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Chapitre 17 : Le discours d'un roi

Harry sentait que quelqu’un jouait avec ses cheveux. Il ignorait s’il dormait toujours ou si c’était quelque chose de réel, mais la personne en question avait des doigts divins –et elle sentait merveilleusement bon, au passage. Il se recroquevilla davantage, se perdant dans une couverture à la douceur exquise, mais sa tête reposait toujours sur quelque chose qui lui semblait familier. Il pouvait sentir un ou deux rayons de soleil sur son visage et en conclut qu’il était réveillé. C’est d’un œil fatigué qu’il perçut une figure pâle au-dessus de lui, un demi-sourire sur le visage, les cheveux d’un blond platine aux quelques mèches rebelles.

 

« - Bonjour, murmura Drago avec tendresse.

 

- Salut », répondit Harry de sa voix rauque du matin.

 

Il se rendit compte, en tournant légèrement la tête, qu’il était allongé sur le canapé ; sa tête reposait sur le ventre de Drago, assis confortablement, et ce qui lui recouvrait l’intégralité du corps était un pled vert avec les initiales « D.M. » sur le coin. Leurs couronnes respectives reposaient sagement sur la table, à côté de leurs cadeaux de la veille.

 

« - Quelle heure est-il ?, demanda le brun en se nichant dans le T-shirt du blond, incapable de se lever pour le moment.

 

- 10h30, fit Drago avec un léger rire. Tu dors pendant des lustres, dis-moi.

 

- Il se trouve que je dors exceptionnellement bien, comme ça, sourit-il.

 

- Ça, c’est clair, confirma le Serpentard. Tu as pris toute la place toute la nuit.

 

- Désolé, s’excusa le brun en enfouissant davantage son nez –il sentait si bon. Tu es levé depuis longtemps ?

 

- Réveillé depuis deux heures, levé depuis une et demie, fit Drago sans cesser de jouer avec les cheveux fascinants de son petit ami.

 

- La vache, grogna Harry. Désolé pour l’attente.

 

- T’inquiète pas, le rassura-t-il. J’ai eu le temps de me réveiller tranquillement, prendre ma douche, aller chercher le petit-déjeuner dans les cuisines, finir le programme scolaire, faire six parties de Quidditch et sauver le monde. Ah, non, ça c’est ton rôle. »

 

Harry rit malgré la fatigue et se leva difficilement, arrachant à contrecoeur son visage du corps du Serpentard. Sur la grande table reposait un grand plateau comprenant tartines, confitures, pâtes à tartiner, petits pains, fruits, jus d’orange et de citrouille, toasts, œufs au bacon, cornflakes...

 

« - Et bien, les Elfes n’ont pas été radins, dit Harry avec de grands yeux. Il y a une salle de bain ici ?

 

- On est dans la Salle-sur-Demande, rappela le blond en lui ébouriffant les cheveux. Évidemment qu’il y en a une. Et j’ai pris ma douche tout à l’heure, donc elle n’a pas disparu depuis.

 

- Ça te gêne d’attendre encore un peu ? Il faut absolument que je me lave.

 

- Alors grouille, le pressa-t-il en le pinçant. Ce plateau me fait de l’œil depuis déjà trop longtemps.

 

- Je cours, je vole !, fit Harry en se dépêchant.

 

- Et tu dégringoles », chantonna Drago lorsqu’il entendit un « BOUM » suivit d’un gémissement plaintif et de jurons indécents.

 

Le blond attendit d’entendre l’eau couler derrière la porte et il s’approcha de la table basse avant de saisir le cadre photo. Il sourit et caressa du bout de l’index, au travers du verre, leur photo. Ils riaient, s’embrassaient et riaient encore, puis la scène recommençait à l’infini. Il était vraiment heureux de l’avoir en sa possession ; elle était magnifique. Il reposa le cadre et passa, sans trop s’en rendre compte, sa main sur la fine chaînette qu’il avait autour du cou avant de sourire. C’était les plus beaux cadeaux qu’il avait reçus ce Noël ; concernant les autres, il n’en n’avait reçu qu’un : celui de sa mère, un petit médaillon avec des photos d’eux deux lorsque Drago ne devait pas avoir plus de 6 ou 7 ans, accompagné d’une lettre.

 

« Mon fils,

J’ai confiance en toi et je comprends que ce que tu m’as dit doit avoir de l’importance ; mais jamais je ne t’abandonnerai, sache-le.

Joyeux Noël,

Ta mère qui t’aime. »

 

Il se doutait de sa réponse. Elle était sa mère et même en connaissant tous les risques du monde, elle resterait pour le protéger.

Il prit sa couronne dorée et la posa sur sa tête avant de s’admirer devant le miroir ; elle ne lui allait pas mal du tout, en fait. Il avait toujours eu le potentiel d’un roi, de toute façon.

 

« - Sublimissime. »

 

Drago sursauta en se retournant.

 

« - Tu rougis !, s’exclama Harry en éclatant de rire.

 

- Triple crétin, grommela le blond en enlevant précipitamment la couronne de sa tête. T’as fait vachement vite et je t’ai même pas entendu.

 

- Je voulais te faire attendre le moins possible, répondit Harry en secouant ses cheveux mouillés. Et j’ai le pas extrêmement léger.

 

- Où as-tu trouvé tes affaires ?, demanda soudainement Drago en remarquant qu’Harry revêtait un T-shirt et un jean.

 

- Et toi ?

 

- Sortilège de Réduction modulable, bien s... Ah. Je vois. Piqueur de technique.

 

- T’es pas le seul dans cette pièce à être malin. »

 

Drago éclata de rire et invita le brun à prendre place à la table.

 

« - Alors bon appétit ! », fit-il en commençant à se servir.

 

Ils partagèrent un grand petit-déjeuner agréable durant lequel ils rirent, discutèrent et se rappelèrent les événements de la veille.

 

« - Doux Merlin, fit soudainement Drago alors qu’il mangeait un toast-confiture. J’avais oublié mais ce soir, on a un discours à faire. »

 

Harry, qui s’apprêtait à engouffrer ses œufs au plat, laissa sa fourchette en suspension et ouvrit des yeux de chouette.

 

« - J’avais oublié !, dit-il en se passant une main sur le visage. Par tous les sarcophages. Tu crois qu’on devra porter nos couronnes ?

 

- J’espère que non, rit Drago un peu nerveusement. Je ne pense pas, en tout cas. Ces couronnes, c’est dans le contexte du bal ; mais ce soir, nous sommes les Représentants de Poudlard. 

 

- Je suis sûr que tu es déçu, le taquina le Gryffondor avec amusement. Tu as l’air de beaucoup l’apprécier.

 

- Va arracher les plumes d’un hippogriffe à Tombouctou, râla le blond.

 

- Je m’en passerai, répondit-il tranquillement. Sinon, en vrai, il faut qu’on prépare un discours.

 

- Préparer ?, se moqua Drago. C’est pour les faibles.

 

- Hmhm. Donc tu comptes y aller à la one again ?

 

- Ça s’appelle le challenge, mon ami, dit-il en pointant sa cuillère vers lui –envoyant un peu de confiture sur la table au passage.

 

- Challenge, peut-être, admit-il en essuyant la table avec sa serviette, mais c’est surtout honte assurée si tu te retrouves coincé devant les journalistes, sans aucune inspiration. On n’aura pas de deuxième fois, c’est du direct.

 

- Du direct ?

 

- Un truc de télévision moldue, expliqua brièvement Harry. En gros, une fois que tu commences à parler, t’as pas intérêt à te planter car t’auras pas de deuxième chance et tout le monde aura entendu et noté tes propos.

 

- J’ai une vie pleine de risques, soupira Drago à la manière d’un super-héros lassé d’action. Un peu de piquant ne fait jamais de mal.

 

- Ou jamais de bien, le prévint-il prudemment. Tu es sûr de ne vouloir rien préparer ? Même pas un morceau de parchemin avec un ordre d’idées ? On est censé parler de nous, mais aussi de l’école.

 

- Je trouve ça un peu idiot d’écrire ce que l’on va dire, fit remarquer le Serpentard tandis qu’il faisait tournoyer sa cuillère sur le rebord de son assiette. Un discours personnel, c’est... Et bien, personnel, c’est ce que l’on pense vraiment, ce sont nos idées. Rédiger quelque chose pour le lire, ça me donne l’impression que ce n’est que du faux. Si tu aimes le pudding et le Quidditch, pas la peine de l’écrire et d’en écrire les raisons, tu sais très bien pourquoi puisque c’est personnel. Tu vois ce que je veux dire ? »

 

Harry hocha la tête. C’était plutôt pertinent, en effet.

