top of page

Chapitre 13: Punition

 

La Directrice m’invita à m’asseoir sur la chaise confortable en face de son bureau. Quelque peu anxieuse, je m’y installai. Le règlement interdisait tout élève d’aller dans la Forêt Interdite, peu importe les circonstances et l’identité de l’élève en question. Allai-je être renvoyée de Poudlard pour avoir voulu fuir... ? Cette idée me tétanisa. Je n’y avais pas pensé. Que dirait ma famille si elle me voyait revenir avec mes valises au bout de deux mois de cours ?!

 

« - Bien, Miss Hayleen, commença le professeur McGonagall en ne m’accordant aucun sourire. Vous devez vous douter de votre présence ici ?

- Oui, professeur, répondis-je piteusement.

- Vous avez enfreint le règlement, continua-t-elle sèchement.

- Oui, professeur, admis-je en me ratatinant sur la chaise.

- Citez-les moi, je vous prie ?

- Je suis sortie dehors pendant le banquet et suis allée dans la Forêt Interdite...

- Et vous y avez dormi, acheva-t-elle.

- Je suis désolée d’avoir enfreint le règlement, dis-je en n’osant lever les yeux.

- Oh, ce n’est pas pour moi que vous devriez être désolée, mais pour vous, cassa-t-elle. Ces règles sont faites pour vous protéger. Êtes-vous consciente qu’en allant –qui plus est, en DORMANT- dans la Forêt Interdite, vous auriez pu être tuée ?

- Oui, professeur.

- Dans ce cas, pourquoi l’avez-vous fait ?

- J’avais besoin de fuir. J’ai rencontré l’Aigle, professeur !, m’exclamai-je en la regardant enfin. Je lui ai raconté l’issue du conte, nous avons discuté...

- Vous avez discuté avec un aigle ?, me demanda McGonagall en levant un sourcil.

- Oui, répondis-je impatiemment malgré moi. Il est parti et moi aussi, je suis partie. J’admets que c’était très bête, sans doute la chose la plus idiote que je n’ai jamais faite, mais je ne pouvais pas revenir dans la Grande Salle, professeur... C’était instinctif. Je suis entrée dans la forêt, je ne suis pas allée très loin et j’ai dormi dans un arbre, à une hauteur élevée. Â»

 

La directrice soupira d’un air fatigué et se frotta la tempe.

 

« - Vous savez donc qu’un tel acte ne peut être ignoré et cause notamment l’expulsion de l’école ?

- Oui, professeur Â», répondis-je la gorge nouée.

 

Elle me fixa un instant, je ne sus quoi faire. Si j’allais être expulsée, autant me le dire de suite, qu’on en finisse...

 

« - Cependant, j’ai décidé de vous laisser une autre chance Â», dit-elle en conservant un air sévère.

 

Je relevai la tête à m’en briser la nuque –pour changer.

 

« - Pardon ?!, laissai-je échapper en une voix étrangement pointue.

- Je vous laisse une chance, une première et une dernière, répéta-t-elle un léger sourire se formant sur ses lèvres. Cependant, vous serez punie. Vous aurez alors une retenue avec Hagrid ce soir, à 21 heures. Vous pouvez y aller.

- Oh, merci, professeur ! Â», m’exclamai-je, un élan de gratitude pour la directrice traversant mon cÅ“ur.

 

Je me levai et m’apprêtai à ouvrir la porte, lorsqu’elle me dit :

 

« - Une dernière chose, Miss Hayleen.

- Oui, professeur ?, fis-je en me retournant.

- Si vous avez besoin de quelqu’un à qui parler,  venez frapper à ma porte.

- C’est entendu, souris-je. Merci beaucoup, professeur, au revoir ! Â»

 

Je ne pus me retenir, une fois la porte du bureau directorial fermée, de partir en sautillant ridiculement. Je n’étais pas renvoyée ! Je restais à Poudlard ! J’avais hâte de le dire à Hugo et Ethan. J’étais sauvée !

