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Chapitre 17: Nous ne sommes pas seuls...

 

« - AAAAAAAAAAARGH ! Â»

 

Sonnée et complètement paniquée, je mis quelque secondes à réaliser que j’étais par terre et trempée jusqu’aux os.

 

« - On se réveille enfin, l’Aigle Triste ?, ricana Cassandra, un seau qui gouttait encore dans la main.

 

- Mais tu es complètement malade !, m’écriai-je en tremblant de froid. Par la barbe de Merlin ! Qu’est-ce qui te prends de me réveiller avec un seau d’eau ?!

- Tu étais impossible à réveiller,  même en te secouant. Alors j’ai opté pour la solution radicale. Tu devrais plutôt me remercier, grogna-t-elle. Maintenant, il faudrait te bouger. On est mardi, il y a cours de défense contre les forces du mal dans 15 minutes. 

- 15 MINUTES ?! Â»

 

Elle balança le seau à l’autre bout du dortoir et sortit en lâchant un soupir exaspéré. Quant à moi, plus une minute à perdre, je courus sous une douche bien chaude.

Propre et habillée, je descendis les marches de la tour quatre à quatre. J’aurais effectivement dû la remercier. Elle avait eu la gentillesse de me réveiller. Bon, en m’aspergeant d’eau glacée, mais quand même. Je le ferai plus tard.

J’arrivai juste à temps dans la classe du cours. Le professeur Fervelieu, qui nous avait accueilli à la rentrée, enseignait la Défense contre les forces du mal. C’était un de mes cours préférés. En entrant, après un rapide « Bonjour, professeur Â», je me retins à temps d’éclater de rire : l’absence d’Ethan et de Hugo trahissait qu’ils avaient aussi eu des problèmes à se lever !

 

« - Bonjour !, dit gaiement Fervelieu en interrompant les bavardages.  Aujourd’hui, nous allons continuer le chapitre 19. Veuillez lire les pages 173 et 174 avant d’écrire un petit résumé de 15 centimètres de parchemin. Vous pouvez vous aider avec votre voisin, comme d’habitude.»

 

Fervelieu fonctionnait parfois comme ça, un peu ennuyeux. On soupçonnait qu’il faisait ça quand il était fatigué, ainsi rien à faire. Mais moi, j’aimais bien quand même. J’avais déjà lu ces pages et ça me permettait d’en lire d’autres et ainsi de m’avancer. Le professeur semblait avoir remarqué l’absence de deux de ses élèves et avait laissé la porte ouverte.

 

« - Les Joncheruines envahissent la classe, aujourd’hui, murmura Augustina les yeux pétillants.

- Pourquoi ça ?, demandai-je en lâchant un soupir fatigué.

- Tu as l’air sur le point de t’endormir, tout comme Scorpius Malefoy et Cassandra Jay, expliqua-t-elle doucement. Les Joncheruines font souvent cet effet. Â»

 

Je tournai discrètement la tête. Si Cassandra paraissait effectivement fatiguée, ce n’était rien à côté de Scorpius. Davantage pâle que de coutume, les cheveux moins lisses que d’habitude et la cravate de travers, les énormes valises qu’il portait sous les yeux étaient ce que l’on remarquait en premier. Mais je n’eus pas le temps de me demander quoique ce soit à propos du blond car deux tignasses, l’une rousse pétant et l’autre brune, entrèrent en trombe dans la classe. Je ne pus m’empêcher de sourire : les propriétaires de ces tignasses étaient bien évidemment Hugo et Ethan.

 

« - Excusez-nous, professeur, souffla Ethan en se frottant un Å“il. Nous...

- Ce n’est rien, coupa Fervelieu avec un léger sourire. Prenez place ici, miss Hayleen et Miss Lovegood vous expliqueront le travail. Â»

 

Mes amis s’assirent en soupirant. Les cheveux d’Ethan, déjà en pétard habituellement, étaient encore pire –je ne pensais pas que c’était possible. Hugo, lui, avait un énorme épi derrière la tête, ce qui était plutôt rigolo à voir. Les bavardages reprirent et Fervelieu s’assit, observant tranquillement les élèves travailler.

 

« - J’ai failli avoir le même problème que vous, dis-je avec un petit rire. Je me suis réveillée 15 minutes avant le cours. Ou du moins, Cassandra m’a réveillée.

- Cassandra ?, demanda Ethan en fronçant les sourcils. Ce n’est pas ta camarade de dortoir qui te fusille du regard à chaque fois qu’elle te croise ?

