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Chapitre 15: Le poids de la honte

 

« - Hayleen ? Â»

 

Je me sentais tellement mal... Mon épaule me brûlait...

 

« - Hayleen ! Â»

 

Peut-être que le sol dur sur lequel mon crâne reposait était l’Enfer ?

 

« - Hayleen ! »

 

Une voix m’appelait. Ce devait être le Diable, si j’étais effectivement en enfer. Le Diable sentait plutôt bon, alors. Une odeur douce.

 

« - Hayleen... Â»

 

Des mains me soulevèrent et je me sentis glisser par terre puis calée contre une barrière... Il y avait des barrières en Enfer ?!

J’ouvris brutalement les yeux. Ce n’était pas un monstre rouge avec des cornes qui me regardait mais un blondinet au teint pâle et l’air inquiet.

 

« - Hayleen, par Merlin !, grogna Scorpius. Tu es enfin réveillée !

- Qu’est... Qu’est-ce qui s’est passé ?, bégayai-je complètement sonnée.

- Tu t’es évanouie après avoir soigné le Cynospectre Â», me répondit-il en s’éloignant.

 

Tout me revint en mémoire. L’explosion d’argent de la créature, ma douleur lancinante à la cicatrice...

 

« - Je m’évanouis beaucoup trop de fois à mon goût, confiai-je honteuse.

- Tu vas finir par être envoyée à Ste-Mangouste si tu te fais mal, dit-il avec un léger sourire.

- Mon épaule me fait toujours mal. Moins que tout à l’heure, mais elle continue de me brûler.

- C’était peut-être beaucoup trop gros ?, proposa Scorpius. Tu ne guéris que de petites choses d’habitude. Là, c’était une créature toute entière.

- Possible, admis-je. D’autant plus que les Cynospectres sont maudits. Â»

 

Scorpius parut soudain tout penaud, comme honteux de m’avoir imposé ça. Il avait dévoilé, cette soirée, bien d’autres facettes de cette soirée. Bien qu’il tentait de conserver son masque de Malefoy, j’avais deviné qu’au fond, il était quelqu’un de bien. Nombre de ses défauts étaient bien lui, évidemment, mais ses qualités étaient cachées derrière son masque. Son masque qui se fendait de plus en plus souvent. Sans doute en avait-il marre de devoir se cacher. 

 

« - Il est quelle heure?, demandai-je soudainement.

 

- Pas loin de 20h, il me semble, répondit-il.

- Il faut aller dans la Grande Salle Â», soupirai-je en me massant l’épaule.

 

Je me relevai difficilement mais après une longue inspiration, je me sentis prête à marcher, bien que ma tête tournait un peu.

 

« - Merci, Hayleen. Â»

 

Juste un mot, mais qui me mit du baume au cÅ“ur. C’est en silence que nous descendîmes de la Tour d’Astronomie, après un dernier regard jeté vers le ciel. Quelle ne fut pas la surprise des autres en nous voyant arriver ensemble dans la Grande Salle ! Ils semblaient choqués. La table de Serpentard jetait des regards dégoûtés à Malefoy, qui s’empressa de me fusiller du regard avant d’aller s’asseoir. Je m’assis au bout de la table des Gryffondor sans vraiment regarder qui était autour de moi. Puis je réalisai ce que je venais de faire. Je me pris la tête entre les mains, les larmes coulant de nouveau sur mes joues. J’avais l’impression d’avoir trahi Ethan et Hugo en ayant aidé Scorpius. Plus particulièrement Hugo. Je me sentais tellement mal d’avoir aidé un Malefoy, la famille qui considérait les Weasley comme des « traîtres à leur sang Â» ! Je comprendrais parfaitement si Hugo refusait de me parler. Ethan aussi. N’ayant même pas faim, je n’éprouvai alors qu’un désir : aller dans mon dortoir. J’étais loin d’être fatiguée, mais je n’avais aucune envie de rester ici. Je voulais rester seule. Alors je me levai et sortit de la Grande Salle, fixant mes pieds, en sentant le regard des autres sur moi mais ne leur prêtai aucune attention.

