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Chapitre 18 : The Golden Duo

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Article de la Gazette du Sorcier par Medina Falett – Dimanche 27 Décembre 1997

 

LA CÉRÉMONIE DES REPRÉSENTANTS DE POUDLARD TOURNE AU VINAIGRE

 

Vous l’avez attendu avec impatience, nous l’avons écrit : le compte-rendu des témoignages poignants des deux Représentants de la célèbre école de sorcellerie qui, contre toute attente, a bien failli finir en meurtre.

 

Mais commençons par le début –je suis sûre que cela arrangera tout le monde. La cérémonie a commencé comme nous nous l’étions imaginée : Dumbledore, avec son habituel panache et son enthousiasme exagéré, a introduit la soirée avec un blabla quelque peu longuet nous rappelant ce qui allait s’y dérouler (comme si nous n’étions pas au courant). Ainsi, le premier Représentant et éternel chouchou du directeur, Harry Potter, a fait son discours, non sans tremblements (que son petit-ami et second Représentant Drago Malefoy s’est empressé de calmer en lui prenant la main -VOIR PHOTO P.2-). Le ton plein d’émotions et cherchant manifestement à émouvoir son public, le jeune Survivant n’a pas trouvé mieux que de nous dire à quel point « Poudlard était sa maison Â» et n’a pas tari d’éloges l’établissement. On le soupçonne d’avoir légèrement exagéré sur ces mots, qui sont pourtant la base et le résumé de son témoignage : « Poudlard est ma maison et ses élèves, ses professeurs constituent ma seconde famille Â». Lorsqu’on se souvient de leurs nombreuses déclarations et des tension encourues, on doute sérieusement que les élèves de Poudlard se considèrent réellement comme des Potter. Quoi qu’il sen soit, le Survivant à longuement remercié l’école et ses professeurs de l’avoir « instruit et éduqué Â» et aux élèves de lui avoir « appris à vivre en groupe Â». Un discours assez touchant, très gnan-gnan et vraiment cul-cul la praline mais qui a atteint son but et réussi à faire verser quelques larmes dans le public –notamment à Hermione Granger, sa meilleure amie.

Salve d’applaudissements, sifflements, regard ridiculement amoureux partagé du couple choc -VOIR PRÉCÉDENTE ÉDITION POUR PLUS DE DÉTAILS- puis ce fut le tour de l’étonnant aristocrate blond, Drago Malefoy.

 

Car si Potter, lui, a directement commencé par les louanges, Malefoy a choisi de démarrer en se rabaissant d’office ; si le but était de surprendre, c’est glorieusement réussi. Il s’est d’écrit comme ayant été un enfant insupportablement arrogant, intolérant et on en passe –ce qui n’est pas, quand on y pense, totalement faux. C’est là qu’on a pu voir l’autre visage du fils Malefoy : il a en effet fait preuve, par la suite, d’une humilité assez déconcertante et a remercié Poudlard pour, dit-il, lui avoir « rabattu le caquet Â» et surtout lui avoir fait rencontrer l’homme de sa vie, Harry Potter. Par la barbe de Merlin, rien n’aurait pu être plus poignant et plus sincère que cette partie de son récit. Malefoy junior a décrit leur relation à ses débuts, orageuse et pleine de haine, avant de dire les étoiles dans les yeux à quel point Potter l’avait changé et qu’il ne serait pas là sans lui.

 

Après un pareil discours, le Survivant a laissé échapper quelques larmes et c’est dans l’effusion d’émotion la plus totale que le blond s’est autorisé à l’embrasser passionnément –VOIR PHOTO P.2-. A la rédaction, nous nous accordons pour dire que c’est cliché et niais, mais nous les pardonnons à cause de ce qui s’est passé ensuite.

 

Le couple n’avait même pas fini leur baiser qu’un éclair bleu et puissant traversa la salle et trancha une bonne partie des rideaux de la scène. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque Lucius Malefoy débarqua avec deux Mangemorts à ses côtés !

 

Ce qui était alors doux et léger se cassa brutalement la figure pour être remplacé par une violente tension. Bien sûr, à peine Lucius s’était-il avancé sur la scène que Potter avait brandi sa baguette et s’était porté bouclier de son prince. La Grande Salle était en panique totale, si bien que j’ai moi-même failli en perdre mon appareil photo ; mais nous avons tout de même pu immortaliser l’instant -VOIR PREMIERE PAGE-. S’en est suivi une discussion des plus houleuses entre le père et son fils, nous révélant que Malefoy junior aurait menacé de tuer son paternel. Si changé que cela, le jeune Drago ? Pas si sûr, apparemment.

 

Le plus grave dans ce bazar étant que Potter, en dépit de la présence de Dumbledore, des autres professeurs et de son petit-ami, a été touché par un très puissant sortilège inventé par Lucius (peut-être pour l’occasion). Nous tairons bien évidemment le nom de ce sortilège au cas où une âme malfaisante aurait de mauvaises idées, mais il ressemblait étrangement au Sortilège Impardonnable Endoloris –en bien pire, cependant.

Malgré la douleur et la faiblesse que le sortilège avait engendrées, Potter réussit à se relever un court instant et stupéfixer Lucius avant qu’il ne transplane avec son fils impuissant, qui s’est précipité sur son petit-ami une fois que son père fut hors de danger. Concernant les deux autres Mangemorts, dont nous ignorons l’identité, Dumbledore les a neutralisés un en coup de baguette expert en un rien de temps. Suite à quoi le directeur nous a demandé de sortir, aux élèves de monter dans les dortoirs et aux professeurs d’escorter le jeune Malefoy à l’infirmerie pour voir son petit-ami mourant.

 

Lucius Malefoy a été escorté à Azkaban hier soir pour une peine de 40 ans fermes pour menace et tentative de meurtre, capture et tout simplement d’avoir fichu une telle pagaille à cette cérémonie –j’ai oublié les nombreux autres critères d’emprisonnement. Selon nos sources, Harry Potter, Drago et Narcissa Malefoy bénéficient à présent d’une sécurité renforcée.

La question que tout le monde se pose est : comment trois Mangemorts ont pu pénétrer l’école d’Albus Dumbledore ? Le vieux directeur aurait-il perdu de sa précieuse méfiance ? Poudlard est-elle encore un lieu de sécurité pour les élèves ? L’avenir nous le dira.

En attendant, nous espérons de tout cœur que le Survivant se remette de l’affreux sortilège dont il a été victime.

 

Faites nous part de vos réactions et prenez garde : les Mangemorts sont encore là.

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« - Bon matin, Mr Malefoy. Â»

 

Drago hocha faiblement la tête en guise de bonjour.

 

« - Vous avez dormi ? Â», demanda Mme Pomfresh en commençant à administrer les potions et sortilèges à Harry.

 

Cette fois, le blond secoua la tête. Il n’avait pas fermé l’œil de la nuit ; sa main avait fermement tenu celle d’Harry, ses yeux étaient restés fixés sur lui et il n’avait pu s’assoupir tant il était angoissé. Les rares moments où il avait senti sa tête pencher quelque peu, il avait cru sentir le brun bouger –ce qui le réveillait immédiatement. Mais tout n’était qu’illusion à chaque fois et le Gryffondor ne bougeait pas. Drago avait pris ça pour un avertissement, comme s’il lui disait « Ne t’endors pas Â». Alors il ne s’était pas endormi.

 

« - Tenez, fit l’infirmière avec pitié en lui tendant une petite dose de potion orange.

 

- Merci Â», grogna-t-il en portant le flacon à sa bouche.