- C’est elle, mais elle s’est montrée sympa, pour une fois. Même si elle m’a réveillée en me renversant un seau d’eau glacée sur la figure.

QUOI ?! Â»

 

Les bavardages se stoppèrent et tous les regards se tournèrent vers nous. Même le professeur Fervelieu levait un sourcil.

 

« - Un problème, Mr Davean ?, demanda-t-il.

- Excusez-moi, professeur, dit un Ethan penaud en se rasseyant sur sa chaise. Je trouve horrible qu’un sorcier puisse exécuter de tels sorts à un autre. Les mages noirs me répugnent.

- C’est pour ça que ce cours vous apprendra à vous défendre, sourit Fervelieu. Au travail tout le monde. Â»

 

Augustina observa Ethan, Hugo, puis murmura finalement : « Oh, oui, il y a vraiment une invasion de Joncheruines, aujourd’hui. Â» J’ignorai sa remarque puis me tournai vers Ethan.

 

« - Qu’est-ce qu’elle a osé te faire ?, rugit-il plus bas avant que j’ai pu dire autre chose.

- Elle ne l’a fait que parce qu’elle n’arrivait pas à me réveiller, quoi qu’elle a tenté, expliquai-je rapidement. Elle a choisi la solution qui marcherait. Et heureusement, sinon je serais toujours en train de dormir. Je n’en suis pas morte, ça m’a juste fait peur mais au moins, elle m’a réveillée et c’était cool de sa part.

- Elle aurait pu faire autrement, quand même Â», souffla Ethan l’air renfrogné.

 

Je jetai un coup d’œil à Augustina : comme à son habitude, elle rêvassait dans son coin, observant le bout de sa plume. Je me retournai avant de chuchoter à mes amis : 

 

« - Regardez Scorpius ! Â»

 

Celui-ci s’était presque endormi sur sa table. La tête posée sur le dos de sa main, ses yeux étaient à demi-fermés.   

 

« - Qu’est-ce qu’il a encore fichu, celui-là ?, grogna Hugo l’air exaspéré.

- Ne t’en préoccupe pas, Automne !, dit Ethan avec un regard appuyé. Il a déjà suffisamment de dettes envers toi. Il frime, le Scorpius, mais il n’arrive à rien tout seul !

- Tu as raison Â», admis-je en me retournant la tête haute.

 

J’étais encore prête à m’inquiéter ! Comme s’il n’avait pas été assez injuste comme ça avec moi. Et puis quoi encore ? Si Môsieur Malefoy avait encore des soucis, ça n’était pas mon problème. Si moi, j’avais un souci, il ne s’en soucierait jamais –à part pour me lancer des piques bien senties.

 

« - Que va-t-on faire, maintenant ? Â», soupira Ethan.

 

Je me retournai, surprise. Comment ça, ce qu’on allait faire maintenant ?

 

« - Il faut changer ton Destin, Arkanael a bien dit que c’était possible. Mais il est impossible de savoir comment, c’est ça, le problème. Nous avons besoin d’avantage de réponses.

- Mais le Chef m’a bien dit qu’il ne pouvait en savoir plus pour le moment, répondis-je. C’est l’impasse. On peut peut-être trouver ce que prépare encore une fois Malefoy, ajoutai-je avec un petit rire. A moins qu’il ait tout simplement passé une mauvaise nuit. Â»

 

Hugo fit une moue embêtée. C’est vrai que maintenant, on était bloqués. Que faire Ã  présent que nous savions ce qu’il fallait savoir ? Attendre ? Ou bien passer à autre chose ? Car de toute manière, on ne  saurait jamais si ce que nous faisions changeait mon avenir.

 

« - Il faut passer à autre chose, dis-je à mes amis.

- Passer à autre chose ?!, s’écria Hugo en haussant les sourcils. Comment ça, passer à autre chose ? On vient juste d’avoir des réponses au problème, et tu veux qu’on abandonne ?

- Je ne dis pas ça comme ça, mais enfin, Hugo, on ne peut pas se servir de ce que l’on sait ! On sait juste que rien n’est écrit. Mais comme à dit Ethan, on ne peut pas savoir comment changer tout ça. Il ne reste qu’à attendre et continuer normalement notre scolarité plutôt que de parler de ça tout le temps, tu ne crois pas ? Â»

 

Il échangea un regard avec Ethan, qui baissa les yeux lorsque je me tournai vers lui, puis pris sa plume pour commencer à écrire sur son parchemin. Interloquée, j’interrogeai Hugo du regard qui répondit par un haussement d’épaule et une très nette incompréhension sur le visage. Puisqu’il fallait travailler, je me mis à écrire à mon tour.

