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Chapitre 16: La clairière des Centaures

 

Heureusement, le ciel étoilé était dégagé, comme on pouvait le voir par la fenêtre de la Salle Commune. Ayant déjà fait tous nos devoirs, nous attendions patiemment que les derniers élèves -un groupe de 4ème année bavardant joyeusement- montent dans leur dortoir.

 

« - Quand est-ce qu'ils vont se décider à aller dormir ?, bailla Hugo.

- Il n'est que 23h30, répondis-je. Mais ils ne devraient pas tarder, à mon avis.

- On va être crevés demain !, rit Ethan en baillant à son tour.

- Mais ça vaut le coup, non ?, dis-je nerveuse.

- Ne t'inquiète pas, Automne !, me rassura Ethan en voyant mon air anxieux. Ça va bien se passer.

- Tu sais bien que les centaures n'apprécient pas les humains...

- Et tu sais bien que tu es différente des autres humains, dit Hugo avec un petit sourire.

- Mais ça ne fait aucune différence, Aigle Triste ou pas, ils n'aiment pas que les humains viennent sur leur territoire !

- S'ils sont tous comme Wale, c'est sûr, pouffa Ethan. Mais ils ne sont pas tous comme lui, j'en suis persuadé. C'est juste le leader ! Regarde Meryan, ou Gonath...

- Dans la majeure partie, ils sont tous à cheval sur les principes. »

 

Je n'avais pas fait exprès de faire ce jeu de mot nul. Ethan et Hugo me regardèrent, un sourire malicieux aux lèvres, avant de se décider à rire pour de bon, bientôt rejoints par mes propres éclats de rire. Je ne sais pas si c'était à cause de ça, mais le petit groupe se rendit compte qu'il n'était pas seul et les élèves préférèrent continuer leurs bavardages dans leur dortoir. Enfin, il ne restait plus que nous !

 

« - Il est temps de passer à l'action ! », dis-je en me levant.

 

C'était à la fois stressant et excitant de faire ça. Stressant parce qu'on risquait très, très lourd et excitant... Parce qu'on allait dans la Forêt Interdite parler aux centaures. Ça aurait pu faire peur, mais je savais que nous ne risquions rien de dangereux.

Nous avions minutieusement préparé notre plan. Et  malgré le fait que nous n'avions pas de quoi nous cacher, au grand désespoir d'Hugo qui n'avait cessé de parler de la cape d'invisibilité d’Harry Potter, nous avions étudié les recoins du château et nous étions quasiment sûrs de pouvoir sortir.

Afin de pouvoir sortir de la Grande Salle sans alerter la Grosse Dame, nous avions aussi prévu une excuse simple mais qui marcherait.

 

« - Sortir à une heure pareille ?, dit la Grosse Dame l'air soupçonneux.

- Nous avons un cours d'Astronomie, dis-je.

- Ce n'est pas le vendredi, habituellement ?

- C'est exceptionnel. Les autres sont partis bien avant. »

 

Elle nous dévisagea avant de nous laisser partir. Maintenant, il ne restait plus qu'à emprunter les couloirs où Rusard n'avait pas l'habitude d'aller. Ce n'était pas compliqué, il inspectait toujours les mêmes. Nous mettrons plus longtemps, mais c'était bien plus sûr.

N'osant même pas nous éclairer, nous nous faufilions rapidement dans les couloirs à la seule lumière de la lune qui n'était pas des plus fortes lorsque ce qui devait arriver arriva : Hugo se prit les pieds je ne sais comment et trébucha contre une armure qui s'écrasa contre le sol en un énorme « BANG » métallique. Pétrifiés, n'osant plus faire aucun mouvement, il ne se passa que 3 secondes avant que...

 

« - PEEVES !, hurla la voix rouillée de Rusard résonnant dans le château.

- COUREZ ! », s'écria Ethan.

 

Il ne servait plus à rien de marcher à pas de chat, à présent. Avec la grâce d'éléphants sur des échasses à roulettes, nous nous mîmes à courir le plus vite possible, oubliant quels couloirs emprunter. Notre seul repère, c'était qu'on avait entendu Rusard derrière nous. Donc peu importe par où on allait, mais il ne fallait pas faire demi-tour.

