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Chapitre 16 : Le bal de Noël

« - Désolé, Harry !, s’excusa Neville alors qu’il se précipitait hors de la salle de classe.

 

- Pas grave Â», répondit vaguement l’intéressé en massant l’épaule qui venait d’être presque arrachée contre la porte.  

 

On y était, le jour du bal –ou le Jour J, comme disaient certains- et la dernière heure de cours de la journée venait enfin de s’achever. Beaucoup, comme Lavande ou Parvati, n’avaient pu tenir sur leur chaise sans trépigner à tout bout de champ, même sans la moindre mention de la soirée dansante ; quelques uns, comme Neville, s’étaient peu manifestés durant la journée mais avaient quasiment déraciné leur chaise au moment précis ou la dernière sonnerie avait retenti ; enfin, de rares élèves tels qu’Hermione avaient passé la journée à lever les yeux au ciel –sans pour autant cesser de se ronger un ongle. Quant à Harry, il faisait partie de ces gens stressés qui ne disaient rien mais pensaient beaucoup. Il ignorait qui d’autre était dans ce cas-là, mais il n’était très sûrement pas le seul à être partagé entre la hâte et la peur.

 

Concernant Drago, il ne l’avait pas vu depuis le cours de potions (la dernière heure de la matinée). Harry avait espéré en discuter avec lui et de prévoir un rendez-vous d’Avant-Bal, mais le blond avait été formel :

 

« - On ne se reverra pas avant la Grande Entrée, avait-il annoncé d’un air solennel.

 

- Môôôh, mais c’est qu’il se croit à un mariage ! Â», s’était moqué Harry en réponse, la bouche en cÅ“ur et une furieuse envie de rire.

 

Suite à quoi le Serpentard lui avait frappé le crâne avec son livre de potions en mugissant des insanités telles que « Abruti sans classe ni panache Â» « Briseur de mythe Â» ou « Vieux  polochon refoulé Â» -que personne n’avait entendues puisqu’ils étaient tous partis à la Grande Salle.

 

Il avait néanmoins respecté le choix, d’apparence un peu niais, du Serpentard : Harry savait, ou du moins pensait avoir deviné que ce souhait était une excuse pour réfléchir et se préparer mentalement seul. Il pouvait le comprendre dans la mesure où il en avait lui-même besoin.

 

« - Que la folie commence, soupira soudainement Ron, interrompant les pensées du  brun.

 

- C’est bien apocalyptique, comme réflexion, fit-il en haussant un sourcil perplexe. C’est pas non plus la Troisième Guerre mondiale.

 

- Hermione a les nerfs à fleur de peau –ou un truc du style, je sais plus trop c’est quoi comme expression. J’ai cru qu’elle allait m’arracher le bras quand j’ai écrasé sa plume du coude sans faire gaffe.

 

- Bah, répondit Harry en un haussement d’épaules indifférent. Elle est juste légèrement nerveuse aujourd’hui. Et de toute manière, elle t’en veut toujours.

 

- Elle est où, d’ailleurs ?, demanda le rouquin en remarquant que leur meilleure amie avait disparu.

 

- Allée se préparer, je pense, répondit-t-il avec justesse, comme en 4ème année.

 

- Mais c’est dans longtemps !, s’écria-t-il.

 

- Ça lui prend longtemps pour se préparer. A ce propos, fit Harry avec un sourire, tu vas remettre ta sublime tenue de soirée ?

 

- Heureusement que non, souffla Ron avec soulagement. J’ai celle que Fred et George m’ont offerte.

 

- Je suis sûr que tout le monde regrettera les froufrous de l’ancienne, rit-il. Elle t’allait si bien.

 

- C’est ça, fous-toi de moi Â», rétorqua son meilleur ami en lui tapant le bras.

 

Harry sourit et replaça son sac sur son épaule. La neige tombait en grande quantité, ce jour-là ; l’ambiance de Noël, renforcée par les nombreuses décorations qui ornaient un peu partout le château, ne faisait que s’intensifier.

 

Ce matin, Harry avait ouvert ses cadeaux : il avait reçu une paire de chaussettes de la part de Dobby (l’une avait des motifs de Noël tandis que l’autre était ornée de divers dessins multicolores), un livre de conseils pour devenir Auror de la part d’Hermione, les figurines emblématiques de l’équipe irlandaise de Quidditch de la part de Ron ; et bien évidemment, des gâteaux, des bonbons et l’éternel pull cousu main avec un « H Â» gravé devant, de la part de Molly Weasley. Concernant Drago, il n’avait laissé qu’une lettre :

 

« Je n’ai jamais aimé ouvrir mes cadeaux le matin. C’est vrai, on a la tête dans le pâté, comment peut-on se rendre pleinement compte de la beauté d’un cadeau ?! Parce que je sais pas toi, mais personnellement, j’ai toujours de la buée dans les yeux et mon oreiller dans le crâne.

Bref, il faudra attendre ce soir. On l’ouvrira après le bal, ensemble.

Ah, au fait : joyeux Noël. Â»

 

Il n’avait même pas eu besoin de signer pour savoir que ça venait de lui. Harry avait souri et avait trouvé que c’était une bonne idée.

 

« - On fait quoi, maintenant ?, demanda Ron alors qu’ils venaient de se poser dans un sofa de la Salle Commune. Il reste environ un milliard de siècles avant le Bal. On va pas attendre tout ce temps-là.

 

- Qu’est-ce que tu proposes ?, fit Harry en posant sa nuque contre le dossier.

 

- Étant donné que mon cerveau a une flemme monstre de faire des échecs, rien de tel que du Quidditch pour passer le temps et se détendre un peu, non ?

 

- Bonne idée. Allons-y. Â»

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Drago jeta un coup d’œil à sa montre : 19h32. Il restait précisément 28 minutes avant le bal et il avait beau être prêt depuis une demi-heure, il n’en restait pas moins anxieux.

 

« - T’as l’air parfaitement ridicule Â», souffla-t-il à son reflet dans le miroir.

 

Il portait une tenue de soirée noire et simple, bien qu’élégante. C’était la mieux qu’il avait pu trouver –ainsi que la plus chère de la boutique, d’ailleurs. Elle lui allait divinement bien, et il aurait sans doute pu être le plus beau de la soirée, comme d’habitude, mais son éternel concurrent pouvait toujours faire pencher la balance. Le blond sourit ; Harry allait très sûrement être divin, lui aussi. Même avec une robe de princesse, il l’était –ou du moins, il l’imaginait, car il n’avait hélas pas pu le convaincre. Ils allaient former le couple le plus sublime de cette soirée dansante de niais, il n’y avait aucun doute là-dessus. Il se surprit, finalement, à avoir plutôt hâte.