 

« - Alors bon, rédiger tout un texte alors qu’on sait déjà ce qu’on va dire, termina-t-il en haussant les épaules avec indifférence, c’est pas nécessaire.

 

- Disons que c’est plus rassurant d’avoir son texte et ses idées, on est sûr de ne rien oublier à cause du stress. Tu sais  déjà ce que tu vas dire ?

 

- Ça viendra sur le moment, répondit-il en s’étirant avec un « Waaah » fatigué.

 

- Très bien, mais je parle d’abord, dans ce cas, imposa Harry avec sévérité. Sinon, tu vas me piquer mes idées.  

 

- Pas de problème, affirma le blond avec un sourire. Je t’aiderai à rédiger ton texte, si tu veux.

 

- Pas de texte, dit-il en se grattant la tête. Juste des mots-clés et quelques idées.

 

- T’es pas obligé, le rassura Drago avec bienveillance. J’ai dit ça pour moi, tu sais.

 

- Tu as raison », persista le vaillant Gryffondor.

 

Ils sourirent tous les deux et Drago reposa sa fourchette.

 

« - C’était vraiment excellent, fit-il. On ne s’en rend jamais vraiment compte quand on est tous ensemble dans la Grande Salle. Ce doit sûrement être à cause de l’odeur de Crabbe et Goyle. Ils ne prennent pas leur douche tous les matins, ceux-là, ajouta-t-il avec dégoût.

 

- Merci, pas besoin des détails, le coupa le brun avec assurance.

 

- Tu connais l’odeur d’un fromage de chèvre au lait cru oublié sur un radiateur ? Si tu l’ignores, fous ton nez dans leur valise.

 

- Bordel, j’ai pas fini de manger !

 

-  Ah, le doux parfum du vieux pouascard pourri extirpé de l’estomac du Calmar Géant du Lac Noir, qui émane de leurs chaussettes. »

 

Harry l’interrompit en lui balançant un morceau de pain sur le front.

 

« - Hé !, protesta le blond en se retenant de rire. J’ai jamais dit vouloir avoir une cicatrice comme la tienne !

 

- Alors boucle-la, le rabroua son petit-ami. J’ai plus faim, à cause de toi.

 

- Tant mieux, s’exclama-t-il d’un air ravi. Fonçons nous brosser les dents, dans ce cas.

 

- Et ensuite ?, demanda-t-il.

 

- Ensuite, on fait ce qu’on veut, répondit simplement Drago en haussant les épaules. Je te rappelle qu’on a fait notre entrée officielle, on peut se balader ensemble, maintenant. Ou tu peux aller rejoindre tes amis, on n’est pas obligés de rester collés non plus. Personnellement, je comptais aller lire en mode cool.

 

- Je vais rejoindre Ron et Hermione, dit Harry soulagé. On se retrouvera plus tard.

 

- A quelle heure est le discours, d’ailleurs ?

 

- 19h30, il me semble, répondit Harry sans être entièrement certain. Je demanderai à McGonagall ou à Dumbledore si je croise l’un d’entre eux.

 

- Nickel. »

 

Drago s’apprêtait à l’embrasser, mais Harry se recula en riant.

 

« - J’ai pas encore brossé mes dents ! »

 

Ils purent profiter de leur bouche après s’être assurés que leur haleine était mentholée et leurs dents blanches, puis ils sortirent de la Salle-sur-Demande le cœur battant –après avoir tout remis en ordre, sous l’œil maniaque du brun.

 

« - A plus tard », murmura Harry en embrassant encore une fois le blond, plus amoureux que jamais.

 

Ils se quittèrent en un dernier baiser et un petit signe de la main. Harry se dirigea presque automatiquement vers sa Salle Commune, se doutant que ses amis seraient là –il faisait trop froid pour être dehors. Il passa la porte (« Damalus Guirlandes ») et fut immédiatement submergé par des dizaines de mains et diverses exclamations.

 

« - Comment tu vas Harry ?

 

- Alors, bonne soirée ?

 

- T’es complètement barré, le Survivant ! »

 

Il ne savait pas où donner de la tête ; entre les éclats de rires, les frappes amicales qu’il recevait dans le dos et les clameurs diverses, il ne comprenait strictement rien.

 

« - Laissez-le respirer, par Merlin », fit Ron à l’autre bout de la pièce.

 

Harry émergea péniblement de la foule et sourit : Ron et Hermione était assis l’un à côté de l’autre sur l’un des sofa, la moitié des jambes d’Hermione sur celles de Ron. Elle lisait tranquillement, le bras réchauffé par les flammes de la cheminée. Quant au rouquin, il semblait au comble du bonheur.

 

« - Vous allez le tuer à l’encercler comme ça, insista-t-il en fronçant les sourcils.

 

- Mais qu’est-ce qu’il se passe ?, fit Harry, complètement abasourdi, en s’asseyant dans le sofa en face.

 

- T’es une fois de plus le héros, vieux, sourit Ron sans surprise.

 

- Un héros ? », répéta-t-il, perdu.

 

Il s’attendait à tout, sauf à ça ; en rentrant dans la Salle Commune, il s’était attendu à des regards critiques, une ou deux remarques déplaisantes et à éventuellement des sourires, mais pas à... ça. 

 

« - Tout le monde est heureux que tu sois un des représentants de Poudlard, expliqua Ron, et tout le monde t’admire pour ce que tu as osé faire. Forcément, il y en a qui ne sont pas contents que tu sois avec Malefoy, mais ils sont rares et les autres les ont rapidement remis sur le droit chemin. Félicitations.

 

- Vous étiez sublimes !, s’écria Hermione en se levant et en se jetant sur Harry –lui donnant un violent coup de livre au passage. Oups ! Pardon. Mais c’était tellement beau ! Tu es parfait ! 

 

- Elle avait les larmes aux yeux, dit Ron en la regardant amoureusement. Ainsi que Parvati, mais pas pour les mêmes raisons, je pense.

 

- Mais... Mais enfin, bégaya le pauvre Gryffondor complètement dépassé, je suis avec un Serpentard, avec Drago Malefoy !

 

- Justement, fit Hermione. C’est ce dont avait parlé Ron l’autre jour : tu as bouleversé le conflit entre les deux Maisons, tu as osé faire une entrée spectaculaire au bras de Malefoy. Rien que pour ça, tout le monde te voit comme une sorte de demi-dieu.

 

- Excepté les gros crétins, rajouta Ron au passage.

 

- Je ne penserais pas que ça plairait des masses, dit Harry au comble de la surprise. Vraiment...

 

- Qu’est-ce que tu as dans ta poche ? », demanda-t-elle soudainement.

 

Harry, avec un sourire, retira la montre à gousset de la poche de son jean, d’où dépassait la chaîne.

 

« - La classe !, siffla Ron avec admiration. Elle pète.

 

- Le cadeau de Drago », murmura Harry en caressant le dos de la montre, où il pouvait sentir les inscriptions.

 

Il se rendit compte qu’il y avait un silence inhabituel dans la Salle Commune et il se retourna : tous les yeux étaient fixés sur lui.

 

« - .... Salut », fit-il avec un profond malaise en laissant sa montre se balancer de droite à gauche.

 

Un énorme « BOUM » suivi d’un épais nuage de fumée grise résonna dans la pièce circulaire et les fit se retourner.

 

« - Ça, c’était Seamus, soupira Dean.

 

- J’ai voulu rendre les banderoles plus brillantes !, s’écria ledit Seamus au loin, avec un grand sourire, en faisant ressortir sa tête de cheveux cramés et aux joues noircies de derrière un paravent. Mais du coup, y’en a une de foutue, maintenant.

 

- Les banderoles ?, demanda Harry en fronçant les sourcils.

 

- Bien joué pour la discrétion, Seam’, grogna Dean encore une fois.

 

- Des banderoles ?, répéta le Survivant en questionnant ses amis du regard.

 

- T’occupes ! », coupa Ginny.

 

Harry jeta un regard interrogateur à Ron et Hermione, qui sourirent et haussèrent les épaules d’un air innocent. Qu’est-ce qu’il se passait ?

 

« - Viens, Harry, fit le rouquin en désignant le dortoir de la main. Tu dois être fatigué, non ?

 

-  Ça, c’est sûr, ricana McLaggen en donnant un coup de coude complice à Dean. Je l’ai vu partir avec Malefoy dans le couloir de la Salle-sur-Demande hier soir.

 

- Non !, rougit brutalement Harry en comprenant le sous-entendu. Y’a rien eu de... Et puis d’ailleurs, ça ne regarde personne ! Mais de toute manière...

