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Chapitre 15 : Prendre sa vie en main

Harry avait les pieds en compote. Il venait de danser pendant une heure avec une Hermione qui rouspétait toujours autant, mais Ron –qui avait absolument tenu à être présent cette fois- apportait un peu plus de gaieté dans l’affaire.

 

« - Tu te débrouilles pas mal du tout, commenta le rouquin alors que son meilleur ami tentait de boire tout en essayant de respirer.

 

- Te fous pas de moi, rétorqua l’autre en lui donnant un coup de coude.

 

- Je suis sérieux, vieux !, insista-t-il avec un éclat de rire faussement indigné.

 

- Je trouve aussi, confirma la jeune Gryffondor avec un sourire. Tu m’as beaucoup moins marché sur les pieds que la dernière fois.

 

- Vous allez faire des étincelles au bal, s’emballa Ron avec un faux-air hystérique digne des plus belles groupies.

 

- Ferme-là, le rabroua Harry en le poussant. 

 

- En parlant de lui, dit Hermione alors qu’elle se massait les pieds au travers de ses chaussettes et qu’Harry lui adressait une moue désolée, ça fait longtemps que tu ne l’as pas vu, non ?

 

- On s’est vus hier, répondit-il en se remémorant la soirée dans la Salle-sur-Demande. Il avait l’air légèrement plus stressé que d’habitude, du moins je pouvais le voir dans ses yeux, mais je pense que c’est le bal qui le rend nerveux.

 

- Qui aurait cru ?!, s’exclama Ron, bouche bée. Malefoy, avoir peur du bal !

 

- Tout le monde a ses peurs, le défendit-elle –à la grande surprise du rouquin.

 

- Mais il faut apprendre à les combattre, répliqua-t-il avec fierté. Et ce n’est pas Aragog qui dirait le contraire.  

 

- Il y a une légère différence entre les deux, releva Hermione avec un regard oblique.

 

- Effectivement, admit-il sérieusement. Entre danser à un bal avec son petit-ami et faire face à une araignée de plusieurs mètres de haut avant d’être poursuivi par ses centaines d’énormes enfants, il y a une légère différence. Â»

 

Hermione éclata de rire tandis et Ron lui souriait avec malice.

 

« - Je vais le rejoindre, dit Harry en s’éclaircissant la gorge pour leur faire comprendre qu’il était toujours là. Merci beaucoup encore une fois, Hermione.

 

- Oh, oui, bien sûr, de rien, répondit-elle précipitamment avec un sourire maladroit. A plus tard. Â»

 

Il sortit de la salle, un sourire aux lèvres, et grimpa les escaliers à l’aide de ses pauvres pieds ramollis, avant de s’arrêter. Au final, il ne savait même pas où était son blond préféré ; et il avait le choix entre fouiller tout Poudlard, ce dont il avait une flemme énorme –non mais oh, il venait de passer une heure à danser, quand même-, ou de lui envoyer un hibou pour lui demander où il était. Le choix paraissait donc évident, mais il avait un gros doute : la dernière fois qu’il lui avait envoyé Hedwige, elle était revenue énervée avec un gros nÅ“ud rose autour du cou qu’il avait d’ailleurs eu un mal de chien à enlever car Drago s’était amusé avec le nÅ“ud. Il n’était pas sûr de vouloir refaire subir ce sort à sa chouette des neiges, qui l’avait boudé pendant deux semaines par la suite et qui avait refusé tout nouveau message.

 

Sans raison particulière, le bal lui revint en mémoire –sans doute à cause du souvenir du gros nÅ“ud rose d’Hedwige, que certaines filles adulaient plus que tout lors de ces soirées dansantes. Ce qui lui rappela cette histoire de Roi et de Reine de la soirée qu’avait mentionné Fol Å’il. Il ne put empêcher un ricanement nerveux au plus profond de sa gorge ; si Dumbledore était effectivement homosexuel ou, du moins, s’il s’était officiellement proclamé chef ultime du fan club de leur couple –dont il serait très probablement le seul membre, Harry espérait que le directeur ne s’amuserait pas à les proclamer Rois de la soirée. Pitié, jamais de la vie ; s’il se voyait affublé d’une couronne, autant partir s’exiler à Tombouctou immédiatement pour y devenir éleveur de 4 lamas myopes et les appeler respectivement David Borgne, Patrick Buisson, Mikaï Warl, Saucisson et Rougoulou. Et acheter une chaise pliante défaillante pour pouvoir la mettre en pleine rue et observer les gens s’y retrouver coincés comme du jambon dans un sandwich. Ce serait sans doute hilarant, bien qu’Harry doute de l’efficacité de son piège ; Hermione connaîtrait peut-être un sort capable de faire fonctionner le mécanisme –si elle n’était pas trop occupée à entretenir la maison qu’elle aurait récemment achetée avec Ron.