 

Il se sentit beaucoup mieux après l’avoir bue ; ce devait être un bon mélange de vitamines. Il arrivait déjà plus à ouvrir correctement les yeux.

 

« - Quand pensez-vous qu’il va se réveiller ?, demanda Drago d’une voix un peu plus claire.

 

- Je l’ignore, répondit-elle avec sincérité. Mais... Oh !

 

- Quoi, quoi ?!, s’écria le blond en passant alternativement d’Harry à l’infirmière.

 

- Il respire enfin, sourit-elle avec soulagement. Le sortilège lui a complètement détraqué les systèmes respiratoires et nerveux, mais au moins un est reparti convenablement. Et pourtant il est toujours vivant. Incroyable... Il a dû énormément souffrir.

 

- Madame, dit-il sans trop savoir s’il fallait être heureux ou non, il n’y aura pas de... Séquelles, n’est-ce pas ?

 

- Je ne peux rien  prédire, soupira-t-elle. Mais je fais de mon mieux, Mr Malefoy. Â»

 

Drago croisait les doigts pour qu’il s’en sorte et qu’il soit en parfait état. S’il perdait la mémoire ? S’il restait handicapé à vie ? Tout pouvait arriver. Tout pouvait être horrible...

 

Sa mère lui aurait dit : « Mais tout pouvait aller pour le mieux Â». Mais il ne bénéficiait hélas pas de l’optimisme de Narcissa, qui lui aurait pourtant été très utile à cet instant même.

 

Les dizaines de minutes passaient, et pourtant Harry restait toujours aussi inerte. Le blond avait beau l’embrasser, caresser sa main, parler, le Gryffondor ne réagissait à aucun de ses appels. Et plus le temps passait, plus Drago avait peur. Plus le temps passait et plus la perspective de sa mort s’approchait, recouvrant de son ombre menaçante tout brin d’espoir qu’il avait.  Oui, il respirait, mais il pouvait ne jamais sortir de son sommeil ou ne plus respirer à nouveau ; Merlin sait ce que le sortilège de Lucius était capable de faire, surtout aussi longtemps qu’il avait été exercé.

 

« - Je ne sais pas, Ronald. Â»

 

Tiens, eut le regret de penser Drago en levant les yeux au ciel, voilà la belette et Miss Je-sais-tout.

 

« - Salut, fit Weasley poliment avec un hochement de tête tout en jetant un regard critique à sa main tenant celle du brun.

 

- Que s’est-il passé depuis qu’il est arrivé ici ?, demanda Granger manifestement inquiète en s’asseyant sur le côté du lit.

 

- Rien, justement, répondit Drago en reprenant sa voix hautaine et froide. Il est allongé comme ça et n’a pas bougé depuis hier soir. Seul changement, il respire à nouveau.

 

- Tu es resté là depuis hier soir ?, demanda le rouquin ébahi.

 

- Comme quelqu’un qui l’apprécierait à sa juste valeur, rétorqua-t-il vivement.

 

- Là n’est pas la question, coupa la brune en fronçant les sourcils, empêchant Weasley de répliquer. Si son état est moins critique qu’il ne l’était hier soir, ce n’est que bonne nouvelle.

 

- Qu’est-ce que ton père foutait là ?, fit Weasley entre ses dents.

 

- Il n’était pas très heureux de l’événement, vois-tu, siffla Drago en lançant des éclairs avec ses yeux. Ne rejette pas la faute sur moi, la belette. Je ne suis aucunement responsable.

 

- Au contraire !, contrecarra-t-il en s’avançant avec colère. C’est entièrement de ta faute. Tu n’aurais pas pu discuter avec ce Mangemort avant la cérémonie ? Tu n’as pas eu le temps, peut-être ? Â»

 

S’il avait pu, Drago lui aurait foutu une bonne droite dans la seconde. Sauf qu’ils étaient à l’infirmerie et qui plus est, juste à côté d’Harry. Il se contenta donc de serrer la mâchoire.

 

« - Tu ne sais rien, dit-il avec un profond agacement. Tu ignores tout de ce qui se passe ou de ce qui a pu se passer entre lui et moi. Alors ferme-là.

 

- Harry est encore allongé sur ce lit par ta faute !, s’exclama Weasley en ignorant les supplications de Granger pour qu’il se calme. Et à chaque fois, par ta faute, il se retrouve entre la vie et la mort. Si tu l’aimes vraiment, pourquoi tu essaies de le tuer à chaque fois, hein ? Â»

 

Cette fois, le blond se leva brutalement, haineux, et se retrouva à seulement une vingtaine de centimètres de son visage.

 

« - Tu vas m’écouter très attentivement, Weasley, gronda Drago en pleine fureur. Je n’ai jamais voulu qu’il se retrouve ici à cause de moi, je n’ai jamais voulu lui faire du mal. La première fois, il s’est retrouvé ici car ses propres émotions l’ont étranglé à cause d’un odieux complot dont j’étais moi-même victime. Cette fois, il est ici car je suis né dans une famille intolérante avec un père tyrannique et sans pitié. Tu crois connaître ma vie, me connaître moi, mais tu ne sais rien. Alors ne parle pas sans savoir et contente-toi de venir le pleurer.  Car moi contrairement à toi, je suis resté éveillé pour lui toute la nuit. Â»

 

Il se rassit sans attendre de réponse et reprit délicatement la main d’Harry, tandis que le roux bougonnait quelque chose d’incompréhensible et que Granger soupirait d’un air excédé.

 

« - Je ne vous demande pas de m’aimer, continua Drago sans daigner leur jeter le moindre regard. Seulement de ne pas me blâmer pour tout ce qui peut arriver de mal et d’accepter ma présence à ses côtés. Ce n’est pas la Lune ni la Constellation du Centaure. Â»

 

Granger hocha la tête d’un air convenu –et Weasley, bien entendu, détourna la sienne avec lassitude.

 

« - Ne faites pas autant de raffut ou je vous mets tous dehors !, s’énerva Pomfresh en arrivant d’un pas rapide, les bras chargés d’un plateau de nouvelles potions.

 

- Vous n’avez toujours aucune idée de quand il pourrait se réveiller ?, demanda Drago avec un maigre espoir.

 

- Toujours rien, Mr Malefoy, soupira l’infirmière fatiguée de se répéter. Vous devriez aller vous reposer. Il est en sécu...

 

- Je reste, coupa-t-il fermement.

 

- Nous restons aussi Â», fit Granger –en s’adressant plus au Serpentard qu’à Pomfresh.

 

Fantastique, pensa-t-il en retenant un grognement irrité. Quelle piètre provocation. Faites que Miss Je-Sais-Tout ne cherche pas à les réconcilier entre eux ; il n’avait pas tellement envie de chercher à devenir leurs amis. Voire pas du tout, en fait. Sur ce point, même Weasley semblait réticent à la décision de sa petite amie.

 

« - Je croyais que Neville et Luna nous attendaient ?, toussa-t-il en lui jetant un regard insistant.

 

- Tu les as mal entendus, Ronald, répliqua-t-elle en levant les yeux au ciel. C’est eux qui viennent le voir, pas nous qui allons leur rendre visite. Â»

 

Et voilà Mister Plantes et Miss Bizarre ! De mieux en mieux. Je passe une journée géniale. Et elle vient à peine de commencer. Achevez-moi, priait-il inutilement. Et Harry qui ne bougeait toujours pas...

 

« - D’autres arrivent ?, releva Pomfresh en fronçant les sourcils. Ah, non ! Il y a déjà bien trop d’animation ici.