 

Il réajusta, pour la énième fois en 5 minutes, le nœud papillon qui ornait sa chemise blanche.

 

« - Qu’est-ce que tu fous, Crabbe ?, siffla-t-il lorsqu’il croisa le regard idiot de l’autre crétin au fond de la chambre.

 

- Avec qui t’y vas ?, demanda-t-il de sa voix elle-même stupide.

 

- Ton costume va exploser, constata Drago en haussant un sourcil dédaigneux en remarquant que les boutons de sa chemise semblaient sur le point d’exploser. Prendre une taille en-dessous ne t’aminciras pas, tu sais.

 

- Ouais, marmonna l’autre en s’éloignant –il marchait comme un canard à cause de son pantalon trop serré. Et du coup, avec qui t’y vas ?

 

- Ça te regarde ?, rétorqua-t-il en reportant son attention sur le miroir.

 

- J’aurais voulu savoir, c’est tout, grogna-t-il en baissant le regard.

 

- Et toi ?, le coupa-t-il en étant nullement intéressé de la réponse.

 

- J’ai trouvé personne Â», répondit-il amèrement.

 

Tellement étonnant, pensa-t-il en levant les yeux au ciel.

 

« - Goyle y va avec Millicent Bulstrode, continua Crabbe d’un air presque chagriné.

 

- Tu m’en vois comblé de bonheur. Â»

 

Rien à cirer.

 

« - Je vais être tout seul, se désola-t-il en s’asseyant sur son lit.

 

- Pas cool. Â»

 

Non mais sérieusement, qu’est-ce que j’en ai à braire ?!, pensa Drago en secouant la tête. Il ne s’appelait pas Mme Remontelemoral, merci bien. Si Crabbe voulait un psychologue, il s’était gouré d’oreille.

 

« - Je peux pas rester avec toi ?

 

- Pardon ?!, fit Drago en se retournant, ébahi.

 

- Je demande juste, continua Crabbe. Tu peux bien faire ça pour moi.

 

- Même pas dans tes pires cauchemars, cracha-t-il avec un petit rire hautain. Tu crois quoi, que j’ai que ça à faire ? Merci bien, mais je ne compte pas passer ma soirée à faire du babysitting. Si tu veux pas rester tout seul, alors n’y va pas. Â»

 

Crabbe restait la bouche ouverte, le regard complètement vide d’émotions et d’intelligence.

 

« - Goyle à raison, s’énerva-t-il d’un ton qui se voulait menaçant –bien qu’au final, il ressemblait plus à un hamster russe à qui on aurait volé les graines qu’à un caïd. T’es vraiment nul. Â»

 

Drago haussa un sourcil.

 

« - D’accord, répondit-il simplement. Merci, tu peux dégager.

 

- Tu aurais été tout seul si on n’avait pas été là !, s’écria-t-il en serrant les poings.

 

- Bien sûr, et toi tu vas au bal avec une fille, ricana le blond. Allez, arrête de te faire du mal et vire de là. C’est clair ? Â»

 

Il s’était avancé et avait usé de son fameux regard d’acier ; et comme quiconque le croisait, Crabbe prit peur et sortit du dortoir sans regarder derrière lui. Drago se replaça devant le miroir et soupira.

 

« - Puissent les imbéciles être chassés à tout jamais de ce bon vieux monde pourri. Â»

 

Il se mettait à philosopher, maintenant ; il fallait croire qu’Harry l’avait encore une fois contaminé sur ce point. Il se fichait pas mal d’avoir fichu Crabbe en rogne, ce qui importait davantage était qu’il avait en partie raison : il était vraiment nul.

 

« - Mais je n’en n’ai strictement rien à battre Â», dit-il avec un rictus typiquement Malefoyien.

 

Il reporta son attention sur le petit paquet caché sous son lit, au ruban rouge et doré, et sourit presque timidement. Le cadeau d’Harry pour lui, qu’il avait reçu ce matin. Il mourrait d’envie, au fond, de savoir ce que c’était ; mais comme il l’avait précisé dans la lettre, pas avant ce soir. Il s’approcha, le saisit et l’observa sous toutes les coutures : le Gryffondor s’était vraiment donné du mal pour l’emballer, et il ne doutait pas une seule seconde qu’il avait dû s’y prendre à plusieurs reprises. Le papier cadeau était aussi brillant qu’une étoile, d’une jolie couleur argentée ; le ruban, comme indiqué précédemment, était rouge aux traits dorés et il portait même un petit griffon au centre. Il ne put empêcher un léger rire attendri. Typiquement Potterien, ça. Drago espérait que son cadeau plairait au brun, du moins il y avait mis tout son cÅ“ur.

 

Il regarda sa montre : 19h55. Il était plus que probable que beaucoup soient déjà là et dans 5 minutes, la majorité des élèves allait y être, mais pas lui. En effet, il s’était mis d’accord avec Harry ; afin de rendre leur entrée bien plus spectaculaire, il fallait que tout le monde soit présent, en train de se pavaner et d’avoir passé au laser les autres élèves. C’est pourquoi ils feraient ce que Drago appelait leur Grande Entrée à 20h15 tapantes.

 

Il avait déjà tout prévu de son côté sur ce qui allait suivre, et le brun n’était pas au courant de tout. La soirée promettait d’être riche en émotions.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Je suis bien, comme ça ?

 

- Pour la 192ème fois, oui, tu es nickel. Â»

 

Harry  ne cessait de se ronger les ongles tout en faisant les cents pas, se trouvant prêt à un moment donné puis en pleine panique l’instant suivant.

 

« - Il est 20h, rappela Ron en regardant sa montre. Tu viens ?

 

- Vas-y, répondit Harry en secouant la tête. On arrivera dans un quart d’heure.

 

- T’es sûr ?, insista son meilleur ami avec inquiétude.

 

- Sûr chaussure, confirma-t-il avec un sourire en posant une main rassurante sur son épaule. Vas-y.

 

- Alors à tout à l’heure Â», le salua le rouquin en passant la porte du dortoir, souriant.