 

Il soupira après s’être fendu le doigt de pied au coin d’un couloir, à présent à moitié dépressif rien que du fait d’imaginer Mikaï Warl ou David Borgne se retrouver dans la chaise piégée.

 

« - Je délire complètement Â», murmura-t-il en s’adressant stupidement à lui-même, comme si ça pouvait le faire réaliser que son QI était tombé si bas qu’il se baladait actuellement avec des gens qui auraient des chapeaux en tire-bouchon sur le crâne.

 

Il ne se souvenait plus de ce qui l’avait fait venir à ces gens aux chapeaux en tire-bouchon, qu’il venait tout juste de nommer les Goussets. Car tous ces drôles de gens habiteraient un pays sûrement appelé Pendule, qui serait un merveilleux pays avec tout plein de montres et d’horloges dedans. Le seul pays au monde où les élèves n’auraient pas à déranger les autres en demandant quelle heure il était et où plus personne ne pourrait se servir de l’excuse « J’ai pas vu l’heure Â» en arrivant en retard à un rendez-vous. Fabuleux pays. Ils devaient avoir des lamas, aussi.

Ah, oui, c’est vrai : il devait trouver Drago. Tant pis pour le risque qu’Hedwige se retrouve relookée, il avait envie de voir son petit-ami. Il alla donc à la volière en tentant de se débarrasser des visions qu’il avait de Pendule et ses gentils Goussets et espérait que sa chouette n’avait pas eu la bonne idée de partir en chasse ; auquel cas il enverrait un des hiboux de l’école.

 

Il entrait enfin dans la tour, comme à l’habitude glaciale et glissante, lorsque sa première pensée fut qu’il n’avait plus besoin d’envoyer un hibou : Drago se trouvait devant lui, les coudes appuyés contre une des ouvertures de la volière, le regard perdu dans les horizons. Il ne semblait pas l’avoir remarqué. Harry sourit et s’avança à pas de chat, peut être un peu trop doucement car il glissa précipitamment et se rétama sur le sol en un bruit fracassant, supprimant toute chance de surprendre le Serpentard. Celui-ci, bien que plongé dans ses pensées, se retourna vivement, les sourcils froncés et le regard inquiet.

 

« - C’est moi Â», balbutia Harry en se relevant douloureusement, prenant appui sur un des appuis présents.

 

Drago éclata de rire et l’aida à se remettre correctement sur ses pieds.

 

« - Qu’est-ce que tu fais là ?, demanda-t-il une fois qu’il fut assuré que le brun n’avait pas perdu son coccyx.

 

- Je comptais t’envoyer un message pour te demander où tu étais, sourit Harry en réponse. Ce ne sera plus nécessaire, apparemment, maintenant. Â»

 

Drago sourit furtivement et reporta son attention sur le Lac Noir, qui brillait au loin.

 

« - Et toi, qu’est-ce que tu fais là ? Â», murmura doucement Harry en s’approchant de lui. 

 

Le blond ne répondit pas tout de suite, ni ne se retourna malgré la proximité d’Harry, qui le sentit anxieux.

 

« - J’étais venu prendre un peu l’air, dit Drago. Et envoyer une lettre à ma mère. Â»

 

Harry l’interrogea du regard.

 

« - Elle avait besoin de nouvelles, expliqua-t-il au vu du regard du Gryffondor. Elle s’inquiète beaucoup, comme toujours. Je viens de lui envoyer mon hibou.

 

- Elle devrait s’inquiéter ?, releva Harry en fronçant des sourcils. Il ne se passe rien de particulier en ce moment –pour une fois, d’ailleurs.

 

- Si ce n’est que la Gazette persiste à publier la même une, répondit-il avec un regard las. 

 

- Tes parents t’en ont parlé ?, demanda nerveusement Harry en pinçant sa lèvre inférieure.

 

- Évidemment, affirma-t-il d’un ton légèrement moqueur. Tu te doutes bien que ça n’est pas passé inaperçu, surtout chez notre illustre famille. Â»

Harry remarqua le ton amer qui s’écrasait derrière ses mots.

 

« - Et qu’ont-il dit ?, continua-t-il d’interroger avec animosité.

 

- Qu’on allait fêter cette glorieuse nouvelle, évidemment, rétorqua Drago. Ils comptent inviter toute la famille pour danser sur le nouveau tube des Bizarr’ Sisters en brandissant des pancartes et en hurlant ‘’Hourra, notre fils est à présent proclamé gay !’’ »

 

Le Gryffondor ne put s’empêcher de se sentir vexé par le cynisme et le ton dédaigneux que lui adressait son petit-ami. Qu’est-ce qu’il avait à répondre comme ça ?