 

« - L’Aigle Triste serait-il heureux ? Â», dit une voix moqueuse, sèche et dure derrière moi.

 

Je n’eus même pas besoin de me retourner pour savoir qui parlait.

 

« - Apparemment, répliquai-je irritée.

- Vu le nom que tu portes, ça ne doit pas t’arriver souvent, ricana Cassandra.

- C’est trop te demander de m’appeler par mon prénom ?, sifflai-je en me retournant vers elle.

- Pas du tout, l’Aigle Triste, dit-elle tranquillement.

- Je peux savoir quel est ton problème ?, demandai-je enfin.

- Mais je n’ai aucun problème, l’Aigle Triste !, répondit Cassandra avec un faux-air de surprise.

- Vraiment ?, dis-je. Dans ce cas, c’est pour toi un comportement normal de te comporter comme ça ? D’être tout le temps désagréable avec moi, de me regarder mal et de haut ? De m’éloigner des autres filles dans le dortoir ? Â»

 

Elle se contenta de me fusiller du regard en guise de réponse.

 

« - Tu ressembles plus à une Serpentarde qu’à une Gryffondor, si tu veux mon avis !, conclus-je. Maintenant, si ça ne te dérange pas, je m’en vais. Je n’ai pas envie de passer plus de temps avec une fille qui ne daigne me parler que pour être infecte. Â»

 

Je m’en allai sans me retourner. Non, mais ! Ce n’était pas sur moi qu’elle allait se défouler. J’en faisais déjà les frais le soir, ce n’était pas la peine non plus de pourrir mon humeur dès le matin. Je me précipitai à la recherche de mes amis. Hugo et Ethan étaient sûrement à la Grande Salle.

J’observais avec rêverie les dizaines de tableaux lorsque je percutai violemment quelqu’un sur mon chemin ; en moins de deux, j’étais sur les fesses, la tête qui tournait.

 

« - Bon sang de bonsoir de Merlin!, pesta une voix que je reconnus immédiatement. Ce n’est quand même pas compliqué de regarder où on marche, non ?! Â»

 

J’entendais presque les petits oiseaux tournoyer autour de ma tête, c’était dire ! J’entendis un grognement exaspéré et j’attrapai avec maladresse la main floue qu’on me tendait. Je me remis difficilement sur mes pieds, me tenant à la rambarde.

 

« - Merci Â», soufflai-je.

 

Scorpius marmonna je-ne-sais-quoi et me toisa d’un air furibond en essuyant sa robe.

 

« - Dis-moi, tu t’arranges pour être toujours sur mon chemin et espérer m’envoyer à l’infirmerie ?, demanda-t-il en colère. Parce que ça commence à faire beaucoup de fois que tu me rentres dedans, Hayleen.

- Où étais-tu passé ?, interrogeai-je en ignorant sa question.

- Pardon ?, fit-il, l’air franchement déconcerté.

- Hier soir, lorsque l’Aigle est venu. 

- Je suis resté, répondit-il sans se démonter, le sourcil relevé. Â»

 

Je réalisai alors quelque chose ; Scorpius sembla comprendre et ses joues se teintèrent d’une légère touche rosée, mais aucun de nous deux fit une remarque la dessus.

 

« - Et où vas-tu comme ça ?, demandai-je d’un ton dégagé en fronçant mes sourcils.

- Je peux savoir en quoi ça te concerne, Hayleen ?, cracha-t-il durement en reprenant son air affreusement arrogant.

- Par pure curiosité, c’est tout, répondis-je bien moins gentiment, refroidie.

- Et bien ça ne te concerne pas, un point c’est tout Â», termina-t-il rapidement en plissant les yeux.