 

Et il ferma la porte, laissant le brun seul. Il s’assit sur son lit et se passa une main derrière la nuque, anxieux. Voilà des semaines qu’il y pensait, des semaines qu’il se refaisait la soirée dans la tête, des semaines qu’il se préparait mentalement (même s’il n’avait pas toujours été certain), et on y était. Et il ne s’était jamais senti aussi stressé et aussi peu préparé. Pourtant, question préparation, il y avait mis du sien : après le Quidditch, il avait pris soin de prendre une longue douche en utilisant un shampoing à l’amande et à certaines fleurs exotiques dont il ne retenait jamais le nom, accompagné d’un gel douche senteur rose, iris et vanille ; suite à quoi il avait laissé sécher ses cheveux (il savait que Drago les préférait désordonnés), brossé ses dents et enfilé sa tenue de soirée qui lui allait par ailleurs à merveille, parfaitement repassée et parfaitement ajustée. Sans compter les cours de danse avec Hermione. Si avec ça, il ne dégageait pas fière allure, il ne savait pas quoi rajouter.

 

Il observa la lune au travers de sa fenêtre et sourit ; à chaque fois qu’il la voyait, même si elle n’était pas pleine, elle lui faisait penser à Lupin –et par conséquent, à son père et à Sirius. Ce qui entraînait toujours quelques minutes qui l’entraînaient dans la mélancolie, mais il en était tout de même heureux. Il laissa ses penser divaguer au loin, perdu dans le clair de lune.

 

Le « bip bip Â» de sa montre le ramena à l’instant présent et il constata qu’il était déjà 20h13. Il se leva dans un mouvement si brutal qu’il en fit tomber le livre d’Hermione, et avoir l’avoir ramassé d’un geste maladroit, il se regarda une dernière fois dans le miroir, arrangea une dernière fois sa tenue, inspira un grand coup et ouvrit la porte de son dortoir.

 

Évidemment, la Salle Commune était vide –et tant mieux. Son cÅ“ur martelait si fort dans sa poitrine qu’il semblait sur le point de partir à toute vitesse si le brun ouvrait la bouche ; il marchait d’un pas vif et empoté qui le fit trébucher à deux reprises, puis il s’arrêta à l’angle d’un couloir pour respirer encore un peu. Arrête de stresser, pensait-il inlassablement –bien que cela ne fit pas grand effet. Tu vas transpirer à force d’angoisser. Et si tu transpires, c’est le truc le moins classe du monde. Et au revoir l’odeur de tiaré ou je sais plus quoi. Il se jura de tuer l’inventeur du déodorant qu’il s’était pulvérisé en masse si jamais il faillait à sa tâche et reprit sa marche.

 

A 20h15 précises, il arriva enfin à l’endroit où il avait pris son rendez-vous avec le blond, non loin de l’escalier principal conduisant directement à la Grande Salle ; on pouvait entendre d’ici la musique, les rires et le brouhaha joyeux qui s’en dégageait. Harry constata avec horreur que le Serpentard n’était pas là et son esprit s’emballa immédiatement –tout comme son rythme cardiaque. Et s’il ne voulait plus y aller ? S’il le lâchait d’un coup parce qu’il avait prit peur ? Ou s’il lui était arrivé quelque chose ? Et si...

 

« - Très ponctuel, comme j’aime. Â»

 

Harry se retourna brusquement et vit Drago, les mains dans les poches de sa robe de soirée. Un semi-sourire lui étirait le coin de la lèvre droite et ses cheveux étaient proprement coiffés, mais il avait laissé une seule mèche se barrer. La mèche préférée d’Harry, qu’il s’amusait beaucoup à tortiller lorsqu’ils étaient tous les deux. Le brun rougit immédiatement, ne pouvant détacher son regard de l’homme qui se tenait devant lui.

 

« - Toi aussi, fit Drago avec un léger rire en plantant ses yeux dans ceux de son petit-ami. Tes cheveux sont un véritable désastre. On dirait qu’il y a eu une tempête, la guerre, un tremblement de terre et une fiesta là-dedans. »

 

Le Gryffondor sourit, dans l’incapacité totale de parler. Drago s’approcha lentement de lui et l’embrassa avec une rare tendresse. Le brun retrouva enfin l’usage de la parole.

 

« - Pourtant tu aimes bien, fit-il, légèrement bégayant.

 

- J’adore. Â»

 

Le blond lui tendit son bras avec un faux-air fier, et lui adressa un sourire éclatant.

 

«  - Allons-y, et que la fête commence Â», murmura-t-il.

 

Harry mêla son bras au sien et ils s’approchèrent de l’escalier principal avec assurance –Drago, du moins. Le Gryffondor avait perdu son courage légendaire et était simplement mort de peur. Son petit-ami sembla le remarquer et lui pressa légèrement le bras, accompagné d’un léger sourire qui signifiait : « Tout va bien se passer. On est ensemble, on va tout péter et on est là pour frimer et s’amuser. Â» Il suivit son conseil et releva le menton, bien décidé à ne pas paraître froussard.

 

Ils descendirent enfin la première marche, en plein centre de l’escalier, éclairés par les nombreux luminaires et torches du grand couloir. Quelques couples discutaient encore en bas de l’escalier, et il ne se passa pas deux secondes avant le premier choc.

 

Les premiers regards se tournèrent vers eux et passèrent progressivement de la surprise au choc jusqu’à l’ébahissement suprême. Tandis que les filles ouvraient une bouche bée en voyant le couple descendre dignement les escaliers, les hommes fronçaient les sourcils tout en ouvrant de grands yeux. Pansy Parkinson, qui se trouvait accompagnée d’un Serpentard nommé Rickey Stevenson, plaqua ses mains contre sa bouche d’un air effaré. Drago ne daigna même pas lui accorder un regard et sourit à Harry, qui lui retourna la même chose.

 

On pouvait s’attendre à de nombreuses remarques çà et là, mais les élèves devaient être encore trop en état de choc pour parler ; et le silence avait empli le couloir, si on pouvait parler de silence étant donné que toute l’agitation régnait plus loin, dans la Grande Salle.

 

Ils achevèrent leur descente des escaliers et se préparèrent pour la fameuse Grande Entrée. Les portes étaient grande ouvertes, bien entendu, mais tout le monde était encore plongé dans ses bavardages et admirations. La décoration était semblable à celle du dernier bal, mais c’était encore plus beau et plus scintillant ; il y avait également de grandes banderoles attachées sur les murs, au couleurs de la décoration. C’était magnifique.