 

« - Je ne suis pas responsable de la Gazette, répliqua Harry avec gentillesse mais fermeté. D’accord ? Je suis sincèrement désolé que ça te retombe dessus. Je n’ai jamais voulu que notre vie privée soit exhibée de cette façon. Mais je te rassure, ajouta-t-il plus doucement. Tout le monde est au courant que Zacharias Smith à monté tout le monde contre nous. Personne ne croit à ce que dit ce vieux journal.

 

- C’est ce que tes petits amis essaient de te faire croire, du moins, contrecarra le blond en s’éloignant.

 

- Comment ça ?, fit-il en ignorant la froideur de Drago.

 

- Franchement, marmonna-t-il comme s’il prenait Harry pour un attardé. Évidemment qu’ils y croient tous, tout le monde sorcier s’affole et trépigne d’impatience de nous assaillir de questions. Concernant Poudlard, ils ne font juste aucune remarque à ton égard car ils ont peur que tu refasses un pétage de câble et que tu leur fasses sauter la tête. Quant aux Serpentards, ils ne te disent rien non plus car je suis impliqué et pour rien au monde ils n’entretiendraient une rumeur qui m’impliquerait négativement –dans l’opinion générale. Je ne peux plus aller dans la Salle Commune sans qu’ils ne me jettent des regards dégoûtés ou haineux. Â»

 

Un silence lourd s’installa, et même les vifs courants d’air d’un froid douloureux ne purent empêcher sa venue ; le regard de Drago semblait toujours passer les environs au peigne fin, comme s’il était inquiet que quelque chose n’arrive.  

 

« - C’est dommage, au fond, murmura Harry avec une soudaine rêverie et un léger demi-sourire en coin. J’aurais bien aimé que ce soit la surprise générale lorsqu’on entrera ensemble au bal. Après, peut-être qu’ils se méfient tous mais qu’au fond, ils ne pensent pas que ça peut être réel. Il y a encore de l’espoir. »

 

Le Serpentard se retourna et lui sourit lentement. Heureusement qu’il savait déguiser ses véritables sentiments ; car s’il avait flanché, Harry aurait aussitôt deviné qu’il s’agissait d’un sourire triste.

 

« - Il faut que je te parle de quelque chose Â», commença-t-il de sa voix traînante.

 

Le sourire que portait Harry sur son visage fondit ; lorsque quelqu’un disait ça, il était quasiment toujours inutile de se risquer à espérer une bonne nouvelle –sans quoi s’en suivrait une grande déception. Il attendait patiemment que Drago continue, mais apparemment, celui-ci attendait une remarque encourageante de la part du Gryffondor.

 

« - Dis-moi, dans ce cas, l’invita-t-il poliment en espérant que ça l’aiderait à parler.

 

- Mon père est venu me voir hier. Â»

 

Le sang du brun se glaça ; non seulement parce que cette perspective semblait effrayante, mais surtout parce que rien n’aurait pu être plus terrifiant que la voix sur laquelle avait parlé le blond à la mention de Lucius.

 

« - Pas la peine de poser la question, anticipa Drago en se tournant à nouveau vers les faibles rayons de soleil, il ne ressemblait d’aucune façon à la définition qu’on pourrait donner du mot enthousiasme. Il est arrivé avec ce foutu journal à la main, me l’a presque décalqué contre le visage et la Gazette a fini en cendres sur le bureau. Évidemment, continuait-il avec un calme presque étonnant, il m’a demandé si le papier disait vrai -même si demander est un mot trop poli et trop tranquille pour la chose et la façon dont il a essayé de me tirer des informations. J’ai affirmé être hétéro, mais il n’est pas du genre à être crédule et lorsqu’il m’a conseillé de sortir avec une fille au plus vite bien évidemment sang-pur, j’ai un peu perdu de mon sang-froid légendaire et je pense qu’il savait parfaitement que je réagirais ainsi. Je lui ai demandé ce que ça lui ferait si j’étais homo, et il... Il... Â»

 

Sa voix, jusqu’ici constanteet ferme, s’était brusquement brisée ; et quelque chose en Harry se brisa également lorsqu’il vit les épaules de Drago s’affaisser. Le brun s’approcha et passa sa main dans la sienne, qu’il pressa avec tout le courage qu’il pouvait lui transmettre.

 

« - Il m’a menacé de beaucoup de choses, poursuivit-il en reprenant à peu près un ton stable. De me déshériter, entre autres, sans aucune hésitation, mais ce n’est pas la seule option dont il dispose. Â»

 

Il marqua une pause pour empêcher ses yeux de flancher et il serra la mâchoire avant de terminer sa phrase.

 

« - Il a juré de tuer celui qui me tiendrait la main ne serait-ce qu’une seule fois. Â»

 

Harry embrassa avec douceur la larme qui coulait sur la joue de Drago Malefoy et serra sa main davantage dans la sienne avant de relever le visage de son petit-ami, qui exprimait ni plus ni moins une douleur profondément enfouie.