 

- L’état d’Harry mérite peut-être quelques exceptions, rétorqua Granger avec une détermination polie. Je pense que des élèves peuvent se permettre de venir voir un de leurs amis s’il risque de mourir à tout instant, même s’il y a déjà un peu d’animation. Â»

 

Drago se surprit à esquisser un sourire amusé tandis que l’infirmière soufflait quelque chose comme un « Humpf Â» outré et s’éloignait pour s’enfermer dans son bureau. Elle avait du caractère, pour une première de la classe ; même le roux semblait surpris et la regardait avec de grands yeux.

 

Le Serpentard perdit son sourire lorsqu’il se tourna vers celui qu’il aimait. Sa respiration avait baissé et son teint, plus pâle que ne l’était le sien. Drago se rappela ce qu’il s’était juré la veille ; cette promesse tenait et tiendrait toujours. Mais au fond, il se retenait d’avoir mal, car penser ne serait-ce qu’une seconde qu’Harry pouvait mourir dans les prochaines heures le tuait.

 

« - Est-ce que ça va ? Â», demanda soudainement Granger avec une étonnante inquiétude.

 

Il se tourna vers elle et réalisa avec horreur que des larmes avaient recommencé à perler au coin de ses yeux gris. Il les essuya d’un mouvement rageur.

 

« - Très bien Â», répondit-il sèchement.

 

Elle était assez intelligente pour comprendre qu’il n’avait pas envie d’en parler ; aussi, elle hocha gravement la tête et se tut –il lui en fut reconnaissant.

 

« - Drago... Â»

 

Le blond se retourna immédiatement vers celui qui l’avait appelé et dont il avait aussitôt reconnu la voix. Harry.

 

« - Drago, répétait-il dans un murmure, Drago...

 

- Je suis là, Harry, je suis là Â», chuchota-t-il pour masquer des sanglots arrivés aussitôt.

 

En lui, Drago sentit toute la peur et l’angoisse s’évaporer pour faire place à un profond soulagement. Il était vivant. Il avait toujours les yeux fermés, comme s’il dormait. Mais il vivait...

 

« - Harry ! Â», s’écria Granger en se précipitant sur lui.

 

Drago ne put s’empêcher de lui jeter un regard mauvais. C’est de lui dont il avait besoin, il l’appelait lui, pas elle, par tous les dieux !

 

« - Drago Â», fit Harry une nouvelle fois.

 

Puis il ouvrit ses yeux d’émeraude et eut un soudain sursaut, comme s’il ne s’attendait pas à avoir autant de visages penchés sur lui ou qu’il se souvenait pourquoi il se trouvait sur ce lit. Son premier geste, qu’il fut volontaire ou un réflexe, fut de s’agripper au bras de Drago.

 

« - Tout va bien, Harry, tout va bien, sourit le blond en laissant une larme de délivrance couler sur sa joue. Je suis là.

 

- Ton père, bégaya le brun avec une réelle terreur dans le regard, et les Mangemorts...

 

- Calme-toi, ordonna Drago en le maintenant tranquille sur le matelas. Ils ont tous été conduits à Azkaban. Tout le monde va bien. Â»

 

Harry respirait avec difficulté et ne réussissait pas à sourire ; la douleur était encore empreinte dans sa chair.

 

« - Ron, Hermione, souffla-t-il en se rendant compte de la présence de ses meilleurs amis.

 

- On a eu si peur !, fit-elle, lui embrassant le front tout en pleurant.

 

- Tout va bien, vieux, sourit Ron tandis qu’Hermione était déjà partie appeler Mme Pomfresh. On est encore le matin, tu n’es ici que depuis hier soir. Tu te sens comment ?

 

- Ça pourrait aller mieux, répondit-il faiblement avec un maigre sourire. Mais ça pourrait être pire. Â»

 

L’infirmière arriva dans la seconde, chargée de potions.

 

« - Ah, vous êtes réveillé ! Parfait ! Je vous avais dit, Mr Malefoy, que j’y arriverais. J’y suis toujours arrivée.

 

- Vous êtes là depuis longtemps ?, questionna Harry aux trois têtes qui le fixaient.

 

- Nous sommes là depuis peut être 15 minutes Â», répondit Hermione en regardant Ron d’un air incertain. 

 

Harry sourit –mais ne put répondre car l’infirmière venait de lui faire boire une potion infecte- et tourna un regard interrogateur à son petit ami, qui ne répondit pas et se contenta de tourner la tête sans raison.

 

« - Mr Malefoy est venu vous rejoindre hier soir peu après votre arrivée, expliqua d’elle-même Mme Pomfresh en continuant de lui administrer ses remèdes, et il n’a pas quitté votre chevet une seule seconde depuis. Il n’a ni dormi ni mangé. Vous avez beaucoup de chance de l’avoir, Mr Potter. Â»

 

Harry, ébahi et empli de tendresse pour le Serpentard, sourit amoureusement lorsqu’il vit ses joues se teinter d’une pâle couleur rose.

 

« - Je savais que tu étais avec moi Â», souffla-t-il en prenant sa main.

 

Ron détourna la tête en remuant le nez.

 

« - Je suis désolé, murmura Drago en baissant la tête.

 

- Désolé ? Â», fit le Gryffondor en fronçant les sourcils avec inquiétude.

 

Drago jeta un œil au rouquin, qui restait toujours en retrait face à la scène –et croisa le regard de Granger, qui acquiesça il ne sait quoi et alla parler à Weasley en diversion. Décidément, elle n’était pas si mauvaise que ça.

 

« - Que tu sois encore là à cause de moi Â», fit-il tellement bas que même son petit ami eut du mal à le comprendre.

 

Car oui, il s’en voulait énormément et se considérait comme entièrement responsable. Il avait beau avoir raconté à Weasley que ce n’était pas de sa faute, et c’était indirectement le cas, mais la culpabilité et la honte le rongeait au plus profond de lui-même.

 

« - Je devrais te remercier Â», sourit Harry en lui caressant la joue.

 

Drago fut si surpris qu’il en vint à être énervé. Le remercier ? Il avait pris un sortilège affreux et se trouvait actuellement sur ce lit d’infirmerie, avait échappé à deux doigts de la Mort parce que Drago s’était montré rebelle contre son père et qu’il n’avait su contrer le maléfice (soit ce qu’il avait engendré) et il le remerciait ?

 

« - Comment peux-tu dire une chose pareille ?!, s’exclama-t-il en reculant la tête avec colère. Me remercier de quoi, exactement ? D’avoir failli te tuer une fois encore ? Â»

 

Weasley et Granger se retournèrent brutalement –quant à Mme Pomfresh, elle était partie informer Dumbledore du réveil d’Harry.

 

« - Me remercier d’avoir une nouvelle fois failli à te protéger ?, continua le blond. D’avoir... Â»

 

Harry venait de l’interrompre par un baiser, ayant réussi à se redresser dans son lit.

 

« - Te remercier d’être là pour moi, murmura-t-il alors que ses yeux brillaient avec une émotion volontairement indissimulée. Pas seulement pour cette nuit, pas seulement pour aujourd’hui, mais depuis toutes ces semaines passées avec toi. Te remercier d’avoir toujours été si fort, d’avoir pris des risques énormes et d’être avec moi malgré ton père, et d’avoir osé le dire et le montrer. Te remercier pour ton discours, pour avoir accordé autant d’importance à quelqu’un comme moi. Te remercier pour ce que tu me donnes chaque jour et te remercier d’être là et de pouvoir t’aimer davantage à chaque seconde. Â»

 

Granger, émue, avait les larmes aux yeux ; Weasley baissait la tête ; et Drago avait perdu toute notion locutive et n’était plus capable de rien. Ni de parler, de pleurer, de crier, de gémir ni de bouger. Tant d’émotions se mélangeaient dans sa tête qu’il n’arrivait plus à penser non plus ; une véritable loque dont le cÅ“ur semblait avoir explosé. De colère, de culpabilité, de rancune, de honte et d’amour.

