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Chapitre 3 : Insomnies et jalousie

Durant la journée, Harry ne jeta pas un seul regard vers la table des Serpentards. Il se sentait malade de son sentiment de malaise intense dès qu’une discussion se rapportait à Malefoy et ne voulait pas l’accentuer en le croisant ou en le regardant.

 

« - Harry, tu devrais vraiment aller à l’infirmerie, tu es tellement pâle, chuchota Hermione alors qu’ils étaient en cours d’Histoire de la magie –avec les Poufsouffles, Merlin soit loué.

 

- T’inquiète pas, ça va, répondit Harry avec un énième sourire forcé –ce qui allait finir par lui briser la mâchoire. C’est un peu dur de reprendre, c’est tout. Â»

 

Heureusement, c’était la dernière heure de cette journée exténuante. Le cours de potions, partagé comme d’habitude avec les Serpentards, avait été douloureusement éprouvant ; supporter à la fois les remarques acerbes de Rogue et la présence de Malefoy était quelque chose qu’il voulait ne plus jamais avoir à faire. Ce qui était impossible, bien entendu, dans la mesure où le cours était dispensé trois fois par semaine et que Rogue avait la brillante faculté de ne jamais tomber malade.

 

Il leur avait également donné une tonne de devoirs, comme à sa charmante habitude, mais il n’avait pas été le seul ; à l’identique de l’année des BUSEs, les professeurs estimaient qu’il fallait travailler aussitôt d’arrache-pied si on voulait avoir une chance de s’en sortir. En bref, de quoi rassurer les septième année et les mettre directement dans l’ambiance.

 

« - Je n’arrive pas à croire qu’ils veulent déjà notre mort, protesta Ron alors qu’ils entraient la Salle Commune. On dirait qu’ils sont plus stressés que nous !

 

- Ils veulent simplement qu’on réussisse nos ASPICs, dit Hermione. Il n’y a rien de mal là-dedans.

 

- Bien sûr, admit-il, mais ne me dis pas que tu es contente d’être déjà débordée le premier soir !

 

- Je n’ai pas dit ça, je dis seulement que c’est pour notre bien.

 

- C’est ça. Sinon, Harry,  ça va toujours pas mieux ?, demanda Ron en quête de s’enfuir loin des ASPICs.

 

- Toujours patraque, répondit-il en haussant les épaules.

 

- Ce ne serait pas Malefoy, par hasard ? Â», remarqua-t-il.

 

Le cœur d’Harry sembla s’arrêter de battre tandis qu’une fois encore, ses joues se teintèrent de la couleur du Musard de ce matin.

 

« - Malefoy ?, dit-il en essayant d’adopter un ton dégagé. Pourquoi tu dis ça ?

 

- Je sais pas, répondit Ron en haussant les épaules, semblant ne pas voir la couleur du visage de son meilleur ami. T’es hyper bizarre depuis hier, encore plus quand il est là.

 

- Je me suis fait une réflexion similaire, dit Hermione en fixant Harry comme si elle l’analysait.

 

- Peut être que je ne supporte pas la fouine, c’est tout, s’énerva-t-il en sentant son cÅ“ur s’emplir de panique. Il m’énerve de plus en plus, il est devenu encore pire qu’avant. Écoute, Hermione, ajouta-t-il en la voyant commencer à dire quelque chose, je suis fatigué et il ne fait qu’empirer la chose, d’accord ? Il me rend malade et la colère me fait rougir, c’est tout. Â»

 

Son argument était bien peu convaincant, et il le sentit au vu des regards de Ron et Hermione, mais ils s’en contentèrent poliment  et sortirent leurs affaires pour commencer leurs devoirs. Il  avait tellement honte de réagir comme ça face à Malefoy ! Le pire restait de ne même pas en comprendre la raison.

 

« - Je vais à bibliothèque, je reviens dans 5 minutes, dit-il après une demi-heure de travail silencieux. J’ai besoin d’un renseignement à propos du devoir de Rogue. Â»

 

Il avait surtout besoin de sortir et d’échapper au moins quelques instants aux regards incessants de ses meilleurs amis, qui croyaient être discrets. Tu parles ! Hermione détournait la tête à chaque fois qu’Harry levait la sienne et Ron passait son temps à renifler fortement comme si de rien n’était.

 

Il emporta son sac et sur le chemin, croisa Ginny qui rangeait son sac.

 

« - Salut, Harry.

 

- Salut, Ginny. Â»

 

Leurs rapports étaient froids depuis leur séparation l’année passée. Après 5 mois qui avaient pourtant été géniaux, Harry ne s’était plus senti amoureux et avait décidé de rompre ; suite à ça, Ginny qui disait pourtant l’avoir pardonné avait paru triste et malheureuse pendant un très long moment, et encore aujourd’hui elle ne paraissait pas ravie de le voir –même si elle sortait avec Ernie Macmillan.