 

« - Et je lui ai juré en retour que s’il jamais il touche à quelqu’un que j’aime, je le tuerai. Â»

 

Le Gryffondor retint un mouvement de recul et se contenta de planter ses yeux dans les siens avec une fermeté et une ardeur qu’on ne pouvait trouver que chez lui.

 

« - Je vois où tu veux en venir, dit-il sans ciller malgré les pupilles de Drago qui ne cessaient de s’agiter dans toutes les directions. Je n’ai pas peur.

 

- Tu ne comprends pas !, se détacha Drago avec une colère sûrement due à un mélange de honte et de peur. Il a déjà tué quelqu’un qui comptait pour moi plus que tout, le soir-même du jour où il s’en est aperçu. Je n’étais pas amoureux de lui –je n’étais encore qu’un gosse qui avait besoin d’un ami- mais la pureté de son sang a joué en sa défaveur. Et lorsque je le lui ai rappelé hier, il a eu peine à s’en souvenir. S’il ne se souvient même plus d’avoir tué un enfant né-moldu, le seul ami que son propre fils avait, crois-tu qu’il aura plus de pitié à tuer celui qui a fait obstacle au Seigneur des Ténèbres ? Â»

 

La double révélation que Drago venait de lui faire paralysa Harry. Alors voilà d’où venait cette peur pour son père, cette peur qu’il tentait toujours de dissimuler lorsqu’il le mentionnait ; Lucius était un Mangemort qui avait assassiné son meilleur ami. Le blond se rendit compte qu’il venait de révéler la nature du travail de son père et baissa la tête avec colère, crainte et humiliation.   

 

« - S’il sait, il va te tuer !, s’écria Drago en se retournant, ses yeux hurlant une réelle terreur. Il n’hésitera pas une seule seconde, soit à t’ôter la vie de sa propre main ou à te livrer à Voldemort. J’ai promis que je le tuerai s’il lève sa baguette sur toi, mais ça signifierait que tu serais déjà... Que tu... Il ne faut pas qu’on reste ensemble ou il le saura, il le saura et il te tuera, il faut que tu t’enfuies, que tu t’enfuies loin d’ici, et je préfère mourir que de voir mourir, je... Je... Â»

 

Ses mains tremblaient. Harry ne l’avait jamais vu aussi faible et n’avait jamais vu pareille épouvante chez quelqu’un ; il se jeta sur lui avant que le blond ne s’écroule et le serra dans ses bras avec toute la force et tout l’amour qu’il ressentait dans son cÅ“ur.

 

« - Tu vas m’écouter très attentivement, dit-il d’un ton un soupçon trop brutal. Je me contrefiche des menaces de ton père à mon égard, je me contrefiche du risque potentiel que je puisse mourir.

 

- Tu ne réa...

 

- Si, je réalise !, le coupa-t-il fermement. Écoute-moi. Écoute-moi, Drago. Je suis destiné à tuer Voldemort, et ça arrivera un jour où l’autre, alors quelle importance peut avoir la date ? Je ne m’enfuirais pour rien au monde. Et puis quoi encore, te laisser seul en me barrant comme un gros lâche ? Je ne mourrai pas, Drago. Je le sais car tu seras avec moi. Je le sais car ton père ne réussira pas à te voler ce qui te reste. Pas une fois de plus. Tu sais quoi ?, ajouta-t-il féroce. On va y aller, à ce putain de bal. Avec toute la niaiserie qui ira avec, je pourrai même porter une robe, si ça te fait plaisir. Qu’ils viennent, tous ceux qui essaient de se mettre devant nous, qu’ils viennent et qu’ils voient à quel point on s’en fout. Qu’ils viennent, ces abrutis de journalistes avec leurs foutus appareils photos, qu’ils décorent la Gazette de leurs clichés  et que les gros titres qui s’en suivront se ressemblent tous pendant des mois. Que notre bonheur accable ceux qui ne croient pas en nous. Que ton père tente de te menacer encore une fois, qu’il crame tous les journaux du monde si l’envie lui prend et qu’il essaie de te faire du mal ; il ne le fera plus jamais par la suite. Que la foudre se risque à s’abattre sur moi si Voldemort préfère me punir pour mieux te punir toi, il n’en sera rien et on ne retrouvera que de cet abruti de Seigneur des Ténèbres un tas de cendres semblable à celui des journaux. Joins-toi à moi, combattons ensemble et gagnons ensemble. Je t’aime et la seul chose qui me tuerait serait d’être séparé de toi. Â»

 

S’il existait une expression pour décrire ce qui passa dans le cÅ“ur de Drago à cet instant, elle aurait été la bienvenue puisque rien en ce monde ne put être suffisamment juste envers ses sentiments. Tout ce que l’on sait, c’est que suite à une telle déclaration, Drago se jeta sur Harry et qu’il l’embrassa avec tellement de passion et d’amour que le brun faillit mourir du manque d’air engendré et d’un surplus  de tendresse trop grand pour lui.