A la fin du cours, Ethan, toujours la tête baissée, ramassa ses affaires et s’en alla de la classe sans même nous adresser un mot. Qu’est-ce que j’avais dit pour qu’Ethan réagisse de cette manière ?

 

« - J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?, demandai-je à Hugo.

- Je l’ignore, répondit-il l’air déconcerté. Ça ne lui plaît sûrement pas que tu veuilles qu’on laisse l’histoire de côté pour le moment. Je ne vois pas ce qu’il y aurait d’autre. Mais c’est étrange. Ça ne lui ressemble pas de réagir comme ça.

- A ton avis, où est-il allé ?

- Sûrement pas dans la Grande Salle, je pense. Peut-être dehors, il fait beau. Â»

 

C’était l’heure du déjeuner et tous les élèves allaient joyeusement vers la Grande Salle. Nous allions à l’inverse de la foule, en quête de trouver notre ami. C’est à ce moment que je croisai mon frère.

 

« - Salut, Automne !, dit-il avec un grand sourire.

- Salut, Peete, souris-je. Tu n’aurais pas vu mon ami Ethan ? Tu sais, le brun aux yeux bleus ?

- Oui, je crois l’avoir croisé dans les escaliers, répondit-il en réfléchissant.

- Merci ! Â»

 

Je m’en allai en faisant un petit signe à Peter. 

 

« - Il est peut-être dans la Salle Commune ?, proposai-je.

- Ça m’étonnerait, mais on peut toujours aller voir. Â»

 

Arrivés dans la Salle Commune, il n’y avait effectivement que le Préfet et Emerson.

 

« - Un problème ?, demanda-t-il.

- On cherche Ethan, tu ne l’aurais pas vu ?

- Désolé, Automne, il n’est pas venu ici. Je suis là depuis une heure et personne n’est entré, je te l’assure. Â»

 

Après un « Merci, Matthiew Â» déçu et un « Il faudrait savoir ! Â» énervé de la Grosse Dame, Hugo proposa d’aller dans la Grande Salle.

 

« - Et ne plus chercher Ethan ?, dis-je stupéfaite. Le laisser alors qu’il est peut être mal ?

- Il avait plus l’air énervé que triste. Peut-être qu’il veut être seul un moment. C’est difficile de dire ça, j’aimerais le retrouver, moi aussi, ajouta-t-il. Mais je ne pense qu’il veut réfléchir. Â»

 

J’étais hésitante. Je ne voulais pas faire comme si je m’en fichais, qu’on aille dans la Grande Salle en attendant qu’il arrête de bouder. Hugo ne semblait pas non plus très convaincu de ce qu’il disait. Après un silence, j’inspirai un grand coup puis lui dit :

 

« - On va le chercher ?

- On est déjà partis. Â»

 

Mais où aller ? C’était le problème. Nous avions beau chercher dans les couloirs, les étages, la bibliothèque, même les salles de cours, Ethan était introuvable.

 

« - Il est peut-être dans la Tour d’Astronomie ?, proposa Hugo.

- Ça vaut le coup d’aller voir, en tout cas Â», soufflai-je en me tenant à la rambarde de l’escalier.

 

Une bouffée d’espoir nous donna l’énergie de grimper jusqu’en haut. Mais arrivés dans les escaliers, ce n’était pas la voix d’Ethan que nous entendions résonner dans la Tour.

 

« - Va-t’en !, pestait une voix de garçon.

- Non, je ne m’en irai pas !, répliquait une voix féminine. Tu vas me dire ce que tu fais !

- Et en quoi ça te regarde ?, répondit l’autre d’un ton énervé.

- Je sais que tu mijotes quelque chose avec l’autre idiote !

- Je ne mijote rien et avec personne.

- C’est ça ! N’essaie pas de me faire croire ça, dit-elle avec agacement. D’autant plus que d’après ce que je vois...

- Je n’ai rien à te faire croire, tu n’as rien à faire ici alors fiche le camp, c’est clair ? Tu ferais mieux de t’occuper de tes affaires. A ce que je vois, tu en as, toi aussi.

- Oui, justement, en parlant de ça, je...