 

« - Tu fais quoi ici ?, demanda Harry le plus tranquillement possible.

 

- Je traîne, je me promène, répondit-elle avec un visage impassible –ce qui avait toujours été une de ses grandes qualités même si ce masque avait failli après leur séparation.

 

- Tu n’es pas avec Ernie ?

 

- Il a décidé de rester avec ses amis, c’est pas plus mal, répondit-elle en haussant les épaules.

 

- Pourquoi ça ?, fit Harry avec surprise.

 

- Il est un peu agaçant parfois... C’était mieux avec toi. Â»

 

A cet instant, Harry vit Malefoy passer dans le couloir et il sentit ses joues s’enflammer.

 

« - Je rêve ou tu rougis ?, observa Ginny avec un rictus amusé sans s’apercevoir de la présence du Serpentard.

 

- C’est très... Gênant de parler de ça, Ginny, expliqua Harry en se concentrant tant bien que mal sur la rouquine. Écoute, c’était bien, toi et moi, mais c’est fini, maintenant, je t’ai expliqué pourquoi. Il ne sert à rien de ramener sur la table des choses passées et terminées, tu ne crois pas ? Â»

 

Ginny conservait son masque de glace.

 

« - Tu as raison, dit-elle sans faillir et en prenant son sac. Je ferais mieux de rejoindre Ernie, finalement. A plus tard. Â»

 

Et elle partit d’un pas vif, sa crinière de feu flottant autour d’elle.

 

« - On a des soucis sentimentaux, Potter ? Â», murmura une voix qu’Harry avait le malheur de connaître.

 

Il retint un mouvement de surprise et se retourna vers le blond de la façon la plus normale possible.

 

« - Je ne vois pas en quoi ça te regarde, Malefoy. Maintenant, si tu pouvais partir, ça m’arrangerait.

 

- Ma présence te dérange ? Â»

 

Il esquissa un petit sourire satisfait. Harry, après un moment d’hésitation, soupira d’un air énervé et partit en direction du parc. Mais le blond le suivait ; il pouvait entendre ses pas derrière lui.

 

« - Arrête de me suivre, Malefoy, dit-il sans s’arrêter de marcher.

 

- Mais je ne te suis pas, Potter, répondit tranquillement l’autre. Faut arrêter de croire que t’es le centre du monde, on va au même endroit, c’est tout.

 

- Et où tu vas, au juste ?, le défia Harry.

 

- Loin de toi, je l’espère.

 

- Alors arrête de me suivre si tel est ton désir !

 

- Mais ce n’est pas le tien, pas vrai Potter ? Â»

 

Harry sentit son sang se glacer et son souffle se couper. Malefoy lui jeta un dernier regard, accompagné de ce même léger sourire fier, et passa par le couloir de gauche tandis qu’Harry tournait à droite, son seul désir étant de partir le plus loin possible du Serpentard.

Le soir même, il ne réussit pas à dormir. Sa tête lui tournait, il repensait sans cesse à ce que Malefoy lui avait dit, à ses réactions lorsqu’il le voyait et encore pire, lorsqu’il lui parlait, à sa peur constante et ses questions sans réponses...

 

Sur quoi s’appuyait le blond pour lui faire ces remarques ? Quelles étaient ses « références Â» ? Peut-être n’était-ce pas du tout par rapport à ce qui se passait depuis la rentrée. Peut-être était-ce juste de l’arrogance que de croire que tout le monde veut de sa présence... ? Ou peut-être pas...

 

Au fil des jours, sa ressemblance avec un zombie s’accentuait, faute à ses insomnies qui s’ensuivaient. Il avait l’impression d’être réveillé depuis des siècles et de prendre trente ans par heure. L’image de Malefoy le hantait. Chacune de ses expressions sarcastiques et moqueuses plongeaient Harry dans une honte sans fond ; il se sentait ridicule, sale et réduit au punching-ball qu’il avait si souvent été avec Dudley. Sa haine envers le Serpentard ne faisait que s’accentuer, et c’est à peine si Ron devait le retenir d’enfoncer la tête du blond dans le mur de pierre à chaque fois qu’il le croisait. Mais il était aussi dégoûté de ce qu’il pouvait ressentir lui-même ; car il le sentait, sa haine n’était qu’un prétexte pour dissimuler autre chose, autre chose dont il avait profondément honte au-delà de tout. Autre chose dont il n’était pas sûr, du moins il ne voulait pas la voir.

 

« - Arrête de nous mentir, maintenant Harry !, s’énerva Hermione alors qu’ils faisaient leurs devoirs dans le parc, dans la fraîcheur du mois de novembre. Ce n’est pas normal, toutes ces insomnies ! Tu ressembles à un... A un mort ! Â»

 

Harry haussa les épaules et regarda au loin Ron s’entraîner pour le Quidditch.