 

Lorsque le Serpentard se résigna enfin à le laisser respirer, il sourit et le remercia sans pouvoir s’arrêter. Au bout d’un moment, Harry éclata de rire et mis sa main sur sa bouche.

 

« - Tais-toi, le réprimanda-t-il. Tu vas finir par décéder à force de ne pas laisser ta bouche se reposer.

 

- Je m’en contrecarre la pomme, rétorqua-t-il en arrachant sa main et en l’embrassant à nouveau. T’es chiant à te soucier toujours de tout. Â»

 

Mais Drago se retint de plaquer sa bouche contre la sienne et Harry eut un léger rire de reconnaissance. Quelques secondes d’un délicieux silence passèrent avant que le coin des lèvres du blond ne s’étire.

 

« - Tu étais sérieux à propos de la robe ?, demanda-t-il dans un murmure.  

 

- Je me suis peut-être emballé sur ce point, répondit Harry avec un regard oblique. N’espère même pas me voir en robe.

 

- Je suis sûr que tu serais très saillant, pourtant, ironisa-t-il.

 

- Dans tes rêves. Â»

Il y eut un nouveau silence avant que Drago ne parle à nouveau :

 

« - T’es quand même une sacrée guimauve. Tu le savais ?

 

- Étant donné que tu me le répètes tout le temps, répondit Harry en se sentant rougir, oui, je suis au courant.

 

- J’aurais dû enregistrer ton discours. Digne des plus grands livres à l’eau de rose. Â»

 

Harry sourit ; il décelait aisément dans la voix du blond que son soi-disant discours l’avait plu plus qu’il ne voulait l’admettre. Le Serpentard grimaça, lui interdisant toute remarque à ce sujet, et frappa soudainement dans ses mains.

 

« - Bien !, fit-il avec un grand sourire enjoué. Sortons de cet endroit où on va attraper la mort.

 

- C’est qui qui se soucie toujours de tout, maintenant ?, demanda Harry en lui pinçant la joue.

 

- Tais-toi Â», le remballa-t-il avec un grognement amusé.   

 

Et il l’embrassa encore une fois.

 

« - Guimauve toi-même Â», répliqua Harry.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Je n’arrive pas à croire que tant de gens s’enthousiasment pour le bal Â», soupira Hermione avec fatigue.

 

Ils étaient dans la Salle Commune de Gryffondor, après une bonne journée de cours, et faisaient leurs devoirs –Harry bloquait actuellement sur son parchemin de potion- tandis que les discussions allaient à vive allure parmi les élèves de la pièce. En fait, il était quasiment impossible de se concentrer tant tout le monde parlait fort. Ron, qui s’entraînait au Quidditch, échappait par chance au tumulte, mais Harry et Hermione devaient y faire face. Bien que la brune, pour sa part, avait tenté d’étouffer le bruit en s’entourant de kilos de livres –ce qui avait obligé son meilleur ami à faire un passage en bloquant la moitié d’un livre dans une position ingénieuse pour faire un passage, Harry continuait à subir les festivités.

 

« - Tu n’es pas contente d’y aller ?, demanda-t-il avec surprise.

 

- Si, bien sûr, répondit-elle en se décidant enfin à pousser une rangée de livres. Mais je ne sais pas, ils en parlent comme si c’était l’événement génial de leur vie alors qu’en théorie, c’est stressant. Et les discussions de Parvati et Lavande durant des heures dans le dortoir commencent sérieusement à m’énerver. Wow, trop belle ta robe ! Géniales, tes chaussures ! Tu crois que je vais réussir à le rendre jaloux ? Il va tomber fou amoureux, tu verras !

 

- Bah, fit simplement Harry en haussant les épaules avec lassitude. Laissons-les se réjouir de ce qui les rend heureuses. Â»

 

Il posa sa plume sur la table et s’étira, pensif ;  demain soir était le bal et il s’efforçait d’être le plus prêt possible, du moins si c’était théoriquement faisable. Du moins, pour ne pas gâcher cette soirée, lui et Drago s’étaient assurés que les principaux agitateurs ne soient pas présents. Il sourit bêtement lorsqu’il y repensa et Hermione, pensant qu’il s’agissait encore d’une de ses lubies, leva les yeux au ciel et poursuivit l’écriture de son devoir.