 

- Allez, arrête de t’enfoncer, rit Ginny. Dépêche-toi et grimpe te terrer dans ton dortoir, tu veux ? »

 

Qu’il le veuille ou non, il s’y fit traîner par Ron qui souriait d’un air amusé.

 

« - Qu’est-ce que vous fichez ?, demanda Harry pour la énième fois. Ça ne me rassure pas des masses, les trucs comme ça.

 

- T’inquiète, vieux, le rassura son meilleur ami.

 

- Très bien, abandonna-t-il avec un soupir devant l’insistance féroce du rouquin. Tant que ça n’implique pas une histoire de quelconques représentants qui pourraient éventuellement être deux élèves masculins de Poudlard, un Gryffondor brun et un Serpentard blond, ça va. »

 

Ron sembla parfaitement comprendre le regard oblique et lourd en sarcasme d’Harry ; il éclata de rire et lui donna des petites tapes affectueuses sur l’épaule.

 

« - Sinon, félicitations pour toi et Hermione », fit Harry en s’asseyant sur son lit.

 

Comme il s’y attendait, les oreilles de son meilleur ami devinrent aussi rouge que les rideaux de son lit, rapidement imitées par ses joues puis par l’intégralité de son visage. Et toc, pensa Harry avec le peu de maturité qui lui restait.

 

« - Ouais, répondit-il maladroitement. C’est cool.

 

- Elle en a lâché son verre de jus de citrouille, hier soir, se rappela Harry.

 

- Je sais, dit Ron en se massant la nuque. J’ai bien cru sentir quelque chose de gelé me couler sur la main et la cheville quand elle s’est jeté sur moi.

 

- Très romantique, comme scène, commenta le brun en s’amusant intérieurement du comportement de Ron.

 

- Tu peux parler !, se rebiffa-t-il en saisissant l’occasion. Messire Potter avec sa jolie couronne argentée, bisoutant devant tout Poudlard son Messire Malefoy à la couronne d’or. Alors question romanesque, tu bats tous les records. »

 

Décidé à se comporter comme un parfait gamin, Harry ne trouva comme réponse qu’une grimace à l’aspect potentiellement grossier et s’étala sur son matelas –tout en constatant que Drago était bien plus confortable.

 

« - Pas trop stressé pour ce soir ?, interrogea Ron en brisant le silence.

 

- Si, carrément, souffla Harry en se rendant pleinement compte de la chose pour la première fois. Je suis aussi bon en discours qu’en potions et devoir déballer ma vie aux journalistes de la Gazette du Sorcier qui n’ont nullement besoin d’en connaître les détails, ça me débecte.

 

- Et Malefoy ?

 

- Confiant, évidemment, fit-il avec un petit rire. Il compte y aller sans aucune préparation, en mode « viendra ce qui pourra quand ça voudra ».

 

- Ouais, Malefoy, quoi, résuma le rouquin.

 

 - Voilà. »

 

De ce qu’il veut bien montrer, en tout cas, continua Harry pour lui-même avec un semi-sourire.

 

A cet instant, Neville ouvrit la porte du dortoir et y passa une tête à l’expression pressée.

 

« - On te demande ! », s’exclama-t-il avec un entrain assez inhabituel –il était plutôt réservé, chez Neville, aux cours de Botanique ou lorsqu’il découvrait un navet anti-pesanteur. 

 

Harry se leva, joyeux de pouvoir sortir, mais l’herbologiste l’arrêta de la main et fit une moue désolée.

 

« - C’est pour moi, devina Ron en tapotant une nouvelle fois l’épaule de son meilleur ami avec compassion. Désolé, vieux. »

 

Le brun se renfrogna et se jeta avec une rare violence sur ses draps, manquant de peu une contusion cérébrale contre la tête de lit au passage.

Au bout d’un petit moment, il en eut assez d’attendre comme un gamin à qui on préparait un anniversaire surprise –il n’en n’avait jamais eu l’expérience, mais il avait vu la situation plusieurs fois dans des feuilletons pourris qu’il arrivait à Dudley de regarder. Il inspira un bon coup, prit un tant soit peu d’élan et se leva avec énergie ; non mais, il n’allait pas poireauter des heures jusqu’à ce qu’une âme charitable daigne venir le chercher, ou il serait mort de vieillesse avant qu’elle ait eut le temps de grimper la première marche. 

 

Comme il pouvait s’en douter, il y avait des gardes dans la Salle Commune qui veillaient à ce qu’un certain brun ne sorte pas : Ginny, Dean et McLaggen, qui semblait s’éclater autant qu’un vieux rat en pleine décomposition ou qu’un œuf dans une conférence portant sur l’extraction des cellules organiques des brindilles de tilleul –cependant, la rouquine était peut-être la plus à plaindre dans la mesure où Cormac lui faisait de l’œil depuis un petit bout de temps. Aussi, lorsqu’Harry descendit les escaliers, le joueur de Quidditch bondit de son siège et croisa les bras.

 

« - Défense de passer cette porte », dit-il fermement.

 

Harry ne put s’empêcher, en l’observant lever le menton, de remarquer qu’il se postait à la manière ridicule d’un vigile de supermarché qui aurait peur que quelqu’un ne déboule avec une botte de carottes frauduleusement empruntée.

 

« - Laissez-moi passer !, s’exclama Harry en commençant presque à s’énerver, tandis qu’il tentait en vain de se faufiler derrière McLaggen.

 

- Désolé, firent Dean et Ginny en même temps, tu restes là.

 

- Gin’ !, insista le Gryffondor en tournant vers elle un regard désespéré. Sérieusement, laissez-moi sortir. J’ai passé une soirée exténuante—

 

- HA !, hurla McLaggen en se tournant vers Dean. Je le savais !

 

- Je parlais du bal !, rétorqua Harry excédé. J’ai sincèrement besoin de respirer alors que vous le vouliez ou non, je SORS ! »

 

Bon, il y était peut-être allé un peu trop durement, mais il avait eu le mérite de se faire comprendre ; et en à peine cinq pas, il se trouva enfin hors de la Salle Commune de Gryffondor. Il descendit les escaliers, ne sachant pas trop où aller maintenant qu’il était enfin libre de faire ce qu’il voulait –mais l’idée vint d’elle-même : quoi de mieux pour se changer les idées et prendre un bon bol d’air frais que de se poser contre un arbre dans le parc ?

 

« - Excellente idée », se félicita-t-il lui-même.

 

Il tourna à un couloir sombre, qu’il semblait être le seul à connaître puisqu’il n’avait jamais vu quelqu’un l’emprunter à part lui, et arriva directement les pieds dans la neige. C’était un raccourci qu’il avait découvert l’année précédente et qui était extrêmement pratique lorsqu’il voulait filer dehors sans se faire voir.

 

Le paysage était paisible et les nombreux flocons tombaient avec légèreté, entraînés par le vent dont l’humeur du jour était tranquille. Le Lac Noir scintillait et au loin, le grand pont –qui lui rappellerait toujours la conversation qu’il y avait eue avec Lupin en 3ème année- semblait majestueux et perdu dans ce décor glacé. Harry prit une profonde bouffée d’air et les bourdonnements qui gênaient son ouïe s’estompèrent peu à peu ; sa tête lui parut progressivement moins chargée et, pour résumer, ça lui fit un bien fou.

 

Il marcha avec lenteur dans l’épais manteau glacé, ses pieds s’enfonçant avec lourdeur et laissant des traces visibles, quoique bientôt recouvertes, dans son sillage. Le sol n’était pas idéal pour s’asseoir dans la mesure où il risquait d’être avalé par la masse de neige ; aussi, Harry trouva quelques difficultés à trouver une place et s’installa tant bien que mal sur une grosse racine, prenant appui contre le tronc épais de son propriétaire.

 

Il posa sa tête contre l’écorce et ferma les yeux pour mieux réfléchir –et empêcher les flocons de passer et de lui brûler la rétine. Très bien. Il devait donc faire un discours. Mais était-ce vraiment nécessaire de parler de lui ? Il estimait être déjà suffisamment connu et parler encore de ses expériences, de sa scolarité ou de ses progrès était pire que narcissique. Oui, cependant il le devait : comme l’avait précisé Dumbledore, en tant que Représentant de l’école, il fallait lui faire honneur et par conséquent parler de sa scolarité et par conséquent de son parcours –si élogieux grâce à Poudlard. Bon, s’il devait vraiment en parler, très bien ; mais il n’allait pas s’éterniser, surtout concernant les Potions : il doutait fortement que décrire le tyrannie de Rogue soit apprécié des masses. Ensuite, il devait parler de l’école, forcément.