Je sautai dans mon lit sans même me changer et me réfugiai sous les draps en pleurant toutes les larmes de mon corps. J’avais besoin d’évacuer. Après de longues minutes, je me sentis mieux et épuisée, m’endormis le visage trempé.

 

                                                                              OooooooOooooooOooooooOooooo

 

Le tonnerre me réveilla. Toujours perdue sous ma couette, je sentais mes yeux gonflés à force d’avoir pleuré. La pluie battait les fenêtres. Je décidai enfin à me lever, mais il n’était que 6 heures. Au moins, j’avais le temps de me préparer à affronter les autres. En allant dans la Salle de bain, je croisai le miroir : j’avais vraiment une sale tête, ce matin. En plus, ma cicatrice continuait de me brûler.

Etant donné que je n’avais toujours pas faim, je décidai, une fois douchée et habillée de mon uniforme, d’aller étudier dans un coin du château. Puisque j’étais fâchée avec Ethan et Hugo et que je n’avais aucune envie d’être avec d’autres, travailler semblait la seule chose qui me ferait du bien. C’est ainsi que je m’avançai dans mes devoirs, le cÅ“ur vide mais lourd, dans un coin de couloir. Et si mes amis ne me pardonnaient jamais ? Je ne me voyais pas aller avec d’autres. Bien sûr, Augustina était super, Phil aussi, et bien d’autres, mais c’était Ethan et Hugo que j’avais rencontré en premier. C’était avec eux que je voulais m’amuser le reste de ma scolarité à Poudlard... Mais pas sûr que c’était réciproque, à présent.

On avait cours d’Histoire de la Magie, comme par hasard. Quoi de mieux pour enfoncer le clou que de débuter la journée par une heure et demi d’ennui mortel ? Je me mis tout devant afin de n’entendre que Binns. A la fin du cours, qui fut encore plus barbant que de coutume, j’aperçus de dos Ethan et Hugo qui semblaient regarder partout autour d’eux. Peut-être cherchaient-ils quelqu’un d’autre. Je sortis sans me faire voir. Déjà qu’ils m’en voulaient sûrement comme ils n’en n’avaient jamais voulu à quelqu’un, je ne voulais pas leur imposer ma présence. En passant la porte, j’essuyai une fois de plus une larme. 

 

« - De mauvaise humeur aujourd’hui Hayleen ? Â», lança perfidement Malefoy sous les rires idiots du reste de sa bande.

 

Je ne pris même pas la peine de répondre et, serrant mes livres le plus fort possible contre ma poitrine, me dirigeai plus seule que jamais vers les serres.  Je savais que Malefoy recommencerait comme si rien ne s’était passé. Ce que j’étais nulle ! Il s’était servi de moi en me faisant croire qu’il était désespéré mais ce n’était que comédie. Je m’étais glorieusement fait avoir. Je me croyais plus maline que ça... Pitoyable Automne. J’avais non seulement trahi mes amis, mais en plus pour quelqu’un qui se fichait éperdument de moi et qui ne perdait pas une minute pour me réduire plus bas que terre. Le sentiment de honte et de culpabilité me rongeait le cÅ“ur...

 

« - Bonjour les enfants !, nous salua le professeur Londubat avec son habituel entrain. Aujourd’hui nous allons étudier l’aconit. Qui peut me dire qu’est-ce que c’est ? Â»

 

Il tourna automatiquement son regard vers moi. Je le savais, mais je n’avais pas envie de me faire remarquer. Au vu de son regard inquiet, je n’eus pas envie de faire comme s’il se passait quelque chose d’étrange non plus ; alors je me résignai à lever la main en soupirant le plus discrètement possible.

 

« - Oui, Miss Hayleen ?, demanda-t-il avec un grand sourire.

- L’aconit est une plante également appelée napel ou tue-loup. Elle entre dans la composition de la potion Tue-loup et de la potion de l'Œil Vif. Autrefois largement répandue, cette plante est maintenant seulement trouvée dans des endroits sauvages. Ses fleurs sont utiles dans la potion de décision, mais ses feuilles sont très toxiques, répondis-je d’un trait.