 

Ils s’y étaient pris deux jours auparavant ; et aussi étonnant que cela puisse paraître, tout ceci s’était passé sans qu’ils n’eurent préparé le moindre plan. L’occasion s’était présentée à eux et ils n’avaient eu qu’à tendre la main et à se concentrer un minimum. Ils ne sauraient eux-mêmes raconter précisément ce qui s’était passé, mais tout ça avait abouti de telle sorte à ce que Zacharias Smith soit suspendu au lustre d’une salle de classe par la capuche –Harry s’était inspiré de Neville pour cette idée-, collée par un Sortilège de Glu Perpétuelle, et il avait fallu bien du monde pour décrocher le lustre, essayer en vain de décoller sa capuche pour finalement être obligé de couper le vêtement. Lorsqu’on lui avait demandé qui avait fait ça, il avait répondu que c’était l’œuvre de Blaise ; Blaise, qui n’était évidemment au courant de rien, était devenu fou de rage et avait accusé Zacharias  d’être un affreux menteur, avant de se battre entre eux et que Smith ne lui casse le nez. Tout naturellement, ils furent collés tous les deux et privés du bal. Simple comme bonjour.

 

Comment avaient-ils réussi à persuader Zacharias de blâmer Blaise et le suspendre au lustre, telle était la question. Il se trouvait qu’ils marchaient ensemble lorsque le Poufsouffle les croisa et leur fit un affreux sourire dédaigneux.

 

« - FOUTU CONNARD ! Â», avait hurlé Drago en se jetant sur lui.

 

Harry l’avait retenu par le robe avant que Smith ne décède étranglé, mort de peur, et il s’était chargé lui-même de le plaquer contre le mur.

 

« - C’est toi qui a fait part des rumeurs à la Gazette du Sorcier, c’est ça ?, avait-il fulminé en tentant malgré tout de garder une voix ferme et calme.

 

- Perspicace, Potter, avait ricané Zacharia en souriant –néanmoins terrorisé par le regard de métal qui le fixait derrière Harry.

 

- Superbe, l’avait félicité Harry. Tu viens d’être couronné Roi du Racontar. Ou Roi de la Stupidité-Consistant-A-Avoir-Tellement-Une-Vie-Minable-Qu’il-S’occupe-De-Celle-Des-Autres, je me le demande encore.

 

- Un titre honorable, avait rétorqué Zacharias sans se démonter.

 

- Tellement honorable que tu finiras enterré sous des kilos de musards géants Â», répliqua Harry avec  un sourire sadique.

 

Son talent d’acteur avait refait surface ; aussi le Poufsfouffle ne put s’empêcher de jeter un regard aux alentours, au cas où un gang n’arriverait pas au coin du couloir avec des chaudrons de musards géants.

 

« - Tu n’aurais pas envie de finir tué par certaines personnes car tu es le responsable d’un gros bordel au sein d’une famille majeure du monde sorcier qui pourrait aisément détruire la tienne, pas vrai ?, avait continué le Gryffondor sur un ton mielleux à la Rogue. On ne peut tout maîtriser, tu comprends. Â»

 

Drago avait esquissé un sourire des plus tortionnaires, ce qui eut pour brillant effet de faire mourir de peur le pauvre Poufsouffle.  

 

« - Vous me menacez ?!, avait-il bégayé en perdant toute confiance.

 

- Techniquement, avait répondu Harry tranquillement comme s’il réfléchissait, c’est déjà trop tard. Tu as déconné et aucun de nous ne sait ce qu’il pourrait t’arriver par la suite, si jamais quelqu’un dévoilait l’auteur de celui qui a envoyé les lettres compromettantes à la Gazette. Â»

 

Zacharias avait beau être un abruti de blaireau, il n’était pas non plus entièrement stupide et avait vite compris.

 

« - Qu’est-ce que vous me voulez ?, demandait-il, les yeux ne sachant où regarder.

 

- Que tu te mêles de tes affaires, premièrement, avait souri Drago en caressant sa baguette à la manière de Lucius.

 

- Deuxièmement, avait poursuivi Harry, que tu démentes tout concernant ce fâcheux sujet.

 

- Enfin, termina le blond, que tu trouves le moyen de faire punir Blaise ; ou devrais-je dire ton complice dans ton plan de gamin attardé. Tu t’es trouvé suffisamment malin avec tes petites photos –que tu as hélas égarées, quel dommage-, alors ça ne devrait pas être difficile de trouver quelque chose lorsqu’ils te trouveront.

 

- Qui me trouvera ?!, s’était écria Zacharias, sur le point de défaillir. Quand je serai où ?

 

- Rassure-toi, avait tout de même dit Harry, pas de musards ni de méchants.

 

- Juste un pauvre crétin sur un lustre. Â»

 

Harry avait eu la présence d’esprit de ne pas demander à Drago ce qu’il fichait, ayant un impact plus conséquent sur le blaireau  qui tremblait de frousse. Et c’était donc ainsi qu’il s’était retrouvé accroché au lustre comme une marionnette, accusant Blaise comme responsable.

