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Chapitre 1 : Changement

 

 

« - Harry, combien de fois faudra-t-il que je te le répète ?, maugréa Hermione en repliant la Gazette du Sorcier. Cesse donc de t’occuper de toutes ces rumeurs à ton propos ! 

 

- Hermione à raison, vieux, renchérit Ron en s’étalant sur la banquette – et en ignorant le regard réprobateur  de son amie. Pour être franc, c’est la moins pire de toutes les histoires qui ont pu te tomber dessus. Non ? »

 

Harry haussa les épaules en ne prenant même pas la peine de répondre. Hermione soupira d’un air excédé devant cette énième saute d’humeur de son meilleur ami et entreprit de lire son manuel Prêt pour les ASPICs, tandis que Ron grognait quelque chose comme « Arrête avec ce fichu bouquin Â». Harry jeta un regard énervé à travers la fenêtre. Ça commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs que les médias s’occupent de sa privée, encore plus quand ce qui était raconté n’était que mensonges ; ce qui, à bien y réfléchir, avait toujours été le cas.

 

Ce jour-là, la Gazette avait placardé une photo de lui en première page, avec en gros titre « SEPTIEME ANNÉE POUR LE SURVIVANT : LE BOURREAU DES CÅ’URS REVIENT. Â» Le commentaire était tout aussi brillant :

 

« On connait bien Harry Potter, que ce soit sous son nom ou sous Celui qui a Survécu, mais il est également connu à Poudlard en tant que le charmeur qui fait tomber toutes les demoiselles de l’école de sorcellerie. Le jeune homme semble profiter de cette notoriété dont il se sert pour attraper dans son filet celles qu’il convoite, et Merlin sait qu’il y en a.  Il avait déjà eu une aventure avec Cho Chang lors de sa quatrième année et y a pris goût : il serait, selon des témoignages, sorti avec bien d’autres, telles que Parvati Patil (une Gryffondor de son année) et sa sÅ“ur Padma, Luna Lovegood (la fille du directeur du Chicaneur), Hannah Abbot (Poufsouffle) et Ginevra Weasley (la jeune sÅ“ur de son meilleur ami Ronald Weasley). Certains disent même qu’il aurait une relation avec sa meilleure amie Hermione Granger ainsi que... (Voir la suite p. 2) Â»

 

Harry avait envie de déchiqueter le journal et de le brûler. Il ne comprenait pas pourquoi Hermione continuait d’acheter ce ramassis d’idioties. Il ne manquait pas de le lui faire régulièrement remarquer, ce à quoi elle rétorquait « qu’à part ce que la Gazette disait sur lui, il y avait des événements réels et intéressants ». Réels et intéressants... Comment différencier le vrai du faux avec ce que le Ministère disait sur lui ? Harry n’était jamais sorti avec ces filles, excepté Cho et Ginny un cours moment. Et il n’avait aucune envie de sortir avec qui que ce soit.

 

« - Harry !

 

- Quoi ?!, aboya-t-il un peu trop durement.

 

- Je t’en prie, arrête de faire l’enfant !, s’énerva Hermione avec un regard accusateur. J’étais en train de t’expliquer que personne ne croit à ces balivernes.

 

- Vraiment ?, dit-il sarcastique. Ils jouaient la comédie, en cinquième année, quand ils me traitaient de menteur ? Qu’ils se moquaient de moi en quatrième année après l’article de Rita Skeeter dans lequel elle avait dit que je pleurais le soir en pensant à mes parents ? Â»

 

Hermione se décomposa et son visage perdit toute trace d’énervement.

 

« - Ce n’était pas pareil, se défendit-elle plus faiblement. Là, c’est bien trop gros, et cette rumeur ne cours absolument pas dans l’école...

 

- On est même pas arrivés, intervint Ron d’un air excédé. Contentons-nous de nous réjouir pour la merveilleuse année qui nous attend. La dernière année.

 

- Je n’aurais pas trouvé meilleur mot que merveilleuse, railla Harry. Les ASPICs, très réjouissant. Â»

 

Hermione et Ron échangèrent un regard las et lâchèrent un même soupir.

 

« - J’ai besoin d’air Â», dit leur meilleur ami lunatique en se levant précipitamment tout en prenant sa cape d’invisibilité au cas où.

 

La perspective de la dernière année à Poudlard le rendait nerveux et facilement irritable. Non seulement à cause de la pression des ASPICs, mais surtout parce que ça voulait dire qu’il ne lui restait plus que quelques mois à Poudlard. Les cours, le Quidditch, les banquets dans la Grande Salle accompagnés des discours de Dumbledore, les visites chez Hagrid, les fantômes, les soirées dans la Salle Commune, toute cette ambiance Poudlarienne allait lui manquer.

 

« - Potter, depuis quand t’es un charmeur ? Ils doivent être aveugles, au Ministère ! Â»

 

... Excepté les crétins comme Zacharias Smith, qui venait de lui barrer le passage avec un air stupidement fier et moqueur.

 

« - Ravi que tu me portes assez d’intérêt pour lire un article qui me concerne et que tu prennes le temps d’y réfléchir Â», répliqua tranquillement Harry, impassible, en le regardant droit dans les yeux.

 

Il poussa Smith de son chemin. Avec le temps, il avait appris à répondre plutôt efficacement aux idiots tels que Zacharias. La mention d’idiot le fit penser à Malefoy, ce qui lui fit froncer les sourcils. D’habitude, la fouine avait pour coutume de rendre visite à son compartiment pour le rabaisser et lui pourrir sa rentrée. Peut-être y était-il en ce moment ?