 

Il me fusilla du regard et continua de monter les marches. Où allait-il donc ? Est-ce que Malefoy cachait quelque chose ? Mystère à éclaircir. En attendant, j’en avais assez vu pour la journée. Si je rencontrais quelqu’un d’autre susceptible de m’énerver, j’allais mourir â€“et pour parler franchement, j’aimerais bien que ce ne soit pas aussi tôt, surtout à cause de ça.

Hugo et Ethan m’accueillirent avec un grand sourire, ce qui me réchauffa le cœur.

 

« - Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis contente de vous voir !, soufflai-je en m’asseyant à leurs côtés sur la table des Gryffondor.

- Tu es restée longtemps avec ton frère, remarqua Ethan en fronçant les sourcils.

- Oh, non, pas tant que ça, dis-je en attrapant une pomme sur la table. Mais ensuite, j’ai parlé avec McGonagall et j’ai croisé Cassandra et Malefoy.

- Mais qu’est-ce qu’il fait tout le temps là ?!, grogna Hugo l’air agacé.

- Je me pose la même question, mais je crois qu’il mijote quelque chose.

- Comment ça ?, demanda Ethan.

- Je l’ai croisé en descendant alors qu’il montait les marches. Mais la Salle Commune des Serpentards est dans les cachots... Il m’a dit que ce qu’il allait faire ne me regardait pas et il est parti avec un air bizarre, expliquai-je tout en mordant dans la pomme.

- Hmmh, réfléchit Hugo pensivement. Et McGonagall ?, s’exclama-t-il soudain.

- Mais oui !, ajouta Ethan, les yeux grand ouverts. Tu as enfreint le règlement !

- Rassurez-vous, je ne suis pas expulsée, dis-je un grand sourire sur les lèvres, une explosion de joie dans mon cœur. J’écope seulement d’une punition ce soir, avec Hagrid.

- Heureusement !, soupira-t-il, l’air visiblement soulagé. Tu es en forme aujourd’hui ?

- Pourquoi ?, demandai-je bêtement, les joues remplies de morceaux de fruit.

- L’entraînement de Quidditch, ne l’oublie pas, rit Hugo.

- Oh, oui, c’est vrai !, m’écriai-je. Mais j’ai hâte !

- Même avec le Capitaine Fou ?, dit Ethan avec un sourire amusé.

- Même avec lui, ris-je. Il n’est pas fou, il est très gentil et juste un peu enthousiaste !

- Juste un peu Â», releva Hugo en faisant une moue sceptique, ce qui fit éclater de rire Ethan.

 

Hugo et Ethan continuèrent la conversation tandis que, malgré moi, mes pensées divaguèrent. Que mijotait Scorpius ? Pourquoi Cassandra était-elle infecte avec moi ? Et que prédisaient les étoiles ?

 

« - Et à propos de Malefoy, demanda soudainement Ethan.  Tu aurais une idée d’où est-ce qu’il va ?

- Pas la moindre, soupirai-je.

- Il est sûrement en train de préparer  un mauvais coup, grogna Hugo. Cet infâme cafard. Â»

 

Ethan hocha la tête avec approbation et je m’éclaircis la gorge avant de dire l’impensable :

 

« - Vous savez, je ne... Je ne pense pas qu’il soit une si mauvaise personne que ça. Â»

 

J’aurais affirmé avoir lu dans la Gazette du Sorcier que Voldemort avait ressuscité et été élu Ministre de la Magie que ça aurait été pareil.  Hugo cracha et inonda la table de tout le jus de citrouille qu’il était en train de boire –en provoquant nombreux marmonnements mécontents des autres Gryffondor- et Ethan ouvrit de grands yeux de chouette ébahie. Ils avaient l’air tout deux choqués. Peut-être avaient-il effectivement compris que Voldemort était Ministre de la Magie ?

 

« - Pardon ?!, toussa enfin Hugo en s’essuyant le menton, les yeux aussi grand ouverts que ceux d’Ethan.