 

De colère car il n’arrivait pas à croire qu’il pouvait être si pitoyable.

De culpabilité car il s’en voulait d’être en bonne partie la cause de sa présence à l’infirmerie.

De rancune car il en voulait à Harry de le réconforter dans une situation pareille et de faire preuve d’une si grande force morale.

De honte car Harry le réconfortait alors que ce devrait être l’inverse.

D’amour car par tous les Enfers, qu’est-ce qu’il l’aimait.

 

« - Je ne t’avais jamais vu être à court de mot, rit doucement Harry. En temps normal, tu m’aurais traité de grosse guimauve avant de me demander comment est-ce que je pouvais être si insupportablement romantique. Et que toutes ces petites colombes qui sortaient de ma bouche avec une une mélodie niaise de harpes et de violons t’arrachaient les oreilles. Personnellement, je dirais plus qu’il s’agit de la vérité exposée avec de jolis mots. Niais, bien entendu, mais vrais.

 

- Si tu continues de parler comme ça, dit Drago en retrouvant l’usage de la parole, je te pique avec un bâton aiguisé de moine Shaolin et je me convertis au bouddhisme pour une vie chauve et loin de tout romantisme –sauf littéraire peut-être, si mes potes bouddhas aiment Gérard de Nerval.

 

- Là je te retrouve, rit une nouvelle fois le Gryffondor, du moins à moitié. Comment connais-tu de Nerval ? C’est un moldu !

 

- Je m’y suis quelque peu intéressé, vois-tu, répondit-il vaguement. J’ai de la culture dans tous les domaines, moi, monsieur. Et j’aime bien ses poèmes. Ils sont beaux. Â»

 

La brune semblait partagée entre ahurissement et épatement et le regardait avec une certaine admiration.

 

« - C’est l’un de mes écrivains et poètes préférés, souffla-t-elle en ignorant le regard réprobateur que lui jetait son petit-ami. Il est excellent. Â»

 

Drago n’aurait pas répondu en temps normal, mais il pouvait bien faire un petit effort pour l’occasion –et pour Harry.

 

« - Je trouve aussi Â», grinça-t-il entre ses dents mais avec sincérité.

 

Harry éclata soudainement de rire, ramenant l’attention sur lui. Oh, tais-toi, pensa le blond avec un demi-sourire en sachant parfaitement pourquoi il riait. Il doutait exceller dans l’art de la télépathie, mais de toute manière ils pouvaient facilement correspondre et se comprendre en un seul regard. Ce qui n’empêchait nullement le brun de continuer à se marrer, malgré le message reçu.

 

« - J’ai dit tais-toi, fit Drago en posant sa tête fatiguée contre l’épaule du brun.

 

- Tu n’as rien dit, feinta l’autre innocemment.

 

- Tu sais bien ce que je veux dire.

 

- En effet. Â»

 

Harry retourna de l’index, avec douceur, la tête blonde collée contre son cou, assez pour déposer un baisers sur les lèvres de son propriétaire. A cet instant, l’infirmière revint, suivie de Dumbledore, McGonagall, Chourave et une bonne dizaine d’élèves qui resta derrière la porte malgré leurs supplications.

 

« - Je vois que tu vas bien, Harry, sourit Dumbledore avec son habituelle bienveillance. Et que Mr Malefoy ici présent a bien veillé sur toi. Félicitations pour vos discours respectifs, hier. Vous n’auriez pu mieux faire.

 

- Merci, monsieur, répondirent-ils en même temps –Drago avait eu le temps de se redresser convenablement.

 

- Je crois que beaucoup de monde veut te rendre visite, commenta tranquillement le vieux directeur alors que la porte commençait à trembler.

 

- Hors de question que tout le monde vienne !, s’exclama une Mme Pomfresh catégorique en ignorant Hermione. Deux personnes maximum. Â»

 

Pour une fois, Drago était d’accord avec l’infirmière : il détestait le monde. Encore plus quand il s’agissait d’admirateurs surexcités.

 

« - Faites donc entrer les deux jeunes gens, fit Dumbledore d’un ton léger. Nous allons pouvoir partir maintenant que nous sommes assurés que tout le monde va bien. Oh, et voici le journal, si vous le souhaitez, ajouta-t-il en posant la Gazette du jour sur le chevet. A plus tard peut-être. Â»

 

Sur ce, il hocha la tête et sortit de son pas feutré, suivi par les deux autres professeurs et l’infirmière, qui cria sur les élèves de se pousser et autorisa, comme elle l’avait dit, à deux élèves de rentrer dans la pièce.

 

« - Bonjour Harry, fit doucement Lovegood avec un léger sourire. Tu es très pâle, ce doit être à cause des Joncheruines. Tu en as beaucoup trop. Â»

 

Quelle gourde, pensa Drago avec un grognement.

 

« - Tout le monde s’inquiète beaucoup pour toi, Harry, dit Londubat avec un petit sourire gêné. En revanche... Â»

 

Il tourna un regard incertain vers Drago et baissa les yeux lorsqu’il croisa le sien.

 

« - En revanche ?, insista le blond avec un regard oblique.

 

- Et bien, commença-t-il mal à l’aise, comment dire...

 

- La très grande majorité de l’école t’en veut car elle pense que tu es responsable de ce qui lui est arrivé Â», lâcha tranquillement la blonde avec son habituel calme rêvasseur.

 

La première réaction de Drago fut un demi-sourire amusé, suivi d’un secouement de tête las. Forcément. La soi-disant ébauche de sympathie qu’ils avaient développée pour lui s’était évaporée en un claquement de doigts.

 

« - Tellement étonnant Â», ricana-t-il.

 

Mais Harry ne semblait pas l’entendre de cette oreille et fronça des sourcils avec un profond mécontentement.

 

« - Il faut que tout le monde comprenne que ce n’est pas sa faute !, s’exclama-t-il.

 

- L’idée s’est insinuée dans leur esprit comme un Dézétar dans le corps pâle d’une chauve-souris albinos. Â»

 

Inutile de préciser qui venait de parler.

 

« - Et bien il faut l’en sortir, fit Harry fermement.

 

- Le Dézétar ?, demanda Luna.

 

- Non, l’idée, répondit Hermione sur un ton à la limite de l’exaspération.

 

- Inutile, glissa Drago. Je m’y attendais, de toute manière. Â»

 

Il attrapa avec nonchalance le journal que Dumbledore avait laissé en partant et commença à lire l’article phare du jour, tandis que les autres le regardaient, perplexes et pris d’une certaine pitié.

 

« - Et concernant les Serpentards ?, demanda Ron pour la surprise d’Hermione.

 

- Divisés, répondit Neville en haussant les épaules avec hésitation. Certains commencent à penser qu’il (il jeta un bref coup d’œil au blond, toujours focalisé sur sa lecture) avait préparé ce plan depuis le départ et que tout n’est que le résultat d’un puzzle ingénieux visant à tuer Harry tout en s'innocentant de tout acte. Une idée sacrément farfelue qui ressemble à une théorie du complot tirée par les cheveux –elle vient sûrement de ceux qui ont toujours cru à du bidon ou qui refusent toujours de voir la vérité, ajouta-t-il avec une moue lassée. D’autres sifflent car heureux qu’Harry se soit pris ce sortilège et qu’il souffre, un autre groupe se dit déçu que Lucius n’ait pas eu le temps de l’emporter avec lui et une autre bonne partie ne fait aucun commentaire là-dessus. Â»

 

Ils tournèrent presque tous en même temps leur regard vers Drago, toujours absorbé par l’article et qui ne fit aucun commentaire.

