo avant que je ne puisse répondre.

 

C’est un silence lourd qui s’était installé à la table. Ou du moins, entre Hugo, Ethan et moi. Puisque sur le reste de la table, les Gryffondor restés pour les vacances bavardaient joyeusement et riaient aux éclats.

 

« - Désolé, s’excusa soudainement Hugo, le regard sur son assiette, les oreilles écarlates. C’est juste qu’on s’est inquiétés, ça nous froisse un peu.

- C’est vrai, renchérit Ethan en hochant la tête d’un air un peu honteux.

- C’est moi qui m’excuse !, souris-je soulagée. Mais je vous jure que ça en valait la peine.

- RACONTE-NOUS IMMÉDIATEMENT ! Â», s’écria Hugo, un immense sourire sur les lèvres.

 

Tout comme je l’avais promis, je ne parlai pas à mes amis de la vie privée de Malefoy. Je leur parlai seulement du plus important, c’est-à-dire sa fascination pour le conte lorsqu’il était petit, qu’il avait voulu reprendre son aventure... Je tentais aussi de ne pas rire en parlant, puisque leur bouche s’agrandissait de plus en plus au fur et à mesure que je leur racontais. A la fin, on aurait largement pu y faire tenir la statue du bureau directorial debout.

 

« - Par les sourcils d’Albus Dumbledore, ne put que souffler Ethan. Je n’imaginais pas ça...

- Ça m’a autant surprise que toi Â», répondis-je avec un petit sourire.

 

Hugo avait l’air, quand à lui, plutôt mécontent.

 

« - Ça ne me plaît pas vraiment qu’il recherche des tas d’infos sur toi, comme ça...

- Pas sur moi, coupai-je avec un regard appuyé. Sur l’Aigle Triste. C’est différent.

- Il n’empêche que ça reste un petit cafard blond et fourbe, s’entêta Hugo l’air décidé –ce qui fit rire Ethan.

- Je peux t’assurer que c’est loin d’être vrai, dis-je en riant mais avec prudence. Le Scorpius que j’ai vu n’est pas celui que l’on croise dans les couloirs.

- Mais c’est bien le Scorpius qui m’a insulté à la Rentrée. Â»

 

Difficile de dire que non sans révéler les secrets de Scorpius. Je me contentai de hausser les épaules. Je pouvais sentir le regard d’Ethan droit sur ma tête, essayant d’analyser mon cerveau. Soudain, les chouettes arrivèrent par dizaine. Chose très étrange... Puisqu’on était le soir. Et le courrier n’arrive jamais le soir.

 

« - Il n’est pas arrivé ce midi, me rappela Hugo en observant les hiboux lâcher divers lettres et colis. Il y avait une tempête monstre. Alors... Il arrive ce soir. Â»

 

A la fin de sa phrase, Neige arriva sur ma table, une lettre au bec. C’était de la part de Peter et de mes parents, me souhaitant de bonnes vacances et un joyeux Noël. Ethan, quant à lui, avait reçu un colis.

 

« - Cadeau de Noël en avance ?, demandai-je en fronçant les sourcils.

- Du tout, répondit-il avec un immense sourire. Mes parents m’ont envoyé un objet auquel je tiens et que j’ai oublié chez moi –ils viennent de le trouver.

- Et qui est... ? Â», demandai-je en même temps que Hugo.

 

Ethan sourit mystérieusement –comme à son habitude- et déchira l’enveloppe du colis. Il déballa un petit cadre tout en longueur, souffla dessus et sourit davantage.

 

« - C’est une photo ?, demandai-je, ne pouvant voir la face du cadre.

- Non, répondit-il rêveusement en me tendant le vieux cadre -en pin d’Alep, selon le toucher. C’est quelque chose que j’ai trouvé il y a des années de ça et qui m’a toujours fasciné. Â»

 

Je retournai le cadre : à l’intérieur, il y avait une simple petite fleur. Et pourtant, elle était tout sauf banale ; c’était une Belle-de-Nuit dont, à ma plus grande surprise, les pétales brillaient de mille couleurs. Un véritable arc-en-ciel. Je n’avais encore jamais vu ça sur ce type de fleurs, encore moins sur une fleur séchée. Ethan se mit à rire :

 