 

Drago pressa une nouvelle fois le bras d’Harry, qui inspira un grand coup et lui jeta un regard inquiet. Le blond sourit et l’entraîna dans la Grande Salle.

 

Les premiers couples, qui discutaient juste à côté de la porte, les remarquèrent en premier ; et ce fut à peu près la même réaction que pour les autres dans le couloir –qui entre temps, s’étaient précipités dans le réfectoire redécoré-, à la seule différence qu’ils ne laissèrent pas échapper leur voix.

 

« - Oh la vache ! Â», s’écria une Serdaigle d’un air ahuri, ramenant l’attention sur elle et sur le couple phare.

 

Les élèves remarquèrent très rapidement Drago et Harry se tenant amoureusement et fièrement le bras, et s’il y eut un silence d’abord, l’effusion ne tarda pas à exploser.

 

« - Malefoy et Potter ?!

 

- Bordel de punaise de dingue !

 

- On le savait, non ?

 

- J’y ai jamais cru !

 

- Répugnant. Â»

 

Drago défiait du regard tout ceux qui se moquaient ou semblaient dégoûtés et négativement choqués par leur entrée, les faisant baisser le regard, sans cesser de sourire. Harry remarqua Luna, aux côtés d’un Neville déconcerté, qui lui fit un petit signe de la main. Ah, Luna, pensa-t-il en lui adressant un petit signe de tête. Si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer. Il remarqua également Ron et Hermione (simplement magnifique, d’ailleurs), qui souriaient à s’en craquer les joues. Au loin, Harry remarqua les professeurs : McGonagall ouvrait de grands yeux de chouette et semblait se remémorer leur bagarre,  Rogue faisait quelque chose avec son visage qui ressemblait à une grimace ahurie, Dumbledore semblait enchanté et on pouvait apercevoir un large sourire au travers de sa barbe.

 

Tout le monde autour d’eux les laissait passer, donnant l’impression qu’ils étaient au centre d’une haie, observés par des personnes dont le menton allait bientôt toucher le sol. Ils semblaient tous sous électrochoc.

 

« - Je crois que tes espoirs se réalisent, souffla Drago à son oreille. On a l’air de faire grande impression. Â»

 

Harry eut un petit rire, ne faisant qu’accentuer la stupéfaction des élèves quant à leur proximité. Puis Harry se rendit compte qu’ils continuaient toujours à marcher et qu’ils s’approchaient dangereusement de la piste de danse.

 

« - Attends, tu fais quoi, là ? Â», chuchota-t-il en sentant son cÅ“ur s’emballer.

 

Il avait le présentiment que la réponse du blond n’allait pas particulièrement lui plaire ; mais le Serpentard continua à sourire et ne répondit pas.

 

« - Bien, fit soudainement Dumbledore en se levant. Je pense qu’il est temps d’ouvrir la piste de danse. Professeur Flitwick, orchestre, à vous !

 

- Drago, non, non, répéta le Gryffondor en comprenant facilement ce qu’il comptait faire.

 

- Oh, si Â», dit Drago avec un sourire carnassier.

 

Il l’entraîna au centre de la piste alors que Flitwick préparait ses musiciens et que la foule autour d’eux créait un sentiment d’oppression qui fit à la fois rougir et tourner la tête à Harry.

 

« - J’ai peur Â», murmura-t-il en fermant les yeux.

 

Drago releva doucement son menton d’un geste aérien et lui sourit.

 

« - Aie confiance. Â»

 

Le Serpentard plaça sa main sur la taille de son petit-ami (manifestement, et comme Harry s’en doutait, il comptait diriger) tandis que lui-même plaçait sa main dans la sienne.

 

« - Prêt ?, souffla-t-il.

 

- Prêt. Â»

 

Et comme en une parfaite synchronisation, la musique se lança. Il l’entraîna avec délicatesse et avec rythme, faisant tournoyer le bas de leur robe en harmonie avec les variations que jouaient les instruments. Drago dansait merveilleusement bien ; et Harry, pour sa grande surprise, se sentait parfaitement à l’aise. L’admiration emplissait à présent la pièce et ils pouvaient sentir tous les regards sur eux, rendant à nouveau le brun aussi écarlate qu’un homard. Il prenait tant de soin à essayer de maîtriser ses pieds que son talon gauche décida de se barrer bizarrement un quart de seconde, mais il se ressaisit et Harry en profita pour inverser les rôles et devenir maître de la danse.

 

Drago ne cacha pas sa surprise quant à ce brusque changement et à vrai dire, il appréciait le fait d’être mené. D’autant plus qu’il dansait fichtrement bien, par Merlin ! Dumbledore et McGonagall les rejoignirent, suivis par d’autres professeurs, puis vinrent Neville et Luna, Hermione et Ron ; et enfin, les élèves se décidèrent à venir également danser.

 

Harry riait, sans trop savoir pourquoi, mais il riait ! Il était profondément soulagé et c’était comme si on lui avait ôté un poids de la poitrine. Drago l’observait, en totale admiration ; et lorsqu’Harry croisa son regard, il cessa de rire et plongea ses yeux dans les siens. Ils étaient tellement beaux.

 

« - Arrête de me regarder comme ça, Potter, tu vas les faire fondre, protesta Drago –alors qu’Harry venait tout juste de virer à gauche.

 

- C’est eux qui sont en train de me faire fondre, je me défends comme je peux Â», se défendit-il.

 

Drago sourit et la musique se termina en beauté. Les applaudissements fusèrent de toute part et la piste de danse fut en quelque sorte dissoute pour le moment. La soirée commençait véritablement.

 

« - Pas mal du tout, la danse, fit Hermione avec un clin d’œil alors que Drago était parti chercher des boissons.

 

- Merci, la remercia-t-il. Pas seulement pour ce compliment. Et tu es sublime.

 

- Tout comme vous l’étiez, dit-elle avec un sourire ravi.

 

- Il aurait fallu voir la tête des autres, s’exclama joyeusement Ron, c’était à mourir de rire.

 

- J’imagine bien, souffla Harry en détournant précipitamment le regard d’élèves qui chuchotaient en le regardant.

 

- Sans rire, félicitations pour cette entrée, vieux, fit le rouquin en lui frappant le dos. C’était brillant. Â»

 

 Il sourit, ne sachant trop quoi répondre, gêné par les nombreux regards lourds sur lui.