 

« - Tu as maigri car tu ne manges rien, tu es aussi pâle que Nick Quasi-Sans-Tête excepté le violet de tes énormes cernes, et je... Je m’inquiète pour toi, Harry, ajouta Hermione plus doucement en retenant une larme au coin de son Å“il. On a toujours été là pour toi, quoi que tu aies fait, quoi que quiconque t’ai fait, on t’a toujours aidé et soutenu. Tu le sais, Harry... On ne t’abandonnera jamais.

 

- Il n’y a rien, mentit Harry d’une voix blanche.

 

- Tu répètes ça à chaque fois qu’on te le demande, je sais qu’il y a quelque chose. Ça fait deux mois, maintenant, et je te vois mourir jour après jour.  N’aie pas peur, Harry, dis-le moi... Â»

 

Harry baissa la tête. Il était temps de lui avouer. Ça commençait à lui pourrir le cœur de mentir à ses meilleurs amis.

 

« - Promets-moi que tu ne me jugeras pas.

 

- Jamais, promit-elle avec un regard encourageant.

 

- Voilà, je crois... Je crois que je suis amoureux. Â»

 

Hermione resta impassible et elle lui prit la main.

 

« - De Malefoy, c’est ça ? Â»

 

Harry leva la tête si vite qu’il la sentit douloureusement craquer. Son cœur qu’il croyait mort se mit à battre la chamade.

 

« - Mais... Mais comment... ? Â»

 

Avant qu’il puisse finir sa question, Hermione se jeta dans ses bras et le serra de toutes ses forces.

 

« - Oh, Harry ! Ce n’est que ça ? C’est pour ça que tu ne dors plus, que tu nous cache la vérité depuis deux mois ?

 

- Que ça ?, ronchonna-t-il en n’osant pas regarder son amie dans les yeux. Hermione, c’est Malefoy... C’est un garçon...

 

- Oui, et bien quoi ?, dit-elle avec un sourire. Que ce soit une fille ou un garçon, ça ne change rien. Mon Dieu, tu m’as fait tellement peur ! J’ai cru que c’était quelque chose de grave !

 

- Hermione, C’EST grave !

 

- Bien sûr que non !, s’énerva-t-elle à nouveau en le reprenant dans ses bras. Crétin fini, j’ai cru mourir de terreur !

 

- Mais comment... Comment tu as su que j’étais... Que c’était Malefoy ?

 

- Tu es mon meilleur ami, répondit-elle doucement. Je vois depuis septembre, comment tu réagis quand il est là, comment tu le regardes –je vois bien qu’il y a autre chose que de la haine dans ton regard. J’avais déjà des soupçons mais j’ai décidé de ne pas t’en parler car je savais que ça t’aurait mis profondément mal à l’aise. Il ne fallait pas !

 

- Je ne sais pas comment c’est possible, dit-il atterré. On entretient un rapport constant de mépris  depuis 7 ans, et voilà qu’à la rentrée, je... ça change, du moins de mon côté... Je l’ai trouvé différent dès que je l’ai vu.

 

- Je peux t’assurer que ça a aussi changé de son côté, affirma Hermione. J’ai vu comment tu le regardais mais j’ai aussi vu comment lui te regardais, et crois-moi, c’était le même regard. 

 

- J’ai tellement honte, je me sens tellement mal !, avoua-t-il sans pouvoir empêcher une larme de couler. Ça me tue de voir cette vérité, de vous avoir menti durant tout ce temps, de me sentir tellement seul, de parler de tout et de n’importe quoi alors que dans ma tête, c’est le bordel. Â»

 

Il se laissa tomber contre l’herbe, réalisant à quel point il était fatigué et qu’il avait besoin de sommeil. Se laisser tomber auprès d’Hermione lui fit un bien fou, c’était comme lui enlever le poids qui s’alourdissait de plus en plus sur son cœur.

 

« - On en parle pas tout de suite à Ron, d’accord ?, murmura-t-il après quelques minutes.

 

- C’est d’accord, mais pas longtemps, dit-elle en le serrant dans ses bras. Ça lui fait mal ne de pas savoir la vérité.

 

- Très bien, soupira Harry en prenant son courage à deux mains. J’imagine qu’il faudra que je lui dise à lui aussi de toute façon, il a autant le droit de savoir que toi...

 

- Tu préfères que je le fasse ?, devina Hermione. Ça ne me pose pas de problème, je peux comprendre ce que tu ressens.

 

- C’est très gentil, et j’avoue que ça m’arrangerait, mais j’en ai marre de passer pour une mauviette, dit Harry avec un faux rire.

 

- Je t’aiderai, promit-elle avec un sourire.