- Je n’en n’ai absolument rien à faire, trancha la voix masculine avec dédain. Je m’en fiche autant de ce que tu fais que de toi en terme général.  Alors maintenant, soit tu vires tes sales pattes d’ici, soit je m’assurerai que tu ne puisses plus continuer à fouiner dans ce qui ne te regarde pas.

- C’est une menace ?!, se révolta la fille sur un ton de défi.

- Disons simplement que c’est un avertissement que tu ferais bien de prendre au sérieux, rétorqua-t-il.

- Aurais-tu peur pour cette gourde ?, siffla-telle en reprenant puissance. Tu as peur que je réussisse ce que j’entreprends ?

- J’ignore et je me fiche éperdument de ce que tu fais !, explosa le garçon.

- Vraiment ? Dans ce cas, pourquoi est-ce que tu t’énerves comme ça ?

- Parce que tu m’empoisonnes les yeux et les oreilles, répliqua-t-il. Va-t’en. Maintenant.

- Je sais qu’il n’y a pas que ça. Tu tiens à elle ! Tu tiens à cette misérable geignarde !, ricana-t-elle.

- Je ne sais même pas de qui tu parles, répondit-il tranquillement.

- Oh, si, tu sais parfaitement. Cette pauvre cruche d’Hayleen qui a l’Aigle Triste comme minable sobriquet. Â» 

 

Les bruits de pas s’approchèrent. Hugo et moi eûmes tout juste le temps de nous cacher. J’entendis comme le bruit d’un livre se fermer, puis la première personne descendre les escaliers d’un pas rageant, suivie par l’autre. Mais à part leurs pieds, impossible de voir le reste et de savoir qui ils étaient.

 

« - Qu’est-ce qui vient de se passer, exactement...?, murmura Hugo en brisant le silence, quelques secondes après que les deux personnes soient parties.

- Je n’en sais strictement rien Â», répondis-je sous le choc.

 

J’étais tout simplement complètement troublée par ce qui venait de se passer. Apparemment, quelque chose se passait derrière mon dos. Et rien de bon. Si j’en croyais leur discussion, la fille me voulait du mal et soupçonnait le garçon de m’aider ou en tout cas de vouloir me protéger.

 

« - Tu n’as pas réussi à les reconnaître ?, demanda Hugo d’une voix légèrement tremblotante.

- Non... J’ai essayé, mais leurs voix étaient un peu comme brouillées, tu ne trouves pas ?

- Peut être un sortilège, dit-il avec intelligence, l’air concentré. Au cas où des visiteurs indésirables seraient venus les espionner.

- Il faut trouver Ethan au plus vite Â», dis-je en me secouant mentalement. 

 

Hugo hocha la tête d’un air grave. Le souci, c’est que nous avions déjà cherché dans tout le Château. Il pouvait s’être déplacé depuis le temps. Il ne restait plus qu’à ratisser Poudlard une fois de plus. Quoique l’on n’était pas encore allés voir dehors ni dans la Grande Salle. Mais le parc était désert.

 

« - Il ne reste plus qu’à aller voir dans la Grande Salle, dis-je essoufflée.

- Par Merlin, où est-ce qu’il est passé ?!, souffla Hugo qui semblait à présent vraiment inquiet. Et que fait-il ?

- C’est ce qu’il va nous dire quand on l’aura enfin retrouvé. Â» 

 

Arrivés dans l’immense salle, il était un peu difficile de trouver notre ami dans tout ce monde.

 

« - Phil ! Tu n’aurais pas vu Ethan ?, demanda Hugo.

- Je crois qu’il est tout proche. Â»

 

Je me retournai pour voir celui qui avait parlé : c’était lui !

 

« - ETHAN !, m’entendis-je crier de surprise et de soulagement. Par Merlin, où est-ce que tu étais ?

- On a fouillé le château de fond en comble !, ajouta Hugo l’air faussement indigné.

- Il faut parler ailleurs Â», répondit Ethan précipitamment.

 

J’échangeai un regard inquiet avec Hugo. Pas que j’avais atteint l’âge de l’expérience, mais je savais que ça n’envisageait jamais rien de bon.