« - Étonnant, je sais. Je l’ai trouvée dans une forêt quand j’avais 5 ans, planquée derrière un gros buisson. Je l’ai trouvée tellement jolie, tellement rare que je me suis obligé à ne pas la cueillir, car je savais qu’elle fanerait si je le gardais avec moi. Maman s’est approchée, a souri, puis m’a murmuré à l’oreille que je pouvais la garder pour toujours. Je ne comprenais pas. J’allais la tuer, en l’ôtant de son milieu de vie. Mais lorsqu’elle l’a délicatement détachée de la terre, elle a pris sa baguette et a murmuré une incantation. Elle m’a dit qu’il ne restait plus qu’à la mettre dans un cadre pour qu’elle sèche, et, grâce à son sortilège, qu’elle gardera à tout jamais ses pétales irisés. Arrivé chez moi, j’ai regardé ma mère la mettre sous cadre puis elle me l’a donné : la fleur paraissait toujours vivante, aussi belle qu’en terre. Et encore aujourd’hui, elle a gardé toute sa magie. Â»

 

C’était tellement poétique. Les yeux d’Ethan semblaient refléter tous ses souvenirs. J’aurais presque vu y voir le petit garçon qu’il était, serrant le cadre dans ses bras. Je lui rendis le cadre, un sourire sur le visage. Ça lui ressemblait bien d’avoir ce genre de souvenir.

 

« - Automne ? Â»

 

Je redressai la tête : c’était Gale. Il semblait de bonne humeur, mais aux traits un peu anxieux –ce qui était plutôt rare chez lui.

« - Ça va ?, demandai-je les sourcils froncés.

 

- Ça pourrait aller mieux, soupira-t-il en conservant un sourire rassurant. Mais ce n’est pas grave. Carter veut qu’on s’entraîne pour le Quidditch.

- Encore ?, dis-je un peu surprise. Notre dernier entraînement ne remonte qu’à la semaine dernière, il laisse une plus grande marge d’habitude.

- J’y ai pensé, rit Gale. Mais je pense qu’il imagine qu’on va devenir obèses à Noël et perdre nos capacités sportives, un truc du style.

- Mais toute l’équipe n’est pas restée, non ?

- Non... A vrai dire, rit-il de nouveau, il n’y a que toi, moi et lui. Quand Victoria, Meryl, Clark et Nate reviendront, Carter va les faire bosser sec.

- Et quand est l’entrainement ?, demandai-je.

- Demain, à 15h, répondit-il. Il m’a demandé de te passer le message, il est trop occupé à chercher de nouvelles techniques dans le local.

- Ça marche, merci, souris-je. Mais tu es sûr que ça va aller ?

- Ne t’en fais pas pour ça, sourit-il à son tour en posant amicalement sa main sur mon épaule avant de partir hors de la Grande Salle. Salut ! Â»

 

Je n’aimais pas voir cette petite moue quasi-invisible dans le sourire de Gale. Je l’aimais beaucoup.

 

« - Peut être devait-il rentrer chez lui chez les vacances et que ça a été annulé à la dernière minute ?, proposa Hugo en voyant mon air inquiet.

- Possible, dis-je simplement.

- Au fait, demanda Ethan avec un sourire malicieux, tu ne te sens pas trop petite dans ton équipe ?

- Hé !, protestai-je d’un air faussement indigné. Non, franchement, ça va, ajoutai-je en riant. Ils sont tous vraiment gentils et m’ont tout de suite accepté dans l’équipe.

- Grâce à Gale ?

- C’est lui à avoir été le premier à venir vers moi, souris-je, en dehors de Carter. Mais tout le monde m’a accepté très vite. Â»

 