 

« - Harry, oh ! Â»

 

Harry rouvrit les yeux, se ramenant à l’instant présent. Hermione claquait des doigts devant son visage et elle l’appelait apparemment depuis un petit moment. Le brouhaha de la Salle Commune revint progressivement à ses oreilles et le visage exaspéré de sa meilleure amie évapora définitivement ses pensées.

 

« - Qu’est-ce qu’il y a ?, demanda-t-il en se grattant les yeux.

 

- Tu m’as fait peur, imbécile, houspilla-t-elle en mettant ses mains sur les hanches. J’ai cru que tu refaisais un malaise bizarre comme la dernière fois.

 

- Je réfléchissais juste profondément, expliqua le brun en se levant avec fatigue.

 

- Très profondément, alors, soupira-t-elle en secouant la tête. Tellement profondément que je pense que tu t’es endormi quelques minutes. Ron a eu le temps de rentrer et d’aller prendre sa douche, il ne va pas tarder à revenir. Ça va être l’heure du dîner.

 

- Ô joie, grogna Harry.

 

- Au comble du bonheur, je vois Â», commenta-t-elle en s’attachant rapidement les cheveux.

 

Lorsque Ron revint, relativement fatigué et surtout en proie à une faim mortelle, ils suivirent la foule qui se dirigeait vers la Grande Salle. Harry croisa Zacharias, qui se dépêcha de s’éloigner, le regard obstinément dirigé vers le sol. Hermione, qui n’était nullement au courant de l’affaire, lui jeta un regard soupçonneux, ce à quoi il répondit par un haussement d’épaules innocent.

 

« - Bonsoir jeunes gens !, s’exclama Dumbledore une fois que tous les élèves furent assis. Comme vous le savez très sûrement, demain soir sera le bal de Noël. Â»

 

Harry jeta un coup d’œil discret à Drago, qui sourit du regard.

 

« - Je ne doute pas que vous attendez tous cette soirée avec impatience, continua le directeur (Hermione leva les yeux au ciel en entendant quelques filles glousser), et sachez que la soirée débutera à 8 heures précises et prendra fin à minuit. Concernant l’élection du Roi et de la Reine de la soirée, je me suis permis –enfin, les professeurs et moi nous sommes permis, bien sûr- une légère fantaisie. En effet, les gagnants représenteront Poudlard jusqu’à la fin de l’année scolaire et par conséquent, feront un petit discours samedi soir devant toute l’école ainsi que des journalistes de la Gazette, sur Poudlard et eux-mêmes. Â»

 

Si tous les élèves (du moins, les 7ème année et quelques 6ème chanceux de venir) restèrent bouche bée à cette annonce, l’estomac d’Harry s’écroula piteusement avant de s’enrouler et de l’étrangler. Il se vit devant les journalistes assoiffés, parler en bégayant, aveuglé par les flashs. Il regarda immédiatement Drago, qui avait lui aussi le regard tourné vers lui et semblait lui dire « Ne t’en fais pas. On ne sera pas élus. Il faut un Roi et une Reine, pas deux Rois. Â» Harry se détendit.

 

« - Ne vous en faites pas pour votre discours, fit Dumbledore avec un sourire une fois que la Salle fut quelque peu calmée. Comme vous aurez toute la journée de samedi pour le préparer convenablement, et personne ne vous en voudra s’il est court. Bien : à présent, bon appétit ! Â»

 

Les plats apparurent sur la table, comme à leur habitude, et les conversations reprirent de bon train.

 

« - Et ben, souffla Ron la bouche déjà pleine –ayant pour résultat, comme d’habitude, un regard noir d’Hermione. Je plains les futurs gagnants.

 

- Personnellement, fit Hermione en commençant à découper son poisson d’un mouvement rageur, j’espère que les représentants ne Poudlard ne seront pas une quiche et un frimeur au QI équivalent à celui d’une huître.

 

- Si ça se trouve, ça tombera sur nous, grommela le rouquin. Si c’est le cas, je te laisse faire le discours, Hermione.

 

- Ou sur nous Â», dit Harry en se massant la nuque avec nervosité avant que sa meilleure amie n’ait pu rétorquer quelque chose.

 

Ils tournèrent leur regard vers lui et Hermione sourit avec gentillesse. 

 

« - Je ne pense pas que Dumbledore vous choisira, affirma-t-elle avec confiance.

 

- Pourquoi ça ?, demanda Ron en ouvrant de grands yeux. Ce serait cool qu’ils soient les représentants de l’école. Qu’ils soient le symbole de la grande tolérance de Poudlard, autant sur le point de vue amour entre deux gars ou amour inter-Maisons. Â»

 

Harry et Hermione le fixèrent, déconcertés et ahuri que ces mots aient pu provenir de la bouche de Ron, qui fronça les sourcils avec inquiétude.

 

« - Quoi ? C’est vrai, non ? Ce serait vraiment cool.