 

Il sourit. Il savait très bien ce qu’il pensait à propos de Poudlard et il n’allait pas être très difficile d’en parler avec louange.

 

Au final, Drago avait raison : ce n’était pas si difficile que ça. Il suffisait simplement de s’éclaircir la voix et de parler. Certes, devant des journalistes assoiffés de scoops qui vous détruisent la vie depuis des années et qui se contrecarrent des conséquences désastreuses que peuvent engendrer leurs articles quant aux personnes concernées, ainsi que devant toute l’école et tous ses élèves, mais ce n’était que ça. Ah, et sachant qu’une partie des élèves était tout de même contre Harry, contre Drago ou/et contre l’union des deux.

 

« - Merlin. »

 

Il soupira avec fatigue avant de se gratter les yeux. Il n’aurait jamais imaginé que leur histoire tournerait ainsi ; qu’ils forment un couple rebelle, Rois du Bal de Noël, Représentants de Poudlard, avec tant de choses qui se sont passées et tant de choses qui s’apprêtent à arriver. Que Drago se retourne contre son père qu’il craint plus que tout au monde pour lui, qu’il prenne le risque de faire une déclaration publique alors qu’un Mangemort pourrait très bien être déguisé en simple journaliste.

 

Une belle histoire, finalement, et qui était loin d’être terminée –du moins, il l’espérait de toute son âme.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Drago tourna légèrement la tête sur le côté, en direction d’une table d’élèves qui l’épiait depuis son arrivée. Il fit semblant de ne pas les avoir vus, ce qui était d’ailleurs impossible dans la mesure où un phacochère enragé aurait été plus discret, et retourna tranquillement à la lecture de son livre.

 

Il sentait leur regard accusateur, dégoûté et haineux percer entre ses omoplates depuis qu’il était venu s’installer avec son roman dans la Salle Commune et il s’en amusait grandement. Il était venu dans l’unique dessein de les « emmerder, ces connards » comme il se plaisait grossièrement à le penser. Ce qui marchait plutôt bien, d’ailleurs ; si le silence avait envahi la pièce depuis qu’il y avait posé l’orteil, il la partageait avec un profond sentiment de répugnance qui n’avait même pas de mot. Certains élèves étaient même sortis dès qu’ils l’avaient vu arriver.

 

Il avait entendu énormément d’acclamations du côté des Gryffondors, des Serdaigles et des Poufsouffles en ce qui concernait Harry. De leur côté, les Serpentards étaient morts de honte et ne lui avaient pas adressé la parole une seule fois, même pour dire des méchancetés. Quant à Drago, ils l’évitaient soigneusement. Le blond était passé de leur plus grand honneur à leur pire infamie –et ledit blond n’en n’avait cure. Qu’ils me haïssent, se disait-il avec un léger sourire, ce sera au moins notre tout premier sentiment réciproque.

 

Bien que ça l’amusait beaucoup, il commençait à s’ennuyer à lire dans cette Salle Commune. Aussi, après avoir décidé de sa destination, il se leva, rangea lentement son livre, s’étira et fit un énorme sourire à la table d’élèves, qui ouvrit de grands yeux choqués, puis il sortit d’un pas assuré.

 

« - Bande de crétins », murmura-t-il pour lui-même lorsqu’il fut hors du cachot.

 

Il descendit les escaliers, les mains dans les poches de son jean noir, pensif et se demandant quel accueil allait lui réserver les autres Maisons. Il pensait honnêtement qu’il ne serait pas si différent que celui des Serpentards étant donné qu’il restait Drago Malefoy, mais peut-être y aurait-il une légère différence –il n’avait pas grand espoir et s’en fichait, de toute façon.

 

 

« - Accroche-moi cette banderole mieux que ça, sinistre imbécile !

 

- Ah, ça va, hein ! J’ai la tête de quelqu’un qui sait accrocher une banderole ?! »

 

Un Serdaigle et un Poufsouffle se disputaient quant à une banderole qu’ils ne réussissaient apparemment pas à coller contre le mur. Et lorsque Drago, avait avoir levé les yeux au ciel et s’être dit qu’ils n’étaient vraiment pas doués, stoppa net sa course en s’apercevant de son contenu. Ce qui fit que les deux élèves le remarquèrent et cessèrent de crier.

 

« - Salut ! », fit le Poufsouffle avec un léger sourire poli.

 

Drago ignorait ce qui était le plus perturbant : qu’un élève lui sourie en le saluant ou ce qui était affiché sur l’étendard. Quoi qu’il en soit, le blond ne retourna pas son sourire et se contenta de fixer la bannière.

 

« - Tu devrais aller dans la Grande Salle, fit le Serdaigle en saisissant sa baguette et accrochant lui-même la banderole. Ils ont dû finir la déco depuis plus longtemps que nous », ajouta-t-il en lançant un regard vif à l’autre.

 

Le Serpentard hocha la tête en remerciement et se dirigea donc vers le réfectoire, en espérant que le Serdaigle mentait et qu’il n’y avait pas réellement ces banderoles partout.

 

« - Bonjour monsieur le Représentant ! »

 

Drago se retourna en fronçant des sourcils, et se retrouva face à un Gryffondor de première année, souriant avec timidité. Déconcerté, il répondit un vague « Bonsoir » qui n’avait pas lieu d’être et l’élève partit dans l’autre direction. Allons bon, maintenant il ne faisait même plus peur aux première années. N’importe quoi.

 

« - Sacré nom de Salazar », souffla-t-il alors qu’il venait de passer les Grandes Portes.

 

Le Serdaigle avait raison : toute la Grande Salle était recouverte de banderoles identiques, sinon avec quelques différences, de fanions aux couleurs de Gryffondor et Serpentards, de photos d’Harry et Drago au bal et surtout, une immense affiche au-dessus de la table des professeurs qui clamait « VIVE LES REPRÉSENTANTS DE POUDLARD ! » Du côté droit de l’affiche, jouxtant la phrase, souriait Harry ; et à gauche, une photo de Drago –qu’il n’aimait pas, en plus. Concernant les banderoles, elles disaient toutes à peu près le même message, accompagnées de différentes photos (la plupart étant celles du bal). Elle était également remplie d’élèves, grouillant, riant, certains trouvant encore un peu de place sur les murs. Il remarqua Harry, qui semblait perdu parmi la vague de Gryffondors et autres qui s’agglutinaient autour de lui. La vache. La vache la vache la vache la vache.

 

« - AÏE ! », s’écria-t-il brutalement.

 

Il venait encore de se prendre un hibou derrière le crâne. C’était le sien, en plus.

 

« - Fais gaffe », pesta-t-il.

 

Il rapportait la Gazette du Sorcier.

 

« L’HOMOSEXUALITÉ D’HARRY POTTER CONFIRMÉE

 

Le choc dans le monde des sorciers : les rumeurs comme quoi le Garçon qui a Survécu entretiendrait une relation passionnelle avec Drago Malefoy s’avère véridique. En effet, lors du bal de Noël qu’organisait l’école de sorcellerie Poudlard hier, le jeune Gryffondor est arrivé au bras du jeune fils de Lucius, déclenchant une incroyable effusion chez tous les élèves. « Ils se sont tenu la main et embrassés à plusieurs reprises », nous a confié une élève choquée qui a tenu à rester anonyme. « Ils ne semblaient pas dérangés du tout et se fichaient totalement qu’on le soit ! Certaines filles ont pleuré », a-t-elle ajouté gravement avant de partir. Il semblerait que Potter et Malefoy assument totalement leur couple et n’hésitent pas à le montrer. Certains accusent le directeur de Poudlard, Albus Dumbledore, d’être au courant depuis déjà bien longtemps sans l’avoir dit ; en effet, sous sa demande, le couple phare a ouvert et clos le Bal et chacun s’est retrouvé Roi de la soirée, Potter portant la couronne destinée à la fille et Malefoy celle du garçon (PHOTO CI-DESSUS).

 

Ce soir, nous sommes donc invités à venir entendre leur discours quant à Poudlard, les deux garçons se retrouvant par conséquent Représentants de l’école selon une nouvelle idée de Dumbledore (avait-il tout prévu ?). On se demande quel pourrait être le discours de deux élèves de 17 ans seulement. Parleront-ils de leur relation ? Telle est la question à laquelle nous répondrons demain.