 

- Merci. Â»

 

Le dire à Ron... Encore une épreuve, et loin d’être la plus simple. Harry espérait que ça n’allait rien changer à leur amitié si soudée, et que Ron ne se mettrait pas dans la tête qu’il ait pu plaire à Harry un jour, ou un truc du style. Justement, Ron revenait de son entraînement de Quidditch, tout sourire.

 

 Â« - Je crois que je me suis vraiment amélioré !, s’exclama-t-il en s’asseyant dans l’herbe. Il était génial, cet entraînement, Dean et Ginny m’ont dit que je bloquais mieux les Souafles qu’avant. Et... Harry, t’as les yeux rouges ? Â»

 

Harry jeta un regard paniqué à Hermione, qui hocha la tête avec encouragement.

 

« - Voilà, j’ai... J’ai dit à Hermione la raison de mes insomnies et ce qui est la réponse à toutes vos questions...

 

- Crache le morceau !, coupa Ron avec un air sérieux.

 

- Je ne sais pas si c’est vraiment le moment, hésita Harry en se sentant rougir.

 

- Harry est amoureux, balança Hermione tout en bloc.

 

- Amoureux ?!, s’étonna Ron avec des yeux ébahis. Amoureux ?! Mais c’est que dalle ! Y’a pas besoin d’en faire tout un plat !

 

- C’est la personne dont il est amoureux qui pose problème, dit-elle en empêchant Harry de protester.

 

- C’est Ginny ?, demanda-t-il en haussant un sourcil. Je croyais que c’était fini. Mais tu sais bien que je ne t’en voudrais pas, c’est pas...

 

- C’est pas Ginny, dit faiblement Harry.

 

- Cho ?!, fit-il les yeux de plus en plus sidérés. Parvati ?! Luna ?! Quand même pas Lavande !

 

- Ron, explosa Harry en le foudroyant du regard, ce n’est PAS une FILLE ! Â»

 

On aurait dit que la mâchoire de Ron allait se décrocher.

 

« - Ah... Mais c’est... C’est pas dramatique, mon vieux, dit-il maladroitement, ça arrive, c’est pas grave, on ne t’en aurait pas voulu pour ça, t’es notre meilleur ami quand même...

 

- Même si je vous avais dit que c’était Malefoy ? Â», demanda-t-il agacé.

 

Cette fois, Harry crut que Ron allait faire un arrêt cardiaque.

 

« - Malefoy ?! Malefoy ? Mince, Harry ! T’as quand même pas... Fais un truc avec lui ?!

 

- Dis pas de bêtise, dit Harry en levant les yeux au ciel.

 

- Qu’est-ce que ça peut faire, que ce soit Malefoy ou un autre ?, fit Hermione en fusillant le roux du regard.

 

- Qu’est-ce que ça change ?, s’énerva-t-il en se levant. Ça change qu’au lieu que ce soit un mec comme ça, c’est l’insupportable fouine qui a passé 7 années de sa vie à nous insulter, moi, toi, et Harry ! Il a même créé des badges contre lui, et...

 

- Je n’ai pas oublié ça, Ron !, s’énerva Harry à son tour. Mais il faut croire que ça a changé ! Â»

 

Il y eut un long silence pendant lequel Ron baissait la tête avec colère, Hermione se rongeait les ongles en tentant toutes les secondes de dire quelque chose et Harry était en profond malaise. Ça n’aurait pas pu se passer plus mal.

 

« - Je ne t’en aurais pas voulu si tu nous avais dit plus tôt !, dit Ron en brisant le silence. Tu croyais quoi, qu’on se moquerait de toi ? Et bien bravo, la marque de confiance ! Tout ce qui me pose problème en ce moment c’est ça !

 

- Et surtout le fait que ce soit Malefoy, ajouta Harry plus calmement.

 

- Ça encore, c’est moins dur à encaisser ! Tu es amoureux de qui tu veux, même si c’est de la personne que je déteste, j’aurais essayé de comprendre ça ! Mais merde Harry, tu ne nous en as pas parlé ! Tu nous as laissé des semaines à nous inquiéter pour rien !

 

- Parce que tu crois que c’est facile, peut-être ?, s’écria Harry en se levant à son tour. Si tu t’étais rendu compte que tu étais... De l’autre côté, tu aurais couru nous en parler ?

 

- Peut-être pas, non, mais je ne vous aurais pas laissé aussi longtemps dans l’ignorance et l’inquiétude !

 

- Et bien je suis vraiment désolé, et c’est sincère, mais c’était déjà horriblement difficile de l’accepter moi-même !

 

- Les garçons..., intervint faiblement Hermione en s’interposant entre les deux.

 

- Laisse tomber ! Je vais prendre une douche, je crois que ça me fera du bien ! »

 

Et il partit d’un pas rageur à l’intérieur du château. Harry s’appuya contre le tronc d’un arbre, dépité.