 

« - Ça m’a énervé que tu veuilles laisser de côté ça, expliqua Ethan une fois que nous étions sorti de la Grande Salle, et que tu préfères même plutôt te soucier de Scorpius. J’ai trouvé qu’il avait un air vraiment bizarre et à la fin du cours, je me suis demandé s’il ne te faisait pas un chantage ou je-ne-sais-quoi et que tu aies eu peur de nous le dire. Alors, je l’ai suivi. Il a réussi à se faufiler dans la bibliothèque, derrière Mme Pince qui était occupée à réprimander quelqu’un qui avait écorné une page. Je l’ai attendu caché pour ne pas me faire repérer. Quand il est ressorti, peu de temps après et l’air vraiment nerveux, il avait un énorme livre dans son sac –j’en voyais dépasser un coin. Il est reparti dans les escaliers en courant, je me suis remis à le suivre. Mais juste avant qu’il n’entre dans la Tour d’Astronomie, Peeves qui se trouvait là a trouvé intelligent de nous lancer du pain en s’esclaffant, ce qui a bien sûr fait retourner Scorpius qui m’a vu. Il m’a demandé ce que je fichais là et je lui ai dit qu’il avait l’air louche et que je comptais voir ce qu’il préparait à nouveau. Il m’a bien évidemment envoyé paître et menacé mais m’a assuré que ça n’avait rien à voir avec toi. Alors j’ai fait semblant de n’en n’avoir rien à faire et je suis parti vous chercher pour qu’on le coince tous les trois, mais impossible de vous trouver. 

- Il ne t’a pas menti, dis-je après quelques secondes de silence –le temps d’intégrer tout ça. Il ne m’a pas encore entraîné dans une affaire douteuse. Je blaguais en parlant de plutôt s’occuper de Scorpius, assurai-je. Enfin, plus vraiment maintenant... Car nous aussi, il faut que l’on te raconte quelque chose. Â»

 

Les yeux d’Ethan se voilaient d’inquiétude au fur et à mesure de notre récit. A la fin, ils lançaient des éclairs.

 

« - ... Mais malgré notre proximité, on n’a pas réussi à les démasquer, termina Hugo. On pense qu’ils auraient lancé un sortilège pour cacher leur voix.

- Mais maintenant, ajoutai-je, on sait qui était le garçon.

- Scorpius Malefoy Â», compléta Ethan.

 

L’océan de ses yeux, d’habitude si calme, semblait se déchaîner en une tempête effroyable.

 

« - Et la fille ? Tu n’as croisé personne ?

- Je ne sais pas, c’est vous que je cherchais, répondit-il.

- Vous savez quoi ?, finis-je par dire.

- Quoi ?, répondirent-t-ils en même temps.

- Ça ne fait que deux mois que nous sommes à Poudlard, et par Merlin, il s’en est plus passé qu’en deux ans ! Â», éclatai-je de rire.

 

D’abord interloqués, Hugo et Ethan rirent à leur tour. C’est avec un grand soulagement que je vis la tempête se calmer dans les yeux de celui-ci.

 

« - Le pire, dis-je, c’est que j’essaie de me persuader que le fait qu’une fille prépare quelque chose contre moi n’est pas grave mais ça ne marche même pas.

- Hélas, soupira Ethan.

- Pourquoi Scorpius avait l’air si fatigué, à votre avis ?, demanda Hugo en fronçant les sourcils. Et quel livre il avait pris ?

- Ça reste un mystère pour ce qu’il bidouille, répondit-il. En revanche, le livre, je crois avoir une petite idée.

- Tu n’en n’as vu que le coin, non ?, dis-je.

- Oui, mais c’était un gros livre marron et vieux. Et s’il... s’inquiète pour toi, comme le soupçonne la fille, c’est plausible qu’il ait prit... Le conte de l’Aigle Triste.

- Pardon ?!, m’écriai-je. Tu ne crois quand même pas cette hypothèse ! La fille, sous le coup de l’émotion, à peut-être imaginé des choses.

- Mais ce n’est pas le style de Scorpius de partir vaincu, rappela Ethan avec un petit sourire. Après qu’elle ait dit ton nom, il est parti. En plus, pourquoi être allé dans la bibliothèque aussi méfiant ? A tous les coups, le soit disant élève –qui était de Serpentard- ayant écorné une page était une « diversion Â» pour que Mme Pince regarde ailleurs  pendant que Scorpius allait dans la Réserve chercher le conte.

- C’est...

- Tiré par les cheveux, compléta Hugo en hochant la tête.

- Merci !, dis-je.

- ... Cependant, je dois reconnaître que ça s’emboîte quand même pas mal.

- Hugo !, m’exclamai-je scandalisée. Sérieusement ? Scorpius, se soucier de moi ? Jusqu’à ne pas en dormir ?