 

Mais comment le Survivant a-t-il pu tomber amoureux de Drago Malefoy, son pire ennemi depuis leur première rencontre (d’après nos sources) ? Serait-il sous envoûtement ? C’est une hypothèse peu confirmée et peu plausible, mais certains élèves la maintiennent. Ce qui est sûr, c’est que du côté des Malefoy, l’événement est lourd en conséquences. Quel impact aura ce simple flirt adolescent sur la famille la plus influente du Monde Sorcier ? Les rumeurs racontent que Lucius et son fils entretiennent des relations tendues et orageuses depuis que les rumeurs ont connu un véritable boum d’étalement. Sera-t-il présent ?

 

Faites nous part de vos réactions et  soyez au rendez-vous pour l’édition de demain... »

 

La photo qui était affichée les montrait juste après que Dumbledore ait posé leur couronne sur la tête : ils étaient face à face, les mains croisées, et Drago prenait soudainement la nuque d’Harry pour l’embrasser, puis la scène recommençait. Le Serpentard grimaça, jeta un œil à la photo, grommela quelque chose du style « Et merde », puis l’arracha discrètement et discrètement du journal avant de la plier et la fourrer dans sa poche en se disant qu’il la découperait soigneusement plus tard.

 

Il restait peu de temps avant que son père n’arrive, il le savait. Dès qu’il allait découvrir le journal, il avait rappliquer. Et Merlin sait ce qui arriverait à ce moment là, mais il était prêt.

 

« - Bonjour Drago. »

 

Il se retourna : c’était Dumbledore.

 

« - Bonjour, répondit Drago sans grande conviction.

 

- Comment vas-tu ?

 

- Très bien, merci. »

 

Qu’est-ce qu’il lui voulait, encore ?

 

« - Vous êtes prêts pour ce soir ?, demanda Dumbledore avec un regard intéressé.

 

- Moi, oui, fit le blond en hochant la tête. Je ne sais pas ce qu’il en est pour Harry mais je pense qu’il l’est aussi.

 

- Très bien !, dit le vieux sorcier d’humeur enjouée. Rappelez-vous : votre discours est à 19h précises. Soyez prêts.

 

- Bien sûr, approuva Drago.

 

- Tenue acceptable, bien évidemment, ajouta-t-il en levant un index. A ce soir, dans ce cas. »

 

Dumbledore partit, laissant derrière lui un Serpentard fatigué. Cette soirée promettait d’être, comme la précédente, riche en émotions.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Harry arrangea son costume et soupira avec nervosité.

 

« - J’ai l’impression d’être hier soir, confia-t-il à Ron qui faisait office de conseiller depuis une demi-heure. M’habillant classe, stressé comme pas possible, me préparant mentalement à ce que je vais faire.

 

- Ça va le faire, répéta Ron pour la millième fois.

 

- Quelle conviction, observa le brun en haussant un sourcil.

 

- Désolé, vieux, mais tu te poses la question depuis 187 ans et je te réponds à chaque fois. Vraiment, fit-il honnêtement, ça va le faire.

 

- Il est quelle heure ?, demanda le brun.

 

- 18h35, répondit-il après un rapide coup d’œil à sa montre. Tu devrais y aller, Dumbledore t’a demandé d’y être à 40, non ?

 

- C’est vrai », confirma-t-il plus angoissé que jamais.

 

Il n’arrivait pas à déterminer s’il était plus stressé que lorsqu’il allait au bal. Il avait fait son coming-out officiel et voilà qu’il devait presque remettre ça devant les journalistes ! Bien qu’il avait, au fond, énormément apprécié leur nomination, il trouvait que Dumbledore n’avait pas eu une brillante idée. Ni Harry ni Drago n’avaient besoin de tant de médiatisation.

 

« - En tout cas, vous en avez vraiment fait tout un fromage, dit Harry en se tournant vers son meilleur ami avec un sourire. Ça n’était vraiment pas la peine, toutes ces banderoles.

 

- Je ne sais pas d’où l’idée est venue, bailla Ron en s’étirant. Mais tout le monde à trouvé ça génial. Il faut bien fêter l’événement.

 

- C’était encore moins la peine de me retenir enfermé dans le dortoir, ajouta le brun avec un regard oblique. Je m’en serais bien passé.

 

- Désolé, rit le rouquin. Ils voulaient que tout soit prêt avant que tu ne voies ça. Alors, on y va ?

 

- Ouais, ouais », fit-il vaguement en sentant son ventre se serrer.

 

Il vérifia son aspect dans le miroir, inspira un grand coup et sortit du dortoir avec Ron.

 

« - Tu t’es enfin décidé à sortir !, s’exclama Hermione, qui les attendait en lisant son livre sur les ASPICs, en s’adressant à Harry. Allons-y, il ne faut pas être en retard.

 

- Ce n’est qu’à 19h, rappela Harry.

 

- Il faut qu’on ait les bonnes places, insista-t-elle. Tout le monde va être présent.

 

- Je pense qu’il y aura pas mal de sièges libres, dit-il alors qu’il sortaient de la Salle Commune. Vu comment les Serpentards se sont terrés dans leur trou et nous ont lancé des regards noirs, ça m’étonnerait qu’ils viennent assister à ça.

 

- C’est vrai, renchérit Ron avec une moue énervée. Mais au moins, ça fera plus de place pour ceux qui voudront vraiment venir. »

 

Harry soupira tout en se tordant les doigts.

 

« - Harry, murmura Hermione avec un sourire inquiet. Ne t’inquiète pas. Ça va le faire.

 

- Tu dis exactement la même chose que Ron », remarqua le brun en souriant.

 

Et tous deux rougirent en se regardant. Ah, pensa Harry en les observant avec amusement, si notre relation pouvait être aussi simple, ça arrangerait beaucoup de choses. Sauf qu’elle était loin d’être simple et qu’il leur faudrait affronter encore d’autres difficultés avec le temps ; mais quelle importance ? Ils les affrontaient ensemble, c’est ce qui comptait.

 

Ils entrèrent dans la Grande Salle et ouvrirent de grands yeux. Le réfectoire avait été, une fois de plus, aménagé en conséquences : si les banderoles et autres fraîches décorations murales n’avaient pas bougé, l’estrade où était à l’habitude la table des professeurs avait été élevée, entourée de rideaux rouges comme une scène de théâtre et un pupitre de discours se tenait droit au milieu ; un nombre incalculable de chaises recouvrait quasiment tout le sol et pouvait aisément contenir tout Poudlard. Certains élèves étaient déjà là et avaient soigneusement pris place, mais heureusement, les journalistes n’étaient pas encore présents. Harry sourit : Dumbledore avait dû les laisser à part le temps que lui et Drago arrivent.

 

« - Vas-y, fit Hermione en lui pressant le bras dans un but rassurant et en désignant les coulisses de la scène. Ils t’attendent.

 

- Bonne chance, vieux, dit Ron en lui donnant une bourrade dans le dos.

 

- Tu vas froisser son costume !, s’écria-t-elle en lui adressant un regard noir. 

 

- T’inquiète pas pour ça, rit le brun dans une tentative d’éviter l’incident diplomatique. A tout à l’heure.

 

- A tout à l’heure, chuchota Hermione en le serrant dans ses bras. Bonne chance. »

 

Harry hocha la tête en guise de « merci » et s’éloigna pour rejoindre les coulisses de la scène où l’attendaient Dumbledore, McGonagall, Chourave et... Drago.

 

« - T’es en retard, fit le blond en regardant sa montre d’un air un peu nerveux.

 

- Un magicien n’est jamais en retard, répliqua Harry. Ni en avance, d’ailleurs ; il arrive précisément à l’heure prévue.

 

- Ça vient d’où, ça ?, demanda le Serpentard en haussant un sourcil.

 

- Aucune idée, ça m’est venu comme ça, répondit-il honnêtement. Tu te sens prêt ? »

 

Drago hocha la tête fermement, malgré le léger tremblement de ses doigts.

 

« - J’imagine que nous n’avons pas le choix, fit-il avec sagesse.

 

- Exactement. »

 

Harry voulait paraître aussi rassuré que voulait le montrer son roi, mais il n’y arrivait pas des masses et le blond le voyait. Drago lui prit les mains et sourit légèrement.

 

« - Respire, ordonna-t-il. Tu veux toujours commencer ?

 

- Oui. »

 

Il voulait parler le premier ; plus vite ça sera fait, plus vite ce sera fini.

 

« - Bonsoir, salua Dumbledore à l’issue de sa conversation avec McGonagall et Chourave. Comment vous sentez-vous ?

 

- A merveille, grinça Harry entre ses dents tout en souriant poliment.

 

- Tout ira pour le mieux, assura Dumbledore. J’introduirai la cérémonie et je vous demanderai de venir.

 

- Individuellement ?, interrogea le brun en sentant son ventre se serrer.