- Exactement !, s’écria-t-il l’air réjoui. 10 points pour Gryffondor ! Â»

 

Il y eut, comme à l’habitude, des grognements de la part des Serpentard et des sourires enjoués de mes collègues Gryffondor. Je jetai un regard rapide à Ethan et Hugo, qui eux aussi me regardaient. Mais je détournai le regard pour le focaliser sur mes mains. Je n’avais pas envie de croiser la déception dans leur regard. Ce serait trop dur. Et je n’avais pas envie de fondre en larmes dans la classe.

A la fin du cours, je sortis de la serre le plus vite possible en regardant mes pieds tout en essayant de ne pas percuter quelqu’un dans toute la foule qui sortait joyeusement en bavardant. J’entendis Ethan crier un « Automne ! Â» mais ne me retournai pas. Je ne voulais pas devoir m’expliquer de mon comportement et de mon acte honteux...

La matinée était déjà finie. Alors que tous les élèves allaient dans la Grande Salle, je pris un autre chemin et montai les escaliers. Je n’avais toujours pas faim. Je n’avais pas mangé depuis hier matin, et pourtant je n’avais absolument aucune envie d’avaler quoique ce soit. Non seulement je n’en n’avais pas envie, mais en plus je ne pouvais pas.

J’arrivai enfin dans la Tour d’Astronomie. J’avais pris goût à ce beau paysage au calme si apaisant, même si la pluie tombait toujours en quantité. Je m’apprêtais à sortir mes livres lorsque quelqu’un déboula dans la pièce ronde. Je me retournai, féroce, ma baguette sortie et pointée droit sur nul autre que...

 

« - Qu’est-ce que tu fiches ici, Hayleen ?!, cracha Scorpius.

- Sombre crétin !, crachai-je à mon tour en abaissant ma baguette. Il n’y a pas ton nom d’écrit ici, que je sache !

- Mais c’est ici que je viens et tu n’as pas à y fourrer tes sales pattes ! Â»

 

Je ne voulais pas en entendre plus. Je me sentais prête à pleurer de nouveau, mais il fallait croire que j’avais épuisé le stock de larmes puisque mon visage demeura sec et dur. Je pris mes affaires et descendit la Tour sans prêter attention à ce qui devait être des ricanements satisfaits de Malefoy. J’entrai dans la Bibliothèque lorsque le professeur McGonagall me barra le passage.

 

« - Bonjour, professeur, dis-je avec un sourire forcé que j’espérais convaincant.

- Bonjour, Miss. Vous vous souvenez, quand je vous avais dit que si vous aviez un problème mon bureau serait ouvert ?

- Oui, professeur.

- Dans ce cas, comment se fait-il que vous n’y êtes pas allée ?

-  Il n’y a aucun problème, professeur McGonagall, mentis-je en feintant la surprise.

- Ce n’est pas la peine de faire semblant, Miss Hayleen, dit-elle. Vous évitez la Grande Salle comme la peste et n’y avez pas mangé depuis le petit-déjeuner d’hier. Une fois encore, vous ne comptez pas manger.

- Je n’ai pas faim, je vous assure, ça arrive de temps en temps, assurai-je en ayant de plus en plus de mal à feindre l’innocence.

- Vous êtes séparée de Mr Weasley et Mr Davean depuis précisément hier midi, juste avant le repas, continua-t-elle. Vous pleurez –je le sais, Miss- et malgré vos sourires, je vois un profond chagrin dissimulé dessous. Â»

 

Elle m’avait percé à jour. Il ne servait à rien de mentir davantage.

 

« - J’ai trahi mes amis, professeur, répondis-je en regardant mes pieds, sentant le rouge me monter aux joues et le goût amer de la culpabilité dans la gorge.

- Sont-ils fâchés ?, demanda calmement McGonagall.

- De toute évidence, répondis-je. Ils ne l’ont pas dit mais je le sais.