Haletants, essoufflés, le cœur battant à tout rompre, la sortie nous accueillit enfin. Mais pas le temps de s'arrêter reprendre son souffle. Si nous voulions ne pas être vus, il ne fallait pas rester là et foncer dans la Forêt, ce que nous fîmes. Nous sommes allés tellement vite dans la pente qu'évidemment, fidèle à moi-même, je glissai sur l'herbe encore humide et failli me briser le poignet en tombant et en roulant sur deux mètres -heureusement, Ethan avait réussi à me rattraper avant que je ne glisse plus loin. Cependant, malgré cette scène absolument ridicule, nous étions bien trop paniqués pour rire ; aussi, dès que fus remise sur pieds, je me remis à courir. En ayant bien pris soin de passer sous la fenêtre de la maison d'Hagrid, nous entrâmes enfin dans la forêt sombre et dense.

Ce n'est qu'arrivé assez loin qu'enfin je m'arrêtai, à bout de souffle, et m'assis contre le tronc d'un arbre, marmonnant un faible «Lumos ».

 

« - Merlin, souffla Hugo qui s'était lui aussi assis avec l'air de quelqu'un qui allait décéder.

- On peut dire que ça commence sur les chapeaux de roue !, ajouta un Ethan haletant en nous rejoignant sur le sol.

-  Je suis désolé, s'excusa Hugo en une moue gênée. Je n'ai pas regardé mes pieds et je n'ai même pas vu l'armure.

- Ça arrive, ris-je nerveusement. Elle était planquée dans l'ombre. Je ne pense pas que je l'aurais vue moi-même. »

 

Quelques secondes de silence passèrent.

 

« - Au fait..., commença Ethan.

- Hmm ?

- Comment on trouve les centaures, maintenant ? »

 

Merlin. Effectivement, c'était pour ça qu'on était là.

 

« - Il faudrait aller là où tu es allée avec Hagrid pour ta punition, proposa Hugo avec intelligence. Le seul souci, c'est de savoir où c'est. Parce qu'on a foncé dans la forêt, mais maintenant...

- Automne saura, dit Ethan avec un sourire.

- Il ne faut quand même pas oublier qu'il y a toutes sortes de bébêtes plus ou moins gentilles, ajouta Hugo, comme par exemple une colonie d'Acromantules...

- Tu ne risques rien, rassurai-je Hugo. N'oublie pas, ce stupide statut de Vie de la Forêt nous protège !

- Une colonie d'Acromantules !, dit-il un peu plus fort.

- Nous ne risquons rien, Hugo...

- Ethan, une colonie d'ACROMANTULES !, s'écria Hugo.

- Elles ne nous feront pas de mal, étant donné que...

- UNE SATANÉ COLONIE DE PUNAISES D'ACTROMANTULES ! », explosa Hugo en secouant Ethan par les épaules.

 

Ce hurlement fit trembler toute la forêt, suivi d'un très long silence inhabituel.

 

« - Niveau discrétion, c'était pas le top du top, murmurai-je pétrifiée. Ceux qui vivent ici risquent de ne pas apprécier des masses... »

 

C'était plus qu'évident. Les centaures allaient sûrement nous accuser de perturber la Forêt et je les comprendrais.

 

« - Venez, soufflai-je. Il faut bien commencer quelque part. J'espère quand même qu'ils ne seront pas trop énervés. Â»

 

Hugo paraissait dépité, mais je lui fis comprendre d'un regard que je ne lui en voulais pas. Ce n'était pas prévu et ça aurait mieux fait de rester silencieux, mais quand on a peur on ne maîtrise pas tout.

Je tentai de reconnaître là où on était allés avec Hagrid. Mais on ne pouvait compter que sur le hasard ! Les centaures nous avaient trouvés, moi et Hagrid, ils n'étaient sûrement pas en train de se balader et de tomber comme par hasard  sur des humains. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'ils nous trouveraient, et vite.

J'aperçus Ethan se frotter les bras nerveusement et Hugo trembler.

 

« - Vous avez froid ?, demandai-je en fronçant les sourcils.

- Pas toi ?

- J'ai... Chaud, à vrai dire. Sûrement le stress. »

 

C'est vrai, moi, j'avais chaud. Pas de là à transpirer, mais j'étais juste bien. Alors qu'eux semblaient frigorifiés. Il était plus que temps de les trouver, nous n'allions pas passer des heures à nous enfoncer dans la Forêt... Sombre et inquiétante, c'est avec méfiance que nous y marchions assez vite seulement éclairés de  nos baguettes. D'étranges bruits résonnaient çà et là. J'étais bien contente d'être avec Ethan et Hugo. Faites qu'un centaure arrive...