Mes pensées étaient toujours orientées vers ce qu’avait fait Scorpius. Tout ce qu’il m’avait dit. J’aurais dû être folle de joie, j’étais triste. Car ça me brisait le cÅ“ur de lui avoir dit tant de méchancetés. Il y avait un côté de moi qui se sentait honteuse, l’autre qui se moquait de moi-même. J’avais parfois l’impression qu’une petite voix dans ma tête me répétait : « Quelle pathétique gamine ! Tu vas pleurer pour t’être défendue, c’est ça ? Ri-di-cule Â». Et à côté, l’autre protestait : « Tu as juste de la compassion ! Ce n’est pas ridicule ! Â» et moi, écrasée au milieu de tout ça, ne comprenant une fois de plus RIEN. Enfin ce n’est pas que je ne comprenais rien.  Ce que je ne comprenais pas, c’est comment ai-je pu vivre jusqu’à mes 11 ans sans me rendre compte de rien. C’est vrai, puisque le conte date d’il y a longtemps, les gens auraient dû être un tant soit peu surpris en entendant mon nom. C’est mieux que je ne me sois rendu compte de rien, bien évidemment. Mais bon, ça n’avait aucune importance. Poudlard était vraiment un endroit magique, sans faire de mauvais jeu de mot. Peut-être avais-je pitié pour tout le monde, mais je plaignais les Moldus de ne pas connaître cette école.

Je croisai Scorpius en sortant de la Grande Salle. Il ne souriait pas, mais je pouvais le voir dans ses yeux.

 

« - Je suis crevé, bailla Hugo. Il était temps que ce soit les vacances.

- Tu n’es pas arrivé à la fin de l’année, rit Ethan.

- Je n’ai pas envie que ce soit la fin de l’année, de toute manière», se réjouit Hugo avec un grand sourire.

 

                                                                                           OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Attention au sens du vent, Gale !, hurla Carter en tentant de se faire entendre à travers les bourrasques.

- J’essaie ! Â», protesta Gale, essayant vainement de zigzaguer entre les flocons, le Souaffle à la main.

 

C’était strictement impossible de s’entraîner avec un temps pareil. Ce n’était pas la température qui me gênait, loin de là, c’était le temps. Un vent à retourner le château et la neige qui tombait par tonnes –qui grâce au vent brouillait la vue. On ne réussissait même pas à se parler.  

 

« - Ne peut-on pas reporter la séance à demain ?, demandai-je avec toute la force de mes poumons.

- HEIN ?!, hurla Carter de ses buts.

- JE DISAIS, ON NE PEUT PAS REPORTER A DEMAIN ?! Â», répétai-je la gorge en feu.

 

Carter mit un certain temps à comprendre, puis après avoir bloqué le tir de Gale, fit signe de temps mort.

 

« - C’est impossible de s’entraîner avec ce temps, dis-je.

- Je suis plutôt d’accord avec Automne, admit Gale. On est plus en train de s’épuiser que de s’entraîner.

- C’est vrai, mais il faut savoir jouer par tous les temps, appuya Carter d’un air farouche. Qu’il y ait une tempête de neige, un orage déboulant des ténèbres, de la pluie torrentielle...

- ... Où une explosion atomique, ajouta Gale l’air on ne peut plus sérieux –ce qui me fit éclater de rire.

- A peu près, répondit le Capitaine avec néanmoins un sourire amusé. Mais je maintiens : on continue à s’entraîner, on finit la séance et on saura ce qu’est le Quidditch sous la neige ! Â»

 

 Après son rapide discours motivant, Gale fit ses derniers tirs (il réussit à marquer 5 sur les 6) et ce fut à mon tour. Après une heure et demie d’entraînement intensif et exténuant, la séance se termina enfin.

 

« - Le Quidditch lui tient vraiment à cÅ“ur, souffla Gale une fois rentrés au château.

- Il a raison, d’un côté, dis-je en reniflant. Il ne pourra pas toujours faire beau. Surtout que notre match est en février, alors il y a de fortes chances que ce soit dans la neige. Â»

 

Il se mit à rire, puis lança soudainement :

 

« - Je sais que ça n’a pas l’air très tentant, mais ça te dit, après une bonne douche, d’aller à la bibliothèque ? J’ai entendu dire que tu t’en sortais très bien en sortilèges. On pourrait peut-être en trouver pour s’aider le jour où le temps ne nous aide pas. Et pourquoi pas, apprendre de nouvelles feintes –en plus d’être cool, j’en connais un à qui ça ferait plaisir.

- Avec joie Â», répondis-je avec un sourire franc.

 

Une demi-heure plus tard, je laissai Ethan et Hugo jouer aux échecs –Ethan était en train de se faire battre à plate couture- pour retrouver Gale à la bibliothèque. Il était déjà assis à une table, une quantité impressionnante de livres devant lui.