- Peut-être qu’il a une raison –malsaine ou PAS. Et puis pourquoi être allé aussi loin pour étudier un simple livre ? Ça n’a pas de sens. Il n’avait forcément pas envie d’être vu.

- C’est un endroit qui compte pour lui, c’est tout, il avait envie d’être au calme !

- Ce n’est pas tellement son genre, dit Hugo avec l’air d’un grand sorcier à la barbe longue.

- Honnêtement, soupirai-je en sentant un mal de crâne commencer à venir. Vous disiez il n’y a pas quelques jours de ça que Scorpius n’avait pas de cœur. C’est totalement illogique.

- Et tu nous en as prouvé le contraire, non ?

- Oui, mais... Je ne sais pas... C’est impossible !

- Au contraire !, ajouta Ethan.

- Très bien, admis-je en me massant la tempe. ADMETTONS qu’il cherche quelque chose sur moi. Ce n’est sûrement pas pour m’aider. Plutôt pour me nuire. Alors, la fille interprète son comportement étrange et sa fatigue par une recherche pour m’aider. Elle est en colère, elle l’accuse, il finit par en avoir marre, il s’en va. Â»

 

Je les regardai en quête d’espoir. Ethan inspira profondément.

 

« - Hummm... NON.

- Négatif, ajouta catégoriquement Hugo.

- Et pourquoi mon hypothèse ne serait pas possible ?!, dis-je. La vôtre est quand même plus dingue.

- Mais la tienne ne colle pas, dit-il en secouant sa chevelure flamboyante.

- Parfait. Scorpius passe ses nuits à vouloir m’aider quitte à voler dans la Réserve le conte de l’Aigle Triste qu’il va lire seul dans la Tour d’Astronomie, victime d’une fille maléfique qui complote sur moi et soupçonne Scorpius de m’aider. Il est rendu tellement faible par la fatigue et les efforts qu’il donne pour m’aider –tout en m’insultant dans la journée quand il me croise- qu’il s’enfuit de peur de se faire démasquer. Ça colle, ça ?

- Tu ne vois pas assez loin, rit Ethan. Ou alors, il veut t’aider car il a deux dettes envers toi et veut peut être chercher à te sauver. Afin de s’en débarrasser le plus vite possible, il déploie tous les moyens pour trouver la solution : voler le conte dans la réserve pour trouver LE détail car il est loin d’être bête –et il le sait, soit dit en passant, ce qui le pousse à vouloir trouver encore plus vite- et le travailler seul éloigné de tous pour ne pas se faire voir. Il continue à être mesquin afin de ne pas ternir son image mais ne veut pas se faire démasquer car j’imagine que Mr Malefoy ne supporterait pas qu’on dise de lui qu’il aide quelqu’un. Ça colle déjà plus, non ? Â»

 

J’en restai bouche bée de stupeur. Effectivement, et ça me tuait de le penser, mais c’était vraiment logique. Même Hugo sembla surpris. Ethan, fier de son petit effet, me regarda de biais, puis voyant que je ne savais quoi répondre, claqua ses mains et lança joyeusement :

 

« - On va manger ? Â»

 

Nous eûmes juste le temps d’attraper une pomme avant que les plats disparaissent de la table, remplacés par les desserts.

 

« - Si vous voulez mon avis, dit Hugo en regardant son fruit d’un air mécontent, Scorpius prend un peu trop de place dans l’histoire.

- Mais au moins, il nous aide à la résoudre !, répondit Ethan en observant la table des Serpentard. Alors oui, on entend un peu trop parler de lui à mon goût, mais étant donné ta situation, Automne, on comprend pourquoi !, rit-il.

- On n’a qu’à laisser Scorpius essayer de m’aider dans son coin. On n’est pas censés être au courant, donc c’est mieux ainsi. J’en ai quand même marre qu’on se prenne la tête à chaque fois à cause de moi. Pourquoi ne pas se préoccuper de plus important ? Â»

 

Répondant à ma demande avec un rire, Hugo commença donc à parler du match de Quidditch de samedi. Pendant qu’il pariait sur le score avec Ethan, je jetai un rapide coup d’œil à la table des Serpentards : Scorpius avait l’air de vouloir commettre un meurtre –certainement à cause de la fille. Lorsque je croisai son regard, j’eus peur qu’il devienne encore plus furax, mais sa bouche se déforma en un étrange rictus et à mon plus grand désarroi, il baissa les yeux.

Quelque chose de vraiment malsain était en train de se tramer derrière mon dos.  

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