 

« - Ne t’en fais pas, Ron va finir par accepter, assura Hermione en lui relevant la tête. Tu sais comment il est, il réagit toujours mal lorsqu’il est pris de court, et il croyait vraiment que ce qu’il t’arrivait était plus grave et...

 

- Mais qu’est-ce que vous avez à croire que c’est pas grave ?!, se détacha furieusement Harry.

 

- Parce que ça ne l’est pas, voilà tout !, dit-elle d’une voix forte. Je peux comprendre ce que tu ressens, ce n’est pas simple, mais c’est loin d’être dramatique, je t’assure ! Surtout que comme je t’ai dit tout à l’heure, tu n’as pas l’air non plus de laisser Malefoy indifférent.

 

- Arrête, dit Harry avec néanmoins un sourire amusé.

 

- Il ne t’insulte plus quand vous vous croisez, et soit vous baissez tous les deux la tête soit vous échangez un regard ! Pas besoin d’être psychologue pour se rendre compte qu’il y a un truc.

 

- C’est vrai ?, demanda-t-il en se tournant vers elle, sentant ses joues chauffer.

 

- Bien sûr que c’est vrai, fit Hermione attendrie. Et ne t’inquiète pas pour Ron, il va comprendre.

 

- J’espère que tu as raison, soupira-t-il en la prenant dans ses bras. Merci beaucoup, Hermione. Merci. Â»

 

Et effectivement, le lendemain, Ron lui avait demandé pardon et malgré sa difficulté d’en parler, c’était même lui qui bassinait Harry pour avancer quelque chose.

 

« - Qu’est-ce que tu veux que j’avance ?, demanda Harry avec amusement alors qu’il mangeait son petit-déjeuner.

 

- Je sais pas, arrange-toi pour te retrouver en binôme avec lui, ou prendre le même chemin que lui...

 

- Un peu chaud galette, ton plan.

 

- Il te regarde ! Â»

 

Harry releva le regard et effectivement, le Serpentard avait le regard dirigé vers lui. Harry s’empourpra aussitôt et détourna la tête vers Hermione, qui avait un grand sourire.

 

« - Je t’en prie, Hermione, l’implora Harry avec gêne.

 

- Ron à raison, dit-elle en ignorant sa remarque. Il faut que tu fasses quelque chose. Justement, on a botanique ! Chourave refera peut être les binômes... Â»

 

Harry haussa les épaules. Il ne voulait pas brusquer les choses. A vrai dire, il ne voulait rien faire.

 

« - Il n’est sûrement pas comme moi, dit-il en ressentant un pic dans le cÅ“ur. Regarde, avec Parkinson ou quoi...

 

- J’en doute fortement, insista Hermione. Parkinson l’énerve au plus haut point, ça se voit. Il semble avoir envie de mourir à chaque fois qu’elle le touche. Et tu crois qu’il te regarderait si tu ne l’intéressais pas ?

 

- Je sais pas, hésita Harry. Ça parait tellement improbable.

 

- Tu nous as bien dit tout ce qu’il t’a dit, non ? Et ça aurait paru improbable si on t’avait dit que ça se passerait !

 

- Il ne m’a rien dit de bien spécial...

 

- Au contraire, si on y réfléchit bien, c’est spécial dans la mesure où vous n’avez jamais parlé ni réagi comme ça, l’un envers l’autre ! Â»

 

Le pire, c’était qu’elle avait raison. Bien qu’Harry ne voulait pas l’admettre, tout était complètement différent depuis la rentrée. Ils s’échangeaient des regards, ne se lançaient plus de remarques agressives mais seulement quelques sarcasmes et... Harry ne savait pas quoi rajouter, pourtant il était sûr que toutes les différences avec les années passées auraient pu s’allonger sur des kilomètres de parchemin.

 

Sur le chemin des serres, le ventre d’Harry faisait nerveusement des pirouettes. Il avait d’un côté envie d’être avec Malefoy, de l’autre pas du tout. Mais il y avait peu de chances qu’il tombe avec lui si Chourave faisait les binômes étant donné qu’elle s’arrangeait toujours pour varier. La dernière fois, Harry était tombé avec Parvati –ce qui avait été particulièrement pénible dans la mesure où elle n’avait cessé de lui faire des sourires charmeurs.

 

« - Bonjour les septième année !, les salua le professeur Chourave. Aujourd’hui, nous allons étudier la composition de l’aconit, que vous vous devez de connaître par cÅ“ur. Mais nous allons aller plus loin ; trouvez le moyen d’extraire dans la plante ce qui fait sa toxicité et récupérez-le dans le tube, comme d’habitude. Et comme d’habitude, je compose les binômes. Â»

 

Maintenant, plus personne ne soupirait ; c’était devenu une habitude. Hermione et Ron adressèrent à Harry un regard plein d’espoir, ce à quoi il répondit par un sourire. Faites qu’il soit avec lui... Non, finalement, faites qu’ils ne soient pas ensemble... Si... Surtout pas !