 

- Tu as raison sur ce que tu as dit précédemment, dit simplement Hermione en tentant de dissimuler son admiration à l’égard de son meilleur ami, mais au final non, ce serait loin d’être bon.

 

- Drago serait en très grand danger, plus qu’il ne l’est déjà à cause de la une de la Gazette qui ne parlait encore que de rumeurs, confirma Harry en repensant à leur discussion d’il y a quelques jours. Son père serait furieux et je n’ose pas imaginer ce qui arriverait à sa famille si jamais il faisait une déclaration publique.

 

- Pas faux, admit-il avec une légère déception. Dommage, ça aurait mis un peu d’ambiance à la soirée.

 

- Tu vas t’ennuyer ?, attaqua Hermione immédiatement, piquée au vif.

 

- Non !, s’exclama-t-il en prenant conscience de sa bourde. J’ai... Hâte d’y être, vraiment, ça va être bien mieux qu’avec Padma. Je disais juste que ça aurait rajouté un coup de théâtre. Â»

 

Il s’était rattrapé comme il avait pu, mais Hermione continua de paraître un tantinet vexée le reste du repas.  De son côté, les méninges d’Harry ne cessaient de tourner et de remuer. Certes, ils s’étaient promis de n’en n’avoir rien à cirer, mais une déclaration officielle allait peut-être les mettre bien plus en danger que si les journaux se contentent de racontars et de photos à l’appui.

 

OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Drago avait pris sa décision. Après un dernier regard à Harry, qui semblait bien soucieux, il prit son sac et se leva pour quitter la Grande Salle. Son petit-ami lui jeta un regard interrogateur et inquiet, ce à quoi il répondit par un hochement de tête rassurant. Il n’avait pas à s’inquiéter.

Le Serpentard, sans prendre compte des froncements de sourcils des élèves de sa Maison, sortit du réfectoire d’un pas ferme. Aucun sourire ne lui étirait le coin des lèvres : il devait se faire le plus discret possible et la situation ne le rendait nullement heureux, ni particulièrement triste ; il devait le faire, c’est tout.

 

La vache, se dit-il en mettant son écharpe, ça caille vraiment toujours, ici. Rien d’étonnant à ça, cependant, dans la mesure où c’était toujours ouvert.

 

Il ouvrit son sac et en sortit un rouleau de parchemin, ainsi que sa plume ; et il écrivit, appuyé contre un perchoir épais, à la seule personne de sa famille qu’il aimait et en qui il avait confiance.

 

« Mère,

 

J’ai là une requête à vous faire. Enfin, il s’agirait plutôt d’un conseil –Non. D’un ordre. Mère, je ne peux pas vous expliquer la raison de cet ordre, mais faites vos affaires. Ne dites rien à Père et partez, partez tant que vous le pouvez. Rompez les liens avec notre famille. Faites-vous appeler Lucy Hennet ou quelque chose de similaire, teignez-vous les cheveux et en aucun cas vous ne devez en parler à quiconque. Fuyez sans que Père ne soit au courant et quittez à jamais les Malefoy et vos amis Mangemorts. Je sais que vous n’êtes pas de ce côté. Je sais que je peux vous faire confiance, je sais que je vous aime et merci pour tout. Merci de m’avoir protégé de Père.

 

Vous vous posez des questions, je le sais bien, mais je ne peux y répondre. Vous le découvrirez par vous-même et soyez partie d’ici 3 jours. Sinon, vous serez en danger. Et je veux tout, sauf votre danger.

 

Je suis désolé, Mère, de ne pas vous en avoir informé plus tôt. Mais je viens de prendre ma décision définitive, et vous devez faire ce que je dis. Par pitié, ayez confiance et faites ce que je vous dit. Absolument.

Nous pourrons continuer à correspondre par hibou, mais utilisez votre faux nom. Arrangez-vous pour que l’on ne vous retrouve jamais. Je sais que vous avez toujours rêvé de l’Australie : allez-y. Je sais que vous rêvez aussi de fuir le Manoir depuis déjà longtemps, alors faites votre vie. Et ne vous préoccupez pas de moi. Faites-le pour vous et pour moi.

 

Votre fils,

 

D. M. Â»

 

Il ne prit pas la peine de se relire et, sans réfléchir, plia le parchemin, l’attacha à un des hiboux de l’école et lui indiqua le destinataire ; puis le hibou s’envola.

 

Voilà. Il ne pouvait plus faire marche arrière, il était prêt, et comme avait dit Harry : que la foudre s’abatte.

 

Il était heureux, contrairement à ce que la situation pouvait laisser penser ; il était heureux car, pour la première fois de sa vie, il venait de décider. Il venait enfin de prendre sa vie en main, et de se détacher des Malefoy.

 

Et demain soir, c’était le bal. Je trouverai le moyen de lui faire porter une robe, pensa-t-il avec un sourire. 

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