- Voulez-vous me dire ce que vous avez fait ? Â»

 

Je réfléchis. Je doutais qu’avoir guéri une créature de la Forêt Interdite entrée dans le château était conforme au règlement. Je dis simplement :

 

« - J’ai aidé quelqu’un que mes amis détestent, professeur... Que la famille Weasley toute entière déteste...

- Scorpius Malefoy ?, dit-elle simplement.

- Oui, professeur, admis-je. Je l’ai aidé, contre l’avis d’Ethan et d’Hugo. Ils le détestent. Et maintenant, ils me détestent sûrement. Et  moi aussi, je me déteste ! Â»

 

Elle m’observa en silence tandis que je fourrais ma tête entre mes mains. La vérité était là : je me détestais. Je me haïssais d’être moi. J’aurais tellement aimé être quelqu’un d’autre plutôt que l’Aigle Triste. Lorsque je relevai la tête, elle me regardait avec compassion. Ses traits âgés étaient tellement humains...

 

« - Miss Hayleen, je veux que vous compreniez quelque chose. Il n’est pas bannissable d’avoir aidé une personne, même celle que vos amis et plus important encore, que vous-même n’aimez pas. Vous avez aidé Mr Malefoy pour une raison que j’ignore, mais vous l’avez fait parce que vous avez bon cÅ“ur et non pas dans l’esprit de trahir vos amis. Vous ne les avez pas trahis, Miss. Vous les auriez trahis si votre but était celui-ci. Or, ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ? Â»

 

Je secouai la tête.

 

« - Je suis persuadée qu’ils ne vous en veulent pas, Miss, peut-être même vous cherchent-ils. Mais ce n’est pas en les évitant continuellement que la situation s’arrangera, vous ne croyez pas ? Peut-être même qu’ils finiront par penser que c’est vous qui leur en voulez et pas l’inverse. Â»

 

Elle me fit un sourire empathique accompagné d’une main réconfortante sur mon épaule puis s’en alla en me plantant devant la bibliothèque. J’ignorais si elle avait raison. J’étais complètement perdue, pour changer. Ethan et Hugo pouvaient-ils me pardonner d’avoir aidé Scorpius ? Pour moi, ça n’était tout simplement pas possible. Je me sentais si mal...

 

« - Automne ! Â»

 

OH. NON. Catastrophe. Malheur. Soit maudite la poignée que je tenais ! Je ne m’y étais pas préparée, pas de sitôt !

 

« - Automne... Â», murmura Ethan en me tenant l’épaule.

 

Je décidai à relever la tête mais n’osai toujours pas croiser le regard d’Ethan, le plus expressif du monde. Je n’étais pas prête à y voir la déception. Ça me tuerait.

 

« - Automne, pourquoi tu nous évites ? Â», demanda Hugo.

 

C’était étrange. Son ton avait l’air plus blessé qu’énervé... J’avais envie de m’excuser, mais ma gorge était serrée.

 

« - Automne... Â», répéta doucement Ethan.

 

Je n’étais pas à Gryffondor pour rien, par la barbe de Merlin ! Si j’avais peur d’un regard... Je croisai les yeux bleus d’Ethan sans ciller. Et lorsque je vis toute l’inquiétude, toute l’amitié présente dans son regard, je fondis en larmes. Apparemment, il me restait encore un peu d’eau.

 

« - Je suis tellement désolée !, dis-je en une explosion de sanglots. Je vous ai trahi ! Ça me fait mal, ça me ronge, ça me tue... Je comprendrais parfaitement que vous m’en vouliez... Je m’en veux moi-même d’avoir aidé Scorpius alors que vous le détestez ! J’ai été idiote, je suis idiote, je le sais ! Je ne mérite pas d’être votre amie, je suis dégoûtée de ce que je suis. Je ne mérite ni votre pardon, ni votre amitié... Allez avec Augustina, Phil, Kate, Ben, tous les autres... Ils valent tellement mieux que moi ! Â»

 