 

« - Mr Londubat avec Miss Granger, commença-t-elle, Mr Goyle avec Miss Brown... Mr Potter avec Miss Parkinson et Mr Weasley avec Mr Malefoy. Â»

 

Harry crut qu’il allait défaillir. Lui avec Parkison et Ron... Ron avec Malefoy !

 

« - Miss Brown, mettez vos gants, les feuilles de l’aconit sont très toxiques, vous devriez le savoir maintenant ! Â»

 

Ron lui lança un regard désolé en allant vers le blond qui était en face, et il sentit son cÅ“ur se décrocher. Ron avec Malefoy... Hermione  jeta à Harry un regard identique, qui ne put qu’hausser les épaules avec dépit. Il allait passer le pire cours du monde.

 

« - Tu te grouilles de le faire, Potter ?, siffla justement Parkison en balançant son sac à côté de lui. J’ai pas la journée. Â»

 

Harry ne répondit rien. Il n’allait sûrement pas perdre son temps avec cette idiote finie. A moins que... S’il pouvait récupérer une ou deux informations... Il vit Parkinson faire une moue triste à Malefoy, qui haussa un sourcil et ... sourit à Ron ?! Mais oui ! Il lui avait souri ! De ce même sourire qu’il lui avait fait à la rentrée ! Harry sentit son ventre se retourner avec rage.

 

« - On dirait que tu l’aimes bien, Malefoy, dit-il en tentant de prendre une voix tranquille malgré le volcan de son cÅ“ur qui semblait prêt à exploser.

 

- En quoi ça te regarde, Potter ?, dit-elle avec une expression hautaine.

 

- En rien, je pose juste la question, fit-il prudemment. C’est assez ridicule de te voir le coller à ce point. Tu sais que ça l’énerve ?

 

- Mais qu’est-ce t’en sais ?, s’énerva-t-elle, piquée au vif. Tu le connais, peut-être ?  Il n’est pas démonstratif, mais il m’aime beaucoup, et ça tu ne peux pas le savoir. Il m’apprécie autant qu’il te hais, Potter. Alors je peux t’assurer qu’il tient énormément à moi. Â»

 

Harry serra des dents en tournant inutilement les pages de son manuel. Il leva les yeux vers le Serpentard, qui le regardait ; lorsque leurs regards se croisèrent, il se mit à parler à Ron, qui paraissait tellement mal à l’aise que ça en était presque suspect. Harry fronça des sourcils : était-ce la discrétion légendaire de Ron ou est-ce qu’il avait quelque chose à cacher... ?

 

« - Alors, t’attends quoi pour couper l’herbe ?, pesta fortement Parkison.

 

- J’attends que tu te la fermes et je pense que même l’heure ne serait pas suffisante Â», rétorqua Harry sur le même ton.

 

Il vit Malefoy ricaner à sa remarque, ce qui réchauffa le cœur d’Harry et sembla briser celui de Parkinson.

 

« - Et pour te répondre, continua-t-il comme si de rien n’était, je ne sais absolument pas comment on fait. Débrouille-toi comme une grande, si du moins tu arrives à te débrouiller sans ton Malefoy chéri qui manifestement peut très bien se débrouiller sans toi. Â»

 

Elle le fusilla du regard et sortit des serres en éclatant en sanglots.

 

« - Miss Parkinson !, cria Chourave d’un air furieux. Par la barbe de Merlin, vous avez une explication Mr Potter ?

 

- Je crois qu’elle a peur de s’intoxiquer, professeur Â», dit-il.

 

Chourave soupira et retourna à tourner autour des groupes. Il tourna son regard vers Malefoy, mais celui-ci ne lui prêtait aucune attention. Il continuait de parler à Ron, qui bidouillait n’importe quoi avec l’aconit et dont les oreilles étaient de la couleur des joues d’Harry. D’ailleurs, le blond semblait beaucoup s’en amuser. Harry fulminait intérieurement. Qu’est-ce qu’il disait ?

 

« - Mr Potter, vous n’avez toujours pas essayé de découper la feuille ? Â»

 

Harry sursauta ; il n’avait pas entendu arriver Chourave tant il était absorbé dans sa colère face à l’intérêt que semblait porter Malefoy à Ron.

« - Je... Je réfléchis toujours, professeur, expliqua-t-il d’une voix blanche.

 

- Votre camarade Miss Granger a fini depuis une demi-heure, elle va pouvoir venir vous aider. Â»

 

Hermione arriva au pas de course.

 

« - Harry, qu’est-ce qui se passe ? Je te vois t’énerver depuis tout à l’heure !

 

- Regarde Malefoy et Ron Â», grinça-t-il en serrant les dents tellement fort qu’elles allaient finir par casser.