 

« - Je vais le rejoindre Â», fit-il avant de s’éclipser.

 

Ses deux meilleurs amis hochèrent la tête et allèrent rejoindre Neville et Luna, apparemment plongés dans une grande discussion.

 

« - Salut, Harry. Très belle danse. Â»

 

Ledit Harry se retourna, surpris, pour faire face à Ginny, très joliment habillée. Elle était accompagnée de Lucien Powell, qui fit un sourire mal à l’aise.

 

« - Merci, Ginny, répondit Harry en souriant. Tu es magnifique. Â»

 

La jeune rousse sourit en remerciement et s’éloigna avec le Serdaigle.

 

« - Goyle à monopolisé le bar, grogna Drago qui venait de revenir avec deux verres. J’ai quand même réussi à nous prendre deux Bièraubeurres.

 

- Merci beaucoup, le remercia-t-il. Je crois bien que tout le monde a été surpris, finalement.

 

- Tu crois ?, ironisa le blond en regardant autour de lui avec un éclat de rire. On aurait pu faire tenir une statue dans leur bouche. Au fait, niveau danse, tu t’en sors presque aussi bien que moi, félicitations.

 

- J’adore ce compliment, fit Harry en secouant la tête.

 

- Tu sais bien ce que ça veut dire, banane.

 

- Tout à fait. Alors à nous et à cette soirée.

 

- Cette soirée niaise Â», ajouta Drago en levant son verre.

 

La soirée se déroula tranquillement, alimentée par quelques « Ooooh Â» ou diverses réflexions lorsqu’ils ne partageaient ne serait-ce qu’un serrement de main affectueux. Parfois, des Serpentards qui dévisageaient Drago avec une profonde haine se repentaient au vu du regard foudroyant que leur adressait Harry. Mais certains étaient beaucoup plus tenaces et à un moment donné, Theodore Nott était même venu avec d’autres Serpentards –ayant manifestement laissé leurs cavalières respectives dans un coin pour le moment.

 

« - Vous êtes fiers de vous, hein ?, avait craché Nott en les regardant de haut en bas.

 

- C’est dégueulasse, pestiféra un de ses amis en appuyant sur la note. Vous êtes répugnants.

 

- Pas autant que ta face, je le crains, avait tranquillement répondu Harry tandis que Drago ricanait avec dédain. Dégagez de là.

 

- Qu’est-ce qui nous y oblige ?, avait courageusement persévéré un autre Serpentard.

 

- Le fait que vous soyez stupides, que votre présence nous ennuie et qu’il y a pas mal de professeurs dans cette salle qui ne seraient pas très contents de vous voir dégrader la soirée, avait répliqué Drago. Si vous avez un problème avec nous, ne prenez pas la peine de le dire, on s’en fout. Virez vos godasses de ce sol immédiatement. Â»

 

Et sur ce, ils avaient tous les deux souri et avaient entrelacé leurs mains, observant le groupe de Serpentard partir avec dégoût vers les filles qui les attendaient –sous le regard sévère de McGonagall.

 

« - T’as pas faim ?, demanda soudainement le blond.

 

- Pas vraiment Â», répondit Harry en bénissant la musique et le brouhaha de camoufler les bruits que produisaient son ventre.

 

Il n’avait surtout pas envie d’avoir une haleine de chacal, merci bien. Il avait été à fond sur le dentifrice et il n’allait pas gâcher ça.

 

« - Ton bide fait plus de barouf que les Bizarr’s Sisters actuellement, se moqua Drago en jetant un regard entendu au groupe de Rock sorcier qui se défoulait sur la scène. Alors si, tu as faim. Et moi aussi, d’ailleurs. Â»

 

Harry éclata de rire. Comment Drago faisait-il pour avoir une ouïe si fine ?

 

« - Rien ne m’échappe jamais, rappela-t-il avec un rictus fier. Allez, il y a ce qu’il faut sur le buffet. Si du moins Goyle n’a pas délaissé le bar pour se jeter dessus.

 

- J’ai vu que tu parlais avec des Serpentards, dit Harry à qui rien n’échappait non plus, alors qu’ils se dirigeaient vers les plats. Pendant que tu étais au bar.

 

- Évidemment, grommela le Serpentard en soupirant. Ces hypocrites ont fait des tests pour savoir si je n’étais pas sous Imperium, ou sous l’influence d’un Philtre d’Amour ou une connerie du style. Après les avoir gentiment envoyés bouler et leur ayant fait clairement comprendre que mes sentiments à ton égards étaient plus réels et plus forts que tout ce qu’ils ne ressentiront jamais, ils sont partis en maugréant des trucs du style « N’importe quoi Â»  ou « Il s’est pris un coup de balai sur le crâne Â». Quelles foutaises. Ils n’ont jamais vu deux hommes ensemble ?

 

- Je ne pense pas que ce soit ce point, rit Harry attendri. C’est surtout que ce soit nous.

 

- Ah, je comprends, dans ce cas, confirma Drago d’un air savant et entendu. Ils n’ont jamais vu une telle perfection, ça explique leur réaction. Â»

Il termina sa phrase sur un clin d’œil complice.

 

« - Quand je pense à Zacharias et Blaise qui pourrissent dans la conciergerie avec Rusard, ricana Harry en se délectant de la vision qu’il avait d’un Poufsouffle et d’un Serpentard croulant sous les paperasses tandis qu’ils étaient tous au Bal.

 

- Bande de vieux croûtons. Â»

 

Ils rirent et attrapèrent chacun de leur côté divers petits gâteaux d’apéritif ; rien que ça soulagea grandement le pauvre estomac du Gryffondor, qui commençait sérieusement à crier famine. Tant pis pour son haleine, il connaissait au pire un sortilège de nettoyage mentholé.

 

La fête battait son plein. Les Bizarr’ Sisters se déchaînaient sur des rythmes entraînants, tout le monde dansait avec joie et la tension qui s’était installée quant au couple de la soirée avait grandement baissé, pour le plaisir d’Harry qui s’était laissé entraîner dans une danse effrénée avec son cavalier, qui était plutôt mal à l’aise pour ce qui était des danses plus festives.

 

« - Arrête de te foutre de moi, protestait-il tandis qu’Harry le regardait avec un sourire amusé.

 

- Je ne me fous pas de toi !, contredit le brun tant bien que mal.

 

- Tes yeux eux-mêmes se marrent Â», grinça-t-il.