 

« - Mais comment sais-tu tout ça ?, interrogea une Hermione surprise de la mine d’informations dont disposait l’apprenti botaniste.

 

- On apprend à écouter et à interpréter différemment quand on est en compagnie de la fille d’un journaliste Â», fit-il timide.

 

Luna sourit et le silence prit place quelques secondes avant que Drago ne lève son nez pointu de la Gazette avec un sourire amusé, comme s’il n’avait rien entendu de la conversation ; bien qu’Harry, de son côté, savait parfaitement qu’il y avait été très attentif.

 

« - Ah, ces journalistes, soupira le Serpentard en balançant le journal sur le chevet. Apparemment, moi, ma mère et toi serions sous sécurité renforcée. Drôle de l’apprendre par ce ramassis d’idioties. Â»

 

Harry sourit, amusé. Lui aussi avait très souvent appris des choses le concernant dont il ignorait totalement l’existence, par le biais de la Gazette.

 

« - Allez, tout le monde dehors !, rugit Mme Pomfresh en débarquant de nulle part. Mr Potter a eu suffisamment de visites pour la matinée. Tout le monde hors de l’infirmerie. Surtout vous, Mr Malefoy. Vous avez passé votre quota d’heures sur cette chaise. Et aucune exception, rajouta-t-elle en voyant qu’il s’apprêtait à protester, s’aidant d’un index autoritaire dirigé vers la porte. Allez manger. Le professeur Rogue vous attend dans son bureau avec des sandwichs.

 

- Il a changé de vocation pour travailler dans un fast-food ?, ironisa Drago en haussant un sourcil.

 

- L’insolence ne vous fera pas rester Â», croassa l’infirmière avec sévérité.

 

Drago se tourna vers son petit ami, qui lui sourit en hochant la tête. « Ne t’inquiète pas. Vas-y. Â» Message reçu. Fantastique, le fait de pouvoir parler avec les yeux, vraiment.

 

« - A plus tard, dans ce cas, fit-il en se levant.

 

- A tout à l’heure, Harry Â», dit Hermione avant de lui embrasser le front.

 

Ils sortirent tous un à un, sous le regard rude de Pomfresh. Lorsque les portes furent fermées et que la vieille femme retourna à ses étagères, Harry se trouva bien bête dans son lit blanc. Génial. Maintenant, il était seul, sans compagnon d’infirmerie qui puisse discuter du beau temps ou de la consistance du pudding, sans livre ni radio ni quoi que ce soit d’un tant soit peu divertissant.

 

« - Je vais vous donner une potion, Mr Potter, dit Pomfresh en lui tendant un verre. Vous avez besoin de dormir d’un véritable sommeil. Â»

 

Harry considéra la proposition quelques instants et en conclut qu’il valait mieux dormir que de rester fixer le mur pendant des heures sans rien faire ; et il n’avait pas spécialement envie de réfléchir au sens de la vie, ni d’écrire un poème ou un roman à la de Nerval même si Drago aimerait peut être bien –il ne savait pas écrire ainsi, de toute manière. La seule chose qu’il avait tenté d’écrire, un jour où il était enfermé dans sa chambre chez les Dursley (ils le soupçonnaient d’avoir avalé la réserve de glaces, dont les pots avaient été retrouvés deux semaines après sous le matelas de Dudley), était un poème sur la liberté. Il était tellement mauvais qu’Hedwige elle-même était partie chasser avant même qu’Harry ne finisse de le lui lire à voix haute, et il avait fini en boule dans la corbeille.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Bonjour, Drago, le salua Rogue avec son habituelle voix monocorde. Asseyez-vous. Â»

 

Oh, joie et bonheur, pensa amèrement le blond. Il avait envisagé meilleure façon de passer sa matinée et n’avait pas vraiment prévu qu’elle se déroule dans ce vieux cachot poussiéreux et froid avec un homme infect, aux cheveux qui avaient l’air d’être tartinés avec de l’huile de soja périmée –ou des Å“ufs caillés, allez savoir.

 

« - Mangez, fit-il en lui tendant un plat emplis de sandwichs à l’apparence délicieuse qui devaient être issus d’un sortilège.

 

- Merci, répondit-il poliment, mais je n’ai pas faim.

 

- Dans la mesure ou Mme Pomfresh m’a fait jurer de vous faire avaler quelque chose ou elles nous frapperait tous les deux avec un manche de balai en métal, dit Rogue en poussant davantage le plat vers son élève, il serait préférable que vous avaliez ces sandwichs. Â»

 

Drago en prit un, leva la première tranche de pain, observa son intérieur, reposa le sandwich et leva la tête vers le professeurs de potions.

 

« - Je n’aime pas les cornichons. Â»

 

L’homme, tout en restant parfaitement calme et en soutenant le regard que lui donnait Drago (bien décidé à être désagréable), fit tourner sa baguette.

 

« - Plus de cornichons, grommela-t-il.

 

- Merci. Â»

 

Il ne mentait pas en disant qu’il n’avait pas faim, mais il ne pouvait nier que ça lui faisait beaucoup de bien, d’autant plus qu’ils étaient effectivement très fameux.

 

« - Mme Pomfresh m’a dit que vous vouliez me parler, dit Drago entre deux bouchées.

 

- C’est exact, confirma Rogue.

 

- Je vous en prie, l’invita-t-il tranquillement.

 

- Vous m’avez mis en bien fâcheuse position, Drago. Â»

 

Ledit Drago releva la tête, surpris par cette remarque. Il ne s’attendait pas à ça.

 

« - Que voulez-vous dire ?, avança-t-il prudemment.

 

- Je veux dire par là que vous avez été très égoïste et que ça cause du tort à davantage de personnes que vous ne le pensez, expliqua-t-il en posant ses mains sur la table. Vous êtes dorénavant définitivement séparé de votre famille, et nous savons tous deux très bien que ça ne va pas plaire à  un certain nombre de personnes.

 

- J’en suis conscient, répliqua Drago. J’ai agi en parfaite connaissance de cause.

 

- Pas si parfaite que ça, le barra-t-il. Voyez-vous, je suis dès à présent chargé de vous protéger. Or je serai tué si le Seigneur des Ténèbres apprend que je vous protège. Le bourbier dans lequel vous avez fichu beaucoup de personnes n’était pas une solution intelligente. Vous êtes vous-mêmes en grand danger : le Seigneur des Ténèbres avait ordonné à votre père de tuer Potter ; le sortilège que l’un de ses acolytes a lancé devait être mortel, or il a échoué. Et pour X raisons, vous êtes en conséquence considéré comme un opposant à éliminer. Â»

 

Ce n’était pas très clair, sans doute ne voulait-il pas tout lui dire.

 

« - Me défendez-vous de me défendre ? Â», ironisa-t-il même si la situation actuelle n’était pas encline à l’humour.

 

Rogue haussa des sourcils étonnés. Il ne s’était pas attendu à ce que le blond soit si perspicace, apparemment.

 

« - Tout à fait, admit-il. Devenez agent double, faites croire que vous êtes de son côté et continuez de vous battre pour ce que vous trouvez juste. Je vous protégerai.

 

- Et bien je suis désolé, dit Drago en se levant, mais je me dois de vous désobéir. Je n’ai besoin d’aucune protection et je ne mentirai plus. Je ne ferai plus croire à personne que je suis encore de ce côté. Plutôt mourir.