 

« - Vous ne devriez pas être ici. »

 

Ma demande avait été exaucée. Lorsque nous nous retournâmes, nous ne nous trouvions hélas pas face à Meryan mais heureusement pas face à Wale : c'était Gonath. Il n'avait pas l'air très content.

 

« - Oh, bonsoir, fis-je. Nous sommes là...

- Oui, nous savons, coupa-t-il calmement en croisant les bras. Les étoiles l'avaient prédit. L'Aigle Triste viendra lorsque questions il se posera. Vous êtes venu accompagnée, Gardienne.

- S'il vous plaît, appelez-moi Automne, je...

- Ici, vous êtes l'Aigle Triste, la Gardienne de la Forêt, la Vie de la Forêt. Vous êtes donc venue poser des questions.

- C'est exact.

- Vous faites erreur, dit-il durement. Nous ne révélons pas le secret des étoiles. De plus, vous avez dérangé l'équilibre de la Forêt », ajouta-t-il en fronçant les sourcils.

 

Hugo déglutit, me jetant un regard paniqué en biais.

 

« - Je suis horriblement désolée pour cet incident, répondis-je. Je vous en prie, j'ai besoin de vous poser des questions.

- Gonath ! »

 

Un autre centaure était arrivé derrière nous. Il paraissait bien plus menaçant et ressemblait un peu à Wale.

 

« - Explique-toi, Gonath, ou tu subiras le châtiment !, cracha-t-il.

- Calme-toi, Lakyr, répondit tranquillement Gonath. La Gardienne est venue.

- Et elle devait venir d'elle-même, dit Lakyr sèchement, non pas être accompagnée, surtout par un simple membre du clan. Tu devrais être puni pour ça, et tu le sais.

- Je n'ai fait que venir la chercher car elle ne nous aurait pas trouvée.

- Soit ainsi fait, c'était le Destin !, rétorqua Lakyr. Tu as osé changer la prédiction des étoiles. 

- Les étoiles stipulaient, selon vos dires, que je viendrais poser mes questions. Par conséquent, je vous aurais trouvé. Or si Gonath n'était pas venu, nous n'aurions jamais pu venir à vous et les étoiles auraient alors dit faux ! »

 

Gonath et Lakyr se tournèrent vers moi, surpris. Moi-même j'étais surprise une fois encore de mon audace mais ne laissai rien paraître. Gonath hocha discrètement la tête en clignant des yeux pour me remercier. Quant à Lakyr, il fronçait des sourcils. Sans rien dire, il se retourna et nous fit signe de le suivre. J'avais réussi ! Ethan et Hugo me firent un sourire encourageant. Après avoir marché en silence une vingtaine de minutes, nous arrivâmes alors devant une espèce de grotte dont l'ouverture était un espèce de rideau de plantes tombantes. Je suivis les centaures à l'intérieur et nous accueillit alors un spectacle incroyable.

 

On aurait dit être partis de la Forêt Interdite et arrivés dans un conte féerique. Nous étions en pleine nuit, mais ici, ça n'était pas le cas. Éclairée comme à la fin d'une après-midi par de petites lumières scintillantes (peut-être des créatures magiques équivalentes aux lucioles dans le monde moldu), l'immense clairière regorgeait de fleurs colorées et d'autres plantes, de couleurs variantes entre le bleu et le violet, grimpant aux arbres. Une odeur florale flottait dans l'air, accompagnée d'une musique douce qu'on aurait dit composée de harpes et de flûtes de pan. Les arbres formaient un cercle dont le centre était dégagé et laissait voir le ciel étoilé. Émerveillée, je ne savais où regarder. C'était merveilleux. Je m'y sentais tellement bien. Les centaures nous observèrent arriver, certains l'air choqué, d'autres l'air énervé, d'autre encore l'air curieux ou paisible.

 

Tout au bout de la clairière, une haie de centaures, comme des gardes, était formée. Je sus alors tout de suite que le centaure à l'air puissant qui était au bout était le chef du camp. A ses côtés, Wale demeurait froid.

Le Chef arborait, en guise de couronne, une longue tresse de fleurs dorées et argentées tout autour de sa tête. Un léger sourire contrastait avec le reste de son visage dur et déchiré d'une cicatrice barrant sa joue gauche.

Lakyr nous fit signe de nous arrêter et alla parler au Chef avec Gonath. J'échangeai un regard avec Ethan et Hugo. Ils paraissaient eux aussi fascinés du décor. Les yeux d'Ethan brillaient comme je ne les avais jamais vus briller auparavant. On s'accorda, d'un regard, à ne rien dire.