 

Hermione releva discrètement la tête tout en prélevant la substance toxique de l’aconit avec une facilité déconcertante, et fronça les sourcils. Au bout de quelques minutes partagées entre l’observation du blond et de Ron et le but du cours de botanique, elle éclata de rire.

 

« - Hermione ?, demanda Harry en haussant un sourcil.

 

- Je crois avoir compris !, chuchota-t-elle avec un grand sourire. Attends là. Â»

 

Elle emporta le tube avec elle, dit quelque chose à Neville qui arriva vers Harry, le sourcil levé.

 

« - Tu veux de l’aide, Harry ? Hermione me dit que ta feuille est tenace. Â»

 

Harry oublia un instant sa rage tant il était surpris. Il bredouillait, sans rien comprendre à ce qu’Hermione voulait, lorsque celle-ci lui fit signe d’hocher la tête.

 

« - Ou... Oui, exactement, si ça ne te dérange pas, évidemment, sourit-il.

 

- Non, bien sûr, sourit Neville en retour. Sans vouloir me vanter, j’ai toujours aimé la botanique et je m’en sors plutôt pas mal, ça me rappelle quand... Â»

 

Mais Harry n’écoutait que d’une oreille distraite, un regard d’incompréhension tourné vers Hermione. « Souris ! Rigole ! Â», lui dit-elle silencieusement. Mais Merlin, qu’est-ce qu’elle cherchait à faire ?

 

« - Excellent !, dit-il en éclatant de rire, décidé à suivre les instructions de son amie.

 

- Oui, hein ?, sourit Neville, manifestement content qu’Harry soit intéressé par ce qu’il racontait. On dit même que la Mandragore aurait arraché un bout de sa chemise... Â»

 

Harry souriait et riait autant qu’il pouvait. Les yeux plissés par son faux-rire, il jeta un regard invisible au blond : il ne souriait plus et ne parlait plus à Ron, mais plissait les yeux en regardant Harry et Neville. Ron tenta de dire quelque chose en désignant l’aconit, mais Malefoy sembla le rabrouer violemment et reporta son attention sur Neville, qui parlait joyeusement avec un grand sourire. Harry en rajouta une couche en faisant un grand sourire directement dirigé vers son ami, bien qu’il ne sache fichtrement aucune idée de ce qu’il était en train de dire. Il regarda Hermione, qui leva discrètement les deux pouces.

 

« - Et voilà Harry !, s’écria soudainement Neville en lui donnant son tube rempli de ce qu’Harry aurait appelé « un truc gélatineux Â».

 

- Merci beaucoup, le remercia Harry avec un sourire qui lui explosait littéralement la bouche.

 

- Pas de quoi, c’était un plaisir », fit-il avec un drôle d’air –sans doute au vu de la tête d’Harry, qui n’allait pas tarder à ressembler à un blobfish.

 

La cloche sonna et Harry alla apporter le tube au professeur Chourave sans lancer un seul regard à un Serpentard en particulier. Il prit son sac et alla rejoindre Hermione, qui attendait en dehors des serres, l’air surexcité.

 

« - Tu as été PAR-FAIT !, le félicita-t-elle.

 

- Tu veux bien m’expliquer en quoi ai-je été parfait, maintenant ?, demanda-t-il en haussant un sourcil. J’ai cru que ma mâchoire allait se déboîter. Pourquoi avoir demandé à Neville de m’aider ? En plus, tu avais parfaitement réussi, tu...

 

- Merlin, soupira Hermione en riant, tu ne comprends donc pas ?

 

- J’ai l’air ?, fit-il vexé de se sentir idiot.

 

- Attendons le retour de Ron et je t’expliquerai.

 

- Oui, en parlant de Ron, il faut qu’il m’explique un truc, lui aussi ! Â»

 

Hermione éclata à nouveau de rire et Harry roula des yeux, énervé de l’attitude de sa meilleure amie. Il vit soudain Malefoy passer en trombe devant lui, l’air furieux, sans lui accorder la moindre attention. Juste derrière lui, Ron arriva en trainant des pieds.

 

« - Tu t’es bien amusé, à ce que j’ai pu voir ?, attaqua Harry.

 

- Amusé ?, fit Ron en fronçant des sourcils. C’était chiant à mourir, oui ! Ce crétin de... Pardon, Malefoy n’a pas arrêté de m’insulter de tous les noms possibles et inimaginables, et tout sourire, en plus ! Je lui aurais bien fait manger l’aconit si tu n’étais pas... amoureux de lui.

 

- Il t’a insulté ?, dit-il ébahi.

 

- Merlin, oui !, grogna Ron en se massant le crâne. Je ne vois pas ce que tu lui trouves !

 

- C’est donc bien ce que je pensais !, s’écria Hermione avant qu’Harry ait pu râler. 