 

- Je disais, répétai-je en retenant difficilement un éclat de rire devant leur mine éberluée, que Scorpius à peut-être du bon, au fond...

- Tu es sûre de ne pas être tombée de l’arbre ?!, me demanda Ethan l’air inquiet.

- Je vous assure, dis-je. Il affiche toujours son fichu air hautain et déborde d’arrogance, est la plupart du temps vraiment mesquin et fait tout pour paraître meilleur qu’il ne l’est, mais parfois, c’est comme si cette barrière laissait voir des fissures... Et le temps de fractions de secondes il laisse tomber le masque. Il paraît bon, gentil.

- C’est peut être une feinte, répondit-il les yeux plissés, l’air prudent. Franchement, méfies-toi, Automne.

- C’est vrai, on ne sait pas de quoi il est capable ! renchérit Hugo, affichant lui aussi un air sceptique.

- Je comprends que vous soyez inquiets, mais il a notre âge, 11 ans ! Il ne peut rien faire de mal !

- Et ton attaque ?

- Ce n’était pas lui, soufflai-je. Il n’a pas voulu me faire du mal. C’est ce crétin de Serpentard qui s’est déchaîné, mais ça ne venait pas de Scorpius.

- Tu es sûre ?, demanda Ethan.

- Il me l’a dit lui-même, confiai-je. 

- Et en parlant de ce crétin de Serpentard, tu l’as revu ?, dit-il rapidement.

- Même pas son ombre ! Â», répondis-je en fronçant des sourcils.

 

C’est vrai que je n’avais même pas pensé à celui qui m’avait lancé les sorts.

 

« - Il a dû être renvoyé, j’imagine, dit pensivement Hugo. Et privé de magie...

- Tu crois que sa baguette aurait été cassée pour ça ?!, demandai-je surprise.

- Je l’ignore, ajouta-t-il.

- Ce serait exagéré, non ?

- Exagéré ?!, s’exclamèrent-ils d’une seule voix.

- Je ne nie pas que ce qu’il m’a fait soit odieux, dis-je très vite. Mais le priver d’études, casser sa baguette et le priver de magie... Ce serait vraiment excessif, non ? Il ne m’a pas tuée, n’a mis personne en danger. Il a juste enfreint le règlement qui stipule que le genres de sortilèges qu’il a exercés est interdit à pratiquer dans les couloirs de Poudlard, cela vaut une punition, rien de plus.

- Tu as trop bon cÅ“ur, je le crains, soupira Ethan. Cependant, je dois reconnaître -à contrecÅ“ur- que tu as raison. Mais il a quand même failli te tuer ! Il n’a pas eu le temps car Scorpius l’en a empêché (il jeta un regard en biais à Hugo qui tordit la bouche) mais sinon, il aurait continué !

- Mais il ne l’a pas fait, répétai-je. Donc peut-être qu’il est juste expulsé de Poudlard pour un moment, ou alors je ne le vois simplement pas car il évite de se faire remarquer ?

- Un Serpentard qui évite de se faire remarquer ?, ricana Hugo. Ce serait comme demander à un dragon de bien vouloir être tranquille et de lui proposer une petite sortie en laisse. Â»

 

La journée passa trop vite. Après l’entraînement de Quidditch exténuant (« On va pas se laisser faire ! Â» avait hurlé un Carter déchaîné durant trois heures), le temps travail et le repas, il était déjà 20h55. Avec un petit signe de la main à Ethan et Hugo, je me rendis chez le concierge –toujours si peu aimable- qui me conduisit chez Hagrid, une petite maisonnette dont la cheminée rejetait une légère fumée argentée. Rusard frappa à la porte.

 

« - Bonsoir, Automne !, s’exclama joyeusement Hagrid en ouvrant la porte, armé d’une arbalète.

 

- Vous songez enfin à être plus persuasif ?, demanda Rusard en observant l’arbalète d’un Å“il de vautour.

- Ce n’est pas pour maltraiter cette élève !, rugit férocement Hagrid.