 

Soudain, Lakyr me fit signe de m'avancer et vint se placer à côté du Chef. Tremblotante, je me tournai vers mes amis qui secouèrent la tête d'un air indécis. Je m'avançai alors lentement vers le Chef, au milieu des haies de centaures qui s'inclinaient au fur et à mesure que je me rapprochais. C'était... Étrange et embarrassant. Je n'étais pas une reine ! Je n'étais qu'une petite fille de 11 ans...

Arrivée devant le Chef, je m'inclinai comme les centaures l'avaient fait pour moi.

 

« - Bonsoir, Gardienne de la Forêt », me salua-t-il.

 

Sa voix était grave mais étrangement douce. Ses yeux d'un bleu très pâle me regardaient avec respect. Je ne savais pas quoi répondre. Un « bonsoir » aurait été bien trop simple. Je me relevai, ne sachant quoi faire de mes membres. Il sourit.

 

« - Bienvenue dans notre communauté. Je me présente, le Chef Arkanael. Gardienne, vous êtes venue accompagnée, je vois. Qui sont vos deux compagnons ?

- Et... Ethan Davean et Hugo Weasley, répondis-je en bégayant.

- Ne vous inquiétez pas, me rassura-t-il. Vous et vos amis êtes en sécurité ici. Vous avez des questions, les étoiles l'ont dit. Veuillez m'accompagner plus loin afin que je puisse y répondre.

- Mon Chef, commença Wale, vous ne voulez pas...

- Merci, coupa Arkanael sans cesser de sourire. Reste avec les Poulains. »

 

Je lançai un regard inquiet à Ethan, qui me sourit d'un air rassurant, et suivis le Chef Arkanael. Il m'emmena à travers un nouveau rideau de plantes qui déboucha sur une autre petite partie de la clairière. L'ambiance était exactement la même. Il me proposa, dans un bol fait main, un étrange liquide doré qui sentait le miel et les fleurs. Je l'acceptai avec un petit « merci ».

 

« - C'est délicieux.

- Et naturel, sourit-il. J'imagine que vous savez ce qu'il y a ?

- Je dirais de la belladone, du dictame, des violettes, des pensées, du lierre, des pétales de rose, diverses herbes magiques, un léger filet de sève de pin et... Un élément que je n'arrive pas à identifier mais qui équivaut à du miel...

- Il s'agit de l'ingrédient secret des centaures, dit le Chef. Il va vous guérir d'avoir sauvé une créature condamnée. Vous avez bon sur le reste, Gardienne. Vous ne portez pas votre nom pour rien. »

 

Effectivement, je sentis la douleur à mon épaule s'atténuer progressivement pour disparaître. Arkanael s'approcha d'un arbre et observa silencieusement l'écorce. Il attendait apparemment que je parle. Allez, Automne, prouve que tu es une Gryffondor et PARLE!

 

« - Comment... Comment savez-vous, pour le Cynospectre ? Est-ce que les étoiles vous l'ont dit ?

- C'est exact, dit-il en se retournant avec un sourire mystérieux. Que savez-vous des étoiles ?

- Rien, c'est justement la raison de ma venue, répondis-je. Lorsque j'ai rencontré Wale, Gonath et Meryan, ils ont parlé d'un triste événement que les étoiles prédisent. Un triste événement qui me concerne. Je pense qu'il s'agit de ma mort.

- Et vous êtes venue demander davantage d'informations. »

 

Je hochai la tête. Il m'adressa un regard mystérieux puis reporta son attention sur les étoiles.

 

« - Vous savez, Gardienne, les étoiles prédisent énormément de choses, toutes différentes, à chaque minute. Ici, par exemple, dit-il en pointant du doigt une zone du ciel, cette partie représente à travers ses croisements d'étoiles le mélange entre le hasard et la naissance. Cela signifie qu'à une date que l'on ignore encore, une naissance aura lieu dans cette forêt. C'est très large, sourit-il. Il y a bien d'autres prédictions plus ou moins claires. En ce qui vous concerne, vous voyez cette constellation ? Elle a la forme d'un Aigle.  Il s'agit de vous. Vous avez une place dans le ciel. Vous avez une place dans l'avenir. Si vous mourrez, comme il est écrit dans la légende, alors ce ne sera que dans longtemps. Tout dépend de la définition de ce « longtemps », bien sûr. Mais je puis vous assurer qu'il vous reste de nombreuses nuits à vivre.

 - Chaque prédiction parle-t-elle d'une date ?, demandai-je.