 

« - J’ai pris un peu d’avance, sourit-il.

-  Personnellement, j’adhère, mais Mrs Pince n’aime pas trop qu’on prenne autant de livres en même temps, grimaçai-je amusée.

- Ne t’inquiète pas pour ça, rit-il. Elle m’aime bien. Je viens souvent.

- Tu as de la chance, dis-je en jetant un regard vers la bibliothécaire qui était en train de tourner rouge homard à cause de quelqu’un qui avait apporté un paquet de biscuits. Je viens régulièrement et pourtant, j’ai l’impression qu’elle fait un arrêt cardiaque à chaque fois qu’elle me voit. »

 

Gale éclata de rire, attirant le regard de Mrs Pince vers notre table –l’élève aux biscuits en profita pour filer. Elle nous fit un sourire un peu maladroit en fronçant des sourcils.

 

« - Alors !, dis-je en étalant les livres sur la table. Par quoi on commence ? Â»

 

Ça donnait envie de tout apprendre. C’était vraiment chouette d’apprendre avec Gale. Je ne le connaissais que depuis peu de temps, et pourtant j’avais cette impression étrangement vague de le considérer comme un autre grand frère –et pourtant, j’aimais Peter plus que tout au monde et je pensais ne jamais ressentir ce sentiment fraternel avec quelqu’un d’autre. Je le sentais veiller sur moi quand il était dans les parages –et venait me parler quand des Serpentards me fixaient d’un air un peu trop mauvais-, je me sentais rassurée  en sa présence, il m’apportait toujours -d’excellents- conseils... En bref, je l’aimais beaucoup et à mon avis, c’était réciproque.

Alors que nous riions  en imaginant jeter le sortilège Colloshoo (dont la fonction était de coller les chaussures de la personne visée au sol) au Capitaine de Serpentard,  Gerry Wilson, j’aperçus des cheveux d’un blond presque blanc passer avec vitesse derrière une étagère de livres. Scorpius ?

 

« - Hayleen, l’entendis-je lancer en feuilletant des livres, si tu veux bien, retourne à tes affaires.

- Qu’est-ce qu’il te veut, lui ?, grogna Gale en perdant son expression rieuse.

- Ne t’en fais pas pour ça, le rassurai-je en me retenant de rire. Je m’en fiche. Je n’ai qu’à l’ignorer et ce sera bon. Â»

 

Il me sourit et prit un autre livre sur le Quidditch. Je jetai un rapide regard en direction de l’étagère. Manifestement, Scorpius le savait car je pouvais apercevoir un de ses yeux entre deux livres. J’esquissai un sourire, il me rendit la pareille puis replaça le livre sur le meuble. Quelle drôle de tournure mon année avait prise...

 

« - Gale ?, dis-je au bout d’un moment.

- Mmmh ?

- Tu ne m’as pas dit ce qui n’allait pas l’autre fois. Â»

 

Je le vis interrompre sa lecture sans quitter la page des yeux. Il le referma, soupira puis se tourna vers moi avec ce même sourire :

 

« - J’étais juste un peu stressé à cause d’un examen, rien de très grave.

- Mr Hopkins, j’ai le regret de vous informer que ça ne marche pas avec moi Â», fis-je.

 

Son sourire tomba légèrement.

 

« - Je sais que je peux te faire confiance, ne t’en fais pas, lança-t-il. Je n’ai juste pas très envie d’en parler.

- Et je ne te forcerai pas, dis-je sérieusement en devinant que ce  n’était pas rien. Mais sache que si tu veux me le confier...

- Il faut que je te dise quelque chose sur moi d’assez important Â», commença Gale avec l’air de prendre son courage à deux mains.

 

Je n’insistai pas et lui adressai un regard encourageant.

 

« - Je me sens de plus en plus mal de ne pas te le dire, il me semble que je te dois la vérité.

- Je t’écoute, ne t’en fais pas.

- J’ignore si c’est vraiment très important, peut être que ça à son impact, peut être que ça n’en n’a aucun. Â»

 

Il commençait à m’inquiéter. Qu’est-ce qui pouvait être si important ?

 

« - Je... Je crois que c’est moi qui ai écrit le Conte de l’Aigle Triste. Â»

bottom of page