 

- Non, tous les deux, sourit le vieil homme d’un air bienveillant. J’ai cru comprendre que tu parlais le premier, Harry. Tu te placeras devant le pupitre–tu es autorisé à prendre tes notes, bien sûr, et tu nous fera part de ton parcours scolaire, ce que tu as retenu de Poudlard, etc. Mr Malefoy, vous serez derrière à droite. Quand arrivera votre tour, vous ferez la même chose. Avez-vous tout compris ? »

 

Ils hochèrent la tête en un même mouvement.

 

« - A l’issue de vos deux témoignages, continua Dumbledore, les journalistes seront autorisés à poser des questions. N’importe quelle question. Aussi, ajouta-t-il avec un regard oblique, vous êtes autorisés à ne pas répondre à toutes.

 

- Merci », fit Harry avec reconnaissance.

 

Il tendit l’oreille ; on commençait à entendre un brouhaha dans la Grande Salle, signe que les élèves commençaient à arriver.

 

« - Il est déjà 55, murmura Harry en bégayant –à son plus grand désespoir. Pas de nouvelles, de ton côté, à part ça ?

 

- Aucune, répondit le Serpentard en se tournant vers les rideaux d’un rouge flamboyant, donnant l’impression de flammes dans l’argent de ses yeux. Je m’étais attendu à recevoir la visite de mon père, mais aucune trace de sa cape à l’horizon.

 

- Il a peut-être décidé de l’accepter, fit Harry sans réellement y croire.

 

- Tu sais autant que moi que non, contredit Drago un peu sèchement. Si la publication de rumeurs l’avait rendu hors de lui, l’édition d’aujourd’hui a dû lui faire faire un arrêt cardiaque. Son absence et son silence n’annoncent rien de bon, tu peux me croire. »

 

Il avait peur. Harry le voyait, Harry le ressentait au plus profond de son cœur. Il lui prit la main et la serra avec tout l’amour qu’il pouvait lui donner.

 

« - Rappelle-toi, murmura Harry. Il ne te fera aucun mal tant que je serai là. C’est promis. »

 

Il l’embrassa tendrement et eut comme récompense un sourire de son roi. Divine récompense. Dumbledore s’éclaircit la voix et la grande horloge sonna.

 

« - Il est 19h, Drago, fit Harry la voix plus tremblante que jamais. 19h...

 

- N’aie pas peur, répéta Drago. N’aie pas peur. Je suis avec toi, je suis là. A jamais. »

 

Harry  serra davantage sa main et dans l’ombre des coulisses, ils observèrent les rideaux s’ouvrir, Dumbledore s’avancer vers le pupitre et le public applaudir avec ferveur.

 

« - Bonsoir à tous !, clama Dumbledore dont la voix était amplifiée grâce à l’enchantement du pupitre. Bonsoir, élèves et professeurs de Poudlard, bonsoir, mesdames et messieurs journalistes. Ce soir, les deux Représentants de notre chère école de sorcellerie nous font l’honneur d’un témoignage quant à leur parcours, à leur expérience, à ce que ces presque sept années de scolarité leur ont apporté. Je vous demande d’applaudir messieurs Potter et Malefoy ! »

 

C’était le moment. Harry s’avança, détachant à regret ses doigts de ceux de Drago, et sortit de l’obscurité pour être ébloui par une puissante lumière. Une vague d’applaudissement les accueillirent, accompagnés d’acclamations, de sifflements et des inévitables flashs des appareils photo des journalistes. Le brun, tremblant, se plaça devant le pupitre. Le bruit et les flashs diminuèrent progressivement, jusqu’à arriver à un silence parfait et horriblement stressant. Dumbledore lui fit un signe discret de la tête, comme pour lui dire de commencer. Harry ouvrit la bouche.

Mais rien n’en sortit. Il était paralysé, et aucun son ne parvenait à se faire entendre. Ses doigts recommencèrent à trembler violemment, et des murmures se firent entendre çà et là. Il avait déjà entendu parler de crampes à la langue et ne s’était jamais vraiment demandé si c’était possible ou si ça venait d’un crétin qui avait pour but de stresser les gens déjà angoissés par le fait de parler. Est-ce que c’était ce qui lui arrivait à ce moment précis ?

 

Il sentit soudainement une douceur sur sa main droite et à cet instant, les flashs fusèrent de nouveau. Harry n’eut pas besoin de tourner le regard pour deviner à qui appartenait la main qui serrait la sienne.

 

« - Je t’aime, murmura Drago à son oreille. N’aie pas peur. Je suis juste là. »

 

Il lâcha lentement sa main et, comme par magie, le mur de glace qui serrait sa gorge se dénoua. Il s’éclaircit la voix et enfin, parla.

 

« - Bonsoir, fit-il, interrompant les murmures. Merci à tous d’être là, ce soir, c’est... C’est un grand honneur pour moi d’être Représentant et de pouvoir vous faire part de la vie que j’ai passé ici. »

 

Il sentait le poids de son cœur se relâcher progressivement et la main de Drago semblait avoir laissé une marque chaude dans la sienne, comme lorsqu’on se réveillait après un rêve où l’on avait tenu la main de quelqu’un.

 

« - C’est bien simple, continua Harry avec un peu plus d’assurance, Poudlard, c’est chez moi. Poudlard est ma véritable maison, c’est l’endroit où j’ai véritablement grandi, où j’ai rencontré mes amis, où j’ai été éduqué, où j’ai connu les pires problèmes (rires dans l’assemblée) et parfois fait les pires des erreurs. J’espère ne pas avoir trop bousculé l’éducation des autres élèves qui ont dû subir les conséquences des ennuis que j’ai causés...

 

- Si, totalement !, s’écria quelqu’un dans le public, faisant rire les autres.

 

- J’en suis sincèrement désolé, sourit le Gryffondor. Quand je serai parti, tout le monde pourra apprendre tranquillement. Quoi qu’il en soit, malgré tout ce qui a pu se passer, aucun endroit ne pourra m’être plus précieux que celui-ci. Je suis arrivé ici à 11 ans, découvrant le monde de la magie, et j’ai appris bien des choses, vous pouvez me croire sur parole. Outre les cours de Sortilèges, de Métamorphose, d’Histoire de la Magie, de Défense contre les forces du Mal, de Potions, de Botanique et j’en passe qui m’ont appris énormément de choses enrichissantes, j’ai appris à vivre avec les autres, à me développer et à voir les choses autrement. Poudlard est ma maison et ses élèves, ses professeurs constituent ma seconde famille. »

 

Une vague de « Oooooh » émus résonnèrent dans la Grande Salle.

 

« - Bien sûr, fit Harry, il arrive qu’on se dispute, entre frères et sœurs, et la vie n’a pas toujours été rose entre nous (nouveaux rires). Mais peu importe, Poudlard restera à tout jamais dans mon cœur et ancré au plus profond de moi-même. Ce que je voudrais dire avant que vous ne vous endormiez d’ennui (rires et applaudissements du public, flashs en rafale), c’est un grand merci. Merci pour tout. Merci à Poudlard et à ses professeurs de m’avoir instruit et éduqué, merci aux élèves d’avoir été mes amis, mes ennemis ou simplement là, merci à vous de m’avoir appris à vivre avec les autres. »

 

Il termina par un sourire timide et une salve de flashs d’appareils photo, d’applaudissements, de sifflements, de cris et d’acclamations diverses terminèrent son discours. Dumbledore lui sourit d’un air enjoué. Quant à Drago, il souriait et applaudissait avec les autres, et Harry faillit défaillir lorsqu’il vit la fierté dans son regard. Harry sourit, profondément soulagé, et résista contre son envie de le serrer dans ses bras.

 

« - Merci beaucoup pour votre déclaration, Mr Potter, le remercia Dumbledore une fois retourné au pupitre. A présent, veuillez recevoir le témoignage de Mr Malefoy. »

 

Drago cessa d’applaudir et s’avança sur le pupitre. De son regard perçant, il passa au peigne fin le public, qui s’était déjà retrouvé silencieux. Il attendit que les journalistes cessent de le prendre en photo, s’éclaircit la voix et commença son discours par un demi-sourire énigmatique.

 

« - Et bien, commença-t-il d’un ton assuré et confiant –voire légèrement amusé. Comment continuer après un discours pareil ? Contrairement à mon cher ami que vous venez tous d’écouter avec une attention intarissable, je n’en doute aucunement, mon parcours ici est tout à fait banal et beaucoup moins touchant. Mon nom est Malefoy, et je passe les portes de ce château avec le pire caractère et la personnalité la plus déplorable qui puisse exister. »

 

Des murmures saisirent le public et même Dumbledore fronça légèrement des sourcils. Personne ne devait s’attendre à ce que Drago se rabaisse en flèche.