 

Harry secoua sa tête. Il s’en contre-fichait, après tout, du lieu où se trouvait actuellement celui qu’il détestait plus que tout. Rien que de visualiser son abominable rictus arrogant le mettait dans une colère noire. Sachant qu’il vagabondait dans le train pour décompresser, ce n’était pas la meilleure des idées de pester intérieurement contre Drago Malefoy.

 

« - Salut Harry, lança Luna qui distribuait des exemplaires du Chicaneur.

 

- Bonjour Luna, dit-il en se forçant à sourire.

 

- Tu en veux un ?, demanda-t-elle en lui présentant le magazine.

 

- Je veux bien, merci. Â»

 

Le Chicaneur serait meilleur à lire que la Gazette. Au moins, continua-t-il de ruminer en silence, il n’y a rien de malsain là-dedans. Cependant, il regretta vite son choix car il se trouvait que les articles parlant des Ronflaks Cornus ou des Héliopathes étaient si gonflés de fantaisie que ça en devenait ennuyeux à mourir. Il donna son exemplaire à Neville et se décida à revenir dans le compartiment.

 

Heureusement, il n’y avait aucun Malefoy à l’horizon. Il ouvrit la porte, faisant sursauter Ron et Hermione, et s’assit lourdement sur la banquette.

 

« - C’est bon, tu t’es calmé ?, demanda-t-elle froidement.

 

- Je vais parfaitement bien, mentit-il. Je suis désolé de m’être énervé.

 

- Ça t’arrive de plus en plus souvent, Harry, soupira-t-elle avec un sourire fatigué. Tu peux me dire ce qu’il t’arrive ?

 

- C’est la dernière année, dit-il en remettant sa cape dans sa valise. Je trouve ça démoralisant. C’était bien, Poudlard.

 

- Commence pas à déprimer, vieux, ça va me contaminer, dit Ron.

 

- Nous sommes arrivés ! Â», coupa vivement Hermione en refermant son livre.

 

Harry ne put s’empêcher de penser que c’était la dernière fois qu’ils pouvaient dire ça lorsque leur destination était Poudlard. Il saisit sa valise et descendit du train, écoutant vaguement Hermione qui parlait des ASPICs.

 

Il était tellement plongé dans ses songes qu’il rentra de plein fouet dans quelqu’un, qui protesta avec agressivité. Abasourdi, Harry commençait à bégayer un « désolé Â» lorsqu’il releva la tête pour faire face à son interlocuteur. Cette personne était, comme par hasard, justement celle qu’il avait le moins envie de voir au monde.

 

« - Tu peux pas faire gaffe, espèce de... Â»

 

Malefoy releva la tête à son tour et eut un mouvement de recul.

 

« - Potter, évidemment, reprit le blond dont l’expression hargneuse s’était changée en moqueuse. Faudrait penser à changer de lunettes, Potter, en plus d’êtres ridiculement has been elles ne te permettent même pas de voir où tu traines les pieds. »

 

En temps normal, Harry aurait répondu par une réplique cinglante comme il avait pris coutume de le faire depuis quelques temps, mais aucun son de sortit. Sa bouche s’était comme asséchée, et son souffle complètement bloqué.

 

« - Même pas capable de parler Â», siffla Malefoy avec un air satisfait tandis que sa bande rigolait bêtement.

 

Sur ce, il partit vers les calèches. Il avait... changé. Pas au niveau de la personnalité, il restait un abruti arrogant, mais au niveau du physique. Harry n’aurait su dire quoi, mais c’était indéniable : il avait changé.

 

« - T’es  sûr que ça va ?, demanda Ron l’air inquiet en lui prenant le bras.

 

- Je vais bien, cassa Harry en se détachant de son meilleur ami.

 

- Tu mens, commença Hermione sur un ton de reproche. Tu...

 

- Je te dis que ça va, Hermione !, dit-il d’une voix un peu trop forte. Tu ne peux pas t’arrêter une seconde de me faire la morale et de me parler comme à un gosse ? Parce que si on pouvait discuter d’autre chose et normalement, ce serait beaucoup mieux ! Â»

 

Il était furieux. Contre Hermione qui ne cessait de lui faire des remontrances et de lire en lui comme dans un livre ouvert, contre Ron qui ne comprenait rien, contre l’insupportable blond et surtout contre lui-même. Il n’avait rien su répondre ! Il s’était retrouvé, comme un faible, à n’avoir réussi qu’à bidouiller un « désolé Â» alors que l’autre le traitait de tous les noms pour au final avoir la gorge asséchée.

 

« - Mais pourquoi est-ce que tu t’énerves comme ça ?, demanda Hermione dont la voix tremblait.

 

- Excusez-moi, répéta Harry la voix pâteuse. Je suis crevé, je crois que je vais me coucher tôt ce soir. Vous n’y êtes pour rien, sourit-il tristement. Je suis juste un sinistre crétin aujourd’hui. Â»

 

Les sourires amusés de ses meilleurs amis lui remontèrent le moral. Il se sentait honteux de s’énerver ainsi contre eux. Ce n’était pas de tout repos de supporter ses sautes d’humeur incontrôlables, pourtant ils avaient toujours été là pour lui.

 

« - Je meurs de faim, dit soudainement Ron en brisant le silence.

 

- Pour changer Â», rit Hermione.

 

Ils discutèrent d’autre chose, et bien que ce fut le souhait d’Harry, il n’était toujours pas satisfait car une pensée le hantait : pourquoi n’avait-il pas su répondre au blond ? Il devait être fatigué. C’était très sûrement ça. Une chose était sûre, il ne se laisserait plus jamais faire par cette satanée fouine.  

 

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