- Ah, grogna le concierge l’air visiblement déçu. Il faudrait quand même y songer, une petite balade dans la Forêt Interdite ne les guérit pas de toute envie d’enfreindre le règlement ! Vraiment, ça me manque de ne plus suspendre les élèves par les poignets dans les cachots et de les entendre crier...

- C’est ça, merci et au revoir, coupa Hagrid en me prenant par l’épaule de sa main de la taille d’un couvercle de poubelle.

- Bonsoir, Hagrid, répondis-je finalement avec un sourire.

- Ne t’inquiète pas, ce Rusard n’a plus toute sa tête, me rassura-t-il. Déjà qu’il était complètement fêlé de nature, son âge ne lui réussit pas. Nous allons juste voir dans la Forêt s’il n’y a aucun problème.

- C’est pour ça que vous avez votre arbalète ?, demandai-je.

- Exact, affirma-t-il gravement. Même si depuis la guerre, elle est plus calme, les risques sont toujours là. Mais avec moi, il ne t’arrivera rien ! Déjà que toute seule, apparemment, tu sais te débrouiller, ajouta-t-il avec un clin d’œil. Â»

 

Je suivis Hagrid dans la Forêt Interdite. Elle paraissait plus sombre et plus effrayante que la nuit précédente. Peut-être parce que je n’étais pas en état de penser. Alors que nous avancions lentement dans la profondeur de la forêt, de moins en moins de lumière arrivait à passer et bientôt, nous nous retrouvâmes dans le noir presque complet.

A cet instant, un drôle de bruit sortit de nulle part. Un espèce de craquement étrange... Ma cicatrice se mit à brûler et Hagrid s’arrêta et me stoppa de sa main.

 

« - Lumos Â», prononçai-je machinalement.

 

A peine le bout de ma baguette s’était éclairée qu’une énorme, blanche et pâle forme cria et s’enfuit à travers les arbres avant de disparaître totalement.

 

« - On... On aurait dit un énorme chien..., soufflai-je le cÅ“ur battant tellement fort qu’Hagrid pourrait l’entendre.

- Cette créature était un Cynospectre, dit le garde-chasse d’un ton bourru. Ce sont des Esprits qui ressemblent effectivement à des chiens et qui vivent seuls ou en groupe. Ils détestent la lumière. Heureusement que tu as eu cette idée, Automne. Mais je ne sais pas ce que celui-ci faisait là, ajouta-t-il en fronçant les sourcils. Normalement, ils vivent plus au Sud.

- Peut-être avait-il simplement senti notre présence ?, demandai-je.

- Justement, répondit-il. Ils évitent de s’approcher des humains. Ce qui les attire, c’est la...

- Oui ?, dis-je face au silence de Hagrid.

- La pureté, sourit-il en me regardant. Bien évidemment, c’est toi qui l’as attiré. Ton âme est aussi pure que la pureté elle-même. Tu es la Vie de la Forêt. Tu le savais ?

- Oui, confirmai-je. Ce matin, j’ai rencontré les centaures Wale, Meryan et Gonath. Ils me l’ont dit.

- Je vois. Pas commode, le Wale, hein ? En tout cas, cela signifie que tu ne seras jamais en danger dans la forêt. Etant donné que tu es la Gardienne de la Forêt –une autre version de ton titre-, par conséquent toutes les créatures te respectent, des centaures –même un peu grognons tels que Wale- aux Acromantules (sa voix frémit) en passant par les licornes et autres Cynospectres. Oh, ajouta-t-il devant ma mine intriguée, il y a bien d’autres créatures bien sûr. Des loup-garous, des licornes, des Sombrals, des Botrucs, des gobelins buveur de sang, des trolls...

- Des Botrucs ?