 

Harry l’empêcha de continuer à se plaindre en plaquant sa bouche contre la sienne ; mais ceci, personne ne le remarqua tant ils étaient tous perdus dans la frénésie musicale qui les entourait.

 

Béni soit Dumbledore, qui avait dû lancer un sortilège équivalent à la climatisation moldue dans la Grande Salle ; la chaleur qui y régnait avait été progressivement remplacée par un peu de fraîcheur environnante qui était sincèrement la bienvenue.

 

« - Je suis crevé, souffla Drago à la fin de l’une des chansons du groupe.

 

- Tu te fatigues bien vite, croassa Harry avec un éclat de rire dédaigneux typiquement Malefoyien.

 

- Je ne me suis pas autant exercé que toi pour le Quidditch, le fit-il remarquer. Alors boucle-là et allons nous asseoir un moment. Â»

 

Harry accepta cette proposition avec joie : il avait beau être sportif et endurant, il commençait également à fatiguer. Il se chargea de la mission d’aller chercher deux Bièraubeurres bien fraîches tandis que le Serpentard se reposait sur un des bancs de la Salle. En chemin, il croisa Hermione et Ron, qui dansaient ensemble et ne le remarquèrent même pas tant ils étaient absorbés dans leur contemplation l’un de l’autre. Harry sourit et arriva devant un petit groupe composé de Neville, Luna, Ginny, Dean et Seamus.

 

« - Bonsoir Harry, le salua Luna de sa voix rêveuse en faisant cliqueter ses boucles d’oreilles.

 

- Salut, vieux !, s’exclama Dean en lui frappant le dos. Et bien, pour une surprise c’est une surprise !

 

- Un sacré coming-out, effectivement, confirma Seamus en levant son verre. Félicitations pour vous deux.

 

- Merci, répondit le brun en rougissant légèrement.

 

- On te rassure, fit Dean, on ira pas demander pardon à Zacharias pour autant. Ce con a quand même menti et essayé de vous faire du mal. On reste de ton côté !

 

- Votre soutien me fait plaisir, sourit Harry avec sincérité. Vous passez une bonne soirée ?

 

- Avec l’ambiance que vous avez mise, plus que jamais !, affirma-t-il. Il est déjà 23h20. On va bientôt savoir qui seront le Roi et la Reine du Bal.

 

- Sur qui vous pariez ?, demanda Ginny d’un air intéressé.

 

- Toi et Lucien Powell font un très beau couple, répondit Harry poliment.

 

- Il est un peu chiant, en fait, répliqua-t-elle en haussant les épaules. Donc je ne pense pas que ce sera nous.

 

- J’ai le présentiment que ce seront Ronald et Hermione, fit doucement Luna en faisant tourner les regards vers elle.

 

- C’est vrai, fit Harry en hochant la tête et en regardant ses deux meilleurs amis rire en dansant. Ils resplendissent.

 

- Il fallait bien que ça arrive un jour, commenta Ginny en regardant son frère d’un air amusé. Il a toujours été dans l’ombre, ça lui ferait plaisir, au fond. Â»

 

Harry repensa à leur dispute en 4ème année, pour la raison que le brun était encore une fois mis en avant. Il espéra de tout son cœur qu’il soit nominé.

 

« - Je vous quitte là, dit-il à ses amis. Je devais aller chercher les boissons, à la base.

 

- A tout à l’heure ! Â», fit Neville avec un geste maladroit.

 

Il revint rapidement, deux gobelets en main, pour retrouver Drago... Accompagné de Rogue. Qu’est-ce qu’il fiche là, lui ?!

 

« - Potter, l’accueillit l’homme en haussant un sourcil.

 

- Bonsoir, professeur, fit Harry entre ses dents en donnant sa Bièraubeurre à son petit-ami.

 

- Vous passez une bonne soirée, je vois ?

 

- Excellente, rétorqua Drago en coupant Harry.

 

- Je vous laisse, dans ce cas. Â»

 

Le Maître des Potions s’éloigna de son pas traînant et alla rejoindre la table des professeurs.

 

« - Bon débarras, marmonna Drago après avoir bu une gorgée. Merci pour la boisson.

 

- Qu’est-ce qu’il te voulait ?, questionna le brun en s’asseyant à côté de lui.

 

- Il m’a dit que je prenais des risques, résuma Drago d’un air fatigué. Je lui ai répondu que j’étais au courant, merci bien pour ses conseils, et il m’a répondu quelque chose du style « Si vous n’avez cure de mes propos, imaginez qu’ils ne viennent pas de moi Â». Pertinent, au moins. Mais je m’en fiche et je n’ai pas changé d’avis.

 

- Je t’aime. Â»

 

Le blond tourna brusquement la tête, étonné par cette remarque inattendue. Il fut plus surpris encore de voir que l’émeraude de ses yeux brillait.

 

« - Je t’aime davantage Â», répondit-il en souriant.

 

Harry s’apprêtait à l’embrasser lorsque les Bizarr’s Sisters conclurent leur chanson et que la voix de Dumbledore se mit à résonner dans la Grande Salle.

 

« - Chers élèves, chers professeurs ! Â», fit-il en levant les bras, un sourire apparaissant sur son visage ridé.

 

Ils se levèrent et s’avancèrent, avec les autres, devant la grande estrade où se tenait Dumbledore et les autres professeurs.

 

« - Nous espérons sincèrement que vous passez une bonne soirée ! Â»

 

Des cris, des acclamations et des applaudissements lui répondirent.

 

« - Il est précisément 23h30, si j’en crois ma montre, continua Dumbledore, et comme vous vous en doutez, il est l’heure d’élire le Roi et la Reine de la soirée ! Â»

 

Les élèves hurlèrent et trépignèrent d’impatience. Harry jeta un regard à Drago et lui prit la main, que le blond serra avec confiance.

 

« - Je rappelle à tous que les élus devront faire un discours demain soir à 19h sur cette même estrade, sous l’œil et l’appareil photo des journalistes. Puisse le Roi et la Reine être les Représentants exemplaires de cette école de Sorcellerie qu’est Poudlard ! Â»

 

Les élèves applaudirent avec ferveur et Harry se sentait soulagé. Dumbledore parlait à chaque fois d’un Roi et d’une Reine, ce qui les éliminait assurément de la liste.