Contrairement à ce que j’avais imaginé, ça ne me faisait que plus mal de dire ça. J’avais l’impression qu’on me transperçait le cÅ“ur, c’était ignoble, ça faisait tellement mal... Je n’avais qu’une seule envie, c’était d’aller dans la Forêt et de mourir avec l’Aigle ! Je tombai par terre, mes jambes ne pouvant plus supporter cette douleur. J’ignorais qu’on pouvait pleurer autant. Je sentis des bras s’enrouler autour de moi, puis la voix d’Ethan parler :

 

« - On ne t’en veut pas, dit-il simplement. Tu es notre amie et pour rien au monde nous n’avons eu l’impression d’être trahis. Tu ne l’as pas fait, Automne. Tu as aidé quelqu’un et bien que ce soit cet infâme cafard, ajouta-t-il avec un rire, ce n’est en rien une trahison. On cherche à te parler depuis qu’on s’est disputés. Mais soit on ne te voyait pas, soit tu partais en fusée.

- Je l’ai aidé à guérir un Cynospectre qui venait de la Forêt Interdite tous les soirs dans la Tour d’Astronomie, lâchai-je tout d’un trait. Malefoy m’a supplié de le soigner, je ne sais pas pourquoi je l’ai fait, mais je l’ai fait, et je n’ai rien fait d’autre, je le jure...

- On sait, on sait, dit Ethan avec douceur. Scorpius nous l’a dit. On sait ce que tu as fait et il n’y a rien de honteux ou quoique ce soit d’autre. Tu n’as pas à te sentir mal ou à penser que tu aies pu nous trahir.

- Alors... Vous ne me haïssez pas ?, dis-je sans le croire en essayant de les percevoir derrière ce qui me semblait des litres de larmes accumulées dans mes yeux.

- Te haïr ?! Mais bien sûr que non, enfin ! Â», s’exclama Hugo avec un immense sourire.

 

L’immense poids qui me faisait si mal se dégagea de mon cÅ“ur et s’en alla à des années-lumière. Mon éclat de rire soulagé fut partagé avec une nouvelle crise de larmes. Mes amis ne m’en voulaient pas ! McGonagall avait raison !  

 

« - Est-ce que ça va ?, demanda Ethan les yeux rieurs.

- Je meurs de faim !, m’exclamai-je soudainement.

- A quand remonte ton dernier repas, au juste ?, demanda Hugo en fronçant les sourcils.

- Le petit-déjeuner d’hier !

- Merlin !, s’écria-t-il avec la tête que quelqu’un d’extrêmement choqué sur le point de tourner de l’œil. Je n’aurais pas pu tenir !

- On se doute ! Â», répondis-je en même temps d’Ethan avant un grand éclat de rire.

 

Arrivés à la table des Gryffondor, je me jetai sur la nourriture sous les yeux amusés d’Ethan. Quant à Hugo... Il faisait pareil que moi. Je croisai le regard de McGonagall, qui me fit un sourire. Je lui répondis par la pareille.

 

« - Au fait, comment vous m’avez retrouvée ?, demandai-je en reportant mon attention sur mes amis.

- On s’est doutés que tu y serais, répondis Ethan en plantant sa fourchette dans son poisson. Tu ne pouvais pas être dehors étant donné le temps, alors on a tout de suite pensé à la bibliothèque.

- Malin ! Mais encore une chose qui me turlupine, ajoutai-je brutalement en faisant tomber mon couteau –ce qui fit sursauter Hugo-, tu m’as dit que Scorpius vous a raconté ce que j’avais fait pour lui... Comment ça se fait ?

- C’était ce matin, juste après le cours de botanique, commença à expliquer Ethan. Juste après que tu te sois enfuie quand je t’ai appelée. Il nous a vu et il a sincèrement paru embêté (il échangea un regard avec Hugo). J’allai venir le voir pour lui demander ce qu’il t’avait fait, mais il est venu de lui-même et il nous a tout raconté. Il s’est montré humain, pour une fois, même s’il nous a parlé avec sa sympathie habituelle et qu’il nous a menacé de nous pourrir la vie si on le racontait à quelqu’un d’autre.

- On ne le change pas, fis-je amèrement.