 

- Je peux vous aider, Drago, insista Rogue.

 

- Avec tout le respect que je vous dois, je refuse votre aide, affirma une nouvelle fois le Serpentard. Je me battrai uniquement pour ce que je trouve juste, pour reprendre vos mots, mais ne ferai plus semblant de rien.

 

- Vous avez conscience que vous devrez alors partir très bientôt, naturellement. Â»

 

Drago ne répondit pas. Oui, il le savait. Il y avait déjà énormément réfléchi, depuis quelques temps. Et il avait déjà pris sa décision.

 

« - Vous avez aussi conscience, demanda-t-il en s’asseyant avec fatigue, qu’ils vous pourchasseront et que vous devrez choisir entre vous rendre et persister à vous battre ?

 

- Tout à fait. Â»

 

Sur ce, il attrapa deux autres sandwichs et sortit du cachot sans que Rogue ne prenne la peine de le retenir, puis disparut dans la pénombre du couloir.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Harry ouvrit les yeux. Plafond blanc, silence profond, lit peu moelleux. C’est vrai. L’infirmerie.

 

« - Vous vous êtes réveillé pile à l’heure pour le déjeuner, Mr Potter Â», fit Mme Pomfresh en sortant de son bureau.

 

Elle devait vraiment avoir un radar qui analysait l’état de chacun de ses patients en une demi-seconde.

 

« - Quand pourrai-je sortir ?, demanda-t-il en se frottant les yeux.

 

- Ne soyez pas si hâtif, le réprimanda-t-elle en fronçant les sourcils. Vous ne le sentez peut-être pas, mais vous êtes encore très faible. Vous ne réussirez pas encore à marcher, vous pouvez me croire. Â»

 

Il soupira et reposa sa tête contre l’oreiller. Mme Pomfresh lui apporta un plateau sur lequel reposaient une assiette de légumes, des couverts et un verre d’eau.

 

« - Bon appétit. Â»

 

Il la remercia du bout des lèvres, contempla son triste repas et saisit la Gazette pour la déplier et en lire l’article du jour. Les journalistes s’étaient bien défoulés en matière de descriptions et de jugements, apparemment.

 

« - Ah, non !, s’exclama soudainement l’infirmière. J’ai dit plus de visites !

 

- C’était valable pour la matinée, mais nous sommes le midi, que je sache. Â»

 

Harry sourit en reconnaissant la voix d’Hermione et la regarda, en se retenant de rire, entrer d’un pas féroce, suivie d’un Ron épaté et d’une Pomfresh outrée.

 

« - Rebonjour, sourit-elle en s’asseyant sur le bord du lit.

 

- Hermione, fit Harry avec un drôle d’air, tu deviens rebelle ?

 

- Lâchons-nous un peu, dit-elle en relevant le menton. Au fait, j’ai pensé à quelque chose.

 

- Et je partage sa pensée Â», dit gravement Ron.

 

Hermione lui adressa un petit sourire avant de se retourner vers un Harry assez inquiet.

 

« - Vous êtes en danger, maintenant, n’est-ce pas ?, commença-t-elle. Voldemort va chercher à tuer Drago en plus de toi, pour punir Lucius ou tout simplement car il est lié à toi, c’est évident.

 

- Où veux-tu en venir ?, la pressa Harry.

 

- Il va falloir le combattre. Je sais que tu le sais déjà, mais...

 

- Maintenant, termina-t-il doucement. Oui, je sais. J’y ai pensé.

 

- Dumbledore t’a montré tous ces souvenirs l’année dernière, rappela Ron en se frottant la nuque avec anxiété. Les horcruxes.

 

- Et il est trop vieux pour continuer, oui, je m’en souviens, fit le brun en inspirant une longue bouffée d’air.

 

- Je pense que nous n’avons plus le choix, à présent, sourit Hermione sans joie.

 

- Nous ?, releva-t-il en fronçant les sourcils.

 

- Tu ne peux pas le faire tout seul, mon vieux, fit le rouquin lui en posant une main réconfortante sur l’épaule.

 

- Tu as besoin de nous.

 

- Et de moi. Â»

 

Ils se retournèrent tous les trois, surpris de cette voix qui ne venait d’aucun d’entre eux.

 

« - Malefoy ?, grinça Ron immédiatement irrité. Comment... ? Tu n’es au courant de rien et tu t’invites comme ça ? Â»

 

Le blond adressa un regard oblique à Harry, qui grimaça avec une certaine gêne devant l’ébahissement de Ron qui avait aussitôt compris.

 

« - Il est au courant ?!, s’énerva-t-il.

 

- Oui, Ron, répondit le Gryffondor, il est au courant.

 

- Et Rogue m’a fait venir dans son cachot immonde pour me prévenir que je devais partir, bien que je le sache déjà. Â»

 

Cette fois, ce fut au tour d’Harry de le regarder avec étonnement.

 

« - Rogue ?, dit-il sans trop y croire.

 

- Lui-même, confirma Drago avec un soupir. Alors je dois aussi partir et combattre ce qu’ils osent appeler le Seigneur des Ténèbres. Â»

 

Hermione croisa le regard de Ron, qui se tourna vers Harry, qui se tourna comme ses meilleurs amis vers le Serpentard.

 

« - J’imagine que nous avons tous compris, dit Drago avec un de ses sourires arrogants et fiers.

 

- Non, hors de question !, s’écria Ron en se levant. Il ne vient pas avec... Enfin, Harry !

 

- Que ça plaise ou non, aucun d’entre nous n’a le choix, rétorqua son meilleur ami. Sauf si tu décides de rester.

 

- Bien sûr que non, grommela le rouquin en évitant au possible le regard moqueur que lui adressait le blond.

 

- Nous serons donc un groupe de quatre élèves à la recherche des horcruxes, résuma Drago joyeusement. Il y aura des étincelles, sans aucun doute, ajouta-t-il en jetant un coup d’œil à Ron. Et pour les détruire ?

 

- Dumbledore nous le dira, fit Harry.

 

- Et quand partons-nous ?, demanda Ron.

 

- Dès que nous aurons les éléments nécessaires –le plus vite possible. Â»

 

Ils se regardèrent tous. Harry Potter, le Survivant destiné à tuer Voldemort ; Ronald Weasley, la perle indispensable d’humour et de courage qu’il faudra ; Hermione Granger, la sorcière la plus intelligente de son âge ; Drago Malefoy, sorcier talentueux et arrogant, séparé de sa famille de Mangemorts à la volonté de fer. Oh, oui, il y allait avoir des étincelles dans ce mélange ; mais il amènera la victoire au bout du périple.

 

« - Scellons notre accord Â», proposa Drago avec un profond sérieux.

 

Puis, à la surprise de tous, il tendit la main vers Hermione.

 

« - Tu n’es pas si insupportable que ça, Granger Â», fit-il sans aucune émotion apparente.

 

Hermione, après quelques instants d’hésitation, tendit son bras en tremblant légèrement et serra la main que le blond lui offrait. Puis Drago se tourna vers Ron.

 

« - N’espère même pas penser à l’éventualité que je t’apprécie un jour, Weasley, déclara-t-il en tendant une main rigide et froide.

 

- C’est réciproque, rétorqua le rouquin sans se démonter.

 

- Sincèrement ravi de l’apprendre. Â»

 

Puis il se tourna vers Harry, qui avait un sourire amusé collé contre le visage.

 

« - Tu m’acceptes dans le groupe ?, interrogea le blond.