 

« - Arrogant, insupportablement intolérant et d’un dédain à toute épreuve, je me suis en premier lieu fait des ennemis ici, continua-t-il tranquillement en ignorant l’incompréhension de la foule. Heureusement que les études étaient là pour sauver une partie de moi. Je dois dire que malgré nombre d’erreurs et n’ayant jamais réussi à dépasser la première  de l’année –j’ai essayé, pourtant-, Poudlard m’a énormément appris et j’ai rapidement grimpé l’échelle. J’ai toujours énormément aimé ces cours. Ils m’ont permis de m’améliorer, me rabattre le caquet à plusieurs reprises, de me faire grandir. A côté de ça, je continuais d’entretenir une relation pire qu’orageuse avec un certain élève nommé Harry Potter ; on se haïssait mutuellement. »

 

Harry lui jeta un regard inquiet, néanmoins amusé. Drago sourit et reprit son discours.

 

« - Puis j’ai changé, fit-il d’un ton plus grave. Je me suis rendu compte que je n’aimais pas ce que j’étais, que je me répugnais, que je ne voulais plus porter mon nom de famille. Que derrière les masques de ceux qui se disaient admirateurs, il n’y avait qu’une question d’honneur, de célébrité et de richesses. Et je me suis rendu compte de la personne qui se cachait derrière celle que je pensais détester. En premier lieu, je me suis dit « Encore lui ! » car il était à nouveau question de lui, que ça avait toujours été lui, et que ce serait toujours lui. C’est étrange, la vie, vraiment. Il y a des choses auxquelles on ne s’attend pas, auxquelles on n’aurait jamais pensé s’attendre, et pourtant elles arrivent, comme une bombe, imprévisibles et douloureuses. J’ai commencé à trouver que finalement, nos disputes cachaient peut-être autre chose. J’ai entamé la période la plus longue de toute ma vie, bien qu’elle n’ait duré que quelques mois. L’attente. La souffrance. La peur du changement. Puis c’est arrivé. Cet élève est venu, avec ses yeux verts qui me font mourir et renaître à chaque fois, son sourire, et ses mots. Ses mots qui ont pansé mes blessures et qui, au prix de peines et d’épines, ont arraché le masque que je portais depuis ma naissance. Ses mots qui m’ont fait prendre conscience que je n’étais pas seulement Malefoy, j’étais Drago. Une autre personnalité, qui me correspondait, qui était pleinement mienne. Harry à changé ma vie. »

 

Une larme roula sur la joue du Gryffondor tandis que les flashs fusèrent et que la foule soupira à nouveau des « Oooh », profondément émue.

 

« - Et me voilà devant vous, continua Drago sans trembler, à vous parler de ce qui m’est arrivé, de ce qui n’aurait pu arriver si je n’étais pas allé à Poudlard. Si je n’étais pas entré à Poudlard, je n’aurais jamais rencontré Harry Potter, je n’aurais jamais changé, j’aurais pris un autre chemin et détruit ma vie. Merci. Merci à toi, Harry, merci à Poudlard et à ses professeurs pour m’avoir sauvé. »

 

Harry applaudit à s’en déchirer les mains, rapidement imité par le public et les journalistes, qui se ruèrent sur leur appareil photo lorsque le blond s’avança vers son petit-ami pour le serrer dans ses bras.

 

« - Je vais avoir l’air d’un vieux pruneau au nez et aux yeux rouges sur les photos », protesta Harry qui pleurait toujours en souriant.

 

Drago sourit et l’embrassa, déclenchant tant de flashs qu’on aurait cru qu’un violent orage déchirait la Grande Salle. Puis soudain, un éclair qui ne venait pas des appareils photos, bleu et puissant, fendit l’air et trancha une bonne partie des rideaux, qui s’écroulèrent sur la scène, recouvrant de peu le couple, qui avait de bons réflexes et s’était décalé. Tout d’abord, un profond silence envahit la Grande Salle, même les journalistes qui avaient abaissé leur appareil photo. Tous regardaient autour d’eux pour découvrir l’origine de l’éclair bleu, lorsqu’elle arriva d’elle-même.

Harry sentit la main de Drago, toujours serrée dans la tête, se tendre violemment.  

 

« - Je t’avais prévenu, Drago. Je t’avais prévenu de ne pas me désobéir. »

 

Lucius Malefoy, entouré de deux hommes à l’air peu recommandable, s’avança et ralluma toutes les torches et les bougies de la pièce d’un coup de baguette énervé. Pourtant, il arborait sur le visage une expression de plénitude qui ne le rendait que plus effrayant encore. Harry fronça les sourcils, prit sa baguette qu’il avait préalablement cachée dans sa poche (sous sortilège d’extension indétectable) et se plaça devant Drago, la baguette fermement tendue droit devant lui. La foule poussa des cris de terreur.

 

« - Approchez ne serait-ce que d’un pas et vous serez pétrifié avant d’avoir pu faire le moindre geste, fit-il d’un ton menaçant. Ce n’était pas excessivement intelligent de venir nous menacer ici. Car je vous signale, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, que le plus grand sorcier de tous les temps se trouve à nos côtés et que bien d’autres sont là aussi.

 

- Adorable, ricana Malefoy en montant sur la scène. Le jeune Potter se défend bien. 

 

- Partez d’ici, Lucius. »

 

C’était Drago qui avait parlé. Il s’était décalé et se trouvait maintenant devant Harry. Il usait de son regard de métal effrayant.

 

« - Lucius ?, répéta son père avec un haussement de sourcil. Je ne suis plus Père, tout à coup ?

 

- Vous n’êtes pas mon père, rétorqua le blond. Vous ne l’avez jamais été. Maintenant, allez-vous en. Vous vous souvenez sans doute de l’avertissement dont je vous avait fait part ? Il est toujours valable, vous savez.

 

- Tu n’oserais jamais me tuer, fit Lucius en caressant sa baguette d’un air supérieur. Je ne te tuerai pas non plus. Tu vas sagement rentrer avec moi et laisser Potter ici.

 

- Bien sûr, pour que vous puissiez le tuer dès qu’il sera seul ? Jamais. Je n’ai pas besoin de votre soi-disant aide. Allez-vous en immédiatement.

 

- Ça, je ne crois pas. »

 

Il s’était tellement avancé, ses deux compagnons le suivant de près, qu’il n’était à présent qu’à un mètre de Drago et d’Harry, qui persistait à pointer sa baguette avec bravoure.

 

« - Salas meteno ! », s’écria un des compagnons en un geste rapide après que Lucius lui ait adressé un bref hochement de tête.

 

Pris de surprise, ni Harry, ni Drago, ni Dumbledore, ni personne ne put contrer l’attaque étant donné la proximité qu’avait le Mangemort. Harry ressentit une violente douleur dans la poitrine et s’écroula sur la scène, se tordant dans tous les sens : la douleur se propageait lentement dans tout son corps, grimpant en intensité, comme de l’électricité. On aurait dit une autre version de l’Endoloris, sauf que l’homme n’avait pas besoin de continuer à diriger sa baguette vers Harry pour que la douleur continue à s’amplifier. C’était affreux ; il n’avait jamais connu pire souffrance. C’était comme si on avait planté des dizaines de prises à chaque bout de son corps, dont une énorme au cœur. Dumbledore s’avança et, après une arabesque compliquée de sa main, fit superbement s’écrouler les deux Mangemorts. Mais la douleur n’avait fait que s’accroître  maintenant que les deux hommes étaient inconscients.  

 

« - Arrêtez !, hurla désespérément Drago en direction de son père.

 

- C’est un sortilège que j’ai inventé, croassa Lucius avec fierté. Moi seul sait comment l’arrêter. Viens avec moi, rentrons à la maison, abandonne-le et j’annulerai le maléfice. »

 

Drago regarda Harry, horrifié de ce qu’il voyait : le brun criait, se tordait, et un filet de sang commençait à couler depuis ses lèvres. Il regarda ensuite Dumbledore et se tourna vers l’homme blond.

 

« - Très bien, fit-il. J’accepte. Maintenant, annulez le sortilège.

 

- Tout d’abord, dit-il, enlevez l’interdiction de transplanage, Albus. »

 

Dumbledore hocha la tête et fit un geste d’une difficulté extrême avec sa baguette. Lucius, victorieux, pointa sa baguette vers Harry qui était sur le point de mourir.

 

« - Salas ditum ! », s’exclama-t-il.