- Tu sais, je t’admire beaucoup d’avoir fait ça pour lui. Il a été infect avec toi. Il ne méritait pas que tu l’aides.

- Je n’aurais pas dû, en tout cas, répondis-je sentant mon ventre se serrer.

- Il te doit une dette, cha’ pèchera chur cha conchienche, dit Hugo la bouche pleine.

- Pardon ?!, demandai-je en même temps qu’Ethan.

- Je disais, répéta Hugo une fois ses légumes avalés, qu’il te doit une dette. Ça pèsera sur sa conscience.

- Sans oublier l’attaque qu’il a lancée contre moi, ajoutai-je. Ça fait deux dettes.

- Saleté, marmonna Hugo dans sa barbe.

- N’empêche, on a éclairé le mystère Malefoy !, s’exclama Ethan l’air joyeux.

- C’est vrai, c’est une affaire de moins, soupirai-je en mordant dans une pomme.

- Tu veux toujours aller dans la Forêt Interdite ?

- Merlin ! Â»

 

J’avais complètement oublié, à cause de toute cette histoire, que je devais aller dans la Forêt parler aux centaures !

 

« - Pour parler franchement, ça m’était sorti de la tête, avouai-je en me massant le crâne. Mais oui, c’est à faire, et absolument.

- On tient notre promesse, on t’accompagnera !, lança vaillamment Hugo avec l’air d’un chevalier prêt à combattre un dragon.

- C’est vraiment super gentil, les garçons, mais je ne veux pas que vous soyez renvoyé... En plus par ma faute... Ce serait l’acte de trop !

- On ne se fera pas prendre, dit malicieusement Ethan. Car je crois bien que j’ai un plan ! Â»

 

                                                                                  OooooooOooooooOooooooOooooo

 

« - Ethan, c’est complètement timbré !, m’exclamai-je pour la énième fois alors que nous marchions dans le parc trempé, vers 18 heures.

- On en a déjà parlé,  fit un Ethan tenace. Ce n’est pas timbré, c’est simple au possible ! Ça va marcher !

- Mais s’il ne veut pas ?, demanda Hugo.

- Il voudra bien, c’est certain ! Â»

 

Ethan frappa avec détermination à la vieille porte en bois qui se dressait devant nous.

 

« - Automne ! Hugo ! Ethan ! Ça me fait plaisir de vous voir ! Entrez donc boire un thé Â», nous invita Hagrid avec chaleur.

 

Pendant que nous enlevions nos capes, Hagrid, en chantonnant joyeusement, prépara le thé et disposa sur la table ses habituels gâteaux à l’air archaïque.

 

« - Ne faisons pas ça !, soufflai-je le plus bas possible à Ethan. Contentons-nous de lui rendre une visite amicale, ça me fait réellement plaisir de le voir, on vient pour ça, c’est tout !

- Moi aussi ça me fait plaisir de le voir, mais on est venu pour quelque chose en particulier et on ne va pas baisser les bras maintenant ! Â», rétorqua-t-il.

 

Il alla s’asseoir dans le moelleux canapé  d’Hagrid pour m’empêcher de protester. Je n’avais pas confiance en son plan. Pas. Du tout.

 

« - Alors, que me vaut ce plaisir ? Â», demanda Hagrid en nous tendant les tasses.

 

Je jette un regard paniqué à Ethan. C’est son idée, à lui de commencer ! Mais il arborait un air parfaitement serein et confiant.

 

« - D’une part, parce que ça nous fait plaisir, répondit-il avec un grand sourire. Et d’une autre part, parce qu’on aurait quelque chose à vous demander, Hagrid.

- Tout ce que vous voulez, répondit celui-ci en nous proposant ses gâteaux.

- C’est pour savoir si vous pouviez nous accompagner dans la Forêt Interdite Â», dis-je puisqu’il fallait bien se lancer maintenant que c’était parti.