 

- Je ne sais pas trop, confia-t-il en se grattant le menton. C’est pas que je ne t’aime pas, mais ça pourrait être mieux.

 

- Je comprends, répondit-il d’un air intéressé. T’es pas super cool non plus. Alors c’est bon ?

 

- Alors c’est bon. Â»

 

Ils sourirent tous les quatre –bien que le rictus qu’affichait Ron n’était pas un sourire excessivement enjoué-, chacun se figurant ce qui allait se passer durant les prochains mois. Une aventure trépidante, sans aucun doute.

 

Et si vous voulez l’imaginer à votre tour, rappelez-vous seulement les péripéties qu’auraient vécu Harry, Ron et Hermione si Drago n’était pas tombé amoureux de l’un d’entre eux, et ajoutez-y ce même blond hautain.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

OooooooOooooooOooooooOooooo

ÉPILOGUE

Quelques années plus tard...

 

« - Voici le dossier pour le compte-rendu, Mr Potter.

 

- Merci, Carett. Â»

 

Harry s’assit dans sa chaise en un long soupir. Il était crevé. Crevé après trois semaines de traque, de recherche d’informations et de batailles. Il attrapa ledit dossier d’une main peu enthousiaste, rehaussa ses lunettes rondes et commença à le lire d’un œil distrait.

 

« - Mr Wills attend beaucoup de détails, précisa Carett en ouvrant la porte.

 

- Il en aura Â», promit le brun.

 

Après un hochement de tête poli, le petit blond sortit du bureau et ferma la porte ; porte qui ne tarda pas à être immédiatement ré-ouverte pour y faire passer une grande silhouette svelte.

 

« - Alors, est fatigué ?

 

- Ne me dis pas que tu ne l’es pas.

 

- Longue mission, hein ?

 

- Longue mission. Â»

 

Drago s’approcha de lui et déposa un baiser sur ses lèvres.

 

« - Voilà, je t’ai donné le peu d’énergie qu’il me reste, fit le blond en s’affalant sur la chaise en face du bureau.

 

- Pas très efficace, se moqua Harry. Ce mage noir m’a tué avec tous ses plans et ses stratégies capillotractés.

 

- Tu ferais mieux d’écrire ton rapport avant de mourir, conseilla sagement Drago. Ou Wills va te tuer lui-même. Tu sais ce qu’il représente.

 

- Wills ou le dossier ?, ironisa-t-il.

 

- Les deux, répondit-il. Le dossier va représenter l’essentiel de notre carrière, et Wills nous représente. Donc tu ferais mieux de ne pas te foirer si on veut accéder au poste supérieur.

 

- Merci pour ce soutien qui me rassure beaucoup, maugréa Harry.

 

- T’inquiète, je t’aiderai, promit-il. De toute manière, ils ne pourront rien faire. Nous sommes déjà les deux meilleurs Aurors du Ministère, et sûrement du monde sorcier en entier, alors bon... Â»

 

Harry rit. Il n’avait pas entièrement tort ; les noms Potter et Malefoy étaient célèbres, et on les félicitait partout où ils allaient. Depuis qu’ils avaient vaincu Voldemort après la destruction de chaque horcruxe (ce qui s’était révélé véritablement détonnant), le Ministère les avait presque immédiatement embauchés. Ils avaient réussi chaque mission qu’on leur avait attribuée, et on les mettait toujours ensemble ; ils n’avaient jamais été séparés –et heureusement, d’ailleurs : l’art de la manipulation et du mensonge de Drago ne pouvait se délier du courage et du talent d’Harry, formant tous deux un duo intelligent et puissant contre n’importe quel mage noir ou ancien Mangemort.

Aujourd’hui, ils venaient de rentrer d’une de leurs plus longues missions, qui s’était bien évidemment avérée glorieuse : leur ennemi était un ex-mangemort assez puissant du nom de Gladd Van, qui prétendait pouvoir ranimer l’ère de son Maître hélas défunt depuis sa planque en Albanie ; tout ce qu’il avait réussi à ranimer, cependant, était d’autres ex-mangemorts au courage douteux et deux Aurors désireux de l’éliminer. Lui et ses acolytes avaient été emmenés à Azkaban ce matin-même après leur capture et leur défaite cuisante la veille.

 

« - Personne ne nous aura !, s’exclama Drago depuis le sofa à l’autre bout du bureau.

 

- Ce dossier déprimant le pourrait, grogna Harry qui ne succombait pas à la joie de son petit ami. Sérieusement, on vient de rentrer de trois semaines exténuantes en Albanie à la poursuite d’un taré qui a bien failli me lancer un tronc d’arbre rempli de Botrucs énervés et ils veulent un compte-rendu complet !

 

- Le point chiant de notre boulot, dit le blond. Il faudrait t’y habituer, un jour. On fait ça à chaque fois.

 

- Mais là, comme tu l’as dit tout à l’heure, c’est important et il ne faut rien bâcler. Trois semaines à écrire. Tue-moi.

 

- Désolé, ce n’est pas dans mon contrat, s’excusa-t-il avec un haussement d’épaules et une moue amusée.

 

- Ron me dirait : Â« Achète une Plume à Papotte correcte et parle, elle écrira Â». J’en suis sûr.

 

- Mais il est actuellement à vendre des jouets et autres farces avec son frère, et les Plumes à Papotte n’existent plus car horriblement agaçantes. Je me demande toujours comment Skeeter à réussi à dompter la sienne.

 

- Parce qu’elle était tout aussi agaçante que la Plume elle-même, marmonna-t-il en se passant une main sur le visage. Qui se ressemble s’assemble.

 

- Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce dernier point Â», rétorqua Drago dont la voix était un peu étouffée par le coussin dans lequel il avait enfoui son visage.

 

Harry rit à nouveau, puis pensa à Hermione avec la mention de Skeeter. Elle travaillait actuellement dans le Département de contrôle et de régulation des créatures magiques et se préparait à postuler pour le Département de la justice magique, avec pour motivation une ferme envie de changer le monde. Toujours brillante, Hermione ; toujours avec cette envie d’un monde meilleur.

 

« - Au boulot !, s’écria soudainement Drago, qui s’était levé, en brisant ses pensées. Nous avons un rapport à écrire, n’est-ce pas ?

 

- J’aurais préféré écrire sur notre histoire Â», lui confia Harry avec nostalgie.

 

Drago sourit et s’assit sur la chaise en face de lui.

 

« - Beaucoup l’ont déjà fait, lui rappela-t-il. Et ce n’est pas le souci du moment.

 

- Beaucoup l’ont fait mais aucun ne connaît réellement chaque parcelle de notre aventure, grogna Harry.

 

- Heureusement, souffla le blond. Sinon, ça voudrait dire qu’on aurait été traqués nous aussi.

 

- Remarque, ricana Harry, avec le boucan que toi et Ron faisiez à chaque désaccord, ce n’était pas tellement difficile de vous repérer et de saisir la conversation. On pouvait facilement écrire un livre en se servant uniquement de vos disputes.

 

- Ses idées étaient pourries, se défendit-il avec dédain. Et il ne respectait pas les miennes. Je me devais de tout lui expliquer à chaque fois.

 

- Et Hermione qui était à chaque fois obligée de jeter un sort de protection entre vous deux, soupira le brun en se remémorant cette année là. Je n’arrive toujours pas à croire que nous ayons réussi à le battre, avec tout ce qui s’est passé. 

 

- Et pourtant !, fit Drago. On a réussi. Â»

 

Il replaça son badge, agrippé contre sa robe de travail, en le regardant comme d’habitude avec des yeux perçants. Un badge inutile ; comme si on ne connaissait pas son nom ! Mais il tenait à le garder.