 

« - Les professeurs et moi-même nous sommes mis d’accord sur le choix de ces Représentants, fit le directeur en regardant la foule par-dessus de ses lunettes en demi-lune. Nous sommes entièrement sûrs que les élus ne décevront personne et sauront parler justement ainsi qu’agir avec droiture. Professeur McGonagall, veuillez me remettre le parchemin cacheté, je vous prie. Â»

 

La Sous-Directrice, paraissant légèrement excédée par le ton un peu trop officiel du vieux sorcier, alla chercher le parchemin en question et le lui remit sans cérémonie. Dumbledore, quant à lui, semblait pleinement profiter du moment et avait presque l’air aussi excité que les élèves. La tension était palpable et tous attendaient le verdict avec une hâte désmesurée. Le Directeur décacheta le parchemin, le déroula avec une lenteur délibérée et l’étira sur le côté.

 

« - Le Roi et la Reine de la soirée sont... Et bien, des exceptions au titre, puisque les élus et Représentants de Poudlard sont messieurs Drago Malefoy et Harry Potter ! Â»

 

Le choc qui saisit Harry arrêta son cÅ“ur avec une brutalité sans nom ; les projecteurs se tournèrent vers eux, englobant le couple dans un halo de lumière. Autour d’eux, les élèves eurent encore une fois une expression stupéfaite et au premier abord, un silence régna ; mais malgré la majorité des Serpentard qui croisa les bras avec répulsion et colère, les applaudissements et les cris de joie ne tardèrent pas à venir de part et d’autre.  

 

« - Félicitations !

 

- Bravoooooo ! Â»

 

Harry tourna presque automatiquement son regard vers Ron et Hermione ; le rouquin avait un sourire réellement heureux et applaudissait à côté d’une Hermione folle de joie, dont la coiffure élaborée sautillait avec elle. Luna, Neville, Dean, Seamus, Ginny et tous les autres élèves souriaient, quoiqu’ébahis par le choix du vote.

 

« - Messieurs les Rois du Bal, fit Dumbledore avec un grand sourire, veuillez monter à mes côtés, je vous prie. Â»

 

Harry jeta un regard paniqué à Drago : mais à sa plus grande surprise, celui-ci souriait paisiblement et ses yeux brillaient. Il lui prit doucement la main, déclenchant maints sifflements parmi le public, et il murmura simplement :

 

« - Je suis heureux d’être avec toi. Â»

 

Le Gryffondor ne put retenir une fine larme de couler sur sa joue, comprenant que le blond n’avait pas peur des conséquences. Celui-ci l’essuya rapidement et sourit de plus belle, puis main dans la main, ils grimpèrent les trois marches qui donnaient accès à l’estrade. Les acclamations étaient enjouées et redoublèrent de force lorsque Dumbledore leur serra à tous les deux la mains. Harry, qui pourtant était habitué depuis ses 11 ans à être sur le devant de la scène, sentit ses joues s’enflammer ; Drago, quant à lui, semblait parfaitement à l’aise et aussi sûr de lui que de coutume.

 

« - Mr Potter, Mr Malefoy, vous avez été élus Rois du Bal de Noël et devenez dès ce soir les Représentants de Poudlard, déclara Dumbledore –la voix toujours amplifiée. Nous vous remettons les Couronnes, bien entendu, et vous me voyez désolé qu’il n’ait pas été prévu deux couronnes pour homme. Celle pour femme est charmante et peut parfaitement être portée par l’un d’entre vous, je vous assure. Â»

 

Harry éclata de rire au vu du regard oblique de Drago.

 

« - Je suis d’accord pour la porter, fit-il haut et fort. Je sais que tu en meurs d’envie Â», ajouta-t-il à voix basse à l’adresse du Serpentard qui sourit avec amusement.

 

Il n’avait pas porté de robe, mais rien que pour le bonheur de son petit-ami, il allait endosser le rôle de la fille.

 

« - Très bien, fit Dumbledore d’un ton enjoué. Professeur McGonagall, veuillez me rem... Â»

 

McGonagall s’avança d’un pas rapide, ne le laissant pas finir sa phrase, et lui confia un coussin épais en soie rouge sur lequel reposaient deux magnifiques couronnes. L’une était d’or, épaisse et ornée de fausses branches et feuillages ; l’autre était argentée, plus fine et plus délicate, décorée de minces fleurs.

 

« - Merci Â», la remercia-t-il.

 

Le cÅ“ur d’Harry battait à tout rompre ; s’il avait été un des personnages du dessin-animé préféré de Dudley lorsqu’il était plus jeune, le muscle tambourinant sa poitrine aurait atteint les Grandes Portes. Il plongea ses yeux dans ceux de Drago, emplis de passion, d’admiration et de confiance. Dumbledore les plaça sur le devant de l’estrade de sorte à être entièrement vus de tous. Certains élèves ne regardaient même pas et se contentaient de les maudire ou de marmonner des choses telles que « C’était prévu, de toute manière Â» « C’est pas impartial Â» « Ils ne méritent pas le titre Â», mais la majorité criait, applaudissait et sifflait avec force et enthousiasme. 

 

« - Mr Malefoy, je vous remet donc la Première Couronne Â», fit Dumbledore en prenant avec habileté la couronne dorée.

 

Il la plaça délicatement sur la tête du blond, qui parut plus majestueux que jamais. La couronne semblait parfaitement adaptée à sa tête –peut-être y avait-il un sortilège. Mon Roi, pensa amoureusement Harry en sentant l’émotion lui serrer le cœur. Il était encore plus sublime que d’habitude.

 

« - Mr Potter, je vous remet la Seconde Couronne Â», termina le Directeur en saisissant la deuxième.

 

Le Gryffondor sentit la couronne d’argent se poser avec légèreté sur le haut de sa tête de cheveux bruns emmêlés, et rougit à nouveau lorsqu’il vit le regard émerveillé qu’avait Drago à son égard. Apparemment, elle lui allait aussi bien qu’à lui.

 

« - Messieurs Malefoy et Potter, fit Dumbledore en levant une fois encore les bras, vous êtes à présents les Rois du Bal de Noël et les Représentants de Poudlard ! Félicitations ! Â»

 

Une nouvelle vague d’applaudissements et de cris firent trembler les murs de la Grande Salle, puis des hurlements déchaînés s’y ajoutèrent lorsque Drago sourit, attrapa la nuque d’Harry et embrassa tendrement ses lèvres.