 

Hagrid ouvrit d’abord des yeux de chouette, tout comme un Hugo paniqué, puis fronça ses sourcils broussailleux sans remarquer quoi que ce soit :

 

« - Dans la Forêt Interdite ? Que diable voulez-vous aller faire là-bas ? Â»

 

Je savais qu’Ethan était censé expliquer à cet instant comment je leur avais raconté que ma punition avait été super car j’avais appris plein de choses, qu’ils voulaient à leur tour apprendre sur des créatures magiques et tout le reste, et que par conséquent il devait demander à faire comme si c’était une punition et nous aurions pu croiser les centaures, mais je ne voulais pas mentir à Hagrid. Je l’aimais bien et ça aurait été malhonnête de lui cacher la vérité.

 

« - J’aimerais parler aux centaures Â», répondis-je d’un bloc en coupant l’inspiration d’Ethan.

 

Celui-ci me regarda comme si j’avais perdu la tête. Tout comme Hagrid, d’ailleurs.

 

« - Parler aux centaures ?!, s’exclama le demi-géant en renversant un peu de son thé sur le parquet.

- J’ai besoin de savoir quand ça se passera, Hagrid, répondis-je en jouant avec ma petite cuillère. Ils m’ont dit qu’un triste événement se produirait, je vous en ai parlé. Je pense qu’ils parlent de ça et qu’ils auraient une date à me donner... Â»

 

Un long silence s’ensuivit dans lequel Hagrid fixait une mouche posée sur un gâteau, Hugo, les oreilles écarlates, observait Crocdur Junior manger un steak et Ethan se massait le crâne.

 

« - Automne, je comprends, mais c’est impossible, dit enfin Hagrid d’un ton bourru.

- C’est juste comme dans les punitions !, suppliai-je.

- Là est le problème, répondit-il en secouant la tête. Vous n’êtes pas punis. Je n’ai pas le droit de vous y conduire.

- Je vous en conjure, Hagrid, faites-le pour moi... Â»

 

Hagrid nous observa tous les trois chacun notre tour, en espérant peut être trouver dans un regard quelque chose qui voudrait dire « Non ! Â» mais autant que moi, Hugo et Ethan le fixaient d’un air suppliant. Il soupira, reposa sa tasse de thé et souffla avec nostalgie, le regard rêveur à la Augustina :

 

« - Vous me faites un peu penser au légendaire Trio, vous savez. Têtus comme des mules. Je regrette, Automne, mais c’est impossible. Je pourrais en perdre mon travail. Je suis sincèrement désolé. Rentrez au Château, maintenant, il se fait tard. Â»

 

Un sourire gêné aux lèvres, il nous accompagna à la porte. C’était raté...

 

« - Je suis désolée, fis-je à mes amis tandis que l’on rentrait au château.

- Non, tu as eu raison de lui dire la vérité, répondit Hugo. Personnellement, ça m’embêtait aussi de mentir à Hagrid.

- De même, approuva Ethan en soupirant. C’était mieux de lui dire la vérité. J’aurais culpabilisé après.

- Mais résultat, c’est fichu, dis-je. On devra y aller en toute fraude.

- Mais quand ?

- Ce soir. Â»

 

Mes amis parurent surpris mais hochèrent finalement la tête d’un air grave. Autant y aller le plus tôt possible.

 

« - Mais j’y pense !, m’exclamai-je soudainement. En dehors du fait de se faire prendre, on ne risque rien dans la Forêt Interdite !

- Que veux-tu dire ?, demanda Hugo les sourcils froncés.

- C’est Hagrid qui me l’a dit lors de ma punition : étant donné que je suis –soi-disant- la Gardienne de la Forêt, toutes les créatures qui y vivent me respectent et ne me font par conséquent pas de mal ! Donc à partir du moment où vous serez avec moi il ne vous arrivera rien ! Â»

 

Mes amis me firent un grand sourire. Puis Hugo, apparemment décidé à jouer au chevalier aujourd’hui, leva le poing vers le ciel et clama l’air vaillant :

 

« - Ce soir, à nous la Forêt Interdite ! Â»

Et ce soir, à moi d’en savoir plus sur ma mort. Il ne suffisait plus qu’à faire confiance aux centaures et aux étoiles. 

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