- Non, pas toujours. La science des étoiles est infuse pour la communauté des Centaures, depuis que nous existons. Elle n'est pas toujours évidente, admit Arkanael de sa voix toujours aussi douce. Mais si nous avons une question, nous pouvons compter sur le ciel pour nous aider. Le triste événement dont vous parlez n'est plus écrit dans le ciel, je ne peux alors plus espérer pouvoir vous informer davantage. Peut-être  qu'il a changé. L'avenir change à chaque minute, à chaque geste que l'on fait, vous savez. La plupart des centaures ne pensent pas comme moi, sourit-il devant mon air d'incompréhension. Mais je le sais. Il n'est pas écrit à l'avance, Gardienne. Vous pouvez tout changer.»

 

Je le remerciai d'un hochement de tête et terminai le remède, troublée mais en paix. Il me fallut un certain temps pour assimiler toutes ces informations. Alors c'était bien vrai. Mon Destin pouvait changer malgré ce qu'avait dit le Conte...

Un élan d'affection injustifié pour le Chef Arkanael m'emplit le cœur. Il paraissait tellement sage et tellement juste. Toujours avec son léger sourire mystérieux et rassurant, il me raccompagna dans la clairière. Je fis un grand sourire à Ethan et Hugo, qui parlaient tranquillement avec Meryan.

 

« - Je vous remercie énormément, dis-je à Arkanael. Vous m'avez été d'une aide précieuse et je vous promets que je serai là pour vous aider si jamais, un jour... Enfin, si vous avez besoin de moi.

- Je le sais, Gardienne, rit-il. Vous serez toujours la bienvenue ici. Si vous aussi, avez besoin d'aide, vous saurez où me trouver. »

 

Il s'inclina et je fis de même, puis il me fit signe d'aller rejoindre mes amis. Meryan nous accompagna jusqu'à la sortie. Je jetai une dernière fois un regard pour la clairière, croisai le regard clair et bienveillant d'Arkanael puis revins dans la Forêt ou le changement de lumière me frappa. J'ignorais combien de temps j'étais restée avec les centaures, mais il fallait retourner au château, maintenant. Je sentis que la paix qui régnait dans la clairière allait me manquer.

 

« - Tu as l'ordre de tout nous raconter ! », dit Hugo.

 

Sur tout le chemin, où nous ne rencontrâmes aucune embûche, je leur rapportai le plus fidèlement possible ce que m'avait dit le Chef de la communauté.

 

« - Alors tout peut changer ?, dit un Ethan qui avait l'air de ne pas y croire.

- Exactement, répondis-je. C'est fantastique, n'est-ce pas ? »

 

Pour me répondre, Ethan s'exclama « Mais oui ! » et me serra dans ses bras, bientôt rejoint par Hugo pour un câlin collectif.

Lorsqu'au bout de trois quarts d'heure, nous arrivâmes dans le parc, mon cœur fit un bon. A présent, il fallait faire le chemin du retour !

 

« - Croisons les doigts pour que Rusard ne croise pas notre chemin », murmura Ethan en se pinçant les lèvres.

Dans le château, où Hugo regardait tellement ses pieds qu'il faillit foncer dans un mur, j'allai en éclaireur. Finalement, au bout de dix minutes de stress, nous parvînmes enfin devant le tableau de la Salle Commune.

 

« - Xatarus Pelopia ! »

 

La Grosse Dame, qui dormait, s'ouvrit avec un grognement sans poser de questions. Nous étions enfin revenus !

 

« - Ça n'aura pas été de tout repos, dit Hugo avec un soupir de soulagement.

- Mais instructif !, répondit Ethan en souriant.

- C'était tellement beau, tellement paisible, dis-je en fermant les yeux pour revoir la clairière et réentendre la douce musique. Il m'a dit que je pouvais y retourner quand je voulais si j'avais un problème.

- Oui, et bien, pas tout de suite !, bailla Hugo -ce qui fit rire Ethan.

- Alors bonne nuit, les garçons, et merci énormément de m'avoir accompagnée. »

 

Ils me sourirent en guise de réponse puis nous nous séparâmes pour aller dans nos dortoirs respectifs. Sans faire de bruit, sans réveiller les autres filles, je mis mon pyjama et m'installai dans mon lit de sorte à pouvoir voir la forêt par la fenêtre.

Le cÅ“ur en paix, observant les arbres, je crus voir les yeux clairs du Chef Arkanael avant de m'endormir heureuse, le son des harpes et de la flûte de pan me berçant.  

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