 

La douleur s’évapora du corps du Gryffondor, qui suffoqua, toussa et cracha le sang qui était monté dans sa bouche avant de s’affaisser sur le bois, bientôt inconscient. Puis Lucius empoigna le bras de son fils impuissant.

 

« - Stupefix ! », hurla Harry en se redressant d’un coup.

 

L’éclair rouge frappa Lucius de plein fouet juste avant que son corps ne disparaisse, puis il s’écroula sur le sol, lâchant le bras de Drago qui se précipita sur Harry, retombé sous l’effort.

 

« - Harry, Harry », répétait le blond en prenant la tête de son petit-ami d’une main.  

 

Il était si pâle, comme brutalement mort. La seule couleur de son visage éteint était le sang qui continuait de poursuivre sa route sur son menton. Aucune vie ne semblait présente dans son corps.

 

« - Ne me laisse pas, chevrota Drago sans pouvoir se contrôler. Respire, je t’en supplie. Tu t’en souviens ? Respire. Je suis là, Harry, je suis là... »

 

Mais Harry ne répondait pas et c’est à peine s’il respirait. Drago sentait son cœur se déchirer ; il ne supportait pas ce spectacle intenable et n’osa pas penser à l’éventualité que le brun ne respirait effectivement plus. McGonagall se précipita vers eux, affolée.

 

« - Vite, à l’infirmerie ! », cria-t-elle.

 

Un brancard apparut dans la seconde et le corps inconscient d’Harry s’éleva pour se poser doucement dessus.

 

« - Veillez sur lui, je vous en supplie, murmura Drago au professeur de Métamorphose.

 

- Je vous le promets », dit-elle la voix légèrement tremblante.

 

Puis elle disparut par la porte, suivi du brancard, direction l’infirmerie. Dumbledore rétablit le sortilège d’interdiction de transplanage. Drago se tourna vers le corps de son père, paralysé par le sortilège de stupéfixion d’Harry mais toujours bien conscient.

 

« - Tu es heureux de ce que tu as fait, pas vrai ?, demanda Drago avec une rage sans nom. C’était une folie de venir ici. Tous les journalistes sont là, tous ont été témoin, photos à l’appui. Tu vas finir ta misérable vie à Azkaban. Sois-en heureux, c’est mieux que de finir tué par son fils. »

Mais il avait osé faire du mal à Harry. Harry était peut-être en train de mourir actuellement, et Lucius en était responsable. Il avait ordonné à ce Mangemort d’exécuter ce sort pour lui. Il devait mourir. Le Serpentard pointa sa baguette sur lui.

 

« - Drago, non, dit Dumbledore. Tu n’es pas un assassin. »

 

Drago ne tremblait pas. Il dévisageait son père, une profonde haine dans son cœur.

 

« - Tu n’es pas comme lui, insista le directeur. Tu n’es pas comme ton père. Venge Harry en lui laissant la vie sauve. Comme tu le dis, il va finir à Azkaban. Alors abaisse ta baguette. »

 

Il avait raison. Il n’était pas son père. Lucius méritait de pourrir à Azkaban, de souffrir pour ce qu’il avait fait. Drago abaissa sa baguette, tandis qu’une larme coulait sur sa joue.

 

« - Ils ont dû prendre du Polynectar pour pénétrer ici, dit Dumbledore en s’avançant vers Lucius. Professeurs, veuillez accompagnez Mr Malefoy à l’infirmerie. Chers élèves, veuillez remonter dans vos dortoirs. Messieurs, mesdames journalistes, merci de sortir. »

 

Tous obéirent, choqués par ce qui venait de se passer, et laissèrent Dumbledore avec Lucius. Drago se précipita donc à l’infirmerie, où il trouva Harry, plus pâle que jamais et toujours inconscient...

 

« - Harry, Harry, l’appela Drago en caressant sa joue. Réponds-moi, je t’en supplie, réponds-moi... »

 

Il posa son oreille contre son torse, espérant entendre son cœur, mais le sien battait si fort qu’il n’entendait rien d’autre que son propre muscle qui s’emballait.

 

« - Ne me laisse pas, ordonna Drago sans prendre la peine d’essuyer les larmes qui coulaient et en prenant la main de son petit-ami. Tu te souviens, quand tu m’as promis que tu ne me quitterais jamais ? Alors tiens ta promesse, nom de nom, je sais que tu tiens tes promesses. Je le sais... »

 

Le Gryffondor ne répondit pas. Le Serpentard laissa exploser sa peur, sa rage dans une effusion de sanglots, sa tête toujours posée sur le torse d’Harry. Derrière lui, le professeur Chourave avait les mains sur sa figure, McGonagall avait la tête baissée et Pomfresh préparait un stock de diverses potions.

 

« - Poussez-vous, Mr Malefoy, s’il vous plaît, ordonna-t-elle avec une gentillesse rare.

 

- Non, sanglota Drago à travers ses pleurs. Non...

 

- Il me faut de la place pour le soigner, insista-t-elle. Il n’est pas mort, Mr Malefoy, du moins j’ai peut-être une chance de le sauver. Il doit être dans le coma, quelque chose comme cela. Il a reçu un puissant sortilège, dévastateur. Si vous vous poussez, je peux peut-être le guérir et lui sauver la vie ou il ne se réveillera pas et sombrera dans son coma. »

 

Drago se leva péniblement, aidé par McGonagall, puis il s’assit sur un tabouret de l’autre côté du lit, pour prendre l’autre main du brun. Alors que Pomfresh administrait à Harry différentes potions et sortilèges et que Drago avait un regard vide et fixé sur son roi,  une main réconfortante se posa sur l’épaule du blond. C’était Dumbledore.

 

« - Où est mon père ?, demanda Drago dont la voix était rauque et sans aucune expression.

 

- Conduit à Azkaban par des Aurors, répondit le vieux sorcier. Rassure-toi, Drago. Tu es hors de danger maintenant.

 

- C’est faux, contredit-il en secouant la tête. C’est peut-être même pire maintenant. Ma mère, et Harry... Tous deux sont dans un terrible danger, tout ça à cause de moi.

 

- Ton père et ses amis Mangemorts ont été arrêtés grâce à toi, Drago, dit Dumbledore. Tu as sauvé la vie de ce qui aurait été de nombreux innocents.

 

- Mais au prix de combien d’autres vies ?, interrogea Drago en détournant le regard d’Harry, qui ne bougeait toujours pas. Et s’il était... A cause de moi...

 

- Il n’est pas mort, assura-t-il. Mme Pomfresh va le remettre sur pieds. Garde espoir. »

 

Drago hocha la tête et serra davantage la main d’Harry.

 

« - Je lui ai donné tout ce qu’il faut, dit l’infirmière en réajustant son tablier. Il ne reste plus qu’à attendre et à voir s’il se réveille. Mr Malefoy, vous devez partir. Les visites nocturnes ne sont pas autorisées. »

 

Mais le Serpentard secoua catégoriquement la tête.

 

« - Je reste, dit-il fermement. Le temps qu’il faudra.

 

- Mr Malefoy, insista Pomfresh, allez dormir.

 

- Non, répéta Drago.

 

- Pompom, dit Dumbledore en venant à son secours, je pense qu’il est préférable de laisser Mr Malefoy ici. Mr Potter sera ainsi bien surveillé, n’ayez crainte. S’il est fatigué, ajouta-t-il en coupant l’infirmière, il y a toujours un lit à côté, pas vrai ? Allons, laissons ce garçon. Il en a besoin. 

 

- Très bien, abandonna Pomfresh en soupirant. Mr Malefoy, appelez-moi s’il y a un quelconque problème, j’ai votre accord ? »

 

Drago hocha la tête.

 

« - Nous pouvons tous sortir, dans ce cas, fit le vieux directeur. Bonne nuit. »

 

Après un regard de remerciement que jeta Drago au sorcier, ils sortirent tous de la pièce.

 

« - Je suis désolé, murmura Drago une fois qu’ils furent seul. Tellement désolé. »

 

Le visage inexpressif d’Harry semblait appuyer sa culpabilité. Et ces larmes qui ne cessaient de couler ! Il avait tellement mal, c’était insupportable.

 

« - Je n’ai jamais rien fait de bien dans toute ma vie, de toute façon, se lamenta Drago maintenant énervé. Même sans le faire exprès. Pitié, Saint Merlin ou je ne sais quel esprit qui est censé m’aider, viens là et claque des doigts, sauve-le et punis moi de quelque manière que ce soit, tu m’as entendu ? Tout contre sa vie. Quel crétin je suis. »

 

Il s’avança et embrassa son front. S’il perdait la vie, alors il perdrait la sienne pour le rejoindre. Il se le jura.

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