 

Drago avait souvent pensé à changer de nom de famille, toujours honteux du passé des Malefoy ; mais Harry avait toujours refusé, affirmant qu’en le gardant, il continuait à être la preuve vivante que les origines ne déterminent pas l’avenir.

 

« - Il est 17 heures, observa Harry sur sa montre à gousset –inchangée malgré l’âge. On peut rentrer.

 

- Alléluia !, s’écria Drago. Hé ! Pourquoi tu prends le dossier ?

 

- Nous n’avons qu’une semaine pour l’écrire, rappela Harry en le mettant dans sa mallette.

 

- Justement, c’est bien plus que d’habitude. Tu ne vas pas travailler à la maison, se lamenta le blond.

 

- C’est bien plus que d’habitude car il y a bien plus à dire que d’habitude, releva-t-il. Alors si, il faut travailler à la maison. Â»

 

Drago soupira et laissa son petit-ami sortir le premier.

 

« - Vivement que je puisse m’étaler dans le canapé, fit-il.

 

- Dans cinq minutes Â», sourit Harry en se tordant pour éviter de se faire écraser les pieds par les employés impatients de rentrer.

 

Et effectivement, plus ou moins cinq minutes plus tard, ils se trouvaient devant le palier de leur maison.

 

« - Papa ! Ada ! Â»

 

Drago accueillit dans ses bras grand ouverts une petite blonde aux yeux verts, qui faillit le faire tomber.

 

« - Oulah !, s’écria-t-il avec un sourire. Doucement, jeune fille.

 

- Ça n’a pas été trop dur, Héléna ?, demanda Harry à la vieille femme qui se tenait dans le salon.

 

- Un véritable ange, comme d’habitude, sourit-elle. Aucun problème.  

 

- Qu’est-ce que vous avez fait durant aussi longtemps ?, demanda Drago à la petite fille âgée de seulement quatre ans.

 

- De la lecture, du dessin et tout plein de jeux !, dit-elle avec un grand sourire. Parrain Ron et marraine Hermione sont venus et j’ai même touché un écureuil dans le zoo !

 

- C’est pas vrai, murmura le blond avec de grands yeux. Ce devait être vraiment chouette. Comment s’appelait cet écureuil ?

 

- Albert !

 

- C’est un prénom très beau ! Â»

 

Harry sourit avec tendresse. Il adorait voir Drago se comporter en véritable père gaga.

 

« - Merci mille fois, Héléna, la remercia-t-il.

 

- C’est moi qui vous remercie, sourit-elle. A demain, Alys ! Â»

 

La petite fille secoua sa main à la vieille dame, qui sortit en fermant doucement la porte.

 

« - Quelle femme adorable Â», dit-il.

 

Puis il se tourna vers sa fille.

 

« - Tu nous as manqué, Alys, fit-il en l’embrassant sur le nez, heureux de la retrouver.

 

- Tout pareil Â», sourit-elle au comble du bonheur.

 

Elle était vraiment merveilleuse, d’une intelligence et d’une patience rare pour une petite fille de son âge. Ils l’avaient adoptée il y a déjà 4 ans, après s’être mariés. C’était vraiment drôle de constater qu’elle était le mélange parfait des deux : les yeux émeraudes de son Papa, les cheveux d’un blond éclatant de son Ada. Car oui, Drago était son Ada ; ils avaient décidé ainsi, pour ne pas l’embrouiller, de choisir une manière propre de se faire appeler.

 

« - Ada et Papa sont là, chuchota Drago.

 

- J’ai fait des dessins, dit-elle alors qu’Ada la posait à terre –elle commençait à peser lourd.

 

- Tu veux bien nous les montrer ? Â», demanda Harry.

 

Pour réponse, Alys fit un grand sourire et les entraîna en les tirant par la main, courant sur ses petites jambes maladroites. Elle désigna la table basse sur laquelle reposaient des livres, des crayons et des dizaines de feuilles colorées. Elle en attrapa un.

 

« - Là c’est toi, dit-elle à Drago en désignant un grand homme à la tête blonde, là le bonhomme aux cheveux marrons qui lui tient la main c’est toi, ajouta-t-elle en direction d’Harry,  et là c’est Albert l’écureuil et là c’est Moustache !

 

- C’est splendide !, la félicita Harry en la prenant dans ses bras. En parlant de Moustache, où est-il ?

 

- Je ne sais pas, répondit-elle ravie de l’engouement de ses pères pour son dessin. Tout à l’heure sans faire exprès, ben j’ai voulu lui donner ses croquettes mais le sac de croquettes il a volé trop haut et pouf, il est tombé sur lui du coup il avait tout plein de croquettes sur lui et je crois qu’il a un peu peur maintenant. Â»

 

Harry éclata de rire.

 

« - Moustache va revenir, c’est un bon chat, le rassura-t-il. Et je t’ai dit de ne pas utiliser la magie, jolie blondinette, Héléna ne connaît pas ça et tu ne sais pas encore comment la maitriser correctement.

 

- Désolé papa, s’excusa-t-elle d’un air coupable. J’ai pas fait exprès. Â»

 

Drago la prit dans ses bras et la souleva en la faisant tournoyer. Il était si heureux de la retrouver.

 

« - C’est l’heure la sieste, chuchota-t-il à Harry en voyant que la petite commençait à bailler.

 

- Va la mettre dans son lit, sourit le brun. Et n’oublie pas de lui donner son doudou, il doit encore être accroché quelque part et elle n’arrive pas à dormir tant qu’il n’est pas dans son lit.

 

- T’inquiète pas pour ça. Â»

 

Il emporta sa fille, calée contre son épaule, et disparut du salon. Harry s’étira, bailla à son tour, accrocha sa veste au porte manteau et posa sa mallette à côté de ses chaussures. Ils étaient enfin en week end. Et le rituel du week end était de se poser dans leur canapé moelleux –la chose la plus délicieuse après leur lit et le hachis parmentier qu’il cuisinait- , contre les coussins en coton.

 

« - Tu m’attends même pas, protesta Drago en se calant contre lui.

 

- Déjà revenu ?, fit Harry avec surprise. Tu ne l’as pas jetée sur son lit, au moins ?

 

- Je crois que tu commences à t’assoupir Â», rit-il doucement en se tournant vers lui.

 

Harry se demandait souvent où il en serait s’il n’avait pas été amoureux de Drago. Il aurait sans doute eu une vie monotone, plate et sans saveur ; il n’aurait pas Alys (qu’il chérissait plus que tout), il n’aurait pas cette maison bordée de fleurs, si tranquille dans ce quartier charmant. Tant de souffrances et de bonheur pour arriver à une vie parfaite. Et en regardant dans les yeux du blond, il sut qu’il pensait la même chose.

 

« - A quoi tu penses ?, murmura Drago avec un léger sourire.

 

- Tes yeux, répondit-il en lui caressant la joue.

 

- Quoi, mes yeux ?

 

- Ils sont beaux, fit-il simplement. Je me rappelle encore précisément ce à quoi j’ai pensé la première fois que je les ai vraiment regardés.

 

- Et c’était ...?, demanda-t-il amusé.

 

 - L’argent est une couleur hypnotisante.»

 

Drago rit et se nicha contre lui ; il ne fallut que deux minutes pour qu’ils ne s’endorment, une fois encore dans un canapé, dans la paix la plus totale et la vie dont ils avaient rêvé : intrépide, libre, belle et encore prometteuse pour les personnes qu’étaient Drago Malefoy et Harry Potter.

FIN

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