- Une créature gardienne des arbres qui ressemble à un mélange de brindilles et d’écorce, expliqua Hagrid en bombant le torse, l’air fier de ses connaissances. Il ne fait de mal qu’à ceux qui menacent l’arbre où il habite, sinon il est très timide. Dans quel arbre as-tu dormi ?

- Dans un chêne très imposant, dis-je en me rappelant de l’énorme arbre. J’ai dormi dans un trou creusé dans son tronc.

- Par les ailes de l’hippogriffe !, s’écria Hagrid. Tu as dormi dans l’habitat d’un Botruc, ça ne fait aucun doute. Il t’aurait crevé les yeux si tu n’étais pas l’Aigle Triste. Il faut croire qu’il a été ravi de t’offrir asile pour la nuit. Â»

 

Nous contemplâmes la lune avec silence.

 

« - Dites-moi, Hagrid ?

- Oui ?

- Les centaures disent qu’ils peuvent prévoir des évènements en regardant les étoiles. Comment est-ce qu’on les lit ?, demandai-je.

- J’aurais aimé répondre à ta curiosité, Automne, mais je suis incapable de te le dire, répondit Hagrid l’air désolé. La divination avec les étoiles est une science très compliquée comprise seulement par les centaures eux-mêmes et ils la gardent bien secrètement. Seul un centaure qui se différenciait des autres, Firenze, a été professeur à Poudlard une année afin de l’enseigner aux élèves. Il a été banni de sa communauté pour ça. Enfin, je te rassure, après la guerre, il a réintégré son clan qui a considéré qu’il s’était conduit avec honneur. Il n’empêche qu’aucun centaure à part lui n’a tenté de partager leur connaissance des étoiles.

-  Ils ont prédit qu’un « triste évènement se produira Â», à mon propos, dis-je. Il n’y a vraiment aucun moyen ?

- Je le crains. Mais tu sais, la divination en elle-même est une branche de la magie très nébuleuse, bien que les étoiles apportent plus de fidèles informations que les feuilles de thé, rit Hagrid d’un ton bourru. N’oublie cependant pas que l’avenir n’est pas programmé et change à chaque action que tu exerces. Pour illustrer,  si tu n’avais pas mangé de Patacitrouilles le 24 février dernier ou que tu avais acheté un pull rouge au lieu d’un bleu, tu serais peut-être en train de danser dans la Salle Commune. Â»

 

Malgré ma déception par rapport à la divination, Hagrid me fit rire en me racontant diverses aventures qui auraient pu m’arriver si je n’avais pas marché sur un caillou le 21 janvier à 15h02 ou encore si j’avais avalé ma part de pudding en 21 bouchées au lieu de 20 au banquet.

 

Comment faire pour connaître ce « sombre évènement Â» ? Était-ce ma mort... ? Dans ce cas, elle arriverait bientôt. Je doute que les étoiles puissent prédire un évènement qui arriverait 4 ou 5 ans plus tard... Mon rire s’éteint dans ma gorge.

 

« - Que dis-tu d’aller prendre un thé bien chaud ? Â», proposa-t-il finalement.

 

J’acceptai l’offre avec plaisir, sentant mes doigts qui commençaient à s’engourdir. Après avoir bu le thé, mangé un biscuit raide comme la justice et discuté avec Hagrid, je rentrai au château.

Alors que je me dirigeais vers le dortoir, je réfléchissais. Comment faire pour connaître la prédiction ? Il n’y avait qu’un seul moyen possible : retourner dans la Forêt Interdite et demander aux centaures. C’était risqué, d’autant plus qu’ils gardaient bien leur secret, mais Meryan accepterait peut être. En tout cas, j’osais espérer qu’un second Firenze pourrait m’aider.  

Je me couchai frigorifiée. Toutes mes pensées se bousculaient dans ma tête, me causant un mal de crâne terrible. Entre la prédiction des étoiles, mon projet d’aller dans la forêt, les problèmes de Cassandra et le mystère Malefoy, j’étais servie.  

bottom of page