 

- Que tu pensais quoi, par Merlin ?!, s’énerva Harry en levant inutilement les mains.

 

- Oh, mais vous ne vous rendez décidément compte de rien, vous deux ? Â»

 

Ron et Harry échangèrent un regard perplexe avant d’hausser les épaules.

 

« - Enfin, c’est évident !, dit Hermione tout en marchant vers le cours suivant. Malefoy cherchait à te rendre jaloux ! Â»

 

Le cÅ“ur d’Harry se stoppa momentanément. Le rendre jaloux ?

 

« - Exactement, affirma Hermione comme si elle énonçait un fait lu dans un livre. En temps normal, Malefoy aurait clamé quelques insultes dosées et bien senties pour en faire profiter tout le monde, au lieu de ça il les a dites en continu discrètement, avec des sourires, comme s’il s’agissait d’une conversation plaisante.

 

- Tu veux dire que tu as amené Neville et que tu m’as dit de sourire...

 

- Pour lui rendre la monnaie de sa pièce, le rendre jaloux à son tour !, termina-t-elle avec le sourire de quelqu’un qui aurait remporté une médaille d’or. Pourquoi crois-tu qu’il s’est arrêté de parler à Ron pour vous regarder avec l’air d’avoir une envie de meurtre alors que vous souriiez et riiez ? Et qu’il t’est furieusement passé devant en coup de vent ? Il était jaloux !

 

- Vraiment brillant, Hermione ! Â», dit Ron l’air véritablement médusé.

 

Harry, quant à lui, ne savait pas quoi en penser. Ça collait parfaitement, mais ce ne pouvait être vrai, c’était impossible...

 

« - Peut-être, commença-t-il en cherchant au fond de sa tête, qu’il était énervé parce que... Parce que j’ai viré Parkinson !

 

- Il a rigolé quand tu l’as rembarrée, ne cherche aucune excuse, je l’ai vu comme toi, le contra-t-elle avec un sourire satisfait –manifestement amusée de le voir s’enfoncer dans la semoule.

 

- Ah, c’est vrai, fit-il alors qu’il n’avait pas du tout oublié. Et bien je ne sais pas, moi, il a été pris d’un violent mal de crâne, ou Ron a commencé à l’énerver, oui c’est ça ! Tu as bien vu comment il l’a envoyé péter quand Ron a essayé de dire quelque chose ! AH !, s’écria-t-il fier d’avoir quelque chose de solide.

 

- Il l’a envoyé bouler parce qu’il ne voulait plus continuer son petit jeu étant donné que tu avais l’air d’en avoir rien a faire, et il était trop occupé à tuer Neville tu regard, tu le sais très bien ! Â»

 

... Peut-être pas si solide que ça, finalement.

 

« - Harry, pourquoi cherches-tu à te dissuader de chaque preuve ?, demanda Hermione. C’est évident qu’il a cherché à te rendre jaloux, et c’est donc évident que tu l’intéresses !

 

- J’ai beau ne pas piger grand-chose à ce genre d’analyse, dit Ron, mais j’avoue que ça crève un peu les yeux.

 

- Mais Malefoy, être... De l’autre côté ?, murmura Harry. C’est le truc le moins plausible du monde !

 

- On dit homosexuel, Harry, dit-elle.

 

- Ou gay, rajouta Ron.

 

- Je préfère qu’on dise de l’autre côté, si vous voulez bien, toussota Harry avec gêne. Je ne suis pas encore prêt à adopter ces termes. Et de toute manière, quel que soit le mot ou l’expression, vous trouvez sincèrement crédible qu’il le soit ?  

 

- Toujours les mêmes questions, soupira-t-elle. Peu importe que ce soit crédible ou non, c’est vrai ! Â»

 

Ils entrèrent silencieusement dans la classe et le professeur Flitwick les salua avec entrain tandis qu’Harry avait tout simplement l’impression d’être perdu. Autant dans son cÅ“ur que dans sa tête. Oui, il ne pouvait pas le nier, il avait bien senti que Malefoy n’avait pas agi inconsciemment mais bien dans un but particulier ; était-ce seulement celui qu’Hermione assurait ?

 

« - Hermione !, s’écria-t-il brusquement –l’avantage en Sortilèges, c’était qu’ils pouvaient parler à leur guise sans craindre d’être entendus. Et si ce n’était pas moi que Malefoy voulait rendre jaloux mais Parkinson ?!

 

- Je pensais que tu avais enfin compris, soupira-t-elle de nouveau en levant les yeux au ciel. Il a continué de parler avec Ron et de sourire après le départ de Parkison auquel il s’est d’ailleurs moqué, je dois te le rappeler ? Â»

 

Harry se détendit et se surpris même à sourire d’un air bêtement rêveur. Drago Malefoy avait voulu le rendre jaloux...

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