 

« - Félicitations ! Â», répéta le Directeur avec joie tandis que McGonagall essuyait des lunettes d’un air abasourdi, que Chourave ramenait ses mains contre ses joues avec attendrissement, qu’Hagrid ouvrait de grands yeux et que Rogue détournait le regard avec son habituelle grimace.

 

Drago se détacha de son Roi avec un léger sourire, et Harry tira soudainement sa main en l’air en signe de victoire. Le Gryffondor remarqua Hermione, dans le public, les larmes aux yeux.

 

« - Pour clore cette soirée, dit Dumbledore, une dernière danse ! Bien évidemment, j’invite les Rois à inaugurer la fin de ce dernier bal. Â»

 

Le couple descendit les escaliers, un sourire éclairant leur visage heureux, et ils rejoignirent comme prévu la piste de danse.

 

« - C’est toi qui porte la couronne de Reine, fit remarquer Drago. Alors...

 

- Et si on changeait les règles ?, le coupa ardemment Harry en plaçant sa main sur sa taille.

 

- J’adore quand tu bouleverses les règles, dit le blond.

 

- Je le fais depuis ma première année, et ça n’est pas prêt de changer. Â»

 

Drago éclata de rire et se laissa entraîner une dernière fois par le brun tandis que l’orchestre jouait, conduit par un Flitwick subjugué par l’harmonie des instruments. Harry avait peur que sa couronne ne tombe, mais elle semblait bien accrochée dans ses cheveux –il avait bien fait de les laisser désordonnés. Il redressa légèrement celle du blond, qui commençait à glisser un peu sur la gauche, puis comme au début du bal, les professeurs et les élèves vinrent danser à leur tour.

 

Et la soirée se termina ainsi, sur des acclamations diverses venant de toutes parts, des rires et beaucoup de bonheur ; même ceux qui avaient catégoriquement refusé le couple de Drago et Harry avaient cloué leur bec et se contentaient de rester dans l’ombre. Et encore mieux, Hermione avait embrassé Ron à la fin de la musique, ce à quoi Harry et de nombreux amis avaient applaudi.

 

« - Quelle soirée !, souffla Drago alors qu’ils venaient de passer la porte de la Salle-sur-Demande. Je suis crevé.

 

- Tout pareil Â», confirma le brun en s’asseyant sur le canapé.

 

Drago le rejoint et s’allongea à moitié sur lui, laissant sa tête reposer sur le torse musculeux du Gryffondor. Un silence doux prit place quelques secondes, durant lesquelles Harry s’amusa à jouer avec sa mèche blonde favorite ; puis il se rappela quelque chose.

 

« - Ton cadeau ! Â», s’écria-t-il en faisant légèrement sursauter le blond –et sa couronne par la même occasion.     

 

Drago rit, se redressa et sortit deux petits paquets de sa poche.

 

« - Sortilège de Réduction modulable Â», rappela-t-il avec un clin d’œil. 

 

 Il leur rendit leur taille normale et tendit son paquet à Harry : il était aussi rond que pouvait l’être une sphère, dans un papier cadeau aussi vert et brillant que celui qui étincelait dans les yeux du Gryffondor ; un ruban argenté l’enroulait.

 

« - Merci, murmura Harry devant la contemplation du paquet. Très bien emballé.

 

- Pas autant que le tient, fit le Serpentard avec honnêteté.

 

- Qui ouvre en premier ?

 

- Toi ! Â», s’exclama Harry immédiatement.

 

Il avait choisi son cadeau avec grand soin ; Drago commença le déballage du paquet rectangulaire avec soin et rit lorsqu’il vit : c’était un magnifique cadre avec la photo prise par Smith, qu’Harry avait conservé d’eux, à l’intérieur. Et ce n’était pas fini ; derrière le cadre était collé un tout petit paquet, aux mêmes couleurs que le premier. Drago le détacha du cadre, intrigué, devant un Harry fier de son petit effet, et l’ouvrit : c’était une chaîne élégante et fine, de laquelle pendait un serpent croisé à un griffon. Le tout restait argenté, excepté les légers traits rouges du griffon et les verts du serpent. C’était magnifique.

 

« - Wow, Harry, souffla Drago en soulevant la chaîne. Merci... Â»

 

Harry savait à quel point comptait le « Merci Â» de Drago. Le Serpentard retenait ses émotions mais avait sincèrement envie de pleurer. Jamais on le lui avait fait un tel cadeau. Cette photo, cette chaîne, ces deux choses allaient constituer ce qu’il y avait de plus précieux dans sa vie –avec Harry en tant que personne. Harry lui embrassa la joue, heureux de voir que son cadeau lui avait plu.

 

« - Allez, ouvre le tien, maintenant Â», dit Drago en posant ses cadeaux sur la table.

 

Harry sourit et s’empressa de déballer son propre cadeau. C’était effectivement une sphère, mais elle s’ouvrit en deux pour libérer une boîte carrée, d’une belle couleur bleu nuit. Il l’ouvrit et en perdit le souffle : c’était une montre à gousset, la plus belle qu’il n’avait jamais vue. Elle était dorée, délicate et finement ciselée. Elle semblait avoir été travaillée par des Dieux.

 

« - C’est la mienne, dit-il plus doucement tandis qu’Harry la contemplait avec ébahissement. L’héritage de ma famille qui passe à travers les générations depuis des siècles. Mais je l’ai faite reciseler et j’ai changé son socle. Â»

 

Harry retourna la montre et ce qu’il y vit lui fit immédiatement monter les larmes aux yeux : au dos de la montre étaient inscrites les initiales « H.P.D.M. Â» et en dessous, une fine inscription : « Les origines n’ont jamais déterminé l’avenir. Â» Ce qui signifiait énormément de choses à la fois.

 

« - Ça te plaît ?, demanda nerveusement Drago en se triturant les doigts.

 

- Si ça me plaît ?, bégaya Harry en relevant le visage tandis que des larmes d’émotions y glissaient. Sacré nom de Merlin, Drago. Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau. Â»

 

Il la posa sur la table, à côté de son cadre et de sa chaîne –qu’il trouvait maintenant bien ridicules- et se jeta sur lui en l’embrassant avec passion.

 

« - Joyeux Noël, Harry.

 

- Joyeux Noël, Drago. Â»

 

Le Gryffondor l’embrassa à nouveau et ils s’endormirent sur le canapé, entrelacés, si serrés dans leurs bras qu’ils donnaient l’impression que jamais rien ni personne ne pourraient les séparer –et c’était et serait à